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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:33

Tambours - Téléphone

    C’est fin septembre 1960 que j’ai croisé, au bac de la Lindi à quelques kilomètres de Stanleyville, cet homme éminent: John F. Carrington.
    Je me rendais à Basoko, lui venait de la mission de Yalemba et se rendait à Stanleyville.
    Il était là, vieillard chenu, mais toujours très représentatif et attendant que le bac se libère.
    Le Révérend Carrington,  qui avait vécu à la mission de la Baptist Missionary Society à Yakusu de 1938 à 1950, puis à la mission de Yalemba depuis 1951, était pour moi un homme célèbre.
    Je l’ai courtoisement salué, mais, impressionné, je n’ai pas osé, dans mon anglais approximatif, engager une conversation.

    Depuis longtemps, je connaissais ses activités:
    Je ne pourrais dire s’il était un grand scientifique bardé de diplômes ou simplement un missionnaire passionné par la connaissance des populations au sein desquelles il vivait.
    A son arrivée dans la région, il avait été frappé par le manque de possibilités de communications: pas de téléphones satellitaires, évidemment.
    Il avait réuni à  la mission de Yakusu, puis de Yalemba par la suite, des groupes de jeunes gens d’origine Lokele, puis ToPfoke, puis BaSoo auxquels il donnait non seulement des cours sur la connaissance de leurs dialectes respectifs, sur le vocabulaire, sur des règles grammaticales, en plus, il développait et enseignait à ces jeunes recrues, la technique de la transmission des informations par les tambours-téléphone, que nous, Européens, appelons communément le Tam-tam.
    D’après Wikipédia, il y aurait eu environ 200 élèves dont seuls 10 % auraient acquis la technique de la transmission par tambours-téléphone: devenir des vrais batteurs de gong.
   
Les gens du gong

    Toute l’Afrique au sud du Sahara vibre au son des tambours.
    Nous avons vécu dans la région de Basoko-Isangi et je me permets de reprendre une nomenclature ethnologique dont je ne revendique aucunement la paternité.
    Certains auteurs qualifient de “gens du gong” sur le haut fleuve Congo trois ethnies importantes: les Lokele, les ToPfoke et les Turumbu.
    Issues d’un ancêtre commun possiblement mythique appelé Eondja-Ondja.
    Il aurait donné naissance à trois lignées importantes toujours bien présentes sur le terrain:
   
1.- Le fils ainé “Wembe” :
    Géniteur des YaWembe, plus connus sous le nom de Lokele, nom dont l’origine est parfois contestée.
    Lokele viendrait du nom d’une moule d’eau douce qui peut servir de cuillère d’où serait issu, en lingala, le substantif “keli” qui veut effectivement dire cuillère.
    En principe, les Lokele sont des gens d’eau qui vivent en famille regroupés dans plusieurs grandes pirogues, accolées les unes aux autres, que nous retrouvons entre Stanleyville et Bumba, parfois plus en aval encore.
    Ces gens du voyage, riches de leur commerce, de leurs trafics et bien nourris par la générosité du fleuve sont très métissés du fait même de leur mobilité et des contacts qu’ils ont toujours eus et qu’ils ont toujours, non seulement avec les riverains du fleuve et des rivières affluentes, mais aussi avec quantité de voyageurs, dont les arabisés, qui depuis plus de cent cinquante ans fréquentent ou parcourent la région d’Isangi.
    La mobilité de l’ethnie Wembe ne les a pas empêché de créer, le long des cours- d’eau qu’ils fréquentent, de très nombreux villages dans lesquels vivent non seulement de vrais YaWembe mais aussi quantité d’individus d’origines différentes tels que ToPfoke, BaMbole, BaSoo, YaNongo, MoNgandu etc..
    Ils ont empruntés le mode de vie des Lokele et sont classés comme “Lokele d’origines diverses” , bref, des pseudo-Lokele.

2.- Le second fils d’Eondja-Ondja:
    Eso, ou Ipoke     aurait généré la puissante ethnie des ToPfoke.
    Gens de terre qui se sont installés de part et d’autres de la rivière Lomami dans sa partie proche du confluent avec le fleuve Congo, ils se sont étendus loin vers l’ouest au-delà de la rivière Lokombe jusqu’à leur voisinage avec les MoNgandu.
    Il s’agit d’une ethnie rustique, puissante, fortement et diversement tatouée, belliqueuse, dynamique, active et peu disciplinée.
    Il y a eu longtemps divergence de vue entre eux et les YaWembe afin de savoir qui était l’aîné de la descendance d’Eondja-Ondja.
    Cette palabre aurait été tranchée à la demande des intéressés en 1928 par l’Administration Coloniale établie à Isangi.
    Elle aurait donné la primauté à Wembe.
    Cette décision semble avoir été acceptée avec le temps, mais chez certains ToPfoke un doute subsiste toujours par le fait que les Wembe, pragmatiques, avaient d’excellentes relations avec l’autorité coloniale.
    Par exemple: tout homme valide devait, à l’époque, fournir une certaine quantité de produits agricoles, accomplir certains travaux d’intérêt général, cultiver une certaine surface de cultures vivrières et/ou d’exportation.
    Les Lokele en étaient exemptés et devaient assurer le transport fluvial du personnel et des marchandises de la colonie.
    Cette promiscuité avec les autorités locales et les amitiés inévitables qui pouvaient en résulter ont parfois fait dire aux ToPfoke que le jugement de 1928 était douteux et pouvait manquer d’équité.

3.- Le troisième fils, Bolimo:
    Aurait généré la lignée des Mboso, appelés aussi BoLimo ou Turumbu.
    Ils se sont établis en majorité sur la rive droite du fleuve entre Yangambi en amont et la rive gauche de l’Aruwimi en aval, jusque Basoko.
    Ils s’étendent loin au Nord jusqu’à la limite du territoire de Banalia.
    Ce sont des gens de la forêt pacifiques, mais industrieux.

    Ces trois ethnies, à tort ou à raison ont la réputation dans la région du moyen du haut Congo d’être des spécialistes de la transmission de messages par le biais du gong, des “tambours-téléphone”.
    Nous avons vécu dans cette région durant treize ans et nous voulons bien croire en cette réalité.
     Tôt le matin, dès le lever du soleil, jusque bien longtemps après le coucher de celui-ci, il ne se passe pas une heure sans que ne vibrent les appels de joie ou de tristesse portés par le son du Tam-tam.
   
L’harmonie de la communication verbale

    Il y a, de par le monde, plusieurs centaines, voire des milliers de langues et de dialectes dont chacun a ses particularités propres.
    Certaines langues sont chuintantes, tel le portugais ou le tshiluba, gutturales en ce qui concerne les langues germaniques, difficiles à saisir telles les langues nordiques ou slaves.
    L’Italien est la langue de la joie et de la chanson, l’espagnol est pathétique, le français était la langue de la diplomatie, l’anglais est universel et est toujours celle de la technique.
    Il y a aussi les langues d’origine asiatique qui, pour nous, occidentaux, demandent un effort particulier et beaucoup de bonne volonté pour être assimilées.
    Il y a des langues qui s’écrivent de gauche à droite, d’autres de droite à gauche voire de haut en bas.
    Il y en a qui s’écrivent sur base syllabique, telles les langues sémitiques ou alphabétique, celles que nous, occidentaux connaissons.

    Sans être linguiste, la pratique de la langue des BaNgala, originaires des berges de la rivière Mongala, affluent de droite du moyen Congo, me permet d’apprécier la douceur et la fluidité des expressions usuelles appliquées par ces ethnies.
    La langue des BaNgala, le lingala s’articule autour d’un noyau monosyllabique auquel s’ajoutent préfixes et suffixes, permettant de développer une grande richesse grammaticale tandis que le vocabulaire, surtout technique ( et c’est normal) est plutôt limité.
    Le rôle de toute langue est de donner à des groupes d’individus la possibilité  de communiquer entre eux suivant des codes, des habitudes, des règles convenues permettant la compréhension.
    L’ordre impératif d’un policier qui vous demande vos papiers à un carrefour est, dans toutes les langues, assez peu encourageant.
    Il en est de même lorsque l’on donne ou reçoit des instructions ou à la lecture d’un rapport technique ou juridique.
    L’âme d’une langue se dévoile lors de discussions amicales, à bâtons rompus, entre amis, sereins, en paix avec leurs consciences et heureux de se rencontrer.
    Dans la cuvette congolaise, lorsque sur le sentier entre le village et les champs vivriers deux amis se croisent, ils se saluent courtoisement et, sans trop s’attarder, continuent leurs chemins.
    Le dialogue n’est cependant pas rompu, ils vont continuer durant une ou deux minutes, cheminant chacun de leur côté, à tenir une brève conversation.
    Et cela donne à peu près ceci:
- O kenda wapi
ôôôô  ? en français: Où vas-tu ?
- Na kei kopesa mbote na maââma na ngai
ôôô ! mpe na leki na ngai ôôô !
   En français: je vais saluer ma mère ainsi que ma petite sœur.
- Kenda malamo
ôôô ! En français: bonne route.
- Yo mpe otikala malamo
ôôô ! En français: Toi même, bonne continuation.

    Qu’importe si les détails du vocabulaire ne sont plus exactement saisis: la vibration, le rythme, l’harmonie de la phrase reste en suspension dans l’air et est toujours compréhensible pour les deux interlocuteurs.
    Les langages de la cuvette  centrale congolaise, au risque de me répéter, sont doux et harmonieux.
    Ces gens ne parlent pas, ils chantent.
     
Du rythme de la parole au rythme de la percussion

    C’est sur ce principe que la transmission par le gong ou tambour me semble basée.
    Il y a dans chaque village, à proximité de la résidence du chef, un abri, sous lequel est installé le gong de transmission des nouvelles avec les villages voisins.
    Ce gong peut-être de dimensions  considérables.
    Il est posé sur des rondins ou encore, suspendu par des lianes.
    Il mesure parfois deux mètres de long et quatre-vingt centimètres de diamètre.
    Il est constitué d’un tronc d’arbre évidé qui sert de caisse de résonnance avec une ouverture large de quatre à cinq centimètres par laquelle est passée toute la matière interne du tronc.
    Les deux lèvres de cette ouverture sont d’épaisseur différente permettant ainsi lorsqu’ on les frappe d’émettre, l’une un son grave et l’autre un son aigu.
    Le choix de l’arbre est important: il doit être résistant, souple, ne pas se fendre et facile à évider.
    En général, il s’agirait d’un arbre de la famille botanique des sterculiacées, mais je ne voudrais pas trop m‘avancer sur ce détail.
    Les maillets de frappe ont moins d’importance; souvent, pour éviter d’abîmer le tronc, ils sont entourés, bardés à une de leur extrémité, de bandes de caoutchouc naturel.
    Ce caoutchouc donne à la frappe une tonalité plus douce, plus feutrée.
    Il est évident que ces instruments de percussion n’ont pas, du point de vue harmonie, la même précision que les instruments de musiques modernes.
    Variable suivant les dimensions du gong, l’âge du tronc au moment de l’abattage, sa structure, sa densité, il est quasi impossible d’avoir une homogénéité des sons émis dans la même région.
    Chaque village a donc sa signature à travers le gong et il n’est pas nécessaire à un batteur averti de demander l’identité de son correspondant.
    Dans les villages du haut fleuve qui ont gardé leurs traditions, deux personnages ne quittent jamais le village et ne risquent pas ainsi d’avoir un accident de chasse ou de pêche.
    Il s’agit du griot, du “conteur“, un ancien qui, le soir à la veillée, devant une assemblée attentive et respectueuse enseigne l’histoire de la tribu, du village.
    Vérités, anecdotes ou fantasmes, peu importe, les plus jeunes peuvent ainsi acquérir une mémoire ethnologique, apprendre l’histoire de la collectivité, les luttes, les guerres, les victoires et connaître les problèmes de terre qui ne sont pas rares.
    Le second est le batteur de gong.
    Il a acquis la technique et les secrets de la transmission de l’information.
    Il connait tous les correspondants à dix ou douze kilomètres à la ronde et peut, à tout moment, entrer en contact avec eux.
    Ils ne sont pas tous de même qualification, mais chaque village a son batteur de gong.
   
    Ceux qui  ont vécu comme nous dans la brousse profonde, se souviennent du son des tambours qui, tard dans la nuit, animent une fête ou une simple libation.
     L’Afrique profonde palabre.
    L’Afrique profonde chante.
    L’Afrique profonde danse.
    L’Afrique profonde ne s’ennuie jamais.
   
    Ce n’est cependant pas de cela que je veux parler.
    C’est tôt le matin, dès l’aurore, lorsque les tous premiers rayons du soleil s’efforcent de percer le reste des ténèbres de la nuit que cela commence.
    L’air est déjà chaud, l’eau du fleuve est toujours froide et une brume de plusieurs dizaines de centimètres recouvre la masse liquide.
    Des pêcheurs, déjà au travail, émergent de cette brume, silhouettes déformées par la réfraction et paraissant à la fois proches et lointaines, surdimensionnées, des géants de trois mètres de haut qui semblent comme autant de Jésus-Christ marcher sur les flots.
    Peut-être en était-il et en est-il toujours de même sur le lac de Tibériade...
    C’est à ce moment que le son est le plus porteur.

    Et cela commence ainsi:
- Touk-  Touk-  Touk- : un batteur de gong est réveillé et s’enquiert des collègues des autres villages.
    Et la réponse vient:
- Touk- Touk- Touk-    Touk- Tik-  Touk- Tik : grave aigu - grave aigu, qui se traduirait en lingala par noki - noki. En français: vite - vite.
    Et l’autre de répondre:
- Touk-   Touk-   Touk-    Touk-   Touk-   Tik-
     Oh!      Oh!      Oh!       Ma        lem      be
   En français: Oh! Oh! Oh! Doucement (effectivement, aucune raison d’être pressé si tôt le matin).

    Le dialogue peut commencer et d’autres intervenants se présentent rapidement.
    Vous me direz que c’est assez peu précis comme technique de transmission et vous avez raison.
    C’est là que tout le professionnalisme du batteur de gong entre en jeu.
    Il essaye de transmettre à ses élèves du village la technique de la transmission  par la modulation précise du rythme de percussion, ainsi que par la recherche de périphrases pour autant que faire se peut éviter toute ambigüité.

    Je voudrais citer deux exemples:
- En français: Les enfants sont partis en classe, ,ils sont partis étudier.
  Ce qui donne en lingala :
Ba        na      ba      keï      na      cla       ssi,  ba       keï   ko       te       ya
Touk- Touk- Touk- Tik- Touk- Touk- Tik- Touk- Tik- Touk- Touk- Tik
    La transmission est ainsi faite par une succession de sons graves et aigus.
   
- Un autre exemple qui ne m’est pas personnel, mais que j’avais trouvé, il y a
   cinquante ans, dans une brochure spécialisée.
   C’est un exemple en langue française, ce qui est plutôt inadéquat mais explicite
   quand même.

   “ Il       é        tait   a         ssis  là “ ce qui pourrait donner par la magie du gong:
      Tik- Touk- Tik- Touk- Tik- Touk-
   
    Si on veut insister sur le fait qu’il était assis ( et non pas debout), on double le
    rythme de la percussion sur les deux syllabes de “assis”.
    Ce qui donne:

    “ Il      é         tait   a                     ssis            là”
       Tik- Touk- Tik- (Touk-Touk-) (Tik-Tik-) Touk-

     Si l’on veut insister sur le fait que c’était “là” qu’il était assis et non pas autre
     part, on double la dernière voyelle.

    “ Il      é         tait   a         ssis  là”               ce qui se traduit par:
       Tik- Touk- Tik- Touk- Tik- (Touk-Touk-)

    On voit de cette manière qu’un bon batteur de gong est capable de moduler ses phrases avec beaucoup de précisions.
    Généralement, dans les villages, le chant des gongs est compréhensible par tous les adultes et même les adolescents.
    Peu d’entre eux, cependant, sont capables d’émettre valablement et les maîtres sont rares.
    Dans la région d’Isangi, les enseignants savent qu’ils doivent exiger le silence le plus absolu lors des examens ou des interrogations écrites car il n’est pas rare d’entendre un léger pépiement, modulé entre la langue et les incisives et qui donne aux amis la réponse aux questions posées.

    Certains maîtres de gong, hautement qualifiés, communiquent parfois en utilisant qu’une seule lèvre du gong.
    Le rythme et l’harmonie de la frappe suffisent à diffuser l’information.
    C’est de la haute technique.. de l’art.

    Nous l’avons dit: la portée du son est variable et le contact régulier se fait entre villages distants de 5 à 12 kilomètres, mais parfois beaucoup plus loin suivant les conditions atmosphériques.
    Evidemment plus la distance augmente, moins il y a de précisions et plus il y a d’erreurs.

    Mais qui suis-je pour vous expliquer tout cela ?
    Toute l’Afrique centrale, non seulement dans la cuvette, mais bien au-delà, vibre au son des tambours, transmet des informations par le Tam-tam.
    Ne dit-on pas qu’en 1901, la nouvelle de la mort de la reine Victoria était arrivée à Nyangwe sur le Lualaba trois mois avant la dépêche officielle ?
    Mon épouse et moi-même avons vécu durant treize ans dans une région où les tambours étaient omniprésents.
    Cela nous a questionné, nous nous sommes interrogés, nous nous sommes renseignés, on nous a expliqué maintes et maintes fois, mais je dois vous avouer que nous n’y avons jamais rien compris...
    Pour pénétrer le sujet, il aurait fallu que nous puissions étudier et pratiquer au moins un ou deux dialectes locaux.
    Puis, ensuite, entreprendre l’étude du langage des gongs.
    Nous avons consacré nos loisirs à l’étude de la répartition géographique des ethnies locales, de leurs migrations et de leurs généalogies.
    Et puis, il faut bien le dire, la raison principale de notre présence en Afrique Centrale était la gestion d’une plantation de plusieurs milliers d’hectares de palmiers à huile, ce qui laissait peu de temps aux études ethnologiques.
    On ne pouvait être à la fois au four et au moulin.
   
    Je vous disais que nous n’y avions pas compris grand’ chose, le Révérend Carrington, lui, semble avoir compris.. enfin.. peut-être !
     
Le lilois

    Comment être certain de l’orthographe de ce moyen de transmission et même de sa prononciation ?   
    J’ai pris l’initiative de la transcription suite à ce que j’ai cru comprendre des explications qui me furent données en 1962.

    Nous, qui avons vécu en Afrique Centrale, nous avons parfois été invité à des fêtes villageoises.
    Assis sur les quelques chaises disponibles de la collectivité et qui nous étaient réservées par respect aux invités VIP, nous admirions un groupe de jeunes demoiselles à peine pubères, habillées de simples jupettes en raphia, le corps couvert de “ngola” (poudre rouge de l’arbre ptérocarpus soyauxii) et les cheveux soigneusement tressés et enduits d’huile de palme.
    Leurs pieds frappent le sol en cadence et quelques pièces métalliques fixées à leurs chevilles donnent le rythme de la danse.
    Certaines d’entre-elles ont, fixé sur les reins, un petit panier en roseaux, d’une vingtaine de centimètres de longueur, peut-être un peu plus, contenant des graines sèches ou des coquilles de cauris.
    Au rythme de leurs pas, la percussion est ainsi harmonieusement accentuée..
Tchic..   Tchic..   Tchic..
    Certaines d’entre-elles tiennent le petit panier entre leurs mains et l’agite suivant un rythme connu d’elles.. et des spectateurs, sauf de nous, évidemment.
    La foule, parfois, est prise d’un rire contagieux, incompréhensible pour nous, béotiens à la peau blanche.
    C’est qu’une de ces demoiselles, à l’esprit frondeur,  a gentiment brocardé un des visiteurs au regard parfois allumé.
    Elle a transmis à ses parents et amis ses impressions au travers du rythme des cauris.
    Qui parmi nous, naïfs invités, aurait pu croire qu’une transmission d’informations, de sentiments, de joie,  puisse se faire d’une manière aussi simple.
    Enfin.. simple.. tout cela est relatif.
    C’est léger, aérien, doux à l’oreille sans malice mais absolument imperméable à notre esprit rationnel.
   
  Conclusion

                                Il n’y a rien de plus trompeur
                                qu’une évidence !
                                                     (Conan Doyle - Sherlock Holmes)

    Nous, Belges, sommes restés en Afrique Centrale durant quatre-vingt ans.
    Nous avons, en collaboration avec les populations autochtones pacifié, exploré, inventorié, créé, développé les structures telles que les routes, les aéroports, les hôpitaux, les chemins de fer, les ports, les cités administratives.. etc.
    Nous avons établi des plantations, implanté des écoles, une structure médicale dense, des industries minières et manufacturières.
    Nous avons organisé le transport et des communications toujours à la pointe du modernisme.
    Moins rentable immédiatement, mais tout aussi important, nous avons essayé de comprendre nos interlocuteurs africains, leur mode de vie, leur approche de la nature, leur philosophie.
    Je ne saurais terminer cette conclusion sans citer le livre du Révérend Père Placide Tempels (S.J.) (1906 - 1977)  “La philosophie Bantoue “ (collection Présence Africaine 1949) qui a suscité chez les jeunes Européens tant de vocations africaines malgré les critiques de Monseigneur Félix de Hemptinne (Bénédictin)  -  (1876 - 1958) un autre grand connaisseur de la mentalité bantoue.
    Avec le recul des décennies, nous devons hélas, constater que nous n’avons fait que gratter, bien superficiellement, la réalité des choses.
    Combien de personnes, de cellules de recherches, actuellement dans le monde s’intéressent- elles encore à la transmission de messages par le gong ?
    Quelques dizaines ? Quelques centaines ?
    Je me réfère ici à la découverte de l’os d’Ishango: quelques stries, quelques pointillés nous permettent de supposer une civilisation, une connaissance, que nous, au XXI ° siècle, à l’aune de nos connaissances, supposons bien plus profonde qu’ envisagée.
    Tous ces mystères, ces énigmes remontant dans l’histoire à des siècles, voire des millénaires, s’estompent dans la brume du temps passé.
    Lorsque l’intérêt de la connaissance s’estompe, en linguistique dialectale, en ethnologie, ou plus techniquement dans le nucléaire, la  recherche n’est plus attractive pour les scientifiques et finit par tomber parfois totalement dans l‘oubli.
    Au loin, là bas, à l’horizon, au dessus du brouillard du temps, quelques pics devinés, neigeux, se fondant dans la couleur des siècles lointains, émergent et nous rappellent qu’avant nous, d’autres civilisations, d’autres approches profondes ont existé et auxquelles nous n’auront jamais accès.
    Qu’importe actuellement la transmission par le gong à l’ère du téléphone portable, de la télévision en mondovision, de l’informatique et de l’ Ipad !
   
    L’histoire, nous dit-on, repasse parfois les plats, mais ils ne sont jamais ceux d’origine: leur saveur est altérée par la modernité, les données de l’équation ont tellement changé  et quoique l’on fasse, la réalité, la vérité des choses du passé  ne pourront jamais être exactement retrouvée.
    Qu’en est-il des saveurs d’antan ?
    Nous devons essayer de retrouver les vieilles recettes de nos ancêtres; de nos aïeux, mais pas nécessairement revivre leurs expériences, car les saveurs de leur époques étaient parfois amères.. très amères.


                                                                       E.A.Christiane
                                                                  Bénissa, le 06.03.2012
 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 17:24



La naissance d’ Eve
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Besoin d’unicité

    Toute société humaine éprouve un besoin d’avoir un trait d’union, un ciment entre tous ces membres, c’est une nécessité pour la survie de la collectivité.
    Parfois, souvent même, issue d’une même origine géographique, philosophique, voir d’une matrice commune, le choix de ce qui unis ses divers membres est d’une importance certaine et bien difficile, bien périlleux à modifier par la suite.
    Si, et nous en avons déjà parlé, le Dieu ou les dieux, émanation de l’esprit, puissances occultes ou supposées qui régissent la vie de la communauté est primordial, il doit avoir été décidé, choisi, imposé à un certain moment, lors de la création de cette nouvelle société.
    Totémisme, cosmogonique, animiste ou humaine, toute société a besoin de se raccrocher à un tuteur, une colonne vertébrale qui sera l’élément unificateur de la philosophie générale de ses membres et toute modification de ce rail conducteur, toute interprétation divergente risque de créer un schisme.

L’arbre généalogique : solution pratique


            AL- NISÂ

    2 - O hommes ! Craignez votre seigneur qui vous a créé d’un seul
                 être et en a créé sa compagne ...

                        Le Saint Coran

    Remonter le long de son arbre généalogique, y retracer la situation d’un certain nombre de ses branches, justifie une attache imparable entre les individus qui y sont répertoriés.
    Un certain nombre de religions, dans le but d’acquérir une universalité ont  considéré que tous les humains sont issus d’un couple originel ce qui assure la légitimité d’une continuité dans l’humanité, une représentativité au départ qui assure la même unicité dans la finalité, à l’échéance de la vie de chacun.
    Un certain nombre d’ethnies par exemple en Afrique centrale, et je parle ici de ce que crois connaître le mieux, ont, à un certain moment divergés et rattaché leur ancêtre à un animal particulier, ce qui a donné le totémisme et ses nombreuses variantes.
    Cet animal totem émerge dans les traditions par des qualités physiques (léopard, éléphant, crocodile,  etc..), de ruse que nous n’oserions  qualifier d’intellectualité (serpent, buffle,  etc..), ou encore par une certaine philosophie de vie, une certaine sagesse (lémurien, tortue etc..).
    Jamais je n’ai rencontré (mais là, je ne veux pas l’exclure) un totem clanique qui serait un hominien, car, trop près physiquement de l’homme, celui-ci voit en lui un certain concurrent et remarque surtout les différences qui infériorisent nos “cousins”.
    Remarquez qu’ils emploient aisément le mot “cousins” en parlant des singes mais jamais “ancêtres”. 



La graine initiale


    GENESE

    21 - IHVH Elohîms fait tomber une torpeur sur le glébeux.
                   Il sommeille.
                   Il prend une de ses côtes et ferme la chair en dessous.

            22 - IHVH Elohîms bâtit la côte qu’il avait prise au glébeux en femme.
                   Il la fait venir vers le glébeux.

            23 - Le glébeux dit: “ Cette fois, c’est l’os de mes os,
                   c’est la chair de ma chair, à celle-ci il sera crié femme - Isha - :
                   Oui, de l’homme -Ish - celle-ci est prise”.

                                                                      Entête - A.Chouraqui

       
           
           Toutes les religions, puisqu’il faut bien en arriver là, ont tentés d’atteindre l’homme primitif, le premier, celui qui a donné naissance au reste de l’humanité.
    Donner naissance, à moins de parler de parthénogénèse, il est difficile de concevoir que nous, mammifères ne soyons issus d’un seul être fut-il masculin, et rapidement est apparue la notion de couple.
    Lorsque l’on reprend la genèse, on peut s’imaginer, le premier homme que nous appellerons Adam, déambulant dans ce jardin d’Eden, insouciant, cueillant ci et là quelques baies appétissantes, sans crainte, parce que reconnu comme roi de toute créature, éternel, puisque sans possibilité de se reproduire ni de mourir mais voyant autour de lui le jeu de la séduction tant chez les végétaux que chez les animaux qui assurait la reproduction.
    Ceci est naturellement du rayon de la pure imagination, la genèse, qu’elle vienne de la Torah ou de la Bible chrétienne ne peut en aucun cas être prise comme un livre d’histoire écrit par des historiens, mais comme un recueil de croyances, de légendes qui ont éclos dans l‘imagination des hommes et qui ont bien dû passer, à un certain moment de leur réflexion rationnelle au symbolisme sans trouver un pont valable pour supporter cette transition.
    Mais le fait est bien présent, ce symbolisme existe et ne peut être  oblitéré, nous devons en tenir compte et le gardant bien à sa place, un symbole, rien qu’un symbole et certainement pas un fait irréfutable.

Symbole, rien qu’un symbole

    L’Homme, dans tout son symbole, que nous avons appelé aDa, un nom qui nous a été transmis par la tradition, bien représentatif d’ailleurs, les deux “ a “ entourant le magistral DELTA objet agressif, incisif, offensif, objet de pénétration représentant la force et la domination masculine.
    Cet Homme trouve une compagne, que nous avons appelée aVa, un nom qui lui aussi a été transmis par la tradition, tout aussi symbolique, deux “ e “  entourant un V magistral, réceptacle de l’autre “V “ inversé que nous avons appelé DELTA.
    Le réceptacle, la matrice, le tabernacle, le creuset dans lequel va se faire la fusion chromosomique, va apparaitre la gamme des nuances génétiques, richesse de notre patrimoine à la fois diversifié et unifié.
    Le couple est créé, l’homme peut se reproduire et certains ont pu croire qu’à ce moment enfin, cette pulsion sexuelle est née, que la porte d’un autre Eden était ouverte pour le genre humain ce qui est enfin devenu normal.
    Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup plus que cela.

Apparition de la Société


    Le fait que l’ Homme n’est plus seul, qu’il a une compagne, l’oeuf, le nid est créé, la famille, qui deviendra le clan, puis la tribut, puis la société humaine a vu le jour.
    L’homme primitif, Adam, n’est plus seul, individualiste, il doit compter avec sa compagne, puis avec ses contemporains, il devient le noyau d’une masse humaine qui pourra par diverses manipulations dont certains deviendront maître devenir des foules aptes à s’unir ou à s’affronter.
    Les unions, les cartels, les alliances, les oppositions, les guerres seront dès lors possibles, le meilleur et le pire seront dès lors possibles.
 
    Nous avons assisté à ce moment à la création de la Société et de son étude :   la sociologie.
    La cellule familiale a vu le jour, les responsabilités aussi, fini l’insouciance du roi de la création gambadant dans la riche savane de l’Eden respecté par tout ce qui existe; l’homme est devenu ce qu’il doit être, il a pris sa place exacte dans la création il doit maintenant prendre ses responsabilités.
    Bien sûr, il peut se reproduire, il peut se multiplier mais il doit aussi mourir, il doit disparaître et laisser la place à ses descendants qui ses diversifient, ils sont frères, puis beaux-frères, puis neveux, puis cousins germains, puis cousins lointains.
    Cela amène des problèmes de succession, de concurrence, de luttes intestines, de jalousie, de règlements de comptes, de révolutions de cours, bref, la notion de pulsion combattive évoquée dans la lutte entre Caïn et Abel.
    La multiplication du nombre d’individus fini par créer un problème d’alimentation sur un site défini, la notion de propriété territoriale, de richesse, de capitalisation, bref l’apparition de la pulsion nutritive.
    Que d’orgueil d’être supérieur à son voisin à son lointain cousin, d’avoir des biens au soleil, de devoir les léguer à ses enfants qui devront être capable de les gérer, on est fier d’eux, de ce qui est issu de soi, c’est l’apparition de la quatrième pulsion, la pulsion parentale.

    Tout cela suite à la naissance de notre compagne, suite à l’apparition de notre grand mère mythique, Eve !

Une remise en question


    Tout le symbolisme de l’humanité, de l’humain est donc à revoir après ce qui pour certains n’était peut-être qu’un détail biblique bien naturel en soi.
    Cet autre aspect de la création, de l’importance de l’apparition des détails de l’univers nous offre, dans le cas de ce qui est humain la réel vérité des choses, car en soi, la naissance de Eve est plus importante que celle d’Adam.
    Ici, je dois rappeler que nous restons dans le domaine de la symbolique, et que les propos émis ne sont nullement historiques, mais cette création de l’imaginaire humain est probablement la chose la plus im
portante de ce qui a été écrit ou dit dans la genèse.
    C’est à partir de l’apparition de la compagne d’Adam que toute la structure social est apparue, là est la vrai création de l’humain, une société organisée sur la base de la famille, initiale, réduite ou élargie, peu importe mais basée sur une collectivité humaine qui voit se créer des obligations, des besoins et doit se chercher des règles pour limiter autant que faire se peut des conflits qui pourraient s’avérer destructeurs.

    Une autre approche des textes sacrés, critiquable certainement, mais qu’importe, le principal est d’avoir la possibilité d’y réfléchir.
     
     
                                                                                               Anderlecht, le 06.06.2010

                                                                                                         E.A.Christiane

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 09:24



Les Ngbandi de la Ngiri - Territoire de Kungu et de Budjala

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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, d’un hobby.



Un sympathique présent

            Il y a environ deux semaines, une amie passionnée comme moi de l’histoire des découvertes de l’Afrique Centrale me fit cadeau d’une reproduction du second tome de 
            “Au cœur de l’Afrique” - 1868 - 1874 -

- “Voyages et découvertes dans les régions inexplorées de l’Afrique Centrale par le Docteur Georg August Schweinfurth - publié chez Hachette et Cie en 1875“ -
            Merci encore Marisha.

Qui était Georg August Schweinfurth


            Ce botaniste de formation, mais ayant bien d’autres cordes  (ethnologue, linguiste, géologue, explorateur...) à son arc, né à Riga en Lettonie le 29 décembre 1826 et décédé à Berlin le 19 septembre 1925 a parcouru l’Afrique de 1863 à 1894.
            Parti de Khartoum, au Soudan, il a pénétré dans ce qui est actuellement la Province Orientale de la République du Congo et a parcouru le pays des Niam-Niam, appelés aujourd’hui Zandés et des Mombouttous, appelés aujourd’hui Mangbetu.
            Cela lui a permis, le 19 mars 1870 de découvrir le Wele, Ouele aujourd’hui appelé Uélé, qu’il croyait être une rivière alimentant le lac Tchad.

Les armes des jeunes soudanais

            Mais ce n’est pas la vie de Georg Schweinfurth qui m’interpelle aujourd’hui, c’est, dans son livre, en page 8, des dessins d’armes des hommes de la tribu des Zandé.
            Les couteaux et les sabres de fabrication indigène représentés sur cette planche  sont de même facture que ceux qui sont actuellement traditionnels des Ngbaka et les Ngbandi de la région de Gemena-Libenge.
            Quant aux couteaux de lancer, ce que l’on appelle troumbache, ce sont typiquement des armes habituelles en 1975 encore aux mains des Ngbaka de Gemena, Karawa, Bominenge, Libenge etc..
            Les petits coutelas à manche en forme de deux demi-cônes inversés sont toujours bien d’actualité dans ces régions et la majorité des hommes des villages en portent toujours un sur eux; ils sont tellement commun qu’ils l’ont surnommé mon “bic rouge”.
            Les machettes recourbées dans le sens du plat de la lame, moins courantes se retrouvent dans tout le Nord-Oubangui.
            Quant aux troumbaches, ils sont très répandus chez les Bwaka, beaucoup moins chez les Nbandi de la Ngiri que je connais mieux.
            Ce sont des sortes de serpettes de la même dimension que celles que nous connaissions dans nos campagnes mais qui en plus de la lame principale représentent deux excroissances de quatre à cinq centimètres, prolongement de la lame, effilées, lancéolées et qui font de cette troumbache une arme redoutable.
            Originellement un couteau de lancer, destiné a atteindre les jambes de l’ennemi qui vous attaque, elles sont aussi utilisées comme une arme “de poing”.
           
            Tout jeune planteur, j’ai une nuit été réveillé parce qu’il y avait une bagarre dans le camps des travailleurs “avec un blessé très grave”.
            M’étant levé, m’y suis rendu et devant une maison la foule était agglutinée.
            Je suis entré, la pièce était faiblement éclairée par une lampe tempête, et je distingue sur un lit, un travailleur de la plantation au milieu d’une flaque de sang, avec une vilaine, très vilaine blessure à la partie postérieure de la cuisse droite.
            Je me précipite, lui soulève la tête, il me voit, me regarde, me saisit le bras, ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais il meurt instantanément, exsangue.
            Pour une dette de cinq francs congolais, deux joueurs de cartes se sont querellés, l’un a pris son couteau de lancer et a porté un coup à son copain.
            Le couteau est entré très facilement dans la cuisse et en se retirant a arraché un morceau de muscle qui pendait et aussi sectionné l’artère fémorale.
            Nous étions au début du second trimestre de 1955, je venais d’avoir 21 ans et c’était le premier cadavre que je voyais.
            Depuis lors, j’ai vu beaucoup d’autres accidents de ce genre, mais la blessure était plus normalement située au niveau du triceps gauche qui était régulièrement arraché.         

Flux migratoire Nord-Sud

            Dans les textes que nous avons publié sur notre blog, toutes les ethnies de la région du Haut Congo (Mbango, Mbesa, Ngando, Olombo, Mboso, Wembe, Topfoke, Ngandu...) et jusque la rivière Oubangui, a part peut être les Mongo dont l‘origine est parfois controversée, sont venues de la rive droite du fleuve Congo.
            Sous la poussée démographique, chassés par la sahélisation au niveau du tropique du Cancer, ils se sont mis en marche et sont arrivés dans la partie Nord de l’actuelle République du Congo.
            Ils sont ainsi appelés les “jeunes soudanais”.

            Durant leur migration, dans le Darfour, au Soudan, puis dans la partie Est de la République Centre Africaine, ils avaient suivi la savane parallèlement aux rivières qui coulaient quasiment toutes suivant un axe Sud-Nord, dans la prolongation du graben et de la vallée du Nil.
            A partir du moment où ils ont rencontrés le sillon Bomu-Kibali, Uélé, Oubangui, les rivières coulaient, du moins dans la plus grande partie de leur cours, d’Est en Ouest, puis du Nord-est vers le Sud-ouest, il fallait donc, si on désirait continuer vers le Sud, soit les traverser, ce qui était impératif en arrivant au fleuve Congo, soit suivre la savane puis la forêt entre deux rivières pour arriver finalement au fleuve Congo.

Uélé - Flux migratoire Est-Ouest

            Quoi de plus normal dès lors que certaines ethnies aient suivi les rivières en direction générale de l’Ouest ?
            C’est ainsi, que les Bwaka, puis les Ngbandi ont suivi, dans leur migration, l’Uélé, puis l’Oubangui.
            Remarquez que cela ne s’est pas fait d’une manière aussi régulière ni aussi pacifique, il y a eu des rencontres indésirables, des conflits, des retours en arrière etc.., Mais la progression générale s’est faite dans le sens de peuplement vers des endroits de plus faible densité de populations ou de populations moins organisées pour résister aux envahisseurs.
            Dans l’Oubangui, nous trouvons actuellement une majorité de Bwaka, entre autre dans les territoires de Gemena, de Libenge et de Bosobolo, mais nous y trouvons aussi quantité de villages Mbanza, qui seraient installés antérieurement à l’arrivée des Bwaka mais qui les auraient acceptés, l’invasion se serait donc faite d’une manière relativement pacifique.
            Pour en revenir aux Ngbandi, une partie de ceux-ci se seraient fixés dans la courbe de l’Oubangui, lorsque celui-ci s’incurve nettement vers le Sud, dans le Territoire de Yakoma, ils auraient constitués ce que l’on appelle les Ngbandi ya Likolo, ceux du haut dont le Président Mobutu est le plus célèbre de ses représentants.
            Une autre partie aurait continué, descendant l’Oubangui et se fixant à la limite des marais de la Ngiri, dans les actuels Territoires de Kungu et Budjala. 

Les marais de la Ngiri

            Etrange endroit que ces marais de la Ngiri, en pleine cuvette congolaise, mais dans la partie Nord Ouest, ils font donc géologiquement partie de la couche dite de la Busira, dernière couche alluviale datant du quaternaire et correspondant à ce qui fut le dernier lac de la Cuvette centrale, juste avant la vidange par la faille du Bas-Congo.
            Cette couche de la Busira s’étend d’un seul tenant mais de forme irrégulière approximativement du second degré latitude Nord au troisième degré trente minutes latitude Sud et du seizième au vingt-quatrième degré longitude Est.
            Son centre géographique décalé vers l’Ouest et aux environs de Coquilathville (actuellement Mbandaka), situé exactement sur l’Equateur.
            Les marais de la Ngiri commencent juste au bord nord-ouest de cette couche de la Busira, et s’appuie sur le bourrelet Nord de la dite couche sur ce que l’on appelle en Géologie la couche du Lualaba-Lubilash.
            Limite de la cuvette congolaise, la couche dite du Lualaba Lubilash est stable, composée de terre superficielle de type Kalahari quoique elle-même issue d’un ancien lac.

Les habitants

            La Ngiri, terre ancestrale des Ngbandi, dit aussi Mogwandi, Ngbwandi ou BaNgbwandi est donc située à la fois en territoire de Kungu et en Territoire de Budjala et offre l’avantage de mettre à la disposition de ses occupants un sol riche convenant à la culture d’aliments à base d’hydrates de carbone et un marais très vivant permettant la pèche, et aussi la chasse promettant des protéines en grande  quantité (crocodiles, poissons, serpents, buffles, éléphants, antilopes etc..).
            Un seul problème, mais il est sérieux, ces gens, les Ngbandi de la Ngiri, souffrent plus que normalement d’un manque d’iode, pas ou peu de contacts avec des commerçants, vivant sur le pays, ils ont des problèmes de sel, et spécialement de sel marin et des idiots (Agagigi dans la langue Ngbandi), microcéphales existent dans presque tous les villages.
            Aussi, il est du devoir d’un chef de plantation de veiller à ce que l’approvisionnement des magasins de traite en sel se fasse avec du sel marin, venant souvent des salines de Namibie, afin de pallier à ce manque d’iode.
            Du point de vue économique, elle profite de la rivière Mongala, de la route de Gemena vers Libenge et Mbangi mais s’il y a de nombreux colons, de nombreuses petites exploitations agricoles, de nombreuses missions, mais en fait de grandes plantations, en Territoire de Budjala, nous n’avons qu’une plantation importante d’hévéas du groupe Lever (situation de 1980) bien organisée et qui a vu naître Pierre Kroll, dessinateur humoriste bien connu.

La rivière Ngiri
 
            La rivière Ngiri prend sa source dans ces marais dans les environs de Kungu où elle porte le nom de Lua-Ngiri, elle traverse cette région marécageuse sur environ 350 à 380 kilomètres sans que son cours ne soit stable, formant tantôt des iles, s’étendant en d’innombrables bras éphémères, créant des lacs viables quelques années, elle est l’axe de drainage de cette immense région ayant plus ou moins la forme d’un triangle dont la base (au Nord) aurait 300 kilomètres et le hauteur 375 kilomètres, soit certainement 55.000 kilomètres carrés.
            Elle se jette dans l’Oubangui aux alentours de  zéro degré  et 25 minutes Nord.
            Une partie de ces marais dont nous ne tiendrons pas compte se prolonge très loin à l’Ouest en territoire  de la République du Congo Brazzaville.
            En théorie, il y a moyen de passer, en prospectant les très nombreux chenaux de cette région, de la région de Nouvelle-Anvers (actuellement Makanza) sur le fleuve Congo à la rivière Oubangui, dans la région de Dongo sans faire le long détour par la pointe Sud en aval de Coquilathville , l’explorateur George Grenfell, missionnaire de la Baptist Missionnary Society décédé en 1884 et enterré à Basoko l’aurait fait, mais ce passage est très aléatoire et ne saurait actuellement être défini comme certain qu’après une reconnaissance aérienne.
           
Le territoire des Ngbandi

            Les Ngbandi n’occupent pas tout ce territoire, loin de là, on les trouvent à l’Ouest de la Mongala au Sud de la route Akula (sur la rivière Mongala), Budjala, Kungu, Djambi et Dongo, sur l’Oubangui.
            La limite Ouest serait l’Oubangui, quoique la partie entre la Lua-Ngiri et l’Oubangui soit très peu peuplée, tandis que la limite sud de leur occupation est assez floue étant donné que nous avons peu de points de repère et quasiment pas de population; il n’est pas assuré qu’ils dépassent la limite du Territoire de Budjala au Nord de Mobeka et jusqu’a la Ngiri.
            Je ne peux cependant être certain de mes affirmations quant à l’occupation de cette région particulièrement austère, peu accessible et très inhospitalière.

Une grande différence

            J’ai travaillé avec les Ngbandi de 1955 à 1958 puis de 1979 à 1991, et j’ai eu de très bons contacts avec eux.
            J’ai aussi travaillé avec des Bwaka de 1955 à 1960, puis de 1973 à 1980.
            Ces deux ethnies, nous l’avons dit sont classées parmi les jeunes soudanais,  un même origine ethnique mais une très grande différence de constitution.
            Les Bwaka sont des travailleurs courageux, bien constitués, d’un caractère entier, une énergie et une résistance à toute épreuve, de complexité très foncée, tatoués, près du terroir, naturels, souriants, spontanés et heureux de vivre.
            Les Ngbandi sont différents, plus minces, élancés, le nez fin, l’arc des sourcils régulier, de longues mains, clairs de peau, leurs filles sont très jolies.
            C’est une chose qui frappe et qui questionne, comment deux ethnies proches, peuvent-elles être aussi différentes?
 
Légende ou énigme ?

            C’est une question qui se pose lorsque l’on travaille avec les deux ethnies et, évidement, je me la suis posée, en 1957 d’abord, puis en 1980 ensuite.
           
            Et j’ai questionné: “ Pourquoi avez-vous la peau si claire ?
            Les Ngbandi ya Likolo (ceux de Yakoma) ainsi que les Bwaka habitent des contrées de grand passage entre le moyen et le Haut Congo et le Moyen Oubangui (République Centre-Africaine - et sa capitale Bangi), tandis que les Ngbandi de la Ngiri sont protégés  et l’ont toujours été, relativement, des chasseurs d’esclaves par exemple.
            Entre terre et eau, ils avaient une nourriture équilibrée, nous l’avons vu, c’est un avantage mais aussi, en cas de danger, ils pouvaient  se réfugier, en pirogue dans ces marais inextricables dont ils connaissaient les passages discrets et éviter leurs ennemis.
            Les possibilités de métissage étaient donc plus limitées et cependant, ils sont nettement plus clairs de peau que les ethnies avoisinantes.
            A vingt ans d’intervalle, j’ai reçu la même réponse:
“Ils sont venus du ciel ! “

            Ah ! Et qui donc ?
“Des blancs et sont restés chez nous longtemps, jusqu’à leur mort”.
            Le fait qu’ils aient pu venir du ciel ne m’impressionnait guère, si la terre peut être domestiquée pour nous nourrir ou recevoir notre dépouille en remerciement, le ciel, l’eau et le feu, (air-eau-feu) sont trois éléments dont on n’est pas maitre et peuvent donc être générateurs de phénomènes inexplicables.
            Souvenez-vous, les mulelistes prétendaient qu’ils recevaient des armes et des munitions des eaux du lac Tanganyika, ce en quoi ils n’avaient pas nécessairement tort lorsque l’on suppose que certaines ambassades asiatiques de Bujumbura étaient peut-être des fournisseurs potentiels.
            Mais quand même, l’apparition brusque de blancs, dans  une ethnie saine et particulièrement protégée  avait de quoi m’interpeller.

            Mais ce qui va suivre est plus étrange encore.
“ Ensuite, quelques années plus tard, ils sont revenus pour racheter les enfants qu’avaient engendrés ceux qui étaient restés chez nous”.
“Nous n’avons pas voulu et nous nous sommes battus, nous les avons chassé et ils sont partis avec (ou sans)  leurs cadeaux qu’ils avaient destinés au rachat de leurs enfants”.

            Ma réaction fut claire et me semblait logique, je leur ai dit que je pensais qu’il y avait eu un visiteur à peau blanche, un homme qui aurait eu beaucoup de succès vu la tendance à l’exogamie de la population Ngbandi et qui aurait laissé des traces de son passage dans la génétique du groupe.
“ Non ! Me fut-il répondu ceux qu’ils ont laissé étaient des femmes ! ! “
“Elles ont fait des enfants avec nos ancêtres hommes”.
            Alors là, j’en suis resté pantois.
            Que pouvais-je répondre ?

            J’ai demandé quand cela s’était passé. Et après moult calculs, souvenances et cogitations, il m’a été dit, en 1957 que 7 générations avant celle-ci il y avait des gens qui les avaient vu dans leurs villages.
            Vingt ans après, le même calcul m’indiquait 8 générations.
            Cela situerait le phénomène entre 1750 et 1800 suivant l’âge des “importées” à l’époque où on les avait vues.

            Nous nous trouvions dans une période où des pirates sévissaient en Méditerranée ou il n’était pas rare que des captives de race blanche tombaient dans leurs filets, les plus belles, les Caucasiennes étaient vendues pour les harems orientaux, que faisait-on des autres.
            Une tentative d’élevage en ayant choisi les mâles parmi une peuplade saine, bien nourrie et à l’abri des prédateurs négriers ?
            Peut-être mais cela n’est qu’une supposition.

            Quoi qu’il en soit, une légende existe, une explication disons “traditionnelle” subsiste, est-elle fondée, c’est-il passé quelques évènements qui nous échappent, très certainement, mais lesquels ?
            Encore une énigme de l’Afrique mystérieuse.


                                                                   Rédigé à Anderlecht le 04.05.2010


                                                                                   E.A. Christiane




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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 21:35

 

Les Ngandu - Territoire de Yahuma

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Origines du nom

 

            Plusieurs interprétations ont été données à leur nom; certains pensent qu’ils sont descendants de l’ancêtre Ngandu qui était forgeron, d’autres émettent l’hypothèse que leur nom vient de l’habitude qu’ils ont d’extraire de l’huile de palme par pression, sans cuisson.

            Ce procédé s’appelle ngandu, mais il est possible que ce nom ngandu vient justement du fait que ce sont les Ngandu qui extraient de l’huile par ce procédé.

            Enfin, certains pensent que BaNgandu veut seulement dire “gens de terre” (BaNtu ya mokili) par opposition aux riverains (BaNtu ya mai).

 

Origines des migrations

 

            Les Ngandu seraient originaires de la région située entre la rivière Aruwimi (anciennement Lohale) et le fleuve Congo (anciennement Ntandu); ils auraient traversé le fleuve sous la pression démographique des MaBangu, eux même poussés par les BoBwa (actuellement en Territoire de Ndingila).


             Les gens d’eau les aidèrent à passer le fleuve Congo dans l’ordre probable suivant:

1.-        Les Mbuma

2.-        Les BoKala

3.-        Les BoNgemba

4.-        Les LoSaïla

5.-        Les BoSombo

6.-        Les Yembu

7.-        Les BoSoku

 

            Ils ne durent rencontrer aucune opposition de la part des Pygmées et pygmoïdes (entre autre BoFoto) qu’ils trouvèrent sur l’autre rive, de l’autre côté du fleuve et avec lesquels s’est crée une sorte de symbiose, des relations de clientélisme.

            Actuellement (1962), on trouve encore quelques uns de ces pygmoïdes, petits hommes plutôt bruns à insertion capillaire en touffes; entre autre dans un village à la limite des MoNgandu et des MoMbesa, appelé Loalo-Yalonde.

            Poursuivant leurs migrations Nord-Sud, les Ngandu arrivèrent à la Lopori où ils rencontrèrent les Mongo et durent s’arrêter, ils incurvèrent alors leur axe de migration vers le Nord-Ouest.

            La rencontre des Ngandu avec les Mongo a mis un point final à la poussée des premiers vers le Sud.

            Les Mongo, venant du Sud et envahissant eux aussi la cuvette centrale étaient déjà passablement organisés au moment de leur rencontre avec les Ngandu et ceux-ci, ainsi que d’autres peuplades en mouvement à la même époque ont subi une sorte de vassalisation de la part des Mongo.

            Ils constituèrent les vassaux du royaume Mongo, appelé aussi “Royaume du centre” dont les diverses peuplades auraient été ralliées par les héros légendaires EANZA YA SONGO.

 

            Quelles sont les ethnies rencontrées par les Ngandu dans leur migration ? ==========================================================

 

a.- Les BoFoto : Etaient les occupants de la région au moment des migrations

                             Ngandu, mais n’opposèrent pas de résistance à l’envahisseur.

            Les BoFoto sont des pygmoïdes à rattacher au groupe des BaMbenga de l’Ubangi, ils sont actuellement (en 1962) répandus en petits îlots isolés parmi les Ngombe de Lisala et les Ngandu; nous en trouvons aussi dans la chefferie des YaNongo et parmi les BaSankusu et les Mongo; autant de familles isolées.

            Ce ne sont pas des Pygmées proprement dits, mais une forme de pygmoïde (Pygmées secondaires) obtenue par métissage avec d’autres peuples négroïdes ayant traversé la forêt ou s’y étant attardé.

            On assiste dès lors à la création d’une “race de la forêt vierge”.

            Les relations existantes entre cette race nomade et les autres races sédentaires sont généralement de type commercial; une entente entre deux familles, l’une, celle de la race de la forêt, fournit à l’autre la viande de chasse, l’autre, celle des sédentaires fournit aux gens de la forêt les produits de ses champs ou des produits de la pêche.

            Comme nous l’avons déjà dit, les Pygmées sont les premiers occupants connus de nous dans la cuvette centrale; ce sont aussi de très anciens occupants du continent africain; on a retrouvé des squelettes de Pygmées dans des tombeaux égyptiens de l’époque pharaonique.

            Les premiers explorateurs de l’océan Pacifique trouvèrent une population de Pygmées appelés Négritos qui a été soumise par les Malais et pratiquement absorbée, digérée, anéantie par la civilisation moderne.

            Les dénominations “Négrilles“, “Négritos” ont été remplacées par “Pygmées”, “Pygmoïdes”, “Bambuti” ou “Bambutides”.

            Le type physique de ces Pygmées est remarquablement adapté au milieu forestier; petits (1,5 m à 1,6 m), bruns et leur insertion capillaire en touffes; ces caractéristiques physiques freinent l’absorption de cette race par les autres, mais n’empêche pas le métissage.

            Les peuples sédentaires, clients des Pygmées, et spécialement les Mongo, les considèrent comme une race inférieure, souvent même appelés “esclaves”, mais les relations sont plutôt des relations de complémentarités économiques, alimentaires.

 

b.- Les BaNkutu-BoYela : Eux-mêmes se nomment BaNkutu, mais ils sont appelés                     

                                            BoYela par les Ngandu et les BoSaka.

            Ils sont parfois appelés BaNkutu de l’Est, mais on peut considérer que le nom de BoYela est opposé à celui de BoKela.

 Les BaNkutu auraient traversés le fleuve dans les environs de Bumba et se seraient installés dans le bassin de la rivière Tshuapa.

            Mais ils durent s’enfuir vers le Sud, au delà de la rivière Tshuapa vers les années 1750 - 1775 sous la poussée de Ngandu et des BoSaka, puis furent refoulés vers le Nord par le reflux des BaKamba (Katako-Kombe).

            Ils se disent descendants de l’ancêtre Eanza ya Songo.

 

c.- Les BaNkutu-Akela : Appelés aussi BaNkutu de l’Ouest pour les distinguer des

                                         BoYela, mais le nom de BaKela leur aurait été donné par les arabisés et les BaTetela, ils seraient foncièrement des gens de forêt.

            Les BaTetela (de Katako-Kombe) sortent du cadre que nous nous sommes fixés, ils seraient les descendants actuels des troupes de Ngongo Lutete, Ngongo l’errant, ancien esclave de Tippo-tip qui s’est arabisé et est lui-même devenu esclavagiste avant de se mettre à la disposition de l’Etat Indépendant du Congo et d’être dramatiquement exécuté à Ngandu en 1884.

 

d.- Les BaNkutu-Ntomba : Sont descendants de l’ancêtre Ntomba.

                                             Occupaient originellement la région de la rivière Lomela, mais ont dû émigrer d’Est en Ouest sous la pression des Ngandu.

            Au Nord, ils sont séparés des les YaMongo des Ntomba; au Sud, ils ont pénétrés entre les groupements Ntomba.

 

e.- Les Nkole : Etaient installés dans la région de Dzolu, puis ont été complètement

                         isolés et assujettis par les Ngandu; chassés de Yahuma et de Dzolu, ils refoulèrent les BoMongo vers l’Ouest, les Songo-Muindi vers le Sud et le Sud-Ouest.

            Ils sont actuellement dans les régions de Bondanga et de Befale.

 

f.- Les Bosaka : Ils s’appelèrent BoSaka, mais Lovembe est le nom que leur ont donné

                          les Ilombo; BoKwala est le nom que leur ont donné les BoYela, ils signifie “vassaux”; Nsongo, Nkundo, Lovembe sont d’autres appellations.

            Il semblerait que nous nous trouvons ici en présence d’une ethnie qui s’est trouvée à un carrefour de grandes migrations et qui fut ballottée de part et d’autre, appelée d’une manière par les uns et d’une autre manière par les autres; tantôt réduite en esclavage, tantôt assujettissant les envahisseurs.

            Il parait cependant à peu près certain qu’ils furent à un moment donné les vassaux des BoYela.

            Ils eurent un Dieu appelé Mbombianda ou Bonina ou Ndkhomba Yonina.

            Ils seraient descendants de l’ancêtre Ilonda et auraient traversé le fleuve entre Bumba et Kisangani pour venir s’installer dans le bassin de la haute Lopori, puis de la Maringa-Lopori.

            Repousés par les Ngandu vers le Sud, ils refoulèrent les BaNkutu (Boyela) au-delà de la rivière Tshuapa, ils ont gardé ces terres jusqu’à présent (1962).

            Ils s’étendent au Sud de la rivière Maringa jusqu’à la rivière Tshuapa depuis un point situé un peu en amont de Boende jusque près de la Mondombe puis au Sud de la Tshuapa.

            Leur dialecte a subi l’influence des ethnies voisines avec lesquelles ils ont été en contact depuis plusieurs siècles, les Ngandu et les BaNkutu-Boyela.

 

            Ainsi que nous l’avons déjà dit, ils sont issus de l’ancêtre Ilonda, lui-même serait descendant d’Eanza ya Songo, probablement ancêtre mythique.

            L’ancêtre Ilonda eut trois descendants

 

ILONDA         - Nkombe        Chefferies - Nkombe   - Lolingo - Ngelewa

                                                                 - Bolanda  - Ekula

                        - Oyela            Chefferies - Muindji    - Okuli - Mudji

                                                                - Yafe         - Nkole  - Mbelo

                        - Ongonde       Chefferies - Lofoma

 

g.- Les Muindj : Appelés aussi Nsongo, ils auraient traversé le fleuve Congo puis la

                           Lopori pour s’engager vers le Sud et le Sud-Ouest dans la région de Befale.

            Ils auraient refoulé vers l’Ouest les BoMongo et les Nkundu; vers le Sud, les Ekota et les BoSaka.

            Ils seraient descendants des BoNombolo et des Intele.

 

Sous-tribus actuelles:             Nsongo I         Ancêtre Elese

                                               Nsongo II        Ancêtre Liongo

                                               Loanga           Ancêtre Intele

                                               Bolenge           Ancêtre Singa

                                               Bolondo          Ancêtre Tshotsho

                                               Ntemboolo      Ancêtre Loolo (enfant de Intele I

                                                                                                    second mari de Mundji)

 

h.- Les Nkutshu-Akamba : Etaient fixés dans la région de Katako-Kombe et de

                                             Lubefu, à la fin du XIX éme siècle, ils furent attaqués par les BaTetela qui les refluèrent vers le Nord, aux environs des sources de la Tshuapa et de la haute Lomela.

 

i.- Les Yasayama : Sont parfois considérés comme Pseudu-BaNgandu, ou BaNgandu

                               du Sud, ils sont en Territoire d’Ikela.

            Ils seraient peut-être des BoYela Monganduïsés qui auraient été absorbés par les groupements Ngandu voisins.

             Ils seraient issus des l’ancêtre Otokili qui portait le même nom que le Dieu principal, cet ancêtre pourrait donc être mythologique.

            Cependant, leur histoire est empreinte de l’influence d’un guerrier assez remuant, Longondo Ayo.

 

Cette ethnie compte cinq tribus:         - Les Moma     - Ancêtre Moma

                                                           - Les YaForo   - Ancêtre Foro

                                                           - Les Boanga  - Ancêtre Boanga

                                                           - Les Yoye       - Ancêtre Yoye

                                                           - Les Bongi     - Ancêtre Bongi

 

            Au Nord des Bongi, existe une chefferie Ngandu constituant une sixième chefferie: la chefferie YaSayama; elle fut fondée par Longodo Ayo, magicien de guerre d’origine Ngandu appelé par les Bongi pour vaincre les YaForo dans le bassin des rivières Luo et Maringa.

            Puis vint une querelle entre Bongo et Moma au sujet d’une femme, Bongi resta entre les rivières Mokombe et Lofome, tandis que Longondo Ayo s’installa au Sud de la rivière Tshuapa (selon van.der Kercken).       

 

j.- Les Makalandja : En Territoire d’Ikela, se trouvent entre les Ngandu et les Mbole;

                                   malgré que leur dialecte soit assez différent, on les considère comme des Pseudo-BaNgandu.

 

k.- Les Mongo : Furent refoulés vers l’Ouest par les Ngandu, les Ntomba et les

                          Mundji, puis plus tard par les Ngombe.

            Ils refoulèrent eux-même les Nkundo vers le Sud.

 

            A partir de 1700, les Mbesa, puis les Topfoke, puis les YaNongo, puis les Molielie commencèrent à passer le fleuve Congo et s’insérer comme un coin en territoire MoNgandu.

            Ils repoussèrent ceux-ci vers l’Ouest, le Sud et le Sud-Est.

 

         Répartition clanique des Ngandu.

          =========================

 

1.- BaNGANDU PROPREMENT DITS:

------------------------------------------------

 

            Encore appelés BaNgandu Mbolo

            Ils croient en un dieu appelé “Mongo”.

            Ce sont eux qui nous intéressent particulièrement, ils occupent les abords de la plantation du groupe Lever de Mosité en Territoire de Yahuma.

 

1.1.-     Chefferie BoLombo-BoSoku : sur la route de Koret, ces deux clans ont été

                                                            réunis en une seule chefferie.

 

1.2.-     Chefferie BoLombo-Bokote: entre Mosité et Yahuma, ces deux clans ont été

                                                          réunis en une seule chefferie.

 

1.3.-     Chefferie Yembu : se trouve sur la rive gauche de la rivière Loleka.

 

1.4.-     Chefferie BoNgemba: est limitée par la chefferie BoLesa et la chefferie

                                                BoKala, elle s’étend jusqu’à Yahuma.

            Il est probable que, anciennement, la chefferie BoNgemba s’étendait jusqu’au fleuve Congo, mais les Ngandu durent se retirer sous la poussée des Nongo et des Lielie.

 

1.5.-     Chefferie BoLesa: inclut le secteur des plantations Mosite et tout le terrain à

                                          l’Est du secteur des plantations de Ngungu-Irumu.

            A citer particulièrement le clan BoHema qui se trouve de l’autre côté de la rivière Loleka (rive droite) et qui constitue une enclave en Territoire d’Isangi.

            Géographiquement, en effet, la rivière Loleka constitue une limite entre le Territoire de Yahuma et le Territoire d’Isangi.

            Cependant, du point de vue ethnique, les BoHema sont à rattacher à la chefferie BoLesa et administrativement au Territoire de Yahuma.

            Cette chefferie BoLesa semble avoir fortement subi l’influence de ses voisins Topfoke (outre Loleka), les habitants seraient peut-être même des Pseudo-BaNgandu, car leur langage et certaines de leurs coutumes les rattachent plutôt aux Topfoke.

 

1.6.- Chefferie Bokala : Est voisine des secteurs de plantations de Lukumete et

                                      Ngungu; 1264 hectares ont été concédés au groupe Lever en 1956 et ont été plantés de palmiers à huile, à Lukumete, en 1959 et 1960.

            Ces 1264 hectares n’étaient pas occupés par des Ngandu, mais par des Lielie et des YaMonongeri qui ont suivi les Ngandu dans leur migration.

            Nous avons consacré un chapitre spécial à ces Lielie. 

 

            Actuellement, en 1962 - 1963 , ces six chefferies du groupe Ngandu proprement dits sont regroupées en un seul secteur, le Secteur BoLinga.

            Ce secteur est donc frontalier:

                        - des Territoires de Basoko et de Yahuma depuis la rivière Mokakoria jusqu’à la rivière Loleka, le long du cours de la rivière Masua.

                        - des Territoires de Yahuma et d’Isangi, le long de la rivière Loleka.

 

            On rencontre le long de la rivière Loleka, depuis l’embouchure de la rivière Masua et en remontant le cours de la rivière Loleka en Territoire de Yahuma, les clans frontaliers suivants:

 

1.- Les YaOseo: Qui seraient probablement des Muingi en Territoire de Yahuma, ils

                           parlent d’ailleurs le langage des Muingi.

 

2.- Les YaKote-YaMbula

 

3.- Les YaOkoka

 

4.- Les YaOluka    (disparus)

 

5.- Les YaOlia

 

6.- Les YaOtumbu

 

7.- Les LiNgomo

 

8.- Les YaMongo

 

 

2.- LES BaNGANDU LALIA OU DZALIA

---------------------------------------------------

 

            Croient en un Dieu appelé Dzakomba.

            Ils constituent une peuplade qui serait issue de l’ancêtre Afalalia.

 

            Actuellement, en 1962 - 1963, la situation sur le terrain est la suivante:

 

2.1.- Les Mbuma: Tribu issu de l’ancêtre Afahuma, les premiers Ngandu qui

                              auraient traversé le fleuve Congo.

 

   2.1.1.- Les Mbuma - Bofongo : sous tribu se trouvant en Territoire de

                                                     Yahuma, au delà de la rivière Lonua et de la chefferie Bokala mais ne dépassant pas la Lopori, ils sont issus de l’ancêtre Fongo

 

               2.1.1.1.- Chefferie BoFongo : ancêtre Lolongo, deux clans:

                                             - Bofongo I : Ancêtre Ilua.

                                             - Bofongo II : Ancêtre Kaolingo, mais celui-ci aurait peut-être donné naissance à la chefferie BoAngi.

               2.1.1.2.- Chefferie BoAngi.

              2.1.1.3.- Chefferie Yete : Ancêtre Afayete.

               2.1.1.4.- Chefferie Yala : Ancêtre Lotoko, mais c’est moins que

                                                       certain, ce nom serait peut-être une moquerie de la part de leurs voisins (Lotoko veut dire alcool de fabrication artisanale).

               2.1.1.5.- Chefferie Wanga-Limongo: Ancêtre Mbula.

               2.1.1.6.- Chefferie BoFongo-Mbuma : Ancêtre Bofokaw.

               2.1.1.7.- Chefferie BoNgoï : Ancêtre Isekalayolo.

               2.1.1.8.- Chefferie Dikila.

               2.1.1.9.- Chefferie Lilangi

 

2.1.2.- Les Mbuma - Poko : sous tribu se trouvant au-delà de la rivière

                                             Lopori, donc en Territoire de Dzolu, ils sont issus de l’ancêtre Afampoko.

               2.1.2.1.- Chefferie Bimbi : Ancêtre Afiambi.

               2.1.2.2.- Chefferie LoNtulu : Ancêtre Afalotulu.

               2.1.2.3.- Chefferie LoSaïla : Ancêtre Afafoka.

               2.1.2.4.- Chefferie Kongi : Ancêtre Afakongi.

               2.1.2.5.- Chefferie BaKeri : Ancêtre Atitema.

                           2.1.2.6.- Chefferie BoHumbo : Ancêtre Afokumbo.

 

2.2.- Les YaSeka : Tribu issue de l’ancêtre Afaseka, ils croient au Dieu Ingologolo.

                              Ce groupe, ainsi que les suivants se trouvent en Territoire de Dzolu et hors du cadre que nous nous sommes assigné, aussi, n’en donnerons-nous pas de détails.

           

            2.2.1.- Chefferie YoLota: Ancêtre Afolota.

            2.2.2.- Chefferie YaKose-Wamba : Ancêtre Afomba.

            2.2.3.- Chefferie YaLola : Ancêtre Nkalola.

            2.2.4.- Chefferie YaLalla : Ancêtre Nkailala.

            2.2.5.- Chefferie Lingomo: Ancêtre Bofeko.

           

2.3.- Les BoKote-Dongo : Tribu issue de l’ancêtre Afekote, actuellement en Territoire

                                          de Yahuma.

 

            2.3.1.- Les Lindza : sous-tribu issue de l’ancêtre Afolinza.

            2.3.2.- Les Pombi : sous tribu issue de l’ancêtre Batipombo.

           

2.4.- Les BaIndza : Tribu issue de l’ancêtre Afaindza.

 

2.5.- Les Simba : Tribu située en Territoire de Yahuma, mais sur la rivière Lopori, à

                            la limite du Territoire de Dzolu.

 

2.6.- Les Pokolo : Tribu issue de l’ancêtre Afokolo.

 

2.7.- Les Ngolo ou Lalia-Ngolo : issus de l’ancêtre féminin Ngolo a Ngolumbu a Lola,

                                                     qui avait épousé Donga et lui a donné deux filles.

                                   - L’aînée : Ngosambi, a épousé Bokutu, leur descendance s’est établie dans le Territoire de Dzolu.

                                   - La cadette : Pengele-Pengele a épousé Ngonda-Ngonda, leur descendance s’est établie en Territoire d’Ikela.

 

            En 1892, les Lalia-Ngolo du Territoire d’Ikela travaillèrent pour la compagnie Anglo-Belgian-India-Rubber (ABIR).

             

            2.7.1.- En territoire de Dzolu : Ancêtre Ngosambi.

 

                        2.7.1.1.- Chefferie Likonda : Ancêtre Afiyokandala.

                        2.7.1.2.- Chefferie Nsema : Ancêtre Afansema.

                        2.7.1.3.- Chefferie Balanga : Ancêtre Afalilanga.

                        2.7.1.4.- Chefferie Yundji : Ancêtre Kaliundji.

 

            2.7.2.- En Territoire d’ Ikela : Ancêtre Pengele-Pengele.

 

                         2.7.2.1.- Chefferie Ilonga : Ancêtre Afiabongo

                         2.7.2.2.- Chefferie Mpangu : Ancêtre Mpangu.

                         2.7.2.3.- Chefferie Bosondongo : Ancêtre Bosondongo.

                         2.7.2.4.- Chefferie Liendo-Itali : Ancêtres Afaliendo et Afaitali.

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                  Notes prises à Lukumete en 1962

                                                       Notes complétées à Elisabetha en 1968

                                                       Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999

                                                       Adapté à Anderlecht le 12.04.2010      

 

                                                                       E.A.Christiane

 

 

 

 

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 11:07


       Les Mboso et les Mbole - Territoires d’Isangi et Yanonghe

        ============================================================


Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années au contact de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby, en 1962, d’un encore jeune planteur.



Les gens du gong
===============


              Nous regrouperons trois ethnies sous le nom de “gens du gong”.

        - Les YaWembe, appelés aussi Lokele
        - Les Eso ou Ipoke, appelés aussi Topfoke
        - Les Bolimo ou Mboso, appelés aussi Turumbu

              Issus d’un même ancêtre, peut-être mythique EONDJA - ONDJA, ils ont en commun de pouvoir communiquer entre villages au moyen du gong.

              Cette méthode de transmission d’information a été étudiée par le Révérend J.F.Carrington de la mission B.M.S. de Yakusu. Elle serait basée sur le rythme des syllabes modulées sur un gong à deux tonalités.
   
Citation:
    D’après Monsieur Van der Kerkhen, ce groupe était installé jadis au Sud de l’Uélé, mais fut repoussé vers le Sud-Ouest et le Sud lorsque les BoBwa franchirent l’Uélé. Vers 1700, sous la pression de plus en plus forte des éléments soudanais du Nord, les Topfoke, les Lokele, les Boso et une partie des Turumbu furent contraints de franchir le fleuve Congo. Ils vinrent se fixer comme un coin  entre les MoNgandu à l’Ouest, les BaMbole à l’Est, qu’ils délogèrent. On réunit parfois sous le nom de Gens du gong ou du tambour téléphone, ces trois groupements dont nous allons parler.
Fin de citation

              Du point de vue linguistique, les gens du gong se rattachent au groupe des BaNtu riverains, gens d’eau de la cuvette, groupe de l’Est, sous groupe du Lomami.

                                                         Les Mboso
                                                         ==========

              Les Mboso constituent le troisième groupe des “gens du gong”, ils nous intéressent indirectement, car ils sont géographiquement situés au-delà du cadre que nous nous sommes imposés.
              Ils sont situés dans le triangle constitué par la rivière Lomami et le fleuve Congo (Ntandu) jusqu’à Yangambi, mais sur la rive gauche du fleuve; ils sont insérés entre les Lokele-Likolo et les YaFunga.
              Les Topfoke leur donnent le nom de “Turumbu”, mais il s’agit d’une appellation erronée, ils sont apparentés aux Topfoke, mais issus de l’ancêtre Bolimo, frère ou neveu de l’ancêtre Eso.

               Leurs batteries de gongs et leurs coutumes diffèrent de celles des Topfoke.

Répartition clanique des Mboso
= = = = = = = = = = = = = = = = = = =

              Nous distinguons deux groupes de Mboso:

a.- Les Mboso d’Isangi   ou Mboso du Lomami (Chef Bolafi - en 1962)
     - - - - - - - - - - - - - - - - -
              En amont d’Isangi sur la rive gauche du fleuve dont le langage est celui des BaMbole.

    Extrait de : “ Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge de A.Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles 1936.

    Citation:
    Les Mboso du Lomami ont évolués sous l’influence des Lokele et revendiquent     parfois ce titre, que les vrais Lokele leur refuse. Ils s’adaptent     progressivement à la vie de l’eau (même remarque pour les Topoke installés     sur le fleuve en exécution des mesures pour la prophylaxie de la maladie du     sommeil).
    Fin de citation.

          Deux clans:


    1.- Les YaSanga qui seraient frères des BoHena de l’ex chef WaGénia Mirambo de Stanleyville.


    2.- Les YaOkasanga, venant eux aussi de l’amont, vers Stanleyville.

          Un clan adopté:


    - Les YaNiongo, qui se disent originaires de la région de Yangambi et apparentés aux YaFolo (Lokele).

b.- Les Mboso YaLikoka
(Chef Mbelo - en 1962)
     - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
             En Territoire de Yanonghe, chefferie YaLikoka.
             Leur langage est voisin de celui des Topfoke, ils sont d’ailleurs parfois classés parmi les pseudo-Topfoke.

    Extrait de : “Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge “ de A. Moeller - Edition A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936.

    Citation:
    Une famille Ilungu de ce clan a été adoptée par les Bambole.
    Une famille Bambole (Yessea) s’était insérée au milieu d’eux, mais est partie.
    Les Mboso de Mbelo affirment être Topfoke et se donnent comme berceau la forêt derrière Yatutu (rive gauche du Lomami). C’est à tort qu’on leur applique parfois le nom de Foma, qui ne convient qu’aux Bambole. Ils ont le Lilwa des Topfoke, différent de celui des Bambole.
    Il se peut qu’il y ait chez ces Mboso des éléments Bambole (les Yalanga).
    Fin de citation

              Lombo Pierre et Lotika Alexandre nous ont donné leur version de la séparation des Mboso en deux groupes, les Mboso Lomami et les Mboso YaLikoka.

              Probablement vers la fin du XVIII éme Siècle, les Mboso constituaient une seule unité, installée dans la forêt entre YaNonghe et les YaFunga, sur la rive gauche du fleuve Congo.
              Pour une raison inconnue, leur chef décida d’émigrer vers la rivière Lomami, il fut suivi par une partie de la population, l’autre partie restant sur place.
              Ceux qui s’installèrent le long de la rivière Lomami prirent le nom de “Mboso du Lomami” ou “Mboso d’Isangi” ou tout simplement “Mboso”.
              Ceux qui restèrent sur place prirent le nom de leur clan, soit “Mboso YaLikoka”.
              Le chef "émigré" le long de la rivière Lomami resta le chef des deux groupes.

              Lorsqu’il s’est agit de trouver un nouveau chef, personne ne convenait dans le groupe du Lomami, on fit appel à un notable du groupe YaLikoka, qui devint chef des deux groupes.

              C’est alors que l’Administration Coloniale fut mise en place; les Administrateurs de Territoire, considérant, avec raison d’ailleurs, que les Mboso du Lomami étaient issus des Mboso YaLikoka, et que le chef de tous les Mboso était issu des YaLikoka en ont conclu que tous les chefs des Mboso devaient traditionnellement et obligatoirement être issus des YaLikoka.

              Les Mboso du Lomami s’appellent souvent Mboso YaLikoka, car venant des YaLikoka, ce qui n’arrange pas la compréhension.

              Quoiqu’il en soit, actuellement encore, les Mboso Lomami veulent récupérer le pouvoir du chef, et les Mboso YaLikoka ne veulent pas le céder.
              Les Européens de l’Administration Coloniale ont constaté et considéré que le chef des Mboso venait toujours des Mboso YaLikoka.
              Les documents officiels ont entériné cette situation.
   

                                                Les BaMbole
                                                ===========

              Il nous est difficile de clôturer le chapitre concernant les “gens du gong” sans parler des BaMbole.
              Ceux-ci sont tout à fait en dehors du cadre géographique auquel nous nous sommes limités, mais ils ont traversé la région, bousculant les uns et les autres avant de s’installer sur la rivière Lomami, loin en amont d’Isangi.

             Nous n’avons pas d’information spécifique sur les BaMbole, aussi, nous citerons le chapitre qui les concerne du livre de A.Moeller : “Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge” (page 192) - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936.

    Citation:
    Les peuplades d’origine commune que nous désignons sous le nom de Bambole se diraient “Ilombo Okali” ou, d’après une autre source, “ Ilombo Otanda”, du nom de l’ancêtre dont ils sont issus. Cette appellation est toutefois contestée.
    Les Bambole affirment être originaires des rives du Bas Aruwimi (Lohali) et de l’hinterland, vers la région actuelle de Yahila. Suivant une autre version non confirmée, les Bambole viendraient de la rive droite du Congo, en aval de l’Itimbiri, actuelle région Budja, entre les rives de la Molua et de la Mokwa; ils seraient passés sur la rive gauche du Congo et auraient atteint la Lopori qu’ils auraient remontée jusque dans la région de Lokilo, d’où ils auraient passé le Lomami. Les Arabes (?) les auraient rejetés sur la rive gauche de cette rivière.
    L’appellation Bambole auraient une origine géographique (gens du bas) ; une tradition plus sujette à caution la rattache à la consommation que ces populations feraient des oignons du roseau dit mbole.
    Leurs plus récentes migration - de même que celle des Mongandu - ont été déterminées par la poussée de Mobango, qui eux-mêmes étaient installés sur les rives de l’Uélé entre Yakoma et Angu.
    Les Bambole furent aussi refoulés par les Mombesa.
    Ces migration, sur lesquelles nous possédons des indications historiques, ont pris leur départ dans le courant du XVIII éme siècle, si l’on se base sur la généalogie des ancêtres Bambole.
    Un sous clan Mongo, les Olira, suivant vraisemblablement la migration des Mongo de l’ EQUATEUR, serait descendu vers le confluent de l’Itimbiri pour y traverser le fleuve et s’enfoncer vers les sources de la Lopori et de la Maringa, où ils furent absorbés par les Boyela de l’ EQUATEUR. Ceux-ci voisinent à présent avec les Bambole dans la vallée de la Tshuapa. 

    La grande masse des Bambole a traversé le fleuve en aval et en amont du confluent du Lomami.

    a).- Les Balinga et les Yapandu suivent la première voie; après des pactes traversés de conflits avec les Lokele, ils remontent le Lomami.
    Actuellement, les Balinga occupent les rives du Lomami, entre les affluents Loale (aval) et Moïlo (amont).
    Les Yapandu occupent sur la rive gauche du Lomami les vallées de la Lokilo et de la Lombo.
    b).- Les Kembe, les Yalingo, les Mongo et peut-être les Tooli traversent le fleuve en amont d’Isangi. Ils occupent les vallées de la Lobaye et de l’Etoli jusqu’au début du XIX éme siècle.
    Les Kembe occupent les rives de la Loha jusqu’à la vallée de la Tshuapa. Leur sous-clan avancé vers le Sud sont séparés du gros par les Yapandu et les Mongo.
    Les Yalingo s’installent sur la rive gauche du Lomami, dans la vallée de la Lombo et de l’Elipa.
    Les Mongo occupent les vallées de la Lokilo et les sources de la Mokombe, scindant ainsi les Yapanda.
    Par après, certaines familles Mongo-Lindja repassent, via Yanga, sur la rive droite du Lomami.
    A leur arrivée sur les terres actuelles, les Bambole déclarent n’y avoir rencontré d’autres populations que les “Botchwa” (Pygmées), très clairsemés, venus de la vallée de la Tshuapa.
    Les Tooli ou Yaïsa, que nous avons laissé sur la rive droite du Lomami, poussent vers l’Est dans la direction de l’actuelle Ponthierville; mais ils sont arrêtés et refoulés par les Walengola; vers l’Ouest, ils sont arrêtés par le choc de retour des Mongo-Lindja. Ils réoccupent la vallée de l’Etoli.
    On trouve chez les Yaïsa un clan Bokuma qui est probablement d’origine Walengola.
    Aux Tooli se rattachent des Yamba-Botunga et les Yahilila-Yalikandja.
    Ajoutons qu’une autre version, recueillie chez les Yaïsa, représente ces populations comme ayant traversé le fleuve à hauteur de Basoko; après avoir occupé la région de l’actuel Elisabetha et pour échapper aux agressions Topoke, ils remontent la rive gauche du fleuve et traversent le Lomami pour se fixer dans la vallée de la Lobaye.
    Les Yamba et Botunga auraient formé leur arrière-garde, et c’est eux qui, remontant ensuite la Lobaye, se seraient heurtés aux Walengola.
    Pendant ce temps, les Ikoli et les Yangonda se fixaient au Sud de la Lobaye, les Yatulia et les Yaosa de même, plus à  l’Est sur l’Etoli; les Yawelo et les Yaoka auraient rejoint le gros des Yaïsa en longeant le Lomami, arrêtés dans leur incursion vers le Sud par les Mongo-Indja.
    Fin de citation.         


                                                                        Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                        Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                        Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                        Adapté à Anderlecht le 08.04.2010      

                                                                                   E.A.Christiane

Conclusion

    Le présent développement met un point final aux dix textes consacrés sur mon blog aux notes ethnographiques que nous avons prises durant de nombreuses années lors de notre séjour en Territoire de Basoko.
    Nous avons travaillé pour une multinationale agro-industrielle dans ce Territoire de début 1958 à fin 1973, soit pratiquement 16 ans, dont 13 sur la rive gauche du fleuve Congo à Elisabetha.
    Loin de toute bibliothèque organisée, c’est dans les quelques livres à notre disposition dans les rayons de notre salon que nous avons glané les premières informations qui nous ont permis de construire un canevas qui servira de base au travail de récolte d’informations sur les ethnies des environs.

    Quatre sources  ont ainsi pu nous guider dans ce travail:

Auteur: G. Van Bulck : “ Les recherches linguistiques au Congo-Belge”
              “ Manuel de linguistique bantoue”

Auteur : A.Moeller : Les grandes lignes des migrations bantoues de la Province
                                 Orientale du Congo-Belge”
                                 Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles 1936 -
                                 Quelques pages photocopiées seulement.

Quelques notes de Messieurs Van der Kerkhen , Cardinal, Demptine, Marmitte et du Révérend J.F. Carrington.

Puis, plus tard :
Auteur: Jean Vansina : “ Introduction à l’ethnographie du Congo”
                                       Editions universitaires du Congo 1966

    Au nombreux contacts que nous avons eu la possibilité d’avoir avec des informateurs disposés à nous aider, nous avons, mon épouse et moi-même, ainsi pu meubler, étayer, peaufiner les données schématiques, livresques à notre disposition.
    C’est ainsi que nous avons pu reproduire ces informations dans des textes axés sur les ethnies suivantes: BaSoo, Lielie, Mbango, Mbesa, Mboso, BaMbole, Ngandu, Olombo, Topfoke et Lokele.

    Vous comprendrez aisément qu’il ne s’agit pas d’un travail de professionnel, nous ne sommes ni historiens ni ethnologues et je ne pouvais consacrer mon temps à ce hobby qui nous a occupé durant des années qu’après les heures de travail que je devais à mon employeur.

    Nous prions donc nos lecteurs d’avoir l’indulgence de considérer les présentes notes comme étant le fruit d’un passe temps et non pas comme un travail scientifique.
Merci
 

                                                                                                     E.A.Christiane


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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 18:08

Les Topfoke - Eso - Territoire d’Isangi
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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby en 1962 d’un encore jeune planteur.



Les gens du gong
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    Nous regrouperons trois ethnies sous le nom de “gens du gong”.

        - Les YaWembe, appelés aussi Lokele
        - Les Eso ou Ipoke, appelés aussi Topfoke
        - Les Bolimo ou Mboso, appelés aussi Turumbu

    Issus d’un même ancêtre, peut-être mythique EONDJA - ONDJA, ils ont en commun de pouvoir communiquer entre villages au moyen du gong.

    Cette méthode de transmission d’information a été étudiée par le Révérend J.F.Carrington de la mission B.M.S. de Yakusu, elle serait basée sur le rythme des syllabes modulées sur un gong à deux tonalités.
   
Citation:
    D’après Monsieur Van der Kerkhen, ce groupe était installé jadis au Sud de l’Uélé, mais fut repoussé vers le Sud-Ouest et le Sud lorsque les BoBwa franchirent l’Uélé. Vers 1700, sous la pression de plus en plus forte des éléments soudanais du Nord, les Topfoke, les Lokele, les Boso et une partie des Turumbu furent contraints de franchir le fleuve Congo. Ils vinrent se fixer comme un coin  entre les MoNgandu à l’Ouest, les BaMbole à l’Est, qu’ils délogèrent. On réunit parfois sous le nom de Gens du gong ou du tambour téléphone, ces trois groupements dont nous allons parler.
Fin de citation


    Du point de vue linguistique, les Gens du gong se rattachent au groupe des BaNtu riverains, gens d’eau de la cuvette, groupe de l’Est, sous groupe du Lomami.

    Nous possédons très peu de renseignements fiables quant aux migrations des Topfoke; ils déclarent occuper leurs terres ancestrales et ne rien connaître de leur migration.
    Cette position leur permet de faire supposer qu’ils sont les premiers occupants du terrain “depuis toujours”, ce qui leur donne envers les Lokele, entre autre, une certaine supériorité.
    Il semblerait qu’il ait fallut trancher (en 1928 ou en 1932 ?) afin de savoir lequel de Wembe ou d’Eso était l’aîné d’Eondja - Ondja.
    L’Administration coloniale de l’époque aurait tranché en faveur des Lokele; ceux-ci étaient exemptés des corvées et des cultures obligatoires, mais devaient, par contre, effectuer des transports fluviaux à bord de leurs pirogues.
    L’esprit commerçant et le caractère plus diplomatique des Lokele leur a donné un certain avantage par rapport aux Topfoke considérés souvent comme des gens de la forêt, cultivateurs et aussi moins pragmatiques, moins souples dans leurs opinions.
    Les Topfoke ont une tradition de guerriers: au début du siècle (le XX  éme ) encore, lors de l’arrivée de l’Administrateur territorial Jespersen (en 1910 ?), les Topfoke  étaient en guerre de conquête contre les Boso Ndongo dans la région de Mondombi.
   
    Les Topfoke sont généralement bien bâtis, correctement nourris par leurs champs dont ils prennent grand soin et un complément en protéines assuré par la pêche et la chasse.
    Ils sont réputés pour leurs scarifications de la face, des lèvres, l’arrête de nez en crête de coq et, chez les femmes, sur les fesses, des scarifications en forme de grains de café, élégamment alignées.

    Comme dans le cas des Lokele, il y a beaucoup d’ethnies qui, attirées par le fleuve, se sont installées dans la région voisine de celle occupée par les Topfoke et ont emprunté leur langage et leurs coutumes.

    Actuellement, en dehors de quelques ethnies, de quelques groupements supposés purs, il est parfois difficile de déterminer:

    a.- La classification exacte d’une ethnie en groupe Topfoke ou Lokele. Il est symptomatique que l’on a pris l’habitude d’associer ces deux ethnies dans un même groupe et que l’on parle souvent de “Topfoke - Lokele “.

    b.- L’origine exacte des ethnies ayant toutes les caractéristiques des Topfoke, mais ne sont pas Topfoke proprement dites. Nous en avons déjà vue quelques unes dans le chapitre consacré au pseudo - Lokele.

    Le centre géographique du groupe Topfoke se situe dans la partie supérieure de la rivière Lokombe, affluent de la rive gauche du fleuve Congo, en aval d’Isangi, au poste de Ligasa - Mangala.

Généalogie des Topfoke
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    Nous sommes en possession de deux schémas de généalogie d’origines différentes:

    - En provenance du livre de Monsieur A. Moeller : “Les grandes lignes des migrations bantoues de la province orientale du Congo - Belge “ - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles 1936 sous le titre de “ Généalogie légendaire des Topfoke”.

    - En provenance de la chefferie YaBaondo, établi pour nous le 12 mars 1967 par Loilo Remly. Intitulé “ Généalogie de la branche aînée des Topfoke”, il nous semble plus complet que la “ généalogie légendaire” mais aussi sujet à caution, car l’auteur, Loïlo Remy a établi cette généalogie pour le compte du chef de l’époque, Badjoko. Il en est le sixième enfant sur les (plus de ) cinquante connus.

    Ces listes, ces tableaux généalogiques sont très compliqués, peu fiables, ardus et n’intéressent que certains amateurs curieux et avertis.
    Aussi, nous reprendrons seulement en annexe au présent texte le tableau de la généalogie de la branche ainée des Topfoke.

    Une fois de plus, pour la généalogie comme pour l’histoire et la situation ethnique des Topfoke (et des autres d’ailleurs) nous ne pouvons aucunement garantir l’exactitude des informations qui nous ont été transmises.

    Rappelons cependant que les situations ethniques ne sont absolument pas figées, elles évoluent constamment par le jeu des alliances, des migrations, des assimilations diverses; un cliché pris à une époque n’est plus valable ne serais-ce qu’un quart de siècle plus tard; les positions géographiques, les noms des familles dominantes et celui des chefs, changent régulièrement.

Répartition clanique actuelle (1967)
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    Il serait présomptueux de notre part d’affirmer que les informations qui suivent sont totalement fiables; nous l’avons dit, l’imbrication des clans, sous-clans, famille et autres groupes ethniques est très complexe.
    Nous avons cependant essayé, avec l’aide de nos informateurs de faire un essai de classement qui nous semble assez logique, mais très certainement contestable.

TOPFOKE PROPREMENT DIT
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a.- Le secteur Lokombe
-----------------------------

    En territoire d’Isangi, de part et d’autre de la rivière Lokombe, autour des villages BaLembe et YaMbosa.
    Le secteur Lokombe est constitué de deux anciennes chefferies: la chefferue Kombe (dont le chef était dans les années 1960, Ngbangba - fils) et la chefferie Ioha.
    Il est possible, probable même, que la chefferie Likombe soit issue de Gelemba ou Elemba, ancêtre, peut être mythique, qui aurait été le second fils de Eso - Ipoke.

b.- Le secteur Liutua
--------------------------

    En aval du secteur Lokombe (et dont le chef était dans les années 1960  Bomela), de part et d’autre de la rivière Lokombe, comprend le poste de Ligasa - Mangala et le village de Malinda.
    Le secteur Liutua est constitué de deux chefferies: la chefferie Liutua à l’Est de la Lokombe ( dont le chef dans les années 1960 était Bilonda - fils), et la chefferie Boléa ou Ibila - Boléa, à l’Ouest de la Lokombe.
    Il apparait cependant que la chefferie Boléa, hébergerait un groupe de Pseudo - Topfoke, les Ibisa ou Ibila qui seraient apparentés aux BaSoo.

c.- Le secteur Bambe - Lota
----------------------------------

    Aussi orthographié Bambelota; à ne pas confondre avec l’orthographe Bembelota qui est réservé à la plantation de la Compagnie de la Busira - Lomami à Imbolo, à quelques kilomètres d’Isangi.
    Le chef de secteur était, durant les années 1960, Maingolo Albert, fils de Bonjala et qui a succédé à Badjoko.
    La chefferie Bambe - Lota ainsi que son chef est considérée actuellement comme le représentant de l’autorité coutumière Topfoke.
    La chefferie YaBaondo constitue ce secteur, à l’Est de la chefferie Liutua.
    C’est une chefferie Topfoke proprement dite mais ayant subi l’influence des BaSoo et surtout des Lokele

d.- Le secteur Luete
-------------------------

    Ou Loete, depuis l’embouchure de la Lokombe, s’étend en aval, le long du fleuve Congo.
    Citons dans ce secteur, une enclave BaHonga.
   
    Ce secteur est constitué de quatre chefferies:
        - Chefferie Loete proprement dite (Chef Bombula)
        - Chefferie BoHuma qui nous intéresse particulièrement car elle est voisine de notre plantation de Mosité.
        - Chefferie Mwando
        - Chefferie Logoge

A noter :
-----------

    La chefferie BoLomboki, peut-être issue du second fils de Eso: Elemba, mais nous n’avons pas réussi à la situer.

    En territoire d’Isangi, le long de la Loleka, nous rencontrons successivement les clans Topfoke suivants:

    - Les BoHema:    Ce sont des Ngandu de la chefferie BoLesa qui ont passé la rivière Loleka et ont ainsi créé une enclave du Territoire de Yahuma en Territoire d’Isangi.
    - Les Lileko - moke
    - Les BoNema
    - Les Lileko
    - Les YaMongwa
    - Les Mweto
    - Les YaMwambi
    - Les YaMolende
    - Les Liande
    - Les YeYoloko

    Entre la rivière Lokombe et les BaHonga, un village important sur le fleuve Congo, Mangala dont les habitants constituent vraisemblablement des clans de la Chefferie BoHuma.

PSEUDO - TOPFOKE
- - - - - - - - - - - - - - - - -

a.- Apparentés aux Lokele
--------------------------------

    1.- Les YeLambi, en amont d’Isangi, sur le Lomami, beaucoup se considèrent comme de vrais
               Topfoke.
    2.- Les BaLuo - LaMbila, en Territoire d’ Isangi, à l’Ouest de la rivière Lomami.

b.- Les BaHonga
---------------------

    1.- Les BaHonga de Yanonge: appelés aussi Turumbu d’eau, ils occupent la rive droite du fleuve
                Congo en chefferie YaElenge.
                Ils constituent trois groupes:
                    - Les YaKako
                    - Les YaWako
                    - Les Kombeitole
    2.- Les BaHonga d’ Isangi: ils résident en aval d’Isangi et se disent apparentés aux Topfoke, ils
                sont peut-être issus d’un fond primitif ou de migrations différentes.
    3.- Les Ilondo :seraient apparentés aux BaHonga et originaires de la rive droite du fleuve Congo,
                ils furent dispersés par une invasion de Topfoke - Lokele et arrivèrent à la rivière Aruwimi,
                anciennement appelée Lohale.
                Ils ont actuellement adoptés les coutumes des BaNgelima. Nous les avions classé dans un
                chapitre précédent comme des Pseudo - Lokele d’origine BaSoo.

    Linguistiquement, les BaHonga font partie du groupe des BaNtu riverains, gens d’eau, groupe de l’Est et sous - groupe d’Isangi.

c.- Les YaSanga
--------------------

    Lorsque les WaGenia arrivèrent aux Stanley-falls, les rapides étaient  occupés par des pêcheurs YaSanga, mais ceux-ci furent refoulés; ils survivent encore chez les Mboso - Topfoke d’ Isangi, mais ils ont pris les coutumes et appris la langue des Topfoke.
    Ils semblent devoir être rattachés au fond des BaHonga riverains.
    Linguistiquement, ils constituent le sous-groupe des Stanley-Falls.

d.- Apparentés aux BaSoo
--------------------------------

    Les BaSoah d’Isangi se trouvent sur la rive gauche du fleuve en amont de la rivière Lokombe; on les désigne parfois sous le nom de BaHonga parce qu’ils sont voisins et parlent la même langue.
    Ils ont les tatouages et le gong (tambour téléphone) des BaHonga, mais sont d’origine BaSoo (Bomenge).
    Fortement apparentés aux BaLimosi, on peut distinguer deux sous-groupes:
        - Les Ilondo, repris-ci dessus dans les Pseudo - Topfoke apparentés aux BaHonga, mais aussi dans un autre chapitre comme Pseudo - Lokele d’origine BaSoo, à l’embouchure et à l’Est de la rivière Lokombe, le long du fleuve Congo.
        - Les Ibisa ou Ibilia, en chefferie Boléa à l’ Ouest de la Lokombe, en face de Malinda. Nous en avons parlé dans le chapitre consacré aux Topfoke proprement dits, ils font partie du secteur Liutua.

e.- Apparentés aux BaMbole
-----------------------------------

    Sur le Lomami, ces ethnies sont parfois citées comme Pseudo - Lokele ou Pseudo - Topfoke, mais semblent être d’origine BaMbole.
    Ils parlent à la fois le langage des BaMbole et/ou celui des Topfoke.
    - Les Liongo, en Territoire d’Opala.
    - Les Kangala, en amont des Liongo.
    - Les ZaIsule, entre les Kangala et les Ilema.

    Dans le Territoire de Yanonghe, les Chefferies YaLikila et YaLikanda ont sans doute subi l’influence des Lokele puisqu’elles sont riveraines, mais leurs habitants ont gardé leur langue, leur gong et leurs coutumes d’origine Mbole.
   

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


ANNEXE
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DESCENDANCE DE LA BRANCHE AINEE DES TOPFOKE
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Ipoke        Bembe -Lota        Yanamayafili        Bembe - Lota moke
  ( ou Eso)                                (Chef. BaMbelota)
                                                Balukolo Mbila (Chef. BaLukolo-Mbila et/ou
                                                                                                    Chef. BoLomboki)
                  Elemba (Chefferie Kombe et/ou Chef. BoLomboki)
                  Tolalase (Chefferie Luete)
                  LoKombe ( Chefferie LoKombe)
                  Liutua (Chefferie Liutwa)
- - - - - - - - - - -

Descendance de Bembe - Lota moke
------------------------------------------

Mbembe - Lota Moke
        Bondi        Wilo        Bondo        village YaBaondo
                                          Wenga        village YaWenga
                                          Enisia         village YaEnisia
                                          Ngandi       village YaNgandi
                        Losemba    Boila          village YaBoila
                                          Tenge         village Itenge-Likolo
                                           Nzali          village YaNzali
                                           Eguma       village YaEguma
                                           Tumania    village MoTumania
                                            Boiti          village YaBoiti
                                            Nguma      village YaNguma
                                            Ntumelase village YaboTumelase
                                            Boleso        village YaBoleso
        Seloye      Singo                              village YaLisingo
                        Bela
                        BoOnda
        Susienge  Fulu                                 village Ifulu
                        Onga                                village YaOnga
        Lingomo    (actuellement dans le secteur Bolukolo-Mbila)
        Bosaa-Botolombe    Sa                     village Bosaka
                                        Bande               village Liombo
        Tsasao      Enge                               village YaEnga
                          Feta                               village YaFeta
- - - - - - - - - -

Descendance de Bondo
---------------------------

Bondo        Lobola        Losambo    Logaobela        Lotchageto

                                                                                   Obotela   
                                                                                   Bouso
                                                                                   Bolea
                                                                                   Bionga
                                                             Tamba
                                                             Genelo (fille)
                                                             BoTwele
                                                             YaTobele
                                          Tamba
                                          BoElalla
                                          Liende
                                          Bolite
                                         Afililia
- - - - - - - - - - -


 Descendance de Lotchageto
-----------------------------------

Lotchageto        Bogumbi        Loyabolongo
                           Bousu bo YaEnisa
- - - - - - - - - - - -

Descendance de Loyabolongo
------------------------------------

Loyabolongo        Yembe        Sumbe           
                                                Obotela (Kotala) II    Bebali
                                                                                  Boito Pascal
                              Bogolome    Loyabolongo II (moke)
                                                  Obotela Gédéon (assassiné par les mulélistes)
                               Walala        Lifoa
                                                  Bolenga
                                                  Béfona Hélène
                                                  Litiyé
                                                 YaFote
                                Bonjala    Lita Michel
                                                 Bagumbi II (décédé -1967)
                                                 Litalema (décédé - 1967)
                                                 Bosiafale (décédé - 1967)
                                                 Main Yenge (Maingolo) Albert
                                                 Bodjoko Simon
                                                 Bisinga François
                                                 Geninga Patrice
                                                  Bataéley
                                                  Botwele léonie (décédée - 1967)
                                   Gésimo (fille)
                                   Bodjoko
                                   Litalema
- - - - - - - - - -

Descendance de Bodjoko
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    Je possède une liste de 61 enfants issus de 18 femmes et inscrits dans son livret d’identité.

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En résumé : Filiation entre Eondja - Ondja et Bodjoko:
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Eondja Ondja
   
    Ipoke (Eso)
        Bambe - Lota
            Yanamayafili
                Bambe - Lota moke
                    Bondi
                        Wilo
                            Bondo
                                Lobola
                            Losambo
                        Logaobela
                    Lotchageto
                Bogumbi
            Loyabolonga
       
        Bodjoko
        successeurs Bonjala
                           Main - Yenge (Maingolo) Albert



                                                                                                                                                                                                                                                     
                                                                    Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                    Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                    Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                    Adapté à Anderlecht le 11.03.2010      

                                                                                   E.A.Christiane














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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 10:41

Les Lokele - YaWembe - Territoire d’Isangi
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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby en 1962 d’un encore jeune planteur.


Les gens du gong
==============


    Nous regrouperons trois ethnies sous le nom de “gens du gong”.

        - Les YaWembe, appelés aussi Lokele
        - Les Eso ou Ipoke, appelés aussi Topfoke
        - Les Bolimo ou Mboso, appelés aussi Turumbu

    Issus d’un même ancêtre, peut-être mythique EONDJA - ONDJA, ils ont en commun de pouvoir communiquer entre villages au moyen du gong
    Cette méthode de transmission d’information a été étudiée par le Révérend J.F.Carrington de la mission B.M.S. de Yakusu, elle serait basée sur le rythme des syllabes modulées sur un gong à deux tonalités.
   
Citation:
    D’après Monsieur Van der Kerkhen, ce groupe était installé jadis au Sud de l’Uélé, mais fut repoussé vers le Sud-Ouest et le Sud lorsque les BoBwa franchirent l’Uélé. Vers 1700, sous la pression de plus en plus forte des éléments soudanais du Nord, les Topfoke, les Lokele, les Boso et une partie des Turumbu furent contraints de franchir le fleuve Congo. Ils vinrent se fixer comme un coin  entre les MoNgandu à l’Ouest, les BaMbole à l’Est, qu’ils délogèrent. On réunit parfois sous le nom de Gens du gong ou du tambour téléphone, ces trois groupements dont nous allons parler.
Fin de citation


    Du point de vue linguistique, les Gens du gong se rattachent au groupe des BaNtu riverains, gens d’eau de la cuvette, groupe de l’Est, sous groupe du Lomami.

Schéma généalogique

EONDJA - ONDJA    - Wembe                      - Ilema
                                                                            - Engeleke
                                                                            - Funga
                                                                            - Isangi
                                                                            - Likina              - Ongowa
                                                                                                        - Oleka
                                                                            - Sangandia


                                      - Eso ou Ipoke           - Bambe - Lota
                                                                            - Elemba
                                                                            - Tolalase
                                                                            - Tokoka
                                                                            - Liutua

                                      - Bolimo


Les Lokele - YaWembe
===================

    Sont issus de l’ancêtre commun Wembe, ils sont donc aussi appelé YaWembe.
    Ils occupent actuellement (1962) une grande part des rives du fleuve Congo depuis Kisangani (Stanleyville) jusque très loin en aval, au delà de Basoko.
    Ils sont dispersés le long du fleuve, se fixant parfois dans de petites anses abritées et poissonneuses, on en trouve jusqu’à Bumba.
    Le centre géographique de cette ethnie se trouve cependant à Isangi.
    Le Révérend J.F. Carrington de la mission B.M.S. de Yakusu les estimait en 1943 à 26.000.
    Cependant, beaucoup d’ethnies non Lokele sont appelées de ce nom, car elles ont pris le langage et les coutumes des Lokele, les gens d’eau (BaNtu ya mai) quoique d’autres ethnies soient aussi appelées “gens d’eau”, d’où la confusion.
   
    Le nom Lokele n’est qu’un sobriquet tiré du nom de la moule d’eau douce, dont les écailles pulvérisées, servent à la décoration de l’ilongo, vase de terre.
    C’est aussi les écailles de cette moule qui servent parfois de cuillère (kéli, en lingala).

    Extrait de “Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge “ de A; Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - BRuxelles - 1936

    Citation:
    On sait que les Lokele tirent leur sobriquet de la moule d’eau douce, dont l’écaille pulvérisée joue un rôle dans la cérémonie de l’échange du sang.
    Les Mogandu appelleraient “Etumba ya lokeli” (Lokeli signifiant réconciliation ... passagère) une époque troublée de guerres intestines, et “ilongo” l’échange de sang qui terminait les guerres. Faut-il en conclure que les Lokele sont des Mongandu adaptés à la vie sur l’eau, les Mongandu étant les premiers arrivés au fleuve (peut-être avant les Topfoke et les Turumbu) ? Cependant, leurs traditions rappellent que les Lokele leur firent passer le fleuve.
Fin de citation.

    Il est très difficile de déterminer avec exactitude quels sont les clans descendants réel de l’ancêtre Wembe, toutefois nous pouvons donner la classification suivante qui, nous l’espérons se rapproche de la vérité.

GROUPE DE L’OUEST

    Appelé YaWembe, ou encore BaKokondo, ce groupe comprend tous les descendants de l’ancêtre Wembe qui eut six fils:

a.- L’ainé : Ilema

    Malgré qu’Ilema soit le fils aîné de Wembe, nous ne pouvons classer ce clan parmi les vrais Lokele.
    Installé sur la rive du Lomami en Territoire d’Opala, il a subi une forte influence de la part des BaMbole, ses voisins,   
    au point de s’intégrer à eux dans leurs coutumes et linguistiquement.
    Nous classerons donc les Ilema comme des pseudo-Lokele d’influence BaMbole.
    Leur animal totem est le léopard.

b.- Le second : Engeleke

    A fondé le clan des YaNdeleke, installé à Isangi même.
    Il faut signaler un clan vraisemblablement issu des YaNdeleke, les YaOhende, installés légèrement à l’intérieur des terres dans l’angle obtus formé par le Lomami et le fleuve Congo.
    Il semblerait que ce clan se soit fortement dilué dans les autres clans avoisinants, tels les Ilema, les YaSangandia, les Isangi etc..
    Ce petit coin de terre, angle obtus de la rivière Lomami et du fleuve Congo, comme souvent les confluents, a probablement été l’objet de nombreux mouvements de population; un clan, les Liongo se serait battu à cet endroit contre les YaNdeleke et les YaFunga et finalement aurait été partiellement absorbé par ses vainqueurs, le reste du clan aurait fui vers le Sud et se serait assimilé aux Topfoke.
    Mais peu d’informations fiables peuvent encore être retrouvées au sujet des groupements ethniques vaincus, assimilés ou disparus.
    Leur animal totem est le léopard.

c.- Le troisième : Funga

    A fondé le clan YaFunga, installé un peu en amont de l’embouchure de la rivière Lomami, sur la rive gauche.
    La tradition nous dit qu’ils se trouvaient originellement sur la rive droite et que suite à une guerre avec le clan des Liongo, bataille dont ils sont sortis vainqueurs, ils ont traversé le fleuve et se sont installés à leur emplacement actuel.
    Le chef Musinga, du clan des YaFunga, fut un moment considéré comme étant l’aîné, le chef des Lokele.
    Leur animal totem est le léopard.

d.- Le quatrième : Isangi

    Le clan des Isangi s’est installé à l’emplacement de l’actuel Isangi.
    De par sa position géographique et l’importance administrative du lieu, il a absorbé un certain nombre de sujets d’autres clans, ,tels les Liongo, les YaNdeleke etc..
    Leur animal totem est le léopard.

e.- Le cinquième : Likina

    A fondé le clan YaLikina, appelé aussi YaRékina; ils se sont installés sur les deux rives du fleuve Congo, en aval d’Isangi.
    Deux sous-clans paraissent en être issus:
        - Les YaOngowa: sur la rive gauche au même lieu que les YaLikina.
        - Les YaOleka: sur la rive droite, en face des YaLikina.

    Chacune de ces fractions prétend être le berceau des YaLikina, mais il est possible que ceux de la rive soient d’origine Topfoke et auraient des attaches avec les BaSoa.
    Ils ont adoptés les YaLiloko, d’origine YaBoni, c’est à dire Turumbu.
    Leur animal totem est  le léopard.

f.- Le cadet : Sangandia

    A fondé le clan YaSangandia en aval des YaLikina, un sous-clan paraît en être issu, les YaLika.
    Leur animal totem est le léopard.
   
Pseudo - Lokele
--------------------

    Dans l’aire géographique du groupe de l’Ouest, nous trouvons une série de clans qui ne sont pas de vrais Lokele, nous les avons classés parmi les pseudo-Lokele
du groupe de l’Ouest.

1.- D’origine Topfoke
    Les BaLimosi, sur la rive gauche du fleuve Congo, en aval des YaSangandia; deux sous-groupes : Les YaDzali
                                 Les BaSanga

2.- D’origine BaSoo
    Les Ilondo, souvent rattachés aux BaLimosi.
    Nous en reparlerons dans les chapitres consacré au Pseudo-Topfoke apparentés aux BaSoo.
3.- D’origine Turumbu
    Les YaOmbole, sur la rive droite, en face des BaLimosi.

4.- D’origine Lokele mais ayant une forte influence BaMbole:
        - les Ilema, sur la rive gauche du Lomami.
    Leur animal totem est le léopard.

GROUPE DU CENTRE

    Le groupe de l’Ouest (ci-dessus) est constitué des descendants de l’ancêtre Wembe; le groupe du centre et celui de l’Est peuvent être constitués:

a.- soit de descendants directs de l’ancêtre Wembe depuis la deuxième génération et qui ont émigrés.

b.- soit des ethnies étroitement apparentées aux Lokele, ayant acquis au fil des ans  le langage et les coutumes Lokele au point de ne plus pouvoir être distinguées des vrais Lokele.

    Nous avons déjà dit que beaucoup d’ethnies riveraines se disent Lokele et descendant de l’ancêtre Wembe  parce qu’elles sont étroitement assimilés à ces derniers.
    Faute de données généalogiques exactes, la classification reprise ci-dessous sera dont purement géographique.

    On les appelle les YaOkandja, ils occupent les rives du fleuve Congo en amont d’Isangi jusqu’aux environs de Yakusu.

    Ils comprennent:

a.- Les Lokele - Likolo
----------------------------

    Ils se trouvent en territoire de YaNonghe, en amont des YaFunga, ils sont probablement d’origine Turumbu, entre le fleuve Congo et la rivière Aruwimi.
    Ils livrèrent de nombreuses batailles aux YaWembe, dont ils ont pris les cris de guerre.
    Leur animal Totem serait l’iguane.

    Ils se divisent en deux sous-groupes:
- Les YaNgonde :    (Anciennement chef Milambo-Bonniuima) qui ont adoptés les                 YaLiombo, probablement d’origine Lileko.
- Les YaForo:        (anciennement chef Lokangu) qui ont adoptés les YaLikako,             d’origine Turumbu (BaKauw); cette famille donne même les             chefs des YaForo).




b.- Les Yaboni
------------------

    Extrait de “Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge” de A. Moeller - EDitions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936
    Leur animal totem serait le pangolin “yaa”.

Citation:
    Ils paraissent venus des Turumbu (rivière Lubili). Ils eurent des guerres sanglantes avec les Lileko et les YaKusu, refoulèrent ceux-ci vers l’Amont. Ils soutinrent victorieusement l’attaque des YaWembe. Ils s’allièrent aux Arabes.
   
    Ils se trouvent en amont des Lokele - Likolo, jusqu’au delà de la mission B.M.S. de YaKusu.
    Leur chef, Lubanga est décédé et son successeur (dans les années 1930 - 1940) était Batamba.

    Ils se divisent en 6 sous-groupes:
- Les YaLutsha    Chef Mongamba
- Les YaLiembe    Chef Mongamba
- Les YaLokombe    Chef Musungu
- Les YaLiningi    Chef Mbuli
- Les YaOwamia    Chef Walo
- Les YaWako        Chef Bosenji. Ceux-ci sont parfois considérés comme des                                
                                                           BaHonga.
    Avec les Yaboni, on trouve les YaKusu (Chef Lobela: totem : tortue “Eulu”) et le village BaNdindia, ramassis de réfugiés et expulsés Lokele.

Fin de citation

c.- Les Lileko
-----------------

    Dans la région de Yangambi, à ne pas confondre avec les Lileko en Territoire d’Isangi, qui sont des Topfoke de la chefferie Luete.
    Ils auraient comme animal totem l’iguane “Lokaya”.
    Le village et la plantation de Lileko se trouvent en aval d’Isangi, cependant, le groupe ethnique Lileko se trouve dans la région de Yangambi, plus en amont.
    Le chef Dzoku (éléphant) ou BoDzoku, chef de l’ethnie Lileko a été envoyé par l’administration coloniale dans la région de Yangambi afin d’y administrer les trois clans qui s’y trouvaient, soit les YaLufi, les YaNgambi et les YaFoloma.

    Ces ethnies ont gardé le nom de Lileko.L

    Il y a donc trois sous-clans:     - Les YaNgambi    Chef Lobanga
                    - Les YaLufi        Chef Botshetshele
                    - Les YaFoloma    Chef Unioma


Extrait de : “ Les grandes lignes des migrations des bantous de la provinces orientale du Congo-Belge” de A.Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles 1936.

Citation

    Originaires de la région de Basoko, ils ont remonté le Lomami, mais rencontrant de la résistance, ils refluèrent vers le fleuve. Ils eurent de nombreuses guerres entre eux et s’allièrent enfin aux Arabes, comme la plupart des Lokele après une courte résistance.

Fin de citation

d.- Les YaKusu
-------------------

    Du chef  Dzoko, ont comme animal totem “Lula”, le serpent cracheur.
    Le clan dominant est le clan des YaUni, qui situe leur origine sur le ruisseau Lakaï dans les terres en aval de YaLufi et serait d’extraction Topfoke.
    Pour se soustraire au voisinage des YaWembe et des YaBoni, ils remontent le fleuve.
    Ils ont eu à livrer bataille contre les Turumbu et les Lokele.
    Ils déclarent avoir embrassé la cause des Européens contre les Arabes, contrairement à la majorité des autres Lokele.

    Clan YaUni:    Sous-clan    YaKusu    Chef Lobela   
            Sous-clan    YaUtondja

e.- Les YaTumbu
--------------------

    Leur animal totem est la silure électrique “Tula”.
    Seraient d’origine Turumbu et alliés aux YaUni.

f.- Les YaOlimela
---------------------

    Leur animal totem est le long serpent noir “Lilimi”.
    Ils viendraient de la rive gauche du fleuve en aval de l’ile Bertha; ils ont dû se soustraire aux attaques des BaMbole.

g.- Les Yalisombo
----------------------

    Leur animal totem est le chimpanzé.
    Ils seraient venus de YaLufi avec les YaUni.
       




GROUPE DE L’EST   

    Sera indiqué pour mémoire car il se situe hors du cadre géographique que nous nous sommes fixés.
    Ils sont établis en amont de YaKusu jusqu’à Boyoma (Kisangani - Stanleyville), ce sont des YaUle ou des YaUna, désignés parfois comme parlant le Liande lia likolo, c’est à dire le langage de la rivière en amont.
   
    A noter que l’on rattache parfois aux Lokele certaines ethnies établies le long du Lomami tels que les - YeSambi en territoire de YaNonghe
                                      - Les Liongo
                                      - Les Kangala
                                      - Les YaLisule
    Mais ces derniers parleraient le langage des Topfoke et/ou des BaMbole et non pas celui des Lokele, nous les citerons donc lorsque nous parlerons des Topfoke.

    Nous avons déjà dit qu’il était difficile de déterminer avec exactitude les clans réellement descendants de l’ancêtre Wembe dans l’aire d’influence des Lokele; quant à classer les petits clans, les familles et en général les villages échelonnés le long du fleuve, cela est quasiment impossible.
    Parfois mariés ou alliés aux ethnies riveraines depuis plusieurs décennies ou plusieurs générations, leur filiation réelle s’est totalement perdue.

CAS PARTICULIERS

    Aux environs de la plantation de Barumbu - Lukumete, nous trouvons quelques groupes qui se disent Lokele.

a.- Le centre commercial de Barumbu
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    Une dizaine de cases et trois magasins de brousse.
    Mélange hétérogène et très peu coutumier de pêcheurs et de commerçants.

b.- Le village d’Esanga - Mawa
---------------------------------------

    En 1962, lorsque nous avons repris la plantation après un abandon de presque 12 mois, nous avons remis une maison en état, idéalement situés sur une colline à 70 mètres au dessus du fleuve Congo.
    Nous avions une vue magnifique sur ce fleuve tout aussi magnifique, d’une dizaine de kilomètres en aval et autant en amont.
    Un lieu idyllique.
    Au pied de la côte, un petit village de pêcheurs , pas plus d’une douzaine de cases avec qui nous avions les meilleures relations possibles ( pourquoi pas, entre voisins).
    Chez les travailleurs, c’était la disette car les diverses armées qui étaient passée par là durant notre absence avaient razzié la région, poules, chèvres, moutons, canards, tout le petit élevage avait disparus.
    Quant à nous, ce n’était guère mieux, nous sommes restés trois mois, sans que le moindre morceau de viande ne nous parvienne de Léopoldville (à l’époque).
    C’est ainsi, que chaque avant midi, vers 11 heures, ce village de pêcheurs envoyait un des siens auprès de mon épouse avec un échantillon de la pêche du petit matin qui, moyennant une négociation amicale et à des prix très abordables passait des mains du producteur à celui du consommateur (nous en l’occurrence).
    Nous n’aimions guère le poissons, mais avec l’imagination d’une broussarde, fille de broussard, épouse de broussard et grâce à son esprit culinaire inventif journellement en action nous n’avons pas souffert d’aprotéinose , mais quand même, nous n’avons guère regretté lorsque nous avons reçu, enfin, notre première entrecôte.

    C’est donc près de l’usine de Lukumete, qu’était situés ces quelques feux, ces quelques familles d’Esanga Mawa, et qui était un cas typique d’association d’éléments hétéroclites dans un village qui avait tendance à se transformer en clan.
    La rébellion muleliste a cependant profondément modifié la composition de ce hameau.
    Nous donnons, ci dessous, la composition telle que nous l’avons connue en 1962.
     
1.- Le premier arrivé est ESABE-ABISSA, originaire d’Isangi, chef du village.
    D’abord installé au village de Singa, il a émigré à l’emplacement actuel de
              l’usine de Lukumete (en 1948 ?) puis à Esanga-Mawa (en 1956 ?).

2.- MOTULUNGANO Eugène, son fils, qui est venu en même temps que son père.

3.- BASULI Lucas, arrivé après, est originaire de la chefferie de YaOngowa (groupe
     de l’Ouest, clan des YaLikina).

4.- LOBANGA Gaston, neveu de Basuli, originaire lui aussi de YaOngowa.

5.- BAYO Théodore, originaire de la chefferie YaOmbole, sur la rive droite du fleuve
     (pseudo-Lokele, d’origine Turumbu).

6.- MONGANGA Gilbert, originaire de la chefferie de YaSangandia (groupe de
     l’Ouest). Précédemment installé à Barumbu.

7.- FOLO Nestor, originaire de la chefferie d’Isanga, c’est donc un Ilondo, pseudo-
      Lokele d’origine BaSoo.

8.- LOKANGU Boniface, originaire de la chefferie YaOngowa, mais précédemment
     installé à Kongo.

9.- LOFOMBO Boniface, originaire de la chefferie YaSangandia, mais ancien   
    travailleur du chef Badzoko à Lileko.

10.- WAYAEKELA, originaire de la chefferie YaSangandia, il est le plus âgé du
    village et considéré comme notable, il était précédemment installé à Barumbu.

11.- MOPEPE Paul, Ilondo, riginaire de la chefferie Isanga, précédemment installé à
    Bongongo.

12.- LISASI Michel, originaire de la chefferie YaSangandia.

    Malgré leurs origines différentes, ils se disent tous descendants de l’ancêtre Wembe et faisant partie du clan d’Esanga - Mawa ( “Ile de la peine” ).
    Il est probable que dans quelques générations, ils auront totalement oublié leur filiation.
   
    Devant Lukumete, le fleuve est large de 5 kilomètres environ et encombré de nombreuses îles, ces îles ne sont pas habitées de manière permanente.
    Nous y trouvons parfois une famille de Lokele, mais elles sont en fait le terrain de chasse des BaSoo et des YaNongo de la chefferie YaNongo (Chef Litunge Pascal).
   



                                                                                                                                                                                                                         
                                                                    Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                    Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                    Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                    Adapté à Anderlecht le 16.02.2010      

                                                                                   E.A.Christiane



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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 12:26


Les Mbango - Territoire de Basoko
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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby en 1962 d’un encore jeune planteur.



Avertissement
: Les Mbango (MoMbango) ne font pas spécifiquement partie de la région que nous voulions analyser, soit les environs de Lukumete - Barumbu, mais ils sont voisins à l’intérieur des terres au delà de Basoko.


MIGRATION
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    Les Mbango seraient originaires du bassin de la rivière Loeka, du moins est-ce de cet endroit que nous sont parvenues les plus anciennes de leurs traditions orales.
    Ainsi que les Budja, ils auraient émigrés sous la poussée du groupe des Mbinza.
    En vagues successives, ils émigrèrent et s’installèrent à leur emplacement actuel, entre la rivière Itimbiri, appelée anciennement Ngingiri et le fleuve Congo vers 1700.
    Ils chassèrent de cet emplacement les BaMbesa qui se réfugièrent sur la rive gauche du fleuve Congo.
    A leur tour,, ils essayèrent de passer le fleuve vers 1800 à hauteur des rivières Lobanda et Malindi, mais y furent repoussés par les mêmes BaMbesa.

GENEALOGIE
-------------------

    Nous possédons peu de documentation sur leur généalogie, aussi, reprendrons-nous in extenso les informations contenues dans le livre “Les grandes lignes des migrations des bantous de la province orientale du Congo-Belge” de A. Moeller- Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936.
 
Citation
    Généalogie légendaire cherchant à rattacher les Mobango et les clans adoptés aux tribus occupants les territoires voisins:

LIKOLO ou MONGO        MWANO (homme)  x MANGUMBU (femme)
    Mongali chez les Bobango       
    Mongita chez les Budja       MOTWA (Les nains BaTwa ont disparus de la région de Yahila).
    Mwano chez les Mabinza          
                                                MOLIELIE (Riverains de Yamonongeri) (Nous vons vu leur généalogie
                                                                     légendaire au chapitre traitant des Lielie).                                                              
                                                MABINZA ( A la rivière Lesse)
                   
                                                MAHONGE ( descendants de la chefferie Mbole et en chefferie
                                                                      Yaliwasa)                                    

                                                BANGO (Les Mombessa, les Mobango et les Budja)
                                                               (Voir tableau  suivant).                                                      
                   
                                                MEHANGA    MOSANGA                  MOMBANA
                                                                                                            MOYANGA
                                                                              (tous quatre          MOHANGE              
                                                                                   Bangelima)      MOMBONGO

    Généalogie légendaire des Mobango :


BANGO

1ére femme : Mayolo d’origine Molielie
        MOMBESA
        MOBANGO    MBOLE
                               LIMBELENGI        LIBOTEI    MANDUNDU
                                                                                 LIWASA
                                                              MOKARIA
                               LIKULU               
                               BEYA                      MIKWE (descendants à Bumba)                          
                                                              BOPANDU (descendants en partie en chefferie Yaliwasa
                                                                                  et en partie à Bumba)

2éme femme : Maleka ou Libadi d’origine Mehanga
        BUDJA    LILAMA (descendants à Yahila et Bumba)
                        LIHAKO
                        EPASI (a Bumba)
                        ELULU (a Bumba)
                        ELOWU (a Bumba)

    Les Mobangu disent être venus du Bokombo, vallon sur la rive droite de l’Itimbiri (bassin de la rivière Loeka).
    Le départ du Bokombo se fit dans l’ordre suivant:
Batwa, Mahonge, Mehanga, Mombesa, Mobango (fuyant devant les “Ehamba”), Budja (id.), Mabinza (qui se déplacèrent plus vers l’Est, pour traverser l’Itimbiri à hauteur de la rivière Ekama).

   
    Route suivie par les :
   
    1.- Batwa : traversée de l’Itimbiri à la rivière Lolo; déposés rive gauche de la Loloka, grâce à des pagayeurs Molielie. Un groupe prend la direction de Moenge, l’autre celle de la Sele, qu’ils remontent jusqu’à sa source et où il y a dispersion. Les Mombesa disent les avoir rencontrés et avoir traversé le Congo avec eux, mais les Batwa continuèrent à s’enfoncer dans la forêt.
   
    2.- Mahonge : en direction de la Lolo, ils traversèrent la Loloka en trois colonnes successives:
        Les deux premières se trouvent en chefferie Yaliwada.
        La troisième (Mwandango) se dirige vers l’Ouest et fait alliance avec les Yamonongeri, puis avec les Wogo d’origine Budja.
   
    3.- Méhanga: en direction de Lolo, ils traversèrent la Loloka, suivent la Lesse jusqu’à sa source et occupent la vaste forêt qui s’étend devant eux.     
   
    4.- Mombesa : traversée de l’Itimbiri, puis marche rapide dans la direction de la Lingolu, de la Lwende, de la Loaka, enfin, traversée du fleuve pour s’éloigner des Bobango et Budja.
   
    5.- Mobango : exode dans l’ordre ci-après: Yamandundu, Yaliwasa, Likulu, Mokaria, Mbole, Yamonongeri.
   
    6.- Budja : une partie traverse l’Itimbiri sous la pression des envahisseurs, mais repasse rive droite lorsque le calme est revenu.
   
    7.- Mabinza : en direction de Lolo, mais la rive étant occupée de Lolo à Mandungu, ils remontent l’Itimbiri et le traversent en partant d’Ekama pour aboutir à la Yoko. Il y eut par la suite infiltration de quelques clans en territoire de Yahila.
Fin de citation

    Les Mbango occupent grosso-modo la bande de terre située au Nord du fleuve Congo entre les confluents des rivières Aruwimi et Itimbiri.
    Ils ont donc comme voisin les Budja, les BaNgelima, les BaSoo et les Lielie; les intégrations de ces ethnies en territoire Mbango furent nombreuses.
   
    Les Mbango, venant de la Loeka émigrèrent jusque dans l’entre Aruwimi-Itimbiri dans l’ordre suivant:

1.- YaMandundu
    Dont le chef, Makuba a été assassiné par les mulélistes.
    Cette chefferie comprenait deux branches principales : les YaLokesu et les YaKuma.
    Un certain nombre de clans auraient été intégrés:
    - d’origine MaBinza : les YaNdea et les YaKamera
    - d’origine Budja : YaMakumbaka.


2.- YaLiwasa
    Dont le chef Mohumbwa Cyprien a été assassiné par les mulélistes au village YaWinawina.
    Cette chefferie comprenait quatre branches principales : les YaWinawina (clan du chef), les YaMakula, les YaMondjo  et les Bakuru.
    Un certain nombre de clans auraient été intégrés:
    - d’origine YaMandundu : les YaElamba.
    - d’origine Likuku : les BoPandu.
    - d’origine Budja : Les Woyo, les YaPoka et les YaNgwa.
    - d’origine MaHonge : les BaKere.
    - d’origine Lielie : les YaSaka, les MoMbongo, les BoPaluma, les BaUro et les
                                           YaMonongeri.

3.- Likulu
    Cette chefferie n’a pas d’identité territoriale, ses ressortissants sont répartis entre:
    - la chefferie YaLiwasa: clan BoPandu.
    - la chefferie Budja YaMolota sur la rive gauche de la rivière Itimbiri, en province de l’Equateur.

4.- Les MoKaria
    Chef Alambalamba.
    Chef Kania Albert (père) qui a été assassiné par les mulelistes au village de YaMongbunia.
    Cette chefferie comprenait quatre groupements: les YaBwa, les YaEli, les YaMoluka et les YaTikalu.
    Un clan Budja, associé aux YaBwa par mariage aurait été intégré : les Kandjua.

5.- Les Mbole
    Chef Kolomo.
    Chef Kania Albert (père) assassiné par les mulélistes au village de YaMongbunia.
    Au fait, le chef Kana couvrait de sa juridiction 3 chefferie (ce système était appelé Secteur):
    - les MoBango - MoKaria
    - les MoBango - Mbole
    - les MoLielie - YaMonongeri

    Après le tragique décès de Kania Albert, son fils, Kania, second du nom a assumé sa succession.
    Cette chefferie comprenait six groupements: MoBekele, MoKatambi,  WaTumbe, WoOnda, MoLuki et WaLikombo.

    Les WaLikombo se seraient détachés de la chefferie Mbole pour se joindre aux YaLiombo, d’origine Budja en chefferie YaMonongeri.
    Deux clans constituaient les WaLikombo: les WaSumba et les YaMolengo.
    Les Mbole auraient intégrés deux clans:
    - d’origine Budja : les Wogo
    - d’origine MaHonge: les MwaNdango.


    Nous n’avons malheureusement pas pu trouver la filiation généalogique exacte de toutes ces chefferies qui comprennent un grand nombre de clans.
    De par leur situation entre deux grandes rivières, l’Aruwimi et l’Itimbiri, le terrain actuellement occupé par les Mbango a servi de lieux de passage à de nombreux clans refoulés par les diverses poussées démographiques du Nord, de l’Ouest et peut-être aussi de l’Est.
    Un certain nombre de ces ethnies ont constitués autant de familles ou de clans qui sont devenus “associés”.



                                                                                                        
                                                                    Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                    Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                    Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                    Adapté à Anderlecht le 10.02.2010      

                                                                                   E.A.Christiane

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 20:35



LES MBESA - Territoire de Yahuma
============================

Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby en 1962 d’un encore jeune planteur.


Avertissement: Les Mbesa (MoMbesa) ne font pas spécifiquement partie de la région que nous voulions analyser, soit les environs de Lukumete - Barumbu, mais ils sont voisins en aval, sur la rive gauche du fleuve Congo.


    L’ancêtre Mbesa vivait  probablement vers 1700 - 1750 dans la région actuelle de Moenge - Bolama.
    Poussés par les Mbango, venant de la rivière Itimbiri, ils traversèrent le fleuve Congo, aidé par les YaMonongeri et s’installèrent sur la rive gauche aux environs de la rivière Malindi.

    Ils trouvèrent à cet endroit:
1.- Les Ngandu, au Sud qui acceptèrent les Mbesa et établirent d’étroits contacts.
2.- Les YaSola, au centre qui se retirèrent au Sud de la rivière Lopori.
3.- Les Mongo, au Nord, avec lesquels ils établirent d’étroits contacts.

    Les Mongo empruntèrent aux Mbesa le gong, la déformation du crâne et une partie de leur langue.
    Plus tard cette bonne entente se rompit et les Mongo furent refoulés au delà de la rivière Ipfofondo.
    Cette rivière sert actuellement de frontière entre les deux ethnies.

    Vers 1800, les Mbango, poussés par les Budjas essayèrent de passer à leur tour, mais furent repoussés par les Mbesa dans les environs de la Malindi et de la Lobanda.

    Les Arabes, venant de la région des BaNgandu tentèrent d’établir une base en territoire Mbesa, mais ils furent chassés.
    Les Mbesa ont opposé une certaine résistance à la pénétration européenne.




REPARTITION CLANIQUE
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    Chefferie MoMbesa

1.- Groupement BWISAKATO

    Le plus en amont, voisin de la chefferie YaNongo dont la rivière Ilongo sert de frontière entre les deux ethnies.

Sur la route de Yahuma:    Clan YaMongala
                                           Clan YaOlembe

Sur la route vers le fleuve Congo:     Clan BoEla   
                                                           Clan BoNdondi
                                                           Clan YaLiambi
                                                           Clan MoMbongo (peut-être pseudo Mbesa et
                                                                                   parfois classé parmi les Lielie)   
2.- Groupement  LITEKA
 
    Séparé du groupement Bwisakato en amont, par la rivière Malindi et du groupement MoNdimbi, en aval par la rivière Ilambuti.

Le long de la route :         Clan YaTembe
                                         Clan YaNdongo
                                         Clan YaNdenda
                                         Clan YaToko
                                         Clan YaMondingo
                                         Clan YaKate

3.- Groupement MONDIMBI

    Séparé du groupement Liteka en amont, par la rivière Ilambuti et du groupement YaFoli en aval, par la rivière Lobia.

Le long de la route:        Clan YaLilembu
                                        Clan YaLokolonga (Clan du Chef de Secteur)
                                        Clan YaOlongo
                                        Clan YaLofeko
                                        Clan YaOkemba

4.- Groupement YAFOLI

    Séparé du groupement MoNdimbi en amont, par la rivière Lobia et du groupement YaMolemba en aval, par la rivière Londundu.

Le long de la route:        Clan YaIsokambi
                                        Clan YaYoke
                                        Clan YaSamola
                                        Clan YaTindi
                                        Clan YaFia

5.- Groupement YAMOLEMBA

    Séparé du groupement YaFoli en amont par la rivière Londundu et du groupement YaNduka en aval, par la rivière Lowilawale.

Le long de la route:        Clan YaMonono
                                        Clan YaMbongo
                                        Clan YaMbango     famille YaMbango
                                                                       famille YaIhaha
                                        Clan YaHolio
                                        Clan YaSalakumi
                                        Clan BoLeko        BoLeko ya mokili
                                                                     BoLeko ya Mai
                                        Clan MoMbole (peut-être pseudo Mbesa)
                                        Clan YaMosambi

6.- Groupement YANDUKA

    Séparé du groupement YaMolemba en amont, par la rivière Lowilawale et du groupement YaMwanda en aval, par les rivières Itembeke et Moloa.

                                         Clan YaMboko
                                         Clan YaMakila
                                         Clan YaKolonga
                                         Clan YaLikutu
                                         Clan YaMotsaka
                                         Clan YaMangale
                                         Clan YaLikunda
                                         Clan YaFoli-Lilikoko (mangeur de cannes à sucre).

7.- Groupement YAMWANDA

    Séparé du groupement YaNduka en amont, par les rivières Itembeke et Moloa et en aval, séparé des Mongo par la rivière Ipfofondo

                                          Clan YaOsenge
                                          Clan YaMalama
                                          Clan YaLotomo
                                          Clan YaMosamba
                                          Clan YaLiutu
                                          Clan YaLokoka
                                          Clan YaMondombe
                                          Clan YaWaka

Remarque
: Le long du fleuve Congo, dans le groupement YaFoli, nous avons un clan séparé appelé YaOlema Pembe; ce sont vraisemblablement des pseudo-Mbesa. Ils sont peut-être à rattacher aux YaOlema de Yamonongeri (voir Mbango). .


                                                                    Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                    Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                    Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                    Adapté à Anderlecht le 08.02.2010      

                                                                                   E.A.Christiane
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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 16:21
Les BASOO - Territoire de Basoko
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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années au contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, du hobby en 1962 d’un encore jeune planteur.

    On groupe généralement sous le nom de BaSoo, l’ensemble des ethnies appartenant au sous-groupe des BoMenge ou BoMwenge (qui a donné son nom à l’actuelle mission de Moenge).
    Linguistiquement, les BaSoo sont généralement considérés comme des BaNtu riverains, gens d’eau de la cuvette, groupe de l’Est, sous-groupe des BoMenge.
    Si les BaSoo sont généralement considérés comme des gens d’eau, ils ne l’ont pas toujours été et se sont adaptés à leur milieu en arrivant à Basoko; comme il est vraisemblable que les Muingi et les YaNgoma deviendront des gens d’eau dans quelques générations.
    Tous les BaSoo ne sont cependant pas des gens d’eau, car leurs terrains s’étendent parfois assez loin dans les terres.

Origines et migration des BaSoo
========================

    Les BaSoo proviendraient des environs de la rivière Itimbiri, sous la poussée des Gbandi, ils se seraient installés dans les environs de Yahila, ancien chef lieu de Territoire à 100 kilomètres au Nord-Ouest de Basoko, vers Moenge.
   
    Puis, continuant leur progression, ils auraient adoptés les familles suivantes:
- d’origine (Bo) Menge : les YaHoia - les YaNgwali - les BaSolio - les YaMaele
- d’origine (Mo) Ngelima : les YaNgolu
- originaires des sources de la rivière Lilu (ou Lulu) : les BoNkakwa.
   
    D’après “Les grandes lignes des migrations des Bantous de la province orientale du Congo-Belge “ de A. Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles 1936.

“ Les Bonkwakwa furent en lutte avec leurs voisins Bahanga (ou Mahanga) à leur emplacement actuel ils eurent à souffrir des incursions que les Azande portèrent jusqu’au fleuve. La migration des Basoo se firent dans l’ordre suivant: les Basoo, les Bomaneh, les Yaofa, les Basoa, les Yakoyo, les Yambisi” (fin de citation)

    Une partie d’entre eux a continué sa progression et est venue s’installer sur la rive gauche du fleuve Congo.
   
    Passèrent d’abord les Muingi puis les BaNdoa.
    Ils rencontrèrent les BaNgandu qu’ils repoussèrent au delà de la rivière Masoa en territoire actuel de Yahuma.
   
    La règle générale, lorsqu’on a installé et délimité les Territoires fut de couvrir, autant que faire se pouvait, l’autorité coutumière par l’autorité administrative; aussi, les limites des Territoires épousèrent si possible les limites territoriales des ethnies.

    En Territoire de Basoko, nous trouvons, sur la rive gauche du fleuve Congo, trois ethnies:
        - les BaSoo (Muingi et BaNdoa)
        - les YaNongo
        - les MoLielie

    Dès que nous entrons en terrain MoNgandu, nous sommes en Territoire de Yahuma ( Territoire de Yahuma pour les BaNgandu Mbolo et les BaNgandu Mbuma-Bofongo; Territoire de Dzolu pour les BaNgandu Mbuma-Poko et les BaNgandu YaSeka)   

                                            Schéma d’organisation des BaSoo
                                            ========================== (clans-sous-clan et             
                                                                                                                          familles)
Secteur BoMenge    BaSoo
                                BoNgwagwa
                                BaSolio
                                BoManeh           BaNgende
                                YaKoyo
                                Isombo
                                BaSoah              YaOfa
                                                          MoKongo
                                                          BoFoli
                                                          BaSoah ya mafuta mingi
                                                          YaMbese
                                                          Ndumia
                                                          YaNgolu
                                Pseudo-BaSoo   BaOndeh
                         
                                                           YaPoka

Secteur Muingi        Proprement        YeKakule
                                          dit             Ngima                               
                                                           BaNdi
                                                           YaMbila
                                                           YaBoloko
                                                           YaMbienene
                                                           YaNgoma
                                                           YaOselo 
                                BaSoo rive         YaLemba
                                       gauche        Yata
                                                          BaNdoa
                                                          YaMoela
                                                          YaLue
                                                          YaLifombo    Lifombo
                                                                               Akalo
                                                                               Motumbia    
                                                                               Libende
                                                                               Matoesa
                                                          MwaMbole   Isuangiti   
                                                                               LoFoka
                                                                               LoTongo
                                                                               LiNgele
                                                                               MoSumbe
                                                                               Fombo
                                                                               Lisema   
                                                                               MoNdio
                                                           Lokole         MoNgondiasa        Isolengo
                                                                                                              Isolifako
                                                                                                              Bailingo
                                                                                BaTumbu
                                                                                Managola              Bita
                                                                                                              Isobongo
                                                                                                              Isoleko
                                                                                                              BoHuahua
                                                                                                              Lokoma
                                                                                                              MoNgele
                                                                                                              Lifoto
                                                                                                              Liendo
                                                                                                              Mokelemosa

                                Pseudo-BaSoo              YaOlema    YaMbewe
                                                                                        YaHundi
                                                                                        Yaliambi
                                                                                        Isoangasa

Répartition clanique des BaSoo
========================

    A.- Sur la rive droite du fleuve Congo.


1.- Les BaSoo de Basoko :
-------------------------------
    Ils habitent le poste d’Etat de Basoko, ce sont des gens d’eau.
    Le nom “Basoko” est assez récent, il est une déformation du nom de l’ethnie locale.
    Les BaSoo de Basoko avaient une réputation de gens cruels et agressifs dans les années 1877 - 1885, car ils ont accueilli H.M.Stanley, lors de sa première traversée du continent africain avec beaucoup d’agressivité lors d’une bataille rangée sur le fleuve Congo le 1 février 1877.
    Ils ont finalement accepté les contrats d’assistance de l’Etat indépendant du Congo des mains de l’explorateur Hansen en juin 1883.
    La rivière connue actuellement sous le nom d’Aruwimi a été appelée Arouhouimi - Biyéré, Oubingi, Ouéllé, Népoko et a longtemps fait l’objet de supposition quant à son origine géographique.
    On supposait à l’époque qu’elle était la rivière Uele dont on ne connaissait alors qu’imparfaitement le cours.

2.- Les BaSoo du mokili :
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    Les BoNkwakwa ou BoNgwagwa se trouvent juste derrière le poste d’Etat de Basoko.
    Nous avons vu que les BoNgkwakwa sont issus d’une famille adoptée originaire des sources de la rivière Lilu (ou Lulu).

3.- Le long de la rivière Aruwimi :
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       a.- rive droite : En remontant la rivière Aruwimi, nous trouvons :
- Les BaSolio    : en amont du poste d’Etat de Basoko, au lieu dit “Kraal Marcos”.
- Les BoManeh: et un sous clan sur la rive gauche, le BaNgenda.
                           Les BoManeh se trouvent à l’emplacement du secteur des
                           Plantations Lever. Ils auraient émigrés et se seraient installés en
                           second sur la rive gauche du fleuve Congo.
                           Un certain nombre de clans se disent BoManeh, citons: les YaOfa,
                           les YaKoyo, les YaMbisi, les BaSoah et les BaNdoa sur la rive
                           gauche du fleuve Congo, ils sont parfois appelés les Muingi -
                           BoManeh.
- Les YaKoyo    : en amont des BoManeh.
- Les Isombo    : en amont des YaKoyo, voisins des MoBango.

       b.- rive gauche :
- Les YaNgende: dont nous avons parlé plus haut, sous clan des BoManeh, riverains,
                      le long de la rivière Aruwimi.
- Les BaOndeh:   ne sont pas des vrais BaSoo, mais une ethnie faisant
                            linguistiquement partie du sous-groupe d’ Isangi.                              
             Les BaOndeh, les Lioto et les YaNgonde sont trois clans originaires
                            des environs de la rivière Likoni, affluent de la rive droite du fleuve
                           Congo; ils furent dispersés par les Arabes et un noyau des BaOndeh
                            se retrouve sur le rive gauche de la rivière Aruwimi.

Au sujet des BaOndeh, le livre “ Les grandes lignes des migrations des Bantous de la province orientale du Congo-Belge” de A.Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936, nous dit, page 209 :

Citation:
“ Ils résidaient autrefois dans le bassin de la rivière Lokoni, affluent de droite du fleuve Congo et avaient pour voisins les Likombe et Bakombe (ce dernier groupe actuellement à Gazi).
Les Arabes de Stanleyville, aidés des Bakumu, les dispersèrent. Leurs pérégrinations les amenèrent à la rivière Aruwimi, où ils trouvèrent une famille de pêcheurs YaIsoa.
Ils eurent des rencontres sanglantes avec les Arabes, puis avec les BaSoo renforcés des Mobango, ensuite avec les Européens, puis avec les Arabes.
Luttes au cours desquelles ils se déplacèrent et se dispersèrent.
Les Yangonde et les Lioto sont les cadets des Baondeh.” (Fin de citation)

    Il peut paraître étrange qu’ils se soient heurtés aux Européens.
    Un agent de cadre de la Société Lever, Monsieur Likelenge, se disait Ondeh et au cours de nos conversations, nous a confirmé que depuis de décennies, certainement bien avant la colonisation, son groupe fut chassé, pourchassé et dispersé à travers toute la région du Haut-Congo.
    Il nous a raconté que son grand-père, peut-être son arrière grand-père, avait été publiquement fusillé à Basoko, à la fin du XIX éme siècle, par les autorités européennes de l’époque pour n’avoir pas voulu renoncer au cannibalisme.
    Suite à cette exécution, tout le clan s’est déplacé une fois de plus sur la rive gauche du fleuve Congo en amont et  en face du confluent de la rivière Aruwimi.
    Jusqu’à ce jour, dans les années 1960, les BaOndeh ont la réputation d’être des “têtes dures” et en sont assez fiers.

4.- Le long de la rivière Lulu :
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    Le long de la rivière Lulu, les habitants sont souvent appelés BaSoah; cependant, s’il est possible qu’une partie de cette population  soit d’origine BaSoah, il nous semble peu probable qu’elle soit majoritairement BaSoah pure.
    Ici, au confluent du fleuve Congo et de la rivière Aruwimi, comme au confluent du fleuve Congo et de la rivière Itimbiri, nous avons un grand mélange de populations, restes d’émigrations incomplètes ou reflux d’autres populations.

    Au sujet des BaSoah, citons “Les grandes lignes des migrations des Bantous de la province orientale du Congo-Belge “ de A. Moeller - Editions A.R.S.O.M. VI - Bruxelles - 1936.

Citation:
“ Les BaSoah: rive gauche du Congo, en amont de la Lokombe. Ils comprennent les Ibondo et les Ibisa qui se disent d’origine Basoko. Ils sont parfois désignés sous le nom de Baonga.
Ils parlent la langue des Baonga leurs voisins, et en ont le tatouage et le gong ( et non celui des Topoke-Lokele).
Ils englobent diverses familles adoptées d’origine Lokele-Turumbu (les YaMaina, les YaMolebola), Topoke (les YaElingi), etc..
Un village Ibisa est incorporé dans la chefferie Kamango.” (fin de citation)

    Mais les BaSoah auxquels nous nous intéressons dans le présent chapitre se trouvent le long de la rivière Lulu, relativement loin de la souche des BaSoah en Territoire d’Isangi.
   
    En remontant  la rivière Lulu depuis son confluent avec la rivière Aruwimi, nous rencontrons successivement:

- Les YaOfa    : parfois rattachés aux BoManeh (voir ci-dessus)
- Les MoKongo: dont quelques clans se trouvent parmi les pseudo-Lokele sous le nom
                           de BaSoah souvent confondus avec les BaOnga.
- Les BaFoli
- Les BaSoah ya mafuta mingi
- Les YaMbese
- Les Nduma, voisins des BaNgelima.

5.- Sur la rivière Soanga:
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    Les YaNgolu, qui, nous l’avons vu est un clan d’origine MoNgelima, adopté par les BaSoo.

6.- Les YaPoka :
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    Se trouvent au delà de la rivière Yola, ce sont des pseudo-BaSoo ou BaSoo ayant fortement subi l’influence de Mbango, leurs voisins.
    La rivière Yola semble servir de frontière entre les BaSoo proprement dits et les BaSoo influencés par les Mbango (de YaLiwasa).

    Certaines cartes indiquent la rivière Lula sur la rive droite du fleuve Congo en aval de Basoko et semblent ignorer la rivière Yola.
    Il y a donc confusion entre ces deux rivières; pour les autochtones, la rivière Yola, parfois aussi appelée Yalo ou Yolo est bien en aval de Basoko.
    Par contre, il existe sur la rive gauche du fleuve Congo, en aval de la rivière Lonua, chez les YaNongo, une petite rivière appelée Lula, qui fait frontière entre les deux clans YaNongo (voir chapitre sur les YaNongo).

    Le long de cette rivière Lula, ainsi que le long de la rivière Yola, donc sur chaque rive du fleuve Congo, nous retrouvons des familles BaSayo, probablement originaires du même clan qui s’est partagé.
    Ce clan BaSayo se rattache, soit aux YaNongo, soit aux Lielie, suivant les sources.

    Nous pouvons encore citer, afin d’être le plus complet possible, les BaNgelima d’eau et les BaNalia, mais ils se trouvent en amont sur les rives de l’Aruwimi et en dehors du cadre dans lequel nous essayons de nous limiter.

    B.- Sur la rive gauche du fleuve Congo
 
    Le Secteur Muingi (ou Mwingi) est le secteur dans lequel se trouvent les Plantations Lever au District de Plantations d’Elisabetha (ou Lokutu), sur la rive gauche du fleuve Congo, en Territoire de Basoko (Secteur Plantations de Bolembo, Irumu, Ngungu et Lukumete).
   
    Ce Secteur Muingi est constitué de deux chefferies:
1.- La Chefferie Muingi: (Chef Molifa - en 1960) que nous verrons dans le présent chapitre consacré aux BaSoo.
2.- La Chefferie YaNongo: (du chef Likoye décédé; chef actuel - en 1973 - Litunge Pascal) dont nous parlerons dans le chapitre consacré aux Olombo - Likile - YaNongo.

La Chefferie Muingi :
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    La Chefferie Muingi est une chefferie frontalière des BaSoo, sur la rive gauche du fleuve Congo.
    La limite de cette chefferie touche le fleuve Congo à l’embouchure de la rivière Likululu entre le bloc plantation Kongo et la briqueterie; elle suit la rivière Likululu jusqu’à son confluent avec la rivière Nisi.
    A cet endroit, elle bifurque vers le Sud, suivant la limite de concession “Réserve YaNgoma” jusqu’à l’endroit où la rivière Lobunda (ou Lowanda) se jette dans la rivière Mokakoria.
    Elle suit la rivière Mokakoria  jusqu’à l’embouchure de son petit affluent, appelé Litumbe, dans le bloc plantation Irumu Est N° 197.
    Elle suit la Litumbe dans les blocs planttaion Irumu Est N° 207,  208, 209, 219, 229, 239, 248, 257où la Litumbe prend sa source.
    La limite doit alors suivre une ligne imaginaire qui relie la source de la rivière Litumbe à la source de la rivière Libanga, puis oblique vers l’Est, rejoint la source de la rivière Masoa en passant par lieu-dit Ikolonda.
    Elle suit alors la rivière Masoa puis la rivière Loleka.

    Le long de la rivière Mokakoria, cette frontière est commune avec la Chefferie YaNongo.
    Depuis l’embouchure de la rivière Litumbe, jusqu’à la rivière Loleka, elle sert de limite de Territoire entre la Chefferie Muingi (Territoire de Basoko) et la Chefferie BoLesa (Territoire de Yahuma).
    A partir de la rivière Loleka, jusqu’à l’embouchure de celle-ci, cette frontière est commune aux Territoires de Basoko et d’Isangi (Secteur Topfoko-Luete).
   
    La chefferie Muingi est constituée de deux groupes de clans:

a.- la Chefferie Muingi proprement dite

    Ce sont les premiers BaSoo à avoir traversé le fleuve Congo; ils ont repoussé les BaNgandu au delà de la rivière Masoa; ils ont constitué une chefferie qui a fortement subi l’influence linguistique des ethnies qu’ils ont délogées et qui sont restées leurs voisines.
    Le language des Muingi diffère très sensiblement de celui des BaSoo purs, il est très mâtiné de mots KiNgandu, Lokele, Topfoke (surtout influencé par les BoLesa avec qui ils auraient peut-être un ancêtre commun.
    Les Muingi proprement dits constituent en fait l’ensemble des clans du secteur Muingi qui ne sont pas riverains.
    Une exception cependant, les YaNgoma, qui, originellement se trouvaient à l’intérieur des terres, mais qui ont été déplacés et réinstallés le long du fleuve Congo.
    Il ne fait pas de doutes, comme nous le disions plus haut que le clan, YaNgoma commence à s’adapter à la vie sur l’eau et que, d’ici quelques générations ils soient considérés comme des “gens d’eau”.

Répartition clanique des Muingi proprement dits:


1.- Les YeKakule :    Entre les rivière Liondjo, Loleka et le fleuve Congo.
2.- Les Ngima:        A l’Est des YaKakule, près de la rivière Loleka.
3.- Les BaNdi:        Actuellement disparus, mais leur présence n’est pas certifiée; il
                                    reste cependant dans les environs une rivière appelée Pandi.?
4.- Les YaMbila:    Actuellement disparus, ils se trouvaient au Sud de l’actuelle
                                    concession “Mission”.
5.- Les YaBoloko:     Sur la route de Bolembo à Singa (sur la rivière Loleka).
6.- Les YaMbienene:    Sur la route de Mosité, ils occupent les terres jusqu’à la rivière
            Mokakoria.
7.- Les YaNgoma:    Le clan du chef, se trouve actuellement le long du fleuve
                                    Congo. Ils occupent une réserve mais ne sont installés à cet
                                    endroit que depuis peu de temps; ils devaient occuper un
                                    endroit situé approximativement sur l’actuel quartier               
                                    résidentiel de Yangoma le long de la rivière Mondua, entre
                                    Yangoma moke et Yangoma monene. Les YaNogoma sont
                                    géographiquement des riverains; cependant ils commencent
                                    seulement à prendre des habitudes de riverains;
                                    ancestralement, ils étaient des “BaNtu ya mokili”.
8.- Les YaOselo:    Près de YaMbula, seraient aussi des Muingi installés en
                                    Territoire de Yahuma et ayant fortement subi l’influence des
                                     BaNgandu quant aux coutumes mais non quant au langage.

b.- Les BaSoo de la rive gauche:

   
    Vraisemblablement à rattacher aux BoManeh dont ils constituent probablement une branche récemment émigrée.
    Ils ont passé le fleuve Congo il y a peu, bien après les Muingi et leur langage est resté pur, typiquement BaSoo (BoMenge).
    Ils se sont installés dans la région de BaNdu, Elisabetha centre et YaLipombo.

    C’est un MuSoo, dont la famille était installée à l’emplacement de l’actuelle usine d’Elisabetha, le long de la petite rivière qui traverse le poste, qui a cédé le terrain nécessaire aux débuts du District de Plantations d’Elisabetha; il s’appelait Lokutu, du clan Yata.
    Il semblerait que l’intéressé ait été un être assez peu social, il avait été relégué avec sa famille à la limite extrême Ouest du clan.
   
    Ce sont des riverains, des gens d’eau, s’adonnant plus volontiers à la pêche qu’à la chasse.

    Nous pouvons distinguer:

1.- Les YaLemba :     au pied de l’actuelle mission B.M.S. (1962)
2.- Les Yata:
3.- Les BaNdoa:
4.- Les YaMoela:
5.- Les YaLue:
    Ces cinq clans (ou familles) sont répartis depuis le poste d’Elisabetha jusqu’à 3 Km 500 en amont sur le fleuve Congo.

6.- Les YaLipombo ou YaLipfombo :
7.- Les Mwambole    :
    Ces deux clans se trouvent dans une réserve ramenée de 393 Has à 11 Has en 1954 dans le Secteur de Plantations de Lukumete.
    Situés en aval de l’embouchure de la rivière Bitema, les YaLipombo et les Mwambole forment une enclave dans la Chefferie YaNongo.
    Etablis ancestralement à leur emplacement actuel, ils émigrèrent à l’emplacement des plantations de Barumbu (blocs A/B).
    Sur la colline surplombant le fleuve Congo, dans les anciens blocs de palmiers Barumbu A/B nous avons découvert en 1963, à 40 centimètres de profondeur du charbon de bois, traces de foyer ayant probablement appartenus aux Mwambole avant leur dernier déménagement.
    Ils ont ensuite réintégré leur site primitif.

8.- Les Lokole :    près de la rivière Lonua.

    YaLipombo, Mwambole et Lokole sont issus d’un ancêtre commun.



Schéma généalogique supposé des YaLipombo, Mwambole et Lokole



Fombo-Yambola (l’ancêtre)

                        Lokole        Mongondiasa        Isolengo
                                           Isolijako
                                           Bailingo

                                           Batumbe

                                           Manangola        Bita
                                                                     Isobongo
                                                                     Isoleko
                                                                     Bohuahua
                                                                     Lokoma
                                                                     Mongele
                                                                     Lifoto
                                                                     Liendo
                                                                     Mokelemosa

                         Lifombo     Lifombo
                                            Akalo
                                            Motumbia
                                            Libende
                                            Matoesa

                          Mwambole    Isuangiti
                                                Bofaka
                                                Lotongo
                                                Lingele
                                                Mosumbe
                                                Fombo
                                                Lisema
                                                Mondio


    L’ancêtre Fombo-Yambula eut donc trois fils, dont la descendance forme encore les clans actuels des villages YaLipombo, Lokole et Mwambole.
    Toutes ces familles se retrouvaient encore dans les années 1960, mais leurs effectifs étaient assez réduits.

    Pour être complet, nous citerons un petit clan d’origine YaOlema dont nous parlerons lorsque nous verrons les YaMonongeri (Lielie).
   
    Généalogie de ce clan d’origine YaOlema:

Awunda, l’ancêtre eut quatre fils:

    1.- YaMbwewe
    2.- YaHundi
    3.- YaLiambi
    4.- Isoangasa

    Ces familles à effectif très réduit se retrouvent toutes au village Lokole.

                 
                                                                                                                                     
                                                                    Notes prises à Lukumete en 1962
                                                                    Notes complétées à Elisabetha en 1968
                                                                    Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999
                                                                    Adapté à Anderlecht le 06.02.2010      

                                                                                   E.A.Christiane










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