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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 09:50

VISION FUGACE DE LA CHINE

============================== Du 29.09 au 12.10.2007

                                                                                      Quand la Chine s’éveillera...

l                                                                                                                 Le monde tremblera.
                                                                                                                                                       Napoléon 1er

 

Que c’est loin, c’est même très loin pour les démocrates qui voyagent en classe touristes, à qui on octroie un siège d’avion large de 50 centimètres et profond entre le dossier du siège et celui du siège précédent de 70 centimètres seulement.

Cela peut encore être concevable pour un nain de jardin mais pour celui qui pèse 100 kilos et mesure 180 centimètres, c’est assez limité, d’autant plus que le temps de voyage est vraiment long.

Parti de Zaventem via Copenhague, cela fait onze heures de navigation plus encore trois heures d’attente dans l’Airbus A320 de la compagnie SAS à Copenhague, ficelé sur son siège pour un quelconque problème technique.

Le retour fut un peu moins fatiguant, dix heures de voyage entre Shanghai et Francfort dans un Boeing 747 de la Lufthansa nettement plus confortable.

 

Nous avions, dès le départ, quelques idées préconçues quant aux lenteurs administratives (nous avions eu quelques expériences en Ouzbékistan et à Cuba), à la nourriture et à la propreté des lieux d’aisance.

Dès l’arrivée, nous nous trouvions dans un Etat policier bien sûr mais bien organisé, une vingtaine de bureaux pour passer la frontière dont au moins quinze occupés par un préposé. Inespéré !

Aucune tracasserie, sauf un sourire et un “Welcome in China” de la part des galonnés de service.

Mais que d’uniformes ! !

Durant tout notre voyage, nous n’aurions su les compter, des noirs, des verts, des gris, des bruns, des beiges et que sais-je encore.

Les policiers semblent être en noir, avec leur matricule métallique au-dessus de la poche gauche, minimum cinq chiffres et j’en ai vu un avec sept chiffres.

Des militaires, au garde-à-vous dans des endroits les plus inattendus, à l’entrée des sites, bien sûr, mais aussi dans les temples, dans les squares, aux coins des rues, nuques rasées, képis haut perchés, sans arme, raides comme des piquets de clôture.

Dans les musées, que nous visiterons plus tard, dans chaque salle, un ou deux gardiens, en uniforme, bien sûr, à l’extérieur dans le couloir d’autres uniformes qui patrouillent; à l’entrée, à la sortie, partout des uniformes, on doit s’y habituer, ils sont impeccables, non inquisiteurs, mais ils sont là et je n’en parlerai plus.

 


Hôtels et restaurants

 


Nous étions logés dans des hôtels quatre étoiles où il y avait de nombreux touristes mais aussi beaucoup de clients chinois.

Hôtels grandioses, luxueux, partout du marbre et des fleurs, un personnel pléthorique, discipliné et bien organisé.

Un soir, en arrivant dans notre chambre, nous nous apercevons qu’une ampoule de la lampe d’une des tables de nuit était grillée.

Je décroche le téléphone pour appeler le service d’étage, en anglais, et j’entends juste un soupir féminin de désolation de ne pouvoir comprendre ce que je dis.

Je descends à la réception, m’explique et rentre dans la chambre pour y trouver deux jeunes électriciennes en train de tester tout le système et d’expliquer à mon épouse son fonctionnement.

Plus rapide que cela, est difficile à trouver.

Les chambres d’hôtel sont spacieuses, neuves et confortables, d’une propreté irréprochable, munies d’une télévision qui propose cinquante ou soixante chaînes.

Malheureusement, sauf à Pékin où l’on peut capter CNN et BBC World Service, aucune de ces chaînes n’émet en une langue susceptible d’être connue par nous Européens, ni en anglais, ni en allemand, ni en français, ni en italien, ni en espagnol et même pas en néerlandais.

Parfois, la robinetterie des salles de bains mériterait une cure de rajeunissement.

La nourriture est exclusivement asiatique, une douzaine de plats à chaque repas, deux repas chauds par jour, souvent de même base, beaucoup de légumes et moins de protéines, le tout agrémenté de thé vert mais aussi d‘une variété de bières locales à 10 yuans la bouteille de 750 cc.

Aucune lassitude cependant car si les ingrédients varient peu, la manière de les préparer et le dosage des épices ajoutées font de la cuisine chinoise sophistiquée, destinée aux touristes, un délice dont on ne peut se lasser en deux semaines.

Les petits déjeuners se composent d’un buffet complet de type américain et d’un buffet asiatique qui vous permet, si le cœur vous en dit, d’apprécier une douzaine de plats typiquement locaux. A huit heures du matin... c’est un peu tôt.

Nous n’avons pas pu savoir ce qu’un Chinois de base, citadin ou paysan, mangeait, certainement pas régulièrement les plats raffinés qui nous ont été présentés.


Le transport


Ce qui frappe dans les villes, même de moyenne importance, c’est la largeur des avenues; une chaussée avec quatre bandes de roulement de chaque côté, plus deux bandes pour les cycles est d’une dimension tout à fait normale.

Des routes qui se recoupent au centre-ville sur deux étages est chose courante, aucune comparaison avec nos villes en Europe. Ils ont vu grand et savent que tôt ou tard la circulation prendra un essor inouï.

Beaucoup de voitures toutes neuves ou presque, pas de vieux tacots tels qu’on peut les voir en Afrique, aux Indes ou en Amérique du Sud, septante cinq pourcent du parc automobile sont des Volkswagen, construite à Shanghai, des Santana 2000 ou 3000, des Audi aussi, dix pourcent sont des Buick et le reste, des asiatiques, quelques Peugeot et une marque de mini-voitures de fabrication chinoise appelée “QQ” qui ne semble pas faire de grandes performances commerciales et surtout pas à l’exportation malgré quelques essais vers la France paraît-il. On peut le comprendre.

Des cycles, évidemment, cyclo-pousses, vélos et motorettes genre Vespa semblent, avec les transports en commun, trolleybus et aussi, nous dit-on, métro ( à Shanghai certainement et peut-être aussi à Pékin) être le moyen de transport privilégié des Chinois.

Nous avons vu, à Shanghai entre la ville et l’aérodrome, un train monorail à grande vitesse, sur une ligne de 35 kilomètres, suspendu par courroie magnétique, sans aucun frottement au sol et qui nous a dépassé à 420 kilomètres à l’heure; il en a croisé un autre quelques minutes plus tard. Cela donne froid dans le dos, une différence de vitesse de presque huit-cent cinquante kilomètres/heure sur le même site ( pas sur le même rail heureusement ! ).

Les autoroutes inter-cités sont rapides et bien entretenues, elles sont parcourues par d’énormes semi-remorques soigneusement bâchées, si énormes que je ne pense pas qu’elles seraient autorisés à parcourir l’Europe.

Sous ces bâches, des produits divers, ciment, engrais agricoles, poutrelles d’acier pour la construction mais aussi et surtout des produits agricoles, des légumes, des choux principalement.

Il est évident que pour nourrir les habitants des grandes villes comme Pékin ou Shanghai qui comptent onze à quinze millions d’âmes, il faut que la paysannerie suive.

Tous ces véhicules sont en bon état et rares sont ceux que l’on voit en panne sur le bord de la route. Et l’on produirait 8000 nouvelles voitures par jour !

Nous avons pris deux fois des lignes d’aviation intérieures, d’une grande ponctualité, propres, au personnel souriant et accueillant, à la nourriture honnête et à l’organisation impeccable.

Incorruptibles cependant quant au poids de bagages autorisés; c’est vingt kilos par personne et pas un kilo de plus.

A Guilin, ville d’importance moyenne, entre le moment où l’avion a touché le sol, et celui où nous étions installés dans le car, bagages bouclés dans la soute, après avoir réglé les formalités d’arrivée, récupéré nos valises, contacté le guide local et embarqué dans le véhicule, il s’était passé exactement trente-cinq minutes.

Difficile de faire mieux comme organisation.

Nous avons aussi voyagé par train de nuit entre Pékin et (presque) Luoyang, couchettes impeccables, draps propres, toilettes correctes, une quinzaine de compartiments quatre places par wagon, une préposée assez jeune à l’uniforme toujours impeccable, chignon parfait... même à quatre heures du matin, souriante mais ne sachant pas un seul mot d’anglais.

On a quand même pu s’entendre pour avoir un compartiment qui nous convenait mieux.

 


Pékin

 


Une ville démentielle, prise d’une folie de construction inimaginable, couverte d’une forêt de grues.

Des centaines de buildings d’habitations s’alignent les uns à côté des autres, des kilomètres de routes, autant d’autoroutes urbaines sont en chantier, des stades, dont le stade olympique d’une architecture exceptionnelle, sont élaborés à partir d’une noria de camions semi-remorques chargés de ciment, de peinture et de poutrelles.

Tous ces buildings sont construits en acier, une boîte de construction qui s’élève à grande vitesse, sur vingt-cinq ou trente étages, puis revêtus de bêton et complétés par les aménagements intérieurs.

Assez élégants, ils seront peut-être dans trente ans les HLM des banlieues comme à Paris, mais en plus élégant.

En attendant, des quartiers entiers de taudis ont disparu ou sont en cours de démolition et les citadins sont ou seront bientôt relogés dans des habitations plus décentes et surtout plus modernes.

Les Jeux olympiques de 2008 sont naturellement l’occasion, la raison de moderniser totalement la ville, presque de la reconstruire.

Un propreté exceptionnelle, plus de détritus, de crachats, de cannettes de boissons sucrées; des poubelles avec pré-triage présentes à chaque coin de rues, de très nombreux balayeurs et de balayeuses, tout cela surveillé par une quantité d’uniformes dont j’ai déjà parlé.

Pékin, ainsi que les autres villes que nous avons visitées, inclus Shanghai, sont des villes propres qui peuvent concurrencer Singapour.

Encore une idée préconçue réduite à néant.


Shanghai


Quelle ville ! !

Manhattan me dit-on ! Je n’en sais rien, je n’ai pas vu Manhattan.

Il y a, paraît-il, à Shanghai deux mille buildings qui ont plus de trente étages et je veux bien le croire.

Une ville de quinze millions d’habitants, ruche remplie d’abeilles actives en perpétuel déplacement.

Des tours... celle de la télévision, 432 mètres. Juste à côté une tour d’habitation de 424 mètres et derrière elle, une tour en construction qui atteindra 519 mètres. Démentiel !

Une ville où il y a des riches, mais aussi un plus grand nombre qui n’ont pas réussi et qui cherchent leur place au soleil.

Ils ont construit trois buildings d’élévation moyenne, destinés aux nouveaux riches de Shanghai.

Chaque appartement a au moins 400 mètres carrés et le prix du mètre carré est de 13.500.- € ( oui euros).

Ils ont peut-être vu grand et ont peut-être été un peu trop vite, un seul appartement a jusqu’ici trouvé acquéreur.

Se promener en bateau sur la rivière Huangpu le soir vous fait voir une débauche de lumières, un feu d’artifice permanent, quand on pense que seuls 2.3 % de l’énergie de la Chine vient du nucléaire, produite par 11 centrales et que leur objectif est seulement de 6 %, ce qui demandera la construction de 31 nouvelles centrales en 13 ans. Le reste vient des barrages mais surtout des mines de charbon (70 %) qui prélèvent annuellement un lourd tribu de vies humaines parmi les mineurs de fond.

A côté de ces buildings impressionnants, les anciens établissements de l’ère coloniale, les banques, les bâtiments officiels, grandioses pharaoniques; et je dis pharaoniques car ils n’ont aucun cintre, tout est poutres posées sur des colonnes, comme le palais de justice de Bruxelles.


Les sites touristiques


Evidemment, nous allions en Chine pour voir des sites touristiques, pas tous, il faudrait des mois de visite, mais les principaux.


A Pékin, la place Tien-an-Men, nous a un peu déçus, des fleurs partout, présentées dans de très esthétiques montages (situation très générale en Chine), des jets d’eau, très beaux mais le mausolée de Mao gâche un peu la perspective. J’ai demandé s’il y avait aussi un mausolée aux soldats nationalistes non communistes. Il m’a été répondu que cela ne faisait pas partie du programme.

Le Temple du Ciel, la Cité interdite avec ses 9.999 pièces, le Tombeau des Ming, le Palais d’Eté et le bateau de marbre sur le lac Kunming, grandioses, magnifiques très bien entretenus, tout cela pour la gloire d’un seul homme, un peu démesuré même compte tenu du parallélisme de l’époque entre la magnificence du prince et la puissance de l’Etat qu’il représente.


A Chengde, le Temple du Bouddha géant, le petit Potala, et la grande muraille, forteresse coûteuse et, comme beaucoup de forteresses, inutile.


A Luoyang, les grottes bouddhiques de Longmen, les tombes de la dynastie Han, le temple des Chevaux blancs et le village des troglodytes ou du moins les quelques malheureux qui survivent dans ce trou dans la terre.


A Xi'an, la Pagode de la Grande Oie sauvage, la Forêt des Stèles (assez décevant), la grande Mosquée dont nous reparlerons et surtout, praline sur le gâteau, la célèbre armée en terre cuite: plus de 6000 soldats et animaux du premier empereur Qin-Shi-Huangdi, sans compter les chariots en bronze.

Ce site est extraordinaire, remarquablement présenté aussi, sous un hangar ultramoderne pouvant abriter certainement deux Boeing 747, tout en acier et en marbre et toujours en cours d’exploration par les archéologues.


A Guilin, magnifique promenade sur la rivière Li et promenade dans la campagne.


A Suzhou, la jardin de la Politique des Simples, le jardin du Maître des Filets, deux vitrines du raffinement artistique chinois, la Porte Panmen et la Colline du Tigre avec sa pagode penchée datant du X éme siècle.


A Shanghai, la vieille ville, les jardins du Mandarin Yu, le Temple du bouddha de Jade, shopping dans la célèbre “ Nankin Road” et l’inévitable promenade sur le Bund.

 

Nous avons aussi assisté à une représentation à l’Opéra de Pékin, une autre bien meilleur lors d’un dîner spectacle à Xi'an et à une soirée des célèbres acrobates de Shanghai.

Evidemment, nous avons visité des ateliers, des usines plutôt, de cloisonnés, d’élevage et de montage de perles d’eau douce, de perles d’eau de mer, des merveilles de travail du jade et bien entendu de la soie, de la soie et encore de la soie.

Tous ces ateliers sont couplés non pas à une boutique, mais à un immense magasin où le touriste est attendu par un bataillon de jeunes vendeuses, souriantes et extrêmement commercialement dynamiques.

Difficile d’en sortir vierge, je veux dire sans avoir dépensé quelques euros.

 

Dans chaque ville, à chaque étape, nous étions cornaqués par deux guides francophones: généralement un, bien au courant de son travail, et un stagiaire qui ne disait rien, souriante (en général c’étaient des femmes), aimable mais on se demandait quel était leur rôle. Peut-être surveiller les paroles du guide principal (mais là, je fantasme peut-être un peu).

Un de nos guides, un homme, celui qui nous a expliqué le site de l’armée de terre cuite était certainement très érudit ou en tout cas il connaissait très bien son travail.

Un autre, aussi un homme, à Luoyang, connaissait ce qu’il avait appris et expliquait très bien. Dans ce temple, il y avait une référence au chiffre 27 et à son quadruple, 108, qui est le nombre de livres sacrés du bouddhisme; je l’ai pris à part et lui ai demandé s’il était au courant de la position particulière en numérologie de ce chiffre 108.

Il ne semblait jamais y avoir pensé, on ne lui avait certainement jamais dit. Je lui ai expliqué, et son seul commentaire fut, en me regardant avec des yeux tout ronds (pour peu que cela soit possible pour un Chinois) : “ Dans votre pays, vous devez être un grand professeur ! “ . Je n’ai pas voulu le décevoir.

Nous avons aussi eu d’aimables guides féminines, consciencieuses et qui nous ont parfois donné des avis, en comité réduit, sur la vie quotidienne du Chinois moyen de 2007.

 


Les temples

 


Dans mon esprit, un temple est un lieu de recueillement, de prières.

Cela ne semble pas le cas d’un temple bouddhiste.

Il y a les Bouddhas, évidemment, quelques dizaines parfois, leurs gardiens statues bonhommes ou grimaçantes, puissamment colorées, puis les banderoles rouges, les gongs, les timbales, ceux qui rendent hommage, à genoux, debout, inclinés avec ou sans encens, puis les autres.

Ils sont là comme au marché, ils discutent, palabrent, visitent, flirtent et ne semblent guère tenir compte du caractère sacré du lieu.

Il faut dire que nous sommes arrivés à l’époque de la fête nationale chinoise, c’est en effet le 1 er octobre 1949 que Mao Zedong a proclamé du balcon de la Cité interdite l’avènement de la République populaire de Chine.

A cette occasion une semaine de festivités et de congés est décrétée, ce qui explique la quantité de Chinois qui se promènent et visitent les sites historiques, religieux ou simplement touristiques.

A Shanghai, c’était les Jeux olympiques pour handicapés, nous y avons rencontré de nombreuses délégations sportives.

Puis il y avait les préparations du XVII éme congrès du Parti communiste, événement politique qui survient tous les cinq ans et qui s’ouvrait le lundi 14.10.2007 dans une atmosphère de changement, de virage libéral, du moins sur le plan économique.

Bref nous étions en période festive.

C’est à Guilin que nous avons visité la mosquée.

Là, je me sentais plus à l’aise, je ne suis pas un habitué ni des églises, ni des mosquées, ni des synagogues, je m’y rends en général en curieux, recherchant le calme et la sérénité.

Dans cette mosquée, immense jardin, plein de charme et surtout de tranquillité, avec des petits ponts, des fleurs, d’anciennes sculptures, j’ai pu déambuler à mon aise, sans banderoles, pétards, cloches, gongs et tutti quanti, je me retrouvais là où j’aimais être; nous deux, avec mon épouse, main dans la main et profitant du silence.

Seule la salle de prières était réservée aux musulmans.

Qui aurait cru qu’un jour je puisse être à l’aise, heureux de me trouver dans le jardin d’une mosquée.

 

 


La vie du Chinois moyen


Bien difficile de savoir comment la population chinoise vit au jour le jour.

D’après ce que nous avons pu comprendre, il y a une grande différence entre le citadin et le paysan.

En ville, beaucoup de femmes travaillent, elles gagnent environ 800 yuan (RMB) par mois, soit environ 80. -€. Les hommes, quand ils ont du travail, gagnent environ 1.000 yuan par mois, soit environ 100. - €.

Le loyer moyen est de 200 à 250 yuan par mois, soit environ 12 % du revenu total du ménage. Nettement moins qu’en Belgique, mais nous n’avons pas pu savoir quelle était la surface d’un appartement moderne en ville actuellement construit à des millions d’exemplaires.

Par contre, un de nos guides nous disait vivre dans une pièce de vingt mètres carrés, cuisine et commodités communes avec d’autres habitants, mais qu‘il espérait recevoir bientôt un appartement moderne. Cela c’est la vie dans les vieux quartiers des villes chinoises.

 

Devant notre étonnement de voir tant de voitures nouvelles, en bon état, rien à voir avec les guimbardes, les tacots que nous avons rencontrés en Afrique, en Inde ou à Sri Lanka, il nous fut répondu qu’il n’était guère difficile pour un ménage dont les deux conjoints travaillaient, de se porter acquéreur, à crédit, d’une voiture neuve.

Il fallait cependant faire attention, car le sport favori des petits voleurs était de non pas de voler la voiture, mais de voler la plaque d’immatriculation et de laisser sous l’essuie-glace un petit papier avec un numéro de portable. Le propriétaire contacte ce numéro et il lui est demandé de verser 200 yuan à un certain compte en banque pour récupérer la plaque d’immatriculation du véhicule.

Effectivement, quelques jours plus tard, le versement effectué et contrôlé, l’automobiliste reçoit un SMS qui vous dit que la plaque d’immatriculation se trouve derrière la poubelle de votre domicile, par exemple. Racket réussi et... relativement honnête.

 

Il est utopique d’avoir un avis complet, même une approche valable sur le budget d’un ménage en seulement douze jours de voyage et sans avoir le temps de gagner la confiance d’un guide puisque ceux-ci changent tous les deux jours en moyenne.

 

Il nous restait donc à regarder autour de nous.

L’enseignement semble bien organisé et l’idéal de chaque jeune Chinois est d’arriver au niveau universitaire.

Nous visitions un temple bouddhiste; un peu à l’écart, je suis interpellé par une jeune fille, vingt ans, et son petit copain. On leur aurait donné seize ans maximum. Ils étaient visiblement très amoureux l’un de l’autre, la fille se faisait photographier dans des poses gracieuses et le jeune homme semblait en béate admiration devant elle.

Elle voulait visiblement tester son anglais qu’elle parlait d’ailleurs assez couramment, elle me dit avoir étudié quatre ans à l’université et que son rêve était d’enseigner la langue anglaise, elle m’a expliqué la différence entre l’écriture à idéogrammes verticaux et horizontaux de droite à gauche.

Tout cela avec l’aide de son copain qui ne parlait pas anglais mais qui suivait des cours d’histoire à l’université.

Un voyageur de notre groupe, infirmier de son état, a eu l’occasion de faire un tour dans un grand hôpital de Shanghai.

En professionnel, il s’est dit peu surpris, l’hôpital était propre même s’il ressemblait à un hôpital bruxellois des années 1970.

Nos guides locaux ne semblaient pas mécontents de l’organisation sanitaire et hospitalière de leur pays.

 

Nous avons aussi été agréablement surpris de voir le peu de mendicité, nous qui avons connu la nuée de gamins et de gamines dépenaillés des villes indiennes et du Sri Lanka, la main tendue “ no Papa- no Mama”. Rien de tout cela en Chine.

Excepté à Shanghai où il y avait en moyenne seulement deux malheureux adultes, souvent handicapés, à la sortie de l‘autocar, rien de semblable dans les autres villes.

Par contre, une quantité de vendeurs à la sauvette proposant toutes sortes de choses à la pièce, mais surtout des séries de montres Rolex “ Garantie 100 % originelle ” au prix de base de 1.000 yuan, soit 100.- €, “discutable“.

En général, dans les boutiques, quand on dit “ discutable”, cela veut dire qu’on vous laissera après quelques négociations la marchandise au tiers du prix, parfois au quart, mais là, c’est nettement plus difficile. Le tiers du prix semble être la norme générale.

Nous avons assisté à une arrestation d’un quidam, attrapé au revers de sa veste par un policier, sans brutalité mais aussi sans ménagement, il semblait s’intéresser d’un peu trop près aux touristes naïfs qui faisaient la file pour entrer dans la Cité interdite à Pékin.

Une autre fois, un vendeur à la sauvette s’était approché trop près de l’entrée d’un temple, un moine a couru avertir les policiers de faction qui l’ont reconduit, sans brutalité, avec bonne humeur même au-delà de la zone de sécurité.

Assis sur les nombreux bancs de marbre qui jalonnent les rues de Shanghai ( je parle souvent de Shanghai parce que c’est là que nous avons eu le plus de temps libre) ou le Bund, promenade classique le long de la rivière, nous regardions autour de nous tous ces gens qui se promenaient.

Des adultes en famille, correctement habillés, surveillant et choyant leurs enfants, identiques à des ouvriers moyens en Europe.

Des jeunes aussi, les filles en jeans parfois “taille basse”, petite veste, des garçons les serrant de près, relax, en baskets. Tous le GSM/appareil photo en main, devisant, blaguant, riant, flirtant, s’échangeant des petits baisers et nous faisions la remarque: Si ce n’était leur faciès asiatique, cela pourrait être nos petites filles et leurs copains. Aucune différence, cela seulement trente ans après le décès de Mao.

Un jour où nous avions renoncé à une série de volées d’escaliers pour aller voir un quelconque Bouddha, nous prenions quelques minutes de repos assis sur un banc, dans la cour d’un temple en compagnie d’une de nos jolies guides.

Nous l’avons entreprise sur le problème politique, en lui demandant, si elle était autorisée de nous parler des pages moins glorieuses des cinquante dernières années de l’histoire chinoise, comme de la “Campagne antidroitière”, du “ Grand Bond en avant“, de “La Révolution culturelle” ou de “ La Bande des quatre”.

Elle nous a répondu qu’elle était libre de nous parler de tout cela, de ces périodes de grands malheurs pour son pays, si on lui demandait explicitement; nous n’avons pas insisté, elle non plus, elle nous quittait deux heures plus tard.


La démographie


Un milliard deux cent millions d’habitants, peut-être un peu plus, c’est beaucoup !

Dans le but de limiter les naissances, le gouvernement a décrété que chaque couple, sauf exception, était autorisé à mettre au monde un seul enfant.

C’est draconien et les contrevenants sont frappés de très lourdes amendes.

 

Cela posera deux gros problèmes:


Le vieillissement de la population : dans quelques années il y aura un manque de jeune main-d’œuvre et pléthore de vieillards. Que deviendront ceux-ci sans l’appui d’une jeunesse active et dynamique ?


Le manque de femmes : Le Chinois veut avoir une descendance mâle et la politique actuelle de natalité permet à chaque jeune chinoise enceinte de se faire avorter selon son choix. Il y aurait donc à présent une naissance de fille pour trois naissances de garçons. Cela posera des problèmes à très court terme ( quelques années maximum).

Lorsque l’on pose la question, la réponse des jeunes gens est: On sera obligé d’aller chercher des femmes à l’étranger, au Vietnam, en Thaïlande, au Laos etc.

Cela ne résoudra évidemment pas le problème.

 

Il y a naturellement déjà des dérives, des naissances non enregistrées, surtout en milieu rural, des enfants sans identité ce qui leur posera des problèmes dès l’âge de la scolarisation et plus tard, sans compter l’impossibilité d’avoir un recensement démocratique valable.

L’Inde se trouve dans la même situation, il y a dans ce pays une forte action pour limiter les naissances avec un certain succès.

L’Inde n’est pas un pays communiste, la persuasion, l’éducation des femmes peut être entreprise; dans un pays communiste, on penche plutôt vers la coercition.

Et puis, mettez-vous à la place d’un jeune couple, qui veut faire droit à sa capacité d’avoir un et un seul enfant.

Quel dilemme, choisir le moment idéal, la bonne santé de l’épouse, celle de l’époux, une situation économique favorable, et surtout la peur de rater son coup.

La dame enceinte est totalement protégée par l’Etat, elle ne travaillera plus, aura accès à tous les soins médicaux, sera mise vraiment à l’abri de tout problème de tout accident.

Et si c’est une fille à la naissance ? Et si l’enfant a un quelconque handicap mineur ?

Impossible de recommencer, on n’a droit qu’à uns seul essai.

 


L’économie

 


Le pays est économiquement en pleine expansion, un PIB augmentant annuellement de plus de 10 % et cela depuis plus de 15 ans.

L’inflation générale annuelle est de 2,3 %, mais l’inflation alimentaire est de 6 %.

En 2006 à la même époque, je visitais Cuba, un autre pays communiste, misérable en comparaison de la Chine, stagnant et dont l’avenir est subordonné au décès d’un homme.

En Chine, tout croît en même temps que les buildings.

Il semblerait que ce ne fut pas toujours le cas: Ni Hao, qui est notre “bonjour” en chinois voudrait aussi dire, si j’en crois ce qui me fut dit: “ As-tu mangé aujourd’hui”, preuve que dans un temps historique bien défini, il n’était pas évident de manger tous les jours.

Aujourd’hui, ceux que nous avons vus (et ils étaient nombreux) semblaient bien portant et avoir mangé à leur faim.

Ce développement économique est dû à une main-d’œuvre pléthorique, disponible, techniquement formée et peu onéreuse mais aussi à une approche un peu différente de la nôtre de la notion de “ propriété intellectuelle et technique”.

Les idées, la technicité ont été empruntées à l’Occident, améliorées, adaptées et sont revendues en Occident.

Les puces sont sud-coréennes, les GSM sont chinois mais le brevet de base est Ericsson et sur le marché boursier, un seul des trois, Ericsson, est en difficultés.

Dans un proche immédiat, cet élan pourrait subir quelques faiblesses; limité à ma capacité de synthèse, je les vois au nombre de trois:


- Un régime politique communiste: Autoritaire, centralisé convenant à un pays de 9.600.000 kilomètres carrés, (plus de 300 fois la Belgique) et de un milliard deux cent millions d’habitants comprenant 55 minorités.

Petit à petit, lentement mais sûrement, il se libéralise économiquement mais aussi politiquement.

Il semblerait que dans son discours au XVII éme congrès du Parti communiste chinois, Hu Jintao, le secrétaire du parti, ait prononcé soixante fois le mot “démocratie”.

Mais il y a encore beaucoup à faire et avec 55 minorités... pensez notre petite Belgique, avec seulement deux minorités, non encore reconnues en plus, nous avons trois communautés, trois régions et un très grand bordel !

Alors, avec 55 minorités... bon courage.

Il est évident que plus de démocratie entraînera, comme en Russie, des mouvements centrifuges qui seront bien difficiles à maitriser.

Quoi qu’il en soit, les capitaux étrangers sont les bienvenus et les entreprises étrangères se développent en partenariat avec l’Etat chinois, 51 % du capital aux Chinois et 49 % aux étrangers.

La Chine désire garder la haute main sur son économie et sur les bénéfices qu’elle génère.


- Une paysannerie encore sous-développée: L’effort a porté sur les villes dont la population est minoritaire par rapport à la population du pays.

Si Mao s’appuyait sur la paysannerie, peu de choses depuis sa mort, survenue en 1976, ont encore été faites pour améliorer le milieu rural et c’est là qu’a tendance à se développer une certaine opposition ou du moins un certain malaise.

Jusqu’il y a peu le paysan était métayer et devait céder sa récolte au parti qui lui restituait juste de quoi vivre.

Ce système entraînait énormément de fraudes, on peut le comprendre.

Depuis peu, il y a contrat entre l’exploitant agricole et l’Etat qui lui cède la terre pour une période de cinquante ans moyennant une location égale à 15 % de la récolte.

C’est une très sérieuse amélioration, libéralisant les 85 % restants de la récolte, qui peuvent être consommés par la famille de l’agriculteur et le reste vendu sur le marché via des coopératives ou des entrepreneurs, intermédiaires entre le producteur rural et le consommateur citadin.

Mais il y a encore beaucoup à faire en ce qui concerne les infrastructures en milieu agricole et la protection sociale de l’agriculteur.


- Les Jeux olympiques: Ils ont propulsé l’essor, l’économie du pays. On a construit des routes, des chemins de fer, des stades, des milliers de chambres d’hôtel qui, nous a-t-on dit, se louaient 700.- € la nuit petit déjeuner compris (on pouvait bien à ce prix là) durant les Jeux olympiques.

On attend 17.200 athlètes, plus les managers, les soigneurs, les médias et tous les autres, soit environ 100.000 personnes à loger et à nourrir durant la période des jeux.

Et après... comment rentabiliser tous ces hôtels de luxe qui verront leur clientèle fondre comme beurre au soleil, qui se retrouveront avec une occupation des chambres de l’ordre de 15 ou 20 % seulement.

Il faudra du temps, trois, cinq ans ? Qui peut le savoir ? Avant de retrouver une vitesse de croisière dans ce secteur.

En attendant, on nous dit que le budget des jeux est déjà le double que ce qui était prévu.

La Chine est riche, pleine de dollars américains et de combien de dettes rédigées en “ dollars du subprime ? Mais la richesse doit travailler pour continuer à croître.

 

Mais vous verrez, après un moment d’hésitation, ils retomberont sur leurs pieds et nous étonneront encore.


L’avenir


Je n’ai trouvé à mettre en tête du présent texte que la citation de Napoléon, j’en étais presque gêné, d’autant plus que cette citation a été reprise comme titre d’un livre par Alain Peyrefitte ( chez Fayard en 1973).

Mais vraiment, je n’ai pas trouvé mieux.

Napoléon, homme d’Etat et avant tout Général, voyait trembler le monde comme chaque Européen vivant au début du XIX éme siècle quand empires et royaumes européens s’étripaient joyeusement; il voyait cela en militaire.

La Chine s’éveille, je ne doute pas qu’il n’y ait quelques secousses dans l’avenir, quelques missiles intercontinentaux ou armes nucléaires brandies; en termes militaires on parle de “ to show the flag“.

Mais les secousses seront plus probablement économiques et culturelles.

 

Nous avons traversé la partie maritime de ce grand pays au pas de charge.

Demander un avis, une prospective, ce serait comme mettre quelqu’un dans un TGV à Moscou, lui faire traverser l’Europe à 320 kilomètres à l’heure et lui demander son avis à l’arrivée à Lisbonne.

Il serait donc bien présomptueux de ma part d’émettre un quelconque avis justifié sur l’avenir du pays.

 

Fin juillet, j’ai terminé la lecture d’un livre de Jacques Attali “Une brève histoire de l’avenir” chez Fayard en 2006.

Je ne voudrais pas m’étendre sur ce livre sous peine d’être accusé de plagiat, mais je conseille vivement sa lecture très, toujours chez Attali, intéressante.

Au fait l’auteur nous fait l’histoire du capitalisme depuis le XII éme siècle et définit les conditions qui ont fait que le “cœur du capitalisme” s’installe autour d’une ville.

Pour Jacques Attali ces conditions sont au nombre de 4:

1.- Un port avec des capacités d’extensions industrielles.

2.- Un hinterland agricole riche et pacifié. Accueillant aux développements des nouveautés industrielles ou agricoles.

3.- Une organisation financière structurée et un grand dynamisme commercial.

4.- Un état d’esprit tolérant, non xénophobe, accueillant aux nouveautés techniques et culturelles.

Jacques Attali cite ces différents “cœurs du capitalisme” durant les 800 dernières années: Bruges, puis Venise, puis Anvers, puis Gènes, puis Amsterdam, puis Londres, puis Boston, puis New York et actuellement Los Angeles.


Quel sera le prochain “ cœur “?

Personnellement je pense qu’un grand bond vers l’ouest amènera le centre capitaliste de Los Angeles à Shanghai.

Cette ville a tous les atouts ou presque:

Shanghai sur la rivière Huangpu, affluent du Yangtze (fleuve bleu) à seulement 80 kilomètres de la mer, est le second port du monde en ce qui concerne le tonnage de fret manipulé, après Singapour et avant Rotterdam.

Shanghai a un dynamisme commercial qui n’est plus à prouver.

Shanghai a un hinterland agricole au sol riche, fertile, bien arrosé et accueillant déjà aujourd’hui quantité d’entreprises techniques d’avant-garde.

Il ne reste que l’amélioration de la liberté de pensée, l’ouverture d’esprit vers d’autres philosophies, vers d’autres options économiques. Cela est en cours, avance à grands pas mais n’est pas sans dangers. Cela pourrait se concrétiser dans les prochaines décennies.

Nous ne le verrons pas, nos enfants en seront témoins, mais nos petits enfants en seront acteurs. Ils devront en tenir compte dans leur vie de tous les jours, comme nous, aujourd’hui, devons tenir compte de la position de Los Angeles.

 


Conclusion

 


Si je devais résumer mon incursion en Chine, l’impression que j’ai eue du pays, un seul mot me viendrait à la bouche : ETONNANT.

 

                                                                                                 E.A.Christiane

                                                                                         Anderlecht, le 21.10.2007

Du 29.09 au 12.10.2007
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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 18:20

 

 Cuba ... l'avenir

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Cet article fait suite a l'article, sur le même blog, intitulé:

                                                             Cuba si... peut-être

 

Le pays a beaucoup souffert de plus de cinquante ans de communisme, mais je ne sais s’il le réalise pleinement.

Un proverbe birman (du Myanmar) dit que “ Celui qui ne connaît pas le miel croit que la banane est sucrée” et c’est peut-être pour cela que le pays se contente de ce qu’il a, de vivre au jour le jour et de profiter des (petites) largesses du régime.

Dans les campagnes, devant les petites maisons au bord des routes, une plaque de schiste modeste, ou une feuille de carton sur lesquelles sont inscrits des félicitations ou des bons vœux de rétablissement adressés à Fidel Castro pour ses 80 ans.

Sur les édifices publics, de grands calicots à la gloire du socialisme du genre “ Le socialisme ou la mort”.

Et partout, absolument partout des slogans, des monuments, des écrits à la gloire du “Che”.

Le héros national est réellement Ernesto “Che” Guevara, et à une année lumière derrière lui, à quasi-égalité, José Marti, Fidel Castro et ... Ernest Hemingway.

J’ai devant moi une pièce de monnaie de trois Pesos cubain ( pas des CuC convertibles) le côté face ne représente pas le chef de l’Etat, Fidel Castro, mais “Che” Guevara.

Et cela se comprend, “Che” Guevara a parcouru la sierra durant des mois, faisant des coups de mains contre les troupes de Batista, libérant des agglomérations dont il devenait le héros, le libérateur.

A Bastogne, les enfants savent qui est Patton mais hésitent lorsque l’on parle de Franklin Delano Roosevelt; à Bruxelles, il n’y a même pas une rue au nom de Georges VI mais une statue monumentale de Montgomery trône sur le plus prestigieux rond-point de la capitale de l’Europe.

A Cuba, après la libération des villages, des petites villes, ce fut l’acclamation, l’adulation du héros libérateur; le politique, Fidel Castro apparaissait ensuite et organisait le pays: règlements, décrets, obligations succédaient à l’euphorie de la victoire.

Le “Che” a évidemment fait ombrage à Fidel et l’on raconte cette anecdote: lorsque le pays fut aux mains des castristes, lorsqu’il fut nécessaire de former un gouvernement, Fidel a réuni ses hommes de confiance et a posé diverses questions, dont une : Qui est économiste ?

Guevara, somnolent aurait compris : Qui est communiste ?

Il a levé la main et a été nommé Ministre de l’Economie et Président de la Banque nationale.

En veston-cravate, attaché-case à la main, devoir se rendre tous les matins au bureau, consulter des rapports, présider des réunions, négocier des contrats, contrôler la comptabilité de l’Etat; cela n’était pas fait pour lui.

Il a demandé à être déchargé de ses fonctions, renvoyé sur le terrain pour exporter la révolution.

Il était un vrai révolutionnaire, un, dirait-on, Trotskiste, cela lui convenait mieux.

Ce départ arrangeait Castro aussi, car Guevara devenait encombrant.

Il est mort en Bolivie au cours d’une embuscade peut-être pas fortuite.

Il est quasiment impossible d’avoir un contact et encore moins une opinion de la part d’un étranger vivant à Cuba, la méfiance et la suspicion sont de rigueur, on les comprend.

Par contre, en aparté lorsqu’une certaine confiance a pu s’installer, il est possible de parler à un Cubain de souche.

Fidel est sur la fin, il n’apparaîtra plus dans le cercle du pouvoir, son frère Raoul est plus convaincant car il a l’armée avec lui.

Il est cependant un homme de transition, il a 75 ans, mais les Cubains ont grand espoir en lui.

Fidel, lorsque l’URSS s’est effondrée, aurait dû rechercher d’autres soutiens, il avait une économie peu diversifiée et était dépendant du bloc communiste qui le tenait afin de préserver cette île, un porte-avions, un révolver braqué sur les Etats-Unis.

Il n’en a rien fait, entêté, il a voulu rester le plus vieux, dernier des communistes et a précipité son pays dans la misère.

Actuellement, d’autres candidats se présentent pour prendre l’héritage idéologique de Fidel, la Corée du Nord et au moins cinq (nouveaux) présidents de républiques d’Amérique centrale ou du sud, dont le Venezuela et la Bolivie.

Aucun n’a le charisme de Castro.

Une propagande anti-américaine s’est développée depuis plus de cinquante ans mais les Cubains avec qui nous avons pu discuter assez franchement n’ont pas de haine spécifique envers les Américains.

Il y a quelques années ceux-ci venaient à Cuba, dans les universités, stagiaires, chercheurs, étudiants, mais depuis l’avènement de G.W.Bush, cela ne leur est plus possible.

Ceux qui viennent encore à Cuba font un détour discret via Saint Domingue généralement.

La haine des Cubains s’est donc apparemment focalisée sur G.W.Bush.

Ils sont heureux que Raoul Castro ait fait un discret appel du pied vers Washington mais n’espèrent rien avant un renversement de majorité aux prochaines élections présidentielles américaines.

Ils mettent aussi leurs conditions: aucune interférence dans la politique générale ni extérieure ni surtout intérieure de leur pays.

Cuba est un pays à vocation touristique et agricole, le potentiel existe, il faut le développer, il est prometteur, ils s’en sortiront.

Mais de l’avis des Cubains eux mêmes, l’important est de remettre les gens au travail, durant deux générations il y eut trop d’assistés; ce sont des mauvaises habitudes aisément prises et profondément ancrées.

Raoul n’est pas un tendre, il a l’armée derrière lui, il obligera les gens à travailler, surtout dans les campagnes.

Les Cubains ne s’attendent pas à plus de démocratie durant la transition, mais ils espèrent, en tous cas ceux qui déjà travaillent, une amélioration dans le rendement, l’efficacité économique et commerciale de la population.

Ils craignent cependant encore quelques problèmes à la fin de cette transition, lorsque Raoul passera la main, abandonnera le pouvoir: qui va prendre la relève et dans quelles conditions ? Un militaire ? Un politicien ? Un arriviste ? Un mafieux ?

Mais ils n’en sont plus à une révolution près.

Bref... Un grand espoir en l’avenir.

 

                                                                                                         E.A.Christiane

                                                                                          Anderlecht, le 24 décembre 2006

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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 18:08

CUBA SI ! ... Peut être

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Ce 3 décembre 2006, lorsque nous émergions sur la passerelle de débarquement c’est un vent violent, mais bienfaisant, rafraîchissant, qui nous a sortis de la torpeur, de l’abrutissement d’un long voyage, d’un long séjour de neuf heures trente, devrais-je dire, enfermés dans la cabine du Boeing 737 venant d’Orly.

Le voyage avait été bien peu confortable, le personnel de bord revêche, peu sympathique, peu généreux, même en boissons, ne serait-ce que de l’eau minérale, et des passagers cubains, un petit groupe de jeunes, qui n’avaient pas arrêté de chahuter durant tout le voyage, éclusant quantité de rasades de rhum et, m’a-t-on dit, se livrant à des activités que la morale réprouve, du moins en public.

 

Nous devions bientôt déchanter; l’aérodrome, qui accueillait à cette heure deux longs-courriers, soit plus de 400 passagers, était une fournaise, plus de 26 ° C, une moiteur, une humidité qui collait au corps, qui nous rappelait nos arrivées à Kinshasa durant la saison des pluies.

Six bureaux de la sécurité pour accueillir les touristes.

Nous étions parmi les premiers à passer au contrôle, aussi les vérifications étaient d’autant plus pointilleuses: vérification des passeports et des visas, rien de plus normal, puis à deux pas du préposé, profil gauche, profil droit, lever la tête, encore une fois... cinq minutes par passager.

J’avais compté qu’à ce rythme il aurait fallu six heures pour que tous ceux qui attendaient, soient acceptés dans le pays.

Au fait, je pense que l’explication était plus simple: ils attendaient que les valises soient arrivées dans le local contigu et que les chiens anti-drogues les aient reniflées.

Le contrôle des passagers suivants fut plus rapide.

Restait à récupérer les bagages.

Petit local: quelques banquettes, trois ou quatre manutentionnaires, quelques douaniers et un homme, en civil, d’une quarantaine d’années, jeans défraîchi et chemise ouverte, visiblement un Cubain, mais que faisait-il là ?

Il s’approchait de moi et me faisait des commentaires peu amènes sur la honte de voir aussi peu d’organisation dans un pays socialiste depuis cinquante ans etc.

Prudent et fort de mon expérience de 26 ans de mobutisme, je répondais évasivement que chaque pays organise son administration à sa manière et que ce n’est pas à nous touristes à peine débarqués à juger qui ou quoi que ce soit.

Il a encore essayé deux fois de me parler, je ne lui ai plus répondu.

Peut-être un provocateur, je n’en sais rien, mais arrivés depuis une heure à peine, nous avions compris que nous étions dans un pays à la vigilance policière organisée et à la lourde administration telle que nous l’avions déjà rencontrée en Ouzbékistan.

Pas de contrôle douanier pour les touristes voyageant en groupe, par contre, pour les voyageurs isolés, même et surtout les Cubains, ce n’était pas la même chose: ils devaient ouvrir et subir une fouille en règle de leurs valises.

Une seule valise manquait parmi les 25 bagages du groupe, elle n’avait pas été déchargée à Santiago de Cuba et avait continué sur La Havane; elle nous a rattrapés trois jours plus tard sur intervention de l’agence de voyage locale.

 

Enfin, malgré le décalage horaire (six heures par rapport à Orly), la nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous sommes reçus à notre hôtel, confortable, et pouvons enfin jouir d’une bonne nuit bien méritée.


Le lendemain, nous commencions notre périple.

 

Durant une dizaine de jours, nous avons parcouru cette île de 11 millions d’habitants, de 101.000 km2 , longue de 1.100 kilomètres, tropicale par son climat, chaude, humide, et nous y avons connu la pluie quasi quotidienne mais aussi quatre jours de beau soleil qui nous ont permis de voyager en shorts.

Deux mille quatre cents kilomètres en autocar confortable, logés dans des hôtels de luxe ou “ assez confortables” suivant l’importance des agglomérations où nous faisions étape: nous avons fait un bon et beau voyage.

Ce n’est naturellement pas en dix jours de présence effective, dans un pays que je voyais pour la première fois et dont je ne pratique pas la langue, que je pourrais avoir une opinion valable.

Cependant, mes impressions ne furent pas seulement touristiques, quoi de plus normal, et je crois utile de les mettre sur papier avant qu’elles ne s’estompent.

 

 


L’économie :

 


Nous avions quitté l’Europe avec des euros qui furent bien acceptés au change partout dans le pays, tant dans les banques que dans les hôtels, sans aucune formalité.

A Cuba, il existe deux monnaies, une réservée aux touristes : le peso convertible (CuC = Cuba convertible) qui est aligné sur le US dollar.

Durant notre séjour, nous avons donc changé 1 euro contre 1.12 à 1.17 peso cubain convertible.

En ce qui concerne les autochtones, ils utilisent le peso qui vaut environ 24 pesos pour 1 peso convertible; cette monnaie ne peut être utilisée par les touristes.

Aucune référence au dollar américain, d’ailleurs le seul nom “Américain” semble absolument proscrit dans tout le pays.

Ce sont donc deux économies distinctes qui cohabitent, l’une pour les Cubains, l’autre pour les touristes.

Aucune transaction ne se fait entre le peso (réservé au Cubains) et le peso convertible.

Les paiements dans les boutiques de souvenirs, cartes postales, T-shirts, boissons diverses, cigares, rhum, hôtels, restaurants, taxis, voitures de locations etc. se font en pesos convertibles aux prix... touristes; le pays n’est pas bon marché.

Une bouteille d’un demi-litre d’eau minérale ou une bière Cristal ou Boucaneros dans les boutiques coûtent 0.4 Peso CuC et dans les restaurants 2.- Pesos CuC; un cocktail à base de jus de canne à sucre et de rhum entre 3.- et 5- Pesos CuC dans les bars et restaurants.

Quant aux cigares, les prix peuvent varier dans des proportions de un à quatre pour la même qualité.

 

Très peu d’entreprises privées, les chauffeurs de taxi, de voitures de collection ( à La Havane), de coco taxis, beaucoup de boutiquiers sont salariés, tout appartient à l’Etat et c’est seulement depuis peu de temps que l’on accepte lentement que l’initiative privée prenne un peu d’importance, que les paysans par exemple puissent avoir un lopin de terre qu’ils cultivent à leur compte personnel ou que le citoyen puisse accéder à la propriété de son logement. La population est sous le régime de cartes de ravitaillement, elle peut s’approvisionner dans des magasins d’Etat, petites boutiques qui nous ont fait penser aux boutiques que nous rencontrions en Afrique le long des routes.

Un comptoir en planches, des étagères; à la différence que les boutiques de brousse étaient très colorées, très bien achalandées.

A Cuba, des bouteilles de vinaigre, un sac de pois chiches, du sucre, un peu de farine, une touque d’huile végétale, de la compote pour bébés, du sel, une vingtaine de produits de base dont les disponibilités sont inscrites à la craie sur un tableau noir, une balance Roberval, et c’est tout.

Il semblerait que ces marchandises soient distribuées gratuitement ou quasi gratuitement contre estampillage d’une carte de ravitaillement mensuelle et le reste des besoins sont couverts par le marché local, que nous n’avons pas vu et quelques cultures complémentaires de subsistance.

Nous avons été visiter un petit agriculteur, à la limite d’une agglomération, il avait une maison proprette dans laquelle il vivait avec sa femme et ses enfants, quelques cocotiers, quelques bananiers, quelques poules et environ un demi-hectare de tabac avec un séchoir qui semblait lui donner une certaine aisance.

Beaucoup de petits potagers, choux, salades, concombres, tomates, patates douces, pommes de terre et autres légumes afin de compléter le ravitaillement de la famille.

Une économie de survie.

 

Naturellement, une telle pauvreté engendre, lorsque c’est possible, de la corruption, nous aurons l’occasion de nous en apercevoir lorsque nous quitterons le pays.

 

 


Le social :

 


Nous avons été bien accueillis par ceux qui devaient s’occuper de nous et généralement par le personnel qui faisait partie de ce que j’appellerais “ l’économie touristique”.

Evidemment, c’était leur rôle.

Le reste de la population nous acceptait mais cherchait peu à nous contacter, nous étions là, normalement, nous ne dérangions pas, aucune curiosité, c’était naturel que nous soyons chez eux, que nous visitions leur pays, mais c’est tout; une espèce d’apathie, un manque certain d‘intérêt, très peu de questionnement que l‘on entend habituellement : Where are you coming from ?

Rien de comparable à la chaleur de l’accueil de la part des Vietnamiens, par exemple.

 

De la mendicité, certainement, mais assez peu, aucun handicapé dans les rues, aucune similitude avec ce que nous avons connu en Afrique ou dans certaines agglomérations d’Asie, et cependant, les gens ne sont guère riches.

Il nous fut expliqué que les soins médicaux étaient gratuits, les médecins très compétents mais que les médicaments faisaient défaut ou étaient d‘origine et de qualité douteuses.

Par contre, pour les touristes, rien n‘était négligé, rien n‘était trop bon et le système hospitalier cubain accueillait de nombreux étrangers séduits par la qualité des médecins locaux qui étaient pléthoriques; on nous a cité le chiffre de un médecin pour 127 habitants.

 

Une femme, si elle a du travail, peut profiter d’un congé de maternité trois mois avant le terme de sa grossesse, congé qui se prolonge un an après son accouchement et au cours duquel elle continue à toucher la totalité de son salaire.

Mais en ce qui concerne le salaire minimum, nous avons été sidérés: celui-ci est de 225 Pesos cubains, soit environ 9,4 Pesos CuC, soit environ 8 Euros par mois.

Je ne dirais pas que c’est ce que gagne un ouvrier, je l’espère pour eux, mais il ne peut gagner moins que cela, soit ce que l’on paie en Belgique pour une heure de travail (noir) une femme d’ouvrage sud-américaine, africaine ou d’Europe de l’Est.

 

 


Les villes :

 


Nous avons commencé notre périple par le sud du pays, par la ville de Santiago de Cuba, où Fernando Cortès débarqua, sous le règne de Charles Quint, et entra en conflit violent avec le Gouverneur Velázquez, dont nous avons visité le palais.

On nous avait vanté la beauté architecturale des villes de Cuba, arrêtée dans le temps, au début du XXéme siècle, une architecture coloniale magnifique etc.

Tout cela est vrai à part que depuis cinquante ans, la plupart des maisons n’ont plus vu ni vitrier, ni plombier, ni menuisier, ni peintre.

Aussi, notre déception fut grande devant le délabrement généralisé de ces villes, surtout dans la partie méridionale du pays.

Des balcons traditionnels, soutenus par des madriers afin d’éviter qu’ils ne s’écroulent sur les trottoirs défoncés, dont les rambardes ont disparu, camouflés par du linge douteux séchant au vent et s’ouvrant sur des intérieurs miteux, dont les vitres des portes-fenêtres ont été remplacées par des cartons.

Une misère généralisée.

 

Au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord, que l’on approche de La Havane, cela s’améliore, les places principales deviennent riantes, mieux entretenues, plus coquettes, fleuries même, mais dans le sud, cela est lamentable.

Nous avons vu à Santiago de Cuba, des logements sociaux, immondes, patinés par la pollution, non entretenus, qui ont été construits par le gouvernement cubain après le passage d’un ouragan il y a quelques années.

Les HLM des pires banlieues de Paris ressemblent à des palais en comparaison de ce que nous avons vu à Santiago de Cuba.

Un bon point cependant, toutes ces villes sont propres, les gens aussi d’ailleurs, peu de déchets, pas de détritus, et rares sont les papiers errants suivant les caprices du vent; mieux que dans certains quartiers de Bruxelles.

 

Sauf La Havane qui est une ville plus moderne, les autres agglomérations sont vieillottes et, si dans la capitale, nous avons été agréablement impressionnés, nous n’avons visité que le centre de la ville, la partie traditionnellement fréquentée par les touristes, nous n’avons pas vu les cités périphériques qui auraient peut-être modifié notre opinion.

A Rio de Janeiro, au Brésil, par exemple, la ville à front de mer est agréable, moderne, audacieuse parfois dans le modernisme de son architecture mais très contrastée lorsque l’on va dans les collines où se trouvent les favelas.

 

Cuba est resté très croyant malgré ces décennies de communisme, une croyance mixte, empreinte à la fois de catholicisme, de religions réformistes mais aussi de superstitions enfouies dans les profondeurs de l’âme, réminiscences des terreurs venues du fond de l’Afrique.

Ce pays, métissé au delà de l’imaginable, prie, porte des amulettes, se signe et est terrorisé devant certaines dames d’âge mur, fumant le cigare, accoutrées suivant une tradition connue seulement d’elles-mêmes, assises sur le seuil de la cathédrale de La Havane, accompagnées d’une poupée de belle dimension et censées faire référence au culte vaudou même si elles n’en font pas étalage.

Ces personnages n’attirent que les touristes qui osent jusqu’à se faire photographier à leur côté, mais sont prudemment évitées par les Cubains de souche.

Nous avons aussi eu la possibilité de visiter “ La maison de la Wallonie”, pas encore inaugurée mais très belle, des salles où toutes les réalisations industrielles et artistiques de la Région wallonne, tous les sites caractéristiques, touristiques, sont très bien mis en valeur.

 

Chaque agglomération se doit d’avoir une cathédrale chargée d’histoire, mais d’une grande tristesse, sombre, froide, des lieux de culte qui font penser à des tombeaux et dans lesquels nous n’avons jamais rencontré un prêtre, ces édifices sont ouverts aux fidèles qui semblent prier, invoquer Dieu suivant des conceptions personnelles, individuelles.

 

Si dans nos grandes villes, en Belgique, les parcs, les avenues, les boulevards sont baptisés des noms de gens célèbres, politiciens, scientifiques, artistes, bienfaiteurs, ou de grandes idées, liberté, constitution, charité, héros etc., à Cuba, toute agglomération qui se respecte a son militaire, gouverneur, général ou au minimum commandant, et a érigé une statue de grande prestance à son héros national, en grand uniforme, sévère, austère, machiste, autoritaire, et plus il a été valeureux, plus la statue est grande et impressionnante.

Trônant sur la place principale, aimés des nombreux pigeons qui entretiennent la patine du monument, ils représentent l’histoire traditionnelle, obsolète, du temps de l’occupation espagnole, française ou de la révolution.

Parallèlement, les monuments modernes, tout en béton, en marbre ou en pierres du pays, les mémoriaux des temps modernes, des cinquante dernières années, de l’ère communiste, sont massifs, staliniens, empreints de violence, eux aussi, sur fond de kalachnikov, d’avions de combat et de chars d’assaut.

Ils peuvent parfois être émouvants, tel, à Santa Clara, le mausolée dédié et où repose les restes d’Ernesto “Che” Guevara et de ses compagnons; mais trop souvent, ces témoins ostensibles du régime castriste sont lourds, oppressants, pesants, accablants d’héroïsme, d’action et de violence.

Par contre, l’architecture funéraire est remarquable, nous avons visité des cimetières où des monuments grandioses perpétuent le souvenir de leurs riches locataires, héros nationaux, bourgeois, industriels sucriers, fabricants de rhum (Baccardi); partout la pierre à la mode de ce temps, des siècles passés, du marbre blanc de Carrare avec parfois des taches de marbre vert, le minerai de cuivre local.

Durant tout notre périple, nous avons vu un seul drapeau américain, dans l’entrée de notre hôtel à La Havane, suspendu au milieu de deux douzaines d’autres drapeaux étrangers, symboles de l’internationalité de la clientèle.

Au fait, il y a très peu de drapeaux étrangers, seul le drapeau cubain semble avoir droit de présence dans tout le pays.

Il y a, dans la capitale, un consulat USA, jouissant de l’extraterritorialité, là non plus il n’y a pas de drapeaux américains, mais sur la placette, devant le bâtiment tout en verre teinté, une quarantaine de mâts supportant des drapeaux noirs ornés d’une grande étoile blanche, étendards de grandes dimensions sensés représenter les GI’s décédés en Iraq.

Aux alentours, en territoire cubain, de larges panneaux insultant le Président Bush et les Etats-Unis d’Amérique.

On nous a dit que la nuit, des messages lumineux passaient sur les vitres de ce consulat incitant la population cubaine à se révolter; nous avons vu ces lumières mais n’avons pas eu l’occasion de les déchiffrer.

Ambiance ! !

 

 


La circulation :

 


Est généralement peu dense comparé à ce que nous connaissons en Europe.

Les trois-quarts des véhicules appartiennent à l’Etat cubain, ils sont reconnaissables à leurs plaques minéralogiques bleues, voitures, camions, véhicules utilitaires sont ainsi pilotés par des salariés ayant fonction de chauffeurs.

Peu ou pas de transports en commun, sauf dans les villes où le service de transports publics est assuré par des bus, d’un certain âge et assez polluants.

Nous avons vu, par contre, parqués tant dans les campagnes que dans les agglomérations, des gros school-bus jaunes tels qu’on les rencontre aux Etats-Unis; quelques-uns sur les routes mais assez rares, peut-être suite à leur vétusté après une première carrière sur les routes américaines et dès lors hors service..

A la sortie de chaque agglomération, un préposé en uniforme est chargé d’arrêter tous les véhicules à plaque minéralogique bleue afin d’imposer aux chauffeurs de compléter les places vacantes dans leurs véhicules par des quidams qui attendent sagement assis sur le bord du chemin.

Nous, dans nos bus touristiques de luxe, nous n’étions aucunement concernés par ce genre d’obligations.

Ce système a l’avantage de solutionner, du moins partiellement, le problème des déplacements de personnes entre les villages.

Les routes, à l’exception des autoroutes assez rares, sont d’un entretien rudimentaire, carrossables, mais sans excès de vitesse possible.

Sur les autoroutes, j’ai compté que nous croisions, sur une distance de cinq kilomètres, six camions et le même nombre de voitures, tandis que sur les routes secondaires, sur environ cinquante kilomètres, parcourus en une heure de temps, peut-être un peu moins, nous croisions une douzaine de camions et une vingtaine de voitures.

Ces chiffres ne sont absolument pas des statistiques valables, je n’étais pas là pour cela.

Dans les villes, la densité de circulation est plus importante, mais rares sont les voitures neuves, celles-là ont généralement des plaques amarantes ou brunes, c’est-à-dire propriété d’étrangers.

Les bien connues et folkloriques voitures américaines des années ‘50, les taxis, les coco taxis, sortes de bulles en plastique montées sur de petits engins motorisés, genre Vespa et conduits par des émules de kamikaze, sont eux aussi propriété de l’Etat cubain.

Les plaques minéralogiques jaunes sont réservées aux voitures privées appartenant aux Cubains.

Le carburant est moins cher que chez nous, il n’y a évidemment pas intérêt à augmenter les taxes et droits d’accises lorsque le parc automobile est à 75 ou 80% dans les mains de l’Etat.

Le carburant diesel coûte à la pompe 50 centavos, soit l’équivalent de 43 euro-cents et l’essence de 95 à 99 centavos, soit l’équivalent de 80 à 85 euro-cents.

Dans les villages, des vélos et quelques mobylettes, mais les transports de proximité pour les paysans est le bon vieux bull-car que nous avons connu à Ceylan (actuellement Sri Lanka) en 1975.

Tirés par un âne, un petit cheval ou un bœuf, montés sur un essieu de véhicule lorsque la traction avant n’était pas encore généralisée, ces simples plateaux accueillent le conducteur, jambes ballantes, une baguette à la main, et derrière lui, quelques femmes et enfants ainsi que des baluchons, des cabas contenant divers produits agricoles, du maïs, des légumes et des fruits, de quoi faire bouillir la marmite familiale.

Et tout cela va au petit trot ou à un train de sénateur rythmant de sympathiques “clap-clap” la vie du village.

 

 


La campagne :

 


Deux mille quatre cents kilomètres du sud au nord de l’île nous a permis de voir, de commenter la variété de paysages agricoles qui pourraient être la future grande richesse du pays.

Au sud, depuis Santiago de Cuba jusqu’à Cayo, nous avons traversé la fameuse Sierra Maestra et les Montanas de Nipe, région chargée de l’histoire du “Che” où il a crapahuté durant des mois avec ses compagnons.

La jungle recouvre ces collines aux pentes abruptes, peu ou pas de pistes apparentes, une humidité relative particulièrement élevée, une température équatoriale et des pluies journalières; bref, le centre de l’Afrique dans les Caraïbes ou encore les provinces du Kerala ou du Tamil Nadou en Inde du Sud, quoique là, la densité de pistes et de routes soit plus importante.

Le pays n’héberge pas de prédateurs, aucun carnassier, aucun serpent venimeux, des lièvres et des sangliers surtout.

 

Nous sommes passés à côté de la base américaine de Guantanamo mais nous n’avons rien vu.

Les Cubains ne parlent jamais de “Base américaine” ils disent “Base navale” le mot “Américain” semble totalement oblitéré de leur vocabulaire.

Cette base est, parait-il, une vraie ville, elle s’étend sur 121 kilomètres carrés et abrite six mille militaires américains et leurs familles.

Deux aérodromes la desservent ainsi qu’une rade capable de recevoir les plus gros navires.

Elle fut concédée, en prolongation d’une première location, en 1934 pour 99 ans; le prix de location est de 4.085 $ par an auxquels les Cubains ne touchent pas, pactole bloqué qu’ils ont l’intention de rembourser aux USA lorsqu’ils rétrocéderont la rade.

Question d’honneur national !

Impossible de voir quoi que ce soit; plusieurs kilomètres avant la base, la route est barrée par un poste militaire et la ville US de Guantanamo est cachée derrière un promontoire.

Aux dernières nouvelles, la prison serait évacuée de tous ses prisonniers politiques d’Al Qaïda (ou non), les installations fermées ou déclassées..

 

Puis, nous avons continué vers le centre du pays, jusque La Havane au nord, région qui nous a paru d’une grande richesse agricole potentielle, un sol noir d’origine tectonique, fertile très probablement mais actuellement très mal exploité.

Le matériel existe cependant, nous y avons vu de nombreux tracteurs agricoles, de faible puissance, désuets, de marques inconnues chez nous, telles des “Belarus” et d’une puissance apparente identique aux Ferguson du début des années ‘50.

Mais ils sont là et ils travaillent, tandis qu’une quantité non négligeable de matériel de travaux publics est disponible dans des parcs où ils rouillent et se détériorent sans être employés alors que le travail ne manque pas.

Ces bulldozers, niveleuses, excavatrices de tous gabarits sont probablement des cadeaux de pays amis mais ne peuvent être utilisés faute de budgets locaux adéquats et surtout disponibles.

Quel sous-emploi ! Quel gaspillage !

 

Nous y avons admiré de grandes et belles surfaces de canne à sucre, c’est normal, nous étions à Cuba, quelques bananeraies de plusieurs dizaines d’hectares aussi, bien entretenues.

Quant au reste, mis à part ces cultures industrielles, le spectacle est affligeant.

Tout cela est quasi à l’abandon, voué à la cueillette, envahi par les mauvaises herbes et les plantes parasites, triste preuve d’un manque d’entrain de la part des agriculteurs pour entretenir leurs champs .

Nous étions loin de la culture intensive d’autres pays pauvres telle l’Indonésie, à Java, Sumatra ou à Sulawesi, là où toute surface cultivable est mise en valeur, où la gestion de l’eau est judicieuse, et confiée à des vieux sages, honnêtes et traditionnellement compétents.

Nous avons vu, à Cuba, des plants de caféiers sous palmiers dont la récolte n’était pas complète, on nous a montré des cacaoyers, il a fallu bien y regarder pour trouver quelques arbustes perdus dans une bananeraie envahie d’herbes folles de plus de deux mètres de haut.

Par contre, les champs de tabac, de surface modeste, de l’ordre de un ou deux hectares, étaient parfaits.

Partout des potagers bien nécessaires à cette économie de survie, mais dont certains dépassaient visiblement les besoins d’une famille; des plates-bandes de choux d’une cinquantaine de mètres de long permettaient indiscutablement une certaine commercialisation.

Quant à savoir si ces potagers étaient privés ou appartenaient à la collectivité, ce ne fut pas possible.

 

Le long des routes, de temps à autre, un homme assis tient en laisse un cochon de bonne taille qui fouille de son groin les bas-côtés à la recherche de quelques racines, d’autres personnes coupent de l’herbe qu’ils enfournent dans un sac probablement pour entretenir quelques clapiers familiaux. La débrouille !

 

Les protéines de l’alimentation de base des Cubains proviennent principalement du poulet ou du cochon quoique nous n’ayons pas vu d’élevage de porcs; peu ou pas de chèvres, quelques moutons mais par contre il doit y avoir de grands élevages de poules.

Les œufs, très blancs, ne sont pas rares dans les hôtels, nous n’en n’avons cependant pas vu dans les commerces.

Quant à leur conditionnement... nous avons dépassé sur la route une benne de chantier se dirigeant vers La Havane remplie à ras-bord non pas de cartons mais de plateaux d’œufs venant d’un élevage industriel; quand on connait l‘état des routes et des véhicules, le pourcentage de casse à l’arrivée doit être étonnant, au fait, pas si étonnant que ça.

 

Il y a des bovins, non seulement pour la traction des bull-cars, mais aussi sur les collines, parfois de grands troupeaux de plus d’une centaine de bêtes.

Mais quelle misère en ce qui concerne les pâturages, ceux-ci envahis de hautes herbes folles, de buissons épineux, absolument pas entretenus et des bêtes errantes à la recherche d’une pauvre nourriture.

Quel contraste avec nos pâtures grasses vert foncés, presque bleues du pays de Herve ou de Famenne !

Les clôtures barbelées sont doublées d’un quadruple sillon de labour, il en est de même le long des champs de cannes à sucre, nous avons supposé que le bétail évitait ces labours et restaient confinés là où il devait l’être.

Bref, une pauvre, une navrante agriculture, un manque de professionnalisme, d’implication ou de motivation de la part des agriculteurs.

 

Mais ce qui est plus grave pour l’avenir, un problème qui doit absolument être résolu et rapidement, c’est la présence, sur des centaines d’hectares, à perte de vue parfois, d’une plante, un arbuste épineux de deux à trois mètres de haut recouvrant l’entièreté de la surface de très nombreuses collines.

Impénétrables pour les hommes et pour les animaux; chaque année quelques centaines d’hectares doivent ainsi être retirés du potentiel agricole du pays.

De-ci de-là, un agriculteur a essayé d’éradiquer d’une pâture cette peste, a coupé et incinéré quelques mètres cubes de ces épineux, mais, de l’autre côté de la clôture, une jungle impénétrable ne demande qu’à reprendre l’invasion du terrain.

Une autre peste qui se développe insidieusement dans certains marécages se sont les jacinthes d’eau, nous en avons vu quelques sites bien vivants et qui ne demandent qu’à s’étendre.

Quand on connaît les problèmes inhérents à ce poison en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, une action énergique doit être immédiatement entreprise sous peine de ne plus en être maître durant des décennies lorsque l’agriculture aura la possibilité de développer son potentiel prometteur.

 

 


Les industries :

 


Nous avons visité des ateliers de fabrication de cigares; je ne sais s’il existe de réelles usines, j’en doute, car le cigare semble être fabriqué exclusivement manuellement dans des ateliers parfois importants, mettant au travail plusieurs dizaines d’ouvriers, et surtout d’ouvrières, qui créent le cigare depuis la feuille brute, le roulent et l’emballent.

Travail assez sympathique dans une atmosphère fleurant bon le tabac frais.

 

Les distilleries sont, je suppose, jointes aux sucreries, nous n’en avons pas visité.

Par contre, un très beau musée, reprenant grandeur nature toute la fabrication du rhum, avec des foudres et des machines réelles, nous a donné une vue détaillée du processus.

 

En parcourant la campagne il est normal que l’on y trouve des sucreries, grands bâtiments au repos en cette saison de croissance de la canne à sucre mais où l’on nous rappelle que le “Che” a visité la sucrerie” ou “Cette sucrerie a été inaugurée par Ernesto “Che” Guevara” et ainsi de suite .

Tout cela sont des industries agricoles, des industries d’alimentation relativement peu polluantes.

 

Par contre, dans le sud, sur la côte Atlantique, à Moa, nous avons traversé une province dont l’industrie d’extraction du nickel était l’activité industrielle dominante.

Quel gâchis, quelle catastrophe écologique.

Un groupe de grosses usines aux énormes cheminées vomissant des volutes épaisses et abondantes qui obscurcissent le ciel.

Pire que cela, à perte de vue, sur des dizaines, des centaines d’hectares, la végétation a disparu, recouverte d’une boue rougeâtre qui a submergé les vallons et empoisonné les collines.

Cela durant des kilomètres le long de notre route qui était doublée d’une tranchée qui elle-même abritait quatre pipelines de faible diamètre, reliant l’usine principale au petit port industriel le plus proche.

Un de ces pipelines transportait du soufre en fleur et était pourri, percé, laissant échapper de larges traces de poudre jaune vif.

Des équipes d’ouvriers travaillaient en permanence pour réparer, colmater ces brèches, sans aucun vêtement de protection, ni lunettes ni masques respiratoires.

Ces industries sont au bord de la mer et de jolies petites criques sont elles aussi envahies jusque loin au large par une espèce de soupe aux tomates du plus désastreux effet.

Aucun poisson ne saurait certainement résister à cette concentration de métaux lourds.

Ecœurant, nauséeux, lamentable !

Le mouvement écologique ne peut ou n’ose pas s’aventurer en pays socialiste, il est plus facile pour eux de critiquer l’économie de marché puisque la démocratie est suicidaire et permet toutes les critiques !

 

 


Le tourisme :

 


Nous l’avons déjà dit, les touristes sont les bienvenus, ils apportent les devises étrangères nécessaires au fonctionnement du pays.

Il existe à Cuba des paradis, des endroits où le voyageur est confiné dans des complexes de luxe comme à Djerba, à Phuket ou sur la Mer Noire.

La mer, le soleil, les cocotiers, le sable blanc ( sur la côte Atlantique) ou plus foncé (en mer des Caraïbes), ce sont des lieux idylliques pour ceux qui aiment le dépaysement, la plongée sous-marine et l’exotisme.

Nous avons eu une autre approche des choses lors de notre périple, nous voulions voir le pays plus profond, en surface, car deux semaines de voyage c’est un peu court, mais plus profondément cependant qu’un bronzage superficiel, un rougeoiement de notre épiderme.

Les hôtels, dans le cadre du périple que nous avons fait, étaient excellents dans les villes d‘une certaine importance.

Des chambres spacieuses avec télévision nous proposant outre deux ou trois programmes locaux, trois programmes en chinois, CNN, parfois la BBC et TV5, des émissions de la RAI et espagnoles.

Les salles de bains complètes, bien équipées, fonctionnelles mais dont la robinetterie parfois, mériterait d’être renouvelée.

Dans les petites agglomérations, le luxe était plus discret mais la propreté ne laissait jamais à désirer.

 

Les petits déjeuners étaient toujours copieux et variés, des buffets de type américain, plusieurs sortes de pain, beurre, variété de fromages et de charcuterie, du bacon, de petites saucisses, du miel, de la confiture, quantité de jus de fruits, de yaourts, des œufs à la demande avec jambon, fromage, champignons ou légumes finement coupés.

En cours de route, le repas de midi était plus frugal, souvent apéritif et boisson (une par personne) comprise, mais l’entrée était traditionnelle, choux finement coupés, trois tranches de concombre, trois tranches de tomate, des carottes râpées, huile, vinaigre en assaisonnement.

Puis au choix, bœuf grillé, porc bouilli, poulet et parfois poisson avec éternellement du riz, rarement des pommes de terre ou des patates douces.

Et partout, aux repas de midi, dans les bars, au cours des escales, l’éternel petit orchestre, guitare, percussion, divers instruments à cordes qui vous répète toujours les même rengaines “Guantanamera“ en l’honneur des jolies filles de Guantanamo, “Besa me mucho“, “Querido Cha-Cha-Cha” , “La cucaracha “ et bien sûr tout ce qui a été chanté à la gloire de “Ché” Guevara dont, évidemment “ Commandante “Che” Guevara”.

Le soir, par contre, à notre arrivée à l’hôtel, nous étions reçus avec un drink de bienvenue et le repas était plus varié, même des langoustes à la carte au prix de 18 Pesos CuC la demi-langouste; nous pensons qu’il s’agissait de langoustes pêchées et non des langoustes d’élevage.

Deux fois nous avons eu des pavés de bœuf vraiment très valables.

 

Les boissons nationales sont toutes les limonades et cocktails au jus de tous les fruits frais que le pays est capable d’engendrer, plus du cola ( pas du Coca Cola vraiment trop américain), du jus de canne à sucre, de l’eau minérale, le tout avec ou sans rhum distribué en de généreuses rasades.

Le pays brasse deux bières très valables, deux Pils: la Cristal et la Boucaneros et il y a moyen d’avoir, dans les hôtels, du vin français et surtout espagnol à des prix honnêtes.

 

Dans les grandes villes, naturellement, il y a de la prostitution, mais assez discrète.

Un œil de mâle détecte assez aisément ces dames demandeuses.

A l’entrée des établissements Baccardi, deux très jeunes filles, en short collant agitaient leur callipygie vraisemblablement héritée d’une très lointaine ancêtre africaine.

A La Havane, une encore plus jeune traînait sa maigreur au marché fréquenté par les touristes.

Et aux alentours de la cathédrale, j’ai été accosté par une dame d’une certaine maturité, élégante, qui m’a proposé d’être mon guide pour visiter la ville; je ne sais si elle se prostituait mais elle n‘était pas déplaisante à regarder (et plus si compatibilité).

Une Cubaine nous disait qu’il y avait parmi la population un pourcentage significatif d’homosexuels masculins et que cela expliquait la polygamie elle aussi assez répandue.

Nous avions deux chauffeurs et l’un deux, originaire de Santiago de Cuba, ne se cachait pas qu’il entretenait deux femmes qui lui avaient donné chacune deux enfants.

Cette chose paraissait assez normal, l’homme était sans complexe et ne s’en vantait même pas.

 

Beaucoup de monuments, à la gloire d’anciens héros de la lutte contre les Espagnols mais aussi a celle des combattants modernes qui ont fondé le socialisme.

Nous avons visité le musée de la baie des Cochons, qui doit son nom à la prolifération de sangliers dans la région.

“La Playa Giron: première défaite de l’impérialisme en Amérique latine !” clament les grands panneaux plantés en bord de route (Petit Futé 2007-2008 page 162).

Endroit idéal pour une invasion: une large baie protégée, en terrain plat, à seulement 160 kilomètres de La Havane que l’on peut atteindre par une autoroute.

Le musée ressemble à celui d’El Alamein, du matériel militaire à l’extérieur, des armes et des uniformes à l’intérieur.

A El Alamein on peut voir la citation suivante:

 


“ La visite d’un cimetière militaire est plus convaincante que n’importe quel sermon sur la paix”.

                                                                                                      Albert Einstein

 

Au musée de la baie des Cochons, rien de semblable, il est vrai qu’il n’y a aucun cimetière visible.

 

 

 


Tout a une fin :

 


Le 14 décembre, la fin de notre voyage, on ferme les valises, on fait le compte des derniers Pesos, on complète les derniers souvenirs, des cigares, des flasques de rhum pour les amis, puis départ vers l’aérodrome.

Aucun problème ni à la frontière, ni à la douane, mais au desk de départ...

Nous avions droit à vingt kilos de bagages par personne, soit quarante kilos par couple.

Presque comme un fait exprès, nous avions, et nous n’étions pas les seuls, quarante-sept kilos.

Très obligeamment, le préposé et les préposés des trois autres bureaux d’enregistrement accordent une gentillesse de cinq kilos.

Restent deux kilos à payer, soit 2 x 19 Pesos (équivalent 33 Euros), à payer cash et immédiatement et sans reçu.

Il me restait seize Pesos, je les sors de ma poche et les lui montre...

Un clin d’œil, il les empoche et enregistre mes bagages.

Ce fut le même scénario pour la quasi totalité des membres de notre groupe de 23 personnes.

Bonne journée pour ces employés qui ne semblaient avoir aucun état d’âme et dont les termes abus de pouvoir, détournement et corruption semblaient absents de leur vocabulaire.

Le voyage retour, vers Orly, fut nettement meilleur que le voyage aller.

Le personnel prévenant, gentil, ne se ménageait pas pour assurer le confort des voyageurs.

Je me suis laissé dire que dans le sens Paris-Cuba, le personnel de cabine faisait le maximum d’économie sur le ravitaillement de bord afin de pouvoir commercialiser les surplus à l’arrivée.

Mais cela n’est peut-être que de la médisance.

 

 

Suite et fin du présent article dans le blog : Cuba... l'avenir


                                                                                                      E.A.Christiane

 

                                                                                      Anderlecht, le 24 décembre 2006

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17 septembre 2006 7 17 /09 /septembre /2006 07:09

 

DES  VILLES  IMPREGNEES  D' HISTOIRE

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KHIVA

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(Extrait de la brochure d’informations d’Energytour)

 

 

A 32 Km d’Ourguentch, dont Khiva dépend totalement du point de vue des communications; il n’y a pas d’aéroport à Khiva. En avion, Ourgentch est relié à Tachkent en 2 h. 30’ de vol.

Khiva se trouve en Ouzbékistan.

Elle compte 50.000 habitants.

 

La ville tient son nom du puit Kheivak, découvert, selon la légende, par un fils de Noé; ce fut une étape importante pour les nombreuses caravanes qui traversaient jadis le désert du Karakoum ( Karakoum est la partie la plus aride de la dépression aralo-caspienne. Ne pas confondre avec Karakoroum ou Karakoram qui est massif du Cachemire, portant des sommets très élevés {K2, Gasherbrum} et de grands glaciers).

Aujourd’hui, elle tire toute son animation du tourisme, le centre économique et culturel étant situé à Ourgentch, pôle administratif de la région.

Dressant derrière ses murailles, coupoles et minarets, Khiva a des couleurs de sable et de turquoise.

Malgré son âge vénérable (plus d’un millier d’années), c’est entre la fin du XVIIIéme siècle et le début du XXéme siècle que la ville a pris son visage actuel. On y découvre non seulement des monuments historiques, mais aussi et surtout un ensemble architectural parfait et qui n’a pas d’équivalent en Asie Centrale: le visiteur est projeté soudain hors du temps, dans un univers de mirages et de miracles...

 

Khiva dans l’histoire

 

Ennemis de l’extérieur

 Au début du IVéme siècle, Khiva est déjà une ville du Khorezm, royaume d’une vieille civilisation iranienne qui devait sa prospérité au perfectionnement des techniques d’irrigation, fondée sur la construction de grands canaux.

 

Kharezm ou krarezm

 Ancien état de l’Asie centrale situé sur le cours inférieur de l’Amou Daria (Oxus).

Héritier de la Chorasmie antique, il fut conquis par les Arabes en 712.

Il est souvent appelé Khanat de Khiva (1512 - 1920).

En 712, elle est conquise par les Arabes, puis en 1221 par les Mongols.

Elle bénéficie alors de l’essor de Kounia-Ourgentch (dont il ne subsiste aujourd’hui que quelques ruines, non loin de Tachaouz, au Turkménistan), qui devient une des villes les plus grandes et les plus florissantes d’Asie Centrale.

Mais à la fin du XIVéme siècle, c’est au tour de Tamerlan d’envahir le Khozerm.

 

Frères ennemis  

En 1512, la ville tombe aux mains des Ouzbeks. Khiva devient une des capitales du nouvel État; après l’assèchement du Darialy qui ruine les cités comme Vazir et Kiat, elle se trouve au début du XXéme siècle, centre du Khanat indépendant de Khiva, célèbre - entra autre - pour son marché d’esclaves.

Cependant, les guerres intestines presque ininterrompues, attisées par les Khans de Boukhara, affaiblissent le Khanat, au point, qu’en 1740, le roi de Perse, Nadir Chah, le rattache à son royaume; selon le témoignage d’un contemporain, vers 1760, «  personne ne vivait plus à Khiva sinon une quarantaine de familles pauvres ... et les bêtes sauvages s’étaient installées dans les maisons qui tombaient en ruine ».

 
Reconnaissance et révolution
  

Au début du XXéme siècle, avec l’arrivée au pouvoir de la dynastie des Koungrats, la vie économique et politique reprend son cours.

Le Khan Moukhammed-Rakkim (1806 - 1825) achève la réunification.

En 1873, la ville est prise par les troupes russes, mais, malgré le protectorat, le khan règne encore en maître absolu.

C’est seulement en 1920 que se forme une république soviétique populaire du Khorezm, avec Khiva pour capitale, qui fut rattachée, en 1924, à l’Ouzbékistan.

 

Khiva aujourd’hui

 

Un double anneau de murailles en pisé, datant du XIVéme siècle, enserre les deux parties de la ville nommées Dichan-Kala (ville extérieure) et Itchan-Kala (ville intérieure).

Du haut des remparts intérieurs, relevés par les Koungrats sur des fondements remontant au Xéme - XIéme siècle, le regard découvre au milieu d’un enchevêtrement de maisons, coupoles, portails et minarets.

Le procédé architectural traditionnel en Asie Centrale, selon lequel deux monuments sont construits sur un même axe, justifie l’alignement des quatre principaux minarets, les combinaisons de formes contrastées (éléments hauts ou trapus, ouverts ou aveugles, en relief, polychromes etc...).

Contraints de bâtir toujours plus de monuments dans un espace limité, les architectes de Khiva se sont efforcés de respecter ceux déjà existants.

La théâtralisation propre à l’architecture de l’Asie Centrale trouve ici son aboutissement dans un aïvan élevé sur une plate-forme ou une façade encadrée au premier plan de coulisses.

Il est indispensable, pour apprécier ce génie des cadrages de flâner dans le labyrinthe des ruelles pour y apprécier ce qui fait, en premier lieu, l’originalité et la beauté de Khiva: ses maisons.

 

La ville moderne  

Pour apporter de nouvelles ressources, des usines de tapis, de vêtements et d’égrenage du coton furent installées.

L’artisanat s’est maintenu: broderies sur soie et sur velours, pierres et bois ciselés, orfèvrerie.

L’habitat ancien a été répertorié par des équipes d’urbanistes et d’historiens. Les plus belles maisons ont échappé à la destruction: restaurées, quelques unes d’entre elles accueillent des musées.

La population de la vieille ville a été déplacée et relogée dans un nouveau quartier situé au nord-ouest, où les maisons respectent le style traditionnel du pays. Ce quartier doit abriter au moins 4.000 habitants, et leur assurer un mode de vie traditionnel.

Les immeubles anciens sont intégrés à l’ensemble qui s’articule autour de petites places, recréant les espaces clos indispensables.


Points forts de notre visite à Khiva

 
Itchan-Kala (la ville intérieure)

Les maisons de la ville intérieure ont, pour la plupart, gardé leur aspect initial, tans dans les rares détails ornementaux (portes et colonnes sculptées au XIXéme siècle) que dans l’organisation de l’espace.

L’architecture des maisons d’habitation a eu une influence considérable sur celle des autres constructions.

Impossible de parler ici de tous les monuments de la ville intérieure: on ne dénombre pas moins de dix-neuf medersas dans Itchan-Kala !

On ne s’arrêtera qu’aux monuments les plus riches d’art et d’histoire. D’autres, ont été transformés en musées, atelier de restauration, voire hôtel ou restaurant.

 

Kounia-Ark

C’est à dire “ la vieille forteresse “ est adossée aux remparts ouest.

La nécessité d’un palais fortifié s’impose durant la période la plus agitée de l’histoire de Khiva, mais la forteresse servit bien vite de résidence au gouverneur. Quelques constructions ( des années 1686-1688) nous réservent derrière des murs nus de pisé, une décoration d’une richesse exceptionnelle.

 

Koumych-Khana

 (1804 - 1806), là, s’accomplissait le cérémonial des réceptions officielles; en son centre une petite cour, avec un aïvan à deux colonnes dont les murs sont entièrement recouverts de carreaux en majolique peints, exécuté sous le règne du Khan Alia-Kouli (1825-1842).

Face à Kounia-Ark et devant la medersa du Khan Moukhammed-Amin, la plus grande de Khiva (78 m x 60 m), se dresse le curieux Kalta-minor (minaret court, 1855). Ce devait être le plus haut minaret de l’Orient musulman, mais Moukhammed-Amin, qui en avait ordonné la construction, ne revint plus à Khiva à la suite d’une défaite, et les travaux furent arrêtés. C’est du moins ce que rapporte l’historien Mounis.

 

Le mausolée de Sayid Alaouddine

L’un des plus anciens monuments de Khiva: le mausolée de Sayid Alaouddine, érigé peu de temps après la mort du cheikh en 1303, a un aspect sévère et ses murs intérieurs en stuc, recouverts seulement de quelques inscriptions calligraphiques à l’encre de Chine (l’une d’elle proclame : “ Ce mausolée fut construit dans l’antiquité, seule la coupole du ciel rivalisait avec lui”), mettent en valeur le tombeau décoré de majolique, véritable chef d’œuvre de la céramique du XIVéme siècle.

 

Le mausolée de Pakhlavan-Makhmoud

Derrière la mosquée Djouma s’élève le monument le plus célèbre de Khiva: Le mausolée de Pakhlavan-Makhmoud, qui occupe l’emplacement de son atelier de fourreur.

Makhmoud était aussi poète et un lutteur professionnel qui ne connaissait pas la défaite (s’où son nom de pakhlavan), et fut canonisé à sa mort. Comme il était de la tribu des Kougrats, les khans de Khiva le considéraient comme l’ancêtre et le protecteur de leur dynastie.

 

En sortant du mausolée, on aperçoit le plus haut minaret de Khiva (45 m de hauteur, 9,5 m de diamètre). Il appartient à la medersa Islam-Khodja (1908 - 1910).

 

 




TACHKENT

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Tachkent

Capitale de l’Ouzbékistan - 2.030.000 habitants.

Nœud ferroviaire, centre administratif, culturel et industriel.

 

(Extrait de “Tachkent”, Encyclopédie Microsoft(R) Encarta(R) 99. (c) 1993-1998 Microsoft Corporation. Tous droits réservés).

 

Tachkent, ville de l’Est de l’Ouzbékistan, capitale du pays et chef-lieu de la région.

Située dans une oasis, près de Tchirtchik, dans une région productrice de coton et de fruits, Tachkent, centre d’industries et de transports majeurs, fut la plus grande ville de l’Asie centrale soviétique.

Ses principales ressources reposent sur la fabrication de machines, de textile de coton et de soie, de produits chimiques et de tabac ainsi que de meubles.

Tachkent, également un centre de la culture ouzbek, accueille plusieurs grandes bibliothèques ainsi que le siège de l’académie des sciences d’Ouzbékistan et de nombreux autres établissements d’enseignement supérieur.

Le métro y fut inauguré en 1977.

 

La première mention de Tachkent remonte au VIIéme siècle après Jésus-Christ malgré sa probable fondation au 1er siècle avant Jésus-Christ.

La ville fut prise successivement par les Arabes au VIIIéme siècle par Gengis Khan au début du XIIIéme siècle, puis par Tamerlan au XIVéme siècle.

Elle fut annexée par la Russie en 1865, et une nouvelle cité russe fut construite autour de la ville plus ancienne.

En 1966, Tachkent fut très endommagée par un séisme.

Elle devint capitale de l’Ouzbékistan indépendant en 1991.

Population (estimation 1991) : 2.094.000 habitants.

 

(Extrait de la brochure d’information d’Energytour)

 

Capitale de la République d’Ouzbékistan -

2.080.000 habitants (125 nationalités différentes) -

25.000 hectares -

Altitude 479 m -

Le nom ouzbek signifie “ La ville de Pierre” .

Aéroport national.

 

Métropole d’Asie Centrale, Tachkent se présente comme une cité aux visages multiples.

En la parcourant, de la vieille ville aux maisons de pisé, jusqu’au centre urbain reconstruit après le tremblement de terre de 1966 et où se dresse maintenant des immeubles de plusieurs étages de construction anti-sismique, on traverse près de 2000 ans d’âge.

Située au pied du Tian-Chan, que l’on découvre par temps clair, Tachkent est arrosée par plusieurs cours d’eau, dont le Tchirtchick; au printemps, la luxuriance de ses parcs et jardins invite aux promenades.

Tachkent est aussi une capitale culturelle.

 

Tachkent dans l’histoire

  

Tachkent est une des plus ancienne ville de l’ex URSS.

A travers les âges, elle porta différents noms: Chatch, Djadj, Chachkent, Tarkhan, Binkent.

Le nom de “Tachkent” est attesté pour la première fois dans les oeuvres d’Abou Raikhan Birouni, au XIéme siècle.

Centre commercial et d’artisanat, la cité s’est développée à la frontière séparant les tribus nomades et sédentaires.

La route des caravanes y passait faisant d’elle la plaque tournante pour les produits de l’Asie Centrale, de l’Extrême-Orient, de la Sibérie, de l’Oural et de l’Europe.

 

Roger Peyrefitte - Alexandre le Grand (Albin Michel) page 129

“ ... Enfin, Alexandre, avec toute sa cavalerie, et Balacre, avec l’infanterie légère, réussirent à les envelopper ou à les mettre en fuite. Les Scythes laissèrent plus de mille morts sur le terrain, parmi lesquels Satrace, un de leur chef, et cent cinquante prisonniers. Alexandre n’écoutant pas sa fatigue ni les conseils d’Ephestion, s’élança à la poursuite de Cartasis, qui galopait vers l’oasis de Tachkent.

“ ... La chaleur était accablante et on n’apercevait ni rivière ni source. A la différence de l’autre, cette rive de l’Iaxarte, au pied des hautes montagnes était désertique.

“ Sans doute les Scythes voulaient-ils décourager les tentatives des envahisseurs en détruisant toute culture.”

 

En 716, Chachkent est conquise par les Arabes.

Du VIIéme au XIIéme siècle, on y importait la soie, les métaux précieux, le cuir, et on exportait le coton, le froment, le riz, le millet, l’astrakan.

Selon des géographes arabes du XIéme siècle la région de Chachkent comporte environ trente villes, des cultures florissantes, une profusion de mosquées; la vigueur et le courage de ses habitants sont dignes d’admiration.

A partir du XVIéme siècle, Tachkent commence à développer des relations commerciales et culturelles avec l’Europe, et en particulier avec la Russie.

Du XVIIéme au XIXéme siècle, l’Émirat de Boukhara et le Khanat de Kokand revendiquent simultanément la ville qui ainsi change plusieurs fois de maître.

Au moment de la colonisation de l’Asie Centrale par l’Empire tsariste, la ville est entourée par un mur de 12 kilomètres de long percé de 12 portes.

Au milieu du XIXéme siècle, Tachkent compte 70.000 habitants et remplit sa mission de centre administratif et culturel du gouvernement tsariste pour le Turkestan.

 

 

Quelques vestiges de cette époque sont toujours debout aujourd’hui, dont le palais des Romanov, construit sur ordre du grand-duc Constantin, exilé à Tachkent par son neveu le tsar Nicolas II. L’édifice est devenu le musée des Joyaux de l’Ouzbékistan.


Tachkent aujourd’hui

 
C’est presque une ville nouvelle puisque, après le tremblement de terre de 1966, il fallu repartir à zéro.

Un effort extraordinaire (et un exemple de solidarité) fit que chacune des républiques de l’URSS a dû mener à bien la reconstruction d’un quartier, en tout ou en partie.

En 10 ans, c’est plus de 9.000.000 m² de surface habitable qui ont ainsi été mis à la disposition de la population.

 

Un défi

Les urbanistes de la ville ont placé le centre de la ville dans la zone sismique la plus dangereuse (9 sur l’échelle de 12), là où il a été décidé de ne pas reconstruire de logement, mais bien le milieu politique, administratif, culturel et commercial. L’épicentre du tremblement de terre du 25 avril 1966 est situé très légèrement au nord de la place Lénine; à l’endroit même où une statue symbolise le défi de l’homme aux forces de la nature.

Les constructions ont adopté, pour l’époque, une technique ultra poussée de l’anti-sismique.

Tachkent est aussi un très grand centre universitaire et scientifique et le siège de l’Académie des Sciences de l’Ouzbékistan; actuellement, la moitié des docteurs d’État de la République sont de nationalité Ouzbek.

Les 19 établissements supérieurs regroupent plus de 100.000 étudiants.

Tachkent est une ville très aérée et élégante.

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                              
                                                                                              E.A.Christiane
                                             
                                                                                           Rédigé le 23.10.1999

                                                                                          Remanié le 21.06.2006

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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@ Encyclopaedia Universalis - France S.A.

@ Encyclopédie Microsoft - Encarta - 1993 - 1998 Microsoft Corporation.

ALBERT Michel Capitalisme contre capitalisme - Ed. Seuil 1991.

CAHEN Claude L’Islam - Des origines au début de l’empire ottoman - Ed. Hachette 1995.

CARRERE d’ENCAUSSE Hélène L’empire éclaté - Ed. Flammarion 1978.

Victorieuse Russie - Ed. Fayard 1992.

CASTELLAN Georges Histoire des Balkans XIVéme - XXéme S. - Ed. Arthème Fayard 1991.

LAROUSSE Petit Larousse en couleur

Dictionnaire encyclopédique Ed. Larousse 1991.

NAGELS Jacques La tiers-mondisation de l’URSS ?

Ed. Université de Bruxelles 1993.

RIBAKOV Anatoli Les enfants de l’Arbat - Ed. Albin Michel 1998.

SOLJENITSYNE Alexandre L’archipel du goulag - Ed. Seuil 1974.

 

 

 

  

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16 septembre 2006 6 16 /09 /septembre /2006 22:13

DES VILLES IMPREGNEES D’HISTOIRE

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BOUKHARA
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( Extrait de la brochure d’informations d’Energytour)

 

 

Située à environ 240 kilomètres à l’Ouest de Samarkand et environ 470 kilomètres de Tachkent, la ville est construite sur le canal “ Chakhroud” .

Ville de la République d’Ouzbékistan. Son nom, en Ouzbek est Boukhoro - 228.000 habitants - Chef-lieu de la région homonyme.

La langue prédominante est le tadjik (c’était celle des nobles avant la révolution).

Les hivers sont froids (-5°C en moyenne en janvier) mais en été (moyenne + 28° C en juillet), la température peut atteindre 45° C durant la journée.

Même si elle ne compte plus les 365 mosquées - soit une par rue- comme avant la révolution, Boukhara a toujours la réputation d’être une “ville musée”: dix siècles d’histoire sont inscrits dans ses monuments qui condensent en quelque sorte toute l’architecture de l’Asie Centrale.

Sur cette ville aux rues grouillantes, à la population accueillante et active, veillent curieusement des couples de cigognes, souvent perchées sur des minarets où elles ont élu domicile. A Boukhara elles sont devenues le symbole de la ville.


Boukhara


Ville d’Ouzbékistan en Asie centrale. 228.000 habitants.Tourisme - Monuments du IXéme et XVIéme siècles dont le mausolée (construit vers 907) d’Ismâ îl le samanide.

 

(Extrait de “Boukhara”, Encyclopédie Microsoft(R) Encarta (R) 99. (c) 1993-1998 Microsoft Corporation. Tous droits réservés).

 

Boukhara, ville d’Ouzbékistan, chef-lieu de la région, située dans la vallée de la Zerachan. Boukhara est située dans une région productrice de gaz naturel, de coton et de soie.

Les activités industrielles sont centrées sur le textile, tapis et habillement, le traitement des fourrures d’astrakan.

Boukhara grande cité d’art islamique, compte de nombreux monuments, certains datant du IXéme siècle. On notera plusieurs mosquées, la citadelle d’Ark (XVIéme siècle), résidence de l’émir jusqu’en 1920 et qui abrite aujourd’hui un musée, le mausolée des Samanides (IXéme-Xéme siècle). La ville compte de nombreuses medersas.

Établie dès le 1er siècle après Jésus-Christ, Boukhara était déjà un important centre commercial et culturel quand elle fut prise au début du VIIIéme siècle par les Arabes.

Ce fut une importante place de l’enseignement islamique sous la domination des Arabes et de la dynastie perse samanide, qui tint la ville au IXéme et Xéme siècle. Investie par Gengis Khan en 1220, Boukhara fut du XVIéme au XXéme siècle la capitale d’un khanat, fondé par les Ouzbeks, qui se plaça sous l’autorité de la Russie en 1866.

Le khanat de Boukhara fut démantelé en 1920 et la ville devint la capitale de la République Populaire Soviétique de Boukhara; de 1924 à 1991, Boukhara fit partie de la République Socialiste Soviétique (RSS) d’Ouzbékistan. Population (1989) : 228.000 habitants.

 

 

Boukhara dans l’histoire

 

Des origines au Grand Siècle des Samanides

La date exacte de la fondation de Boukhara est inconnue. D’après les fouilles, le territoire était habité dès la seconde moitié du IIéme siècle avant Jésus-Christ. Ce n’est qu’au VIIéme siècle de notre ère que l’on trouve attesté le nom actuel qui dériverait du sanskrit Vikhara : « monastère ». A cette époque, Boukhara est déjà un foyer religieux célèbre et un refuge pour persécutés. Peu avant l’arrivée des Arabes, la citadelle ainsi que les remparts furent relevés de leurs ruines, mais cela ne sauva pas la ville, qui fut prise en 709. Une maison sur deux dut être cédée aux conquérants.

En 802, alors que Boukhara est un califat, l’émir Ismaël Samani, soutenu par la noblesse locale, crée un État pratiquement indépendant et en fait sa capitale: ville de palais et de parcs en même temps qu’asile pour des milliers de pauvres. « C’est une immonde décharge où le meilleur cheval doit bientôt se transformer en âne », s’exclame un poète du Xéme siècle.

Longtemps poursuivie par les Arabes, la langue persane renaît, et la poésie, presque exclusivement lyrico panégyrique, connaît un véritable âge d’or, avec surtout Roudaki et Dakiki.

C’est à Boukhara que le savant encyclopédiste Abou Ali Ibn Sina, connu en Occident sous le nom d’Avicenne (980-1037) a commencé ses études. A moins de dix-sept ans, il réussit à guérir l’émir d’une grave maladie; en récompense, il reçut la permission de travailler dans la bibliothèque du palais, unique à l’époque avec celle de Chiraz. Cependant, il fut contraint de fuir Boukhara, et c’est loin de sa patrie qu’il composa son oeuvre dont son fameux « Canon médical » et son «  Livre de la guérison de l’âme ».

Sur la route des grandes invasions

 

En 999, Boukhara tombe aux mains des Turcs Karakhanides qui transfèrent la capitale à Samarkand.

Pourtant, la ville s’enrichit de nouveaux monuments et elle continue à jouer son rôle de centre religieux et culturel.

En 1220, les 12.000 soldats de la garnison résistent 12 jours durant aux 600.000 guerriers de Gengis Khan, mais la ville subit pillage et incendies. Reconstruite, elle est à nouveau détruite en 1316 par les Mongols de Perse; à peine se relève t’elle qu’elle est à nouveau détruite en 1316.

En 1370, elle est conquise par Tamerlan, et Samarkand devenue capitale, elle perd son ancien rôle politique gardant toujours cependant sa primauté religieuse.

 

Capitale de l’Asie centrale  

Vers 1500, des envahisseurs, cette fois venus du nord, les Ouzbeks, conduits par le Khan Cheibani, s’emparent de Boukhara, qui redevient capitale à partir du milieu du XVIéme siècle; le nouvel État reçoit le nom de Khanat de Boukhara. Sous la dynastie des Cheibanides, elle est entièrement reconstruite, et de nouveaux ensembles architecturaux lui donne un éclat et une majesté digne de son rôle de centre politique et culturel de l’Asie Centrale.

La configuration de la ville n’a guère changé depuis. Le rayonnement et la prospérité de Boukhara durent presque deux siècles, jusqu’à l’éclatement du royaume ouzbek en principautés autonomes.


Un nouveau Moyen Age

Avec l’arrivée au pouvoir des Manguites, en 1753 commence la période la plus sombre de l’histoire de Boukhara. C’est le règne de l’obscurantisme, du despotisme et de conservatisme le plus rétrograde. Les révoltes se multiplient, écrasées sans pitié: les émirs Khaïdar (1800-1826) et Nasroulla (1826-1860) organisent des expéditions punitives et tuent tous les habitants des villes ou des villages insoumis.

L’exemple russe

 

En 1868, Boukhara est englobée dans l’empire russe. L’émirat garde sa structure féodale, payant seulement un lourd tribu au tsar, mais sous cet ordre colonial, le développement de la région s’accélère.

Après révolution d’Octobre, Boukhara devient un foyer antibolchevik actif, les Basmatchis, jusqu’à ce que Mikhaïl Frounze, à la tête des forces révolutionnaires, lance «  l’opération de Boukhara » qui aboutit à la proclamation, le 14 septembre 1920, de la République Populaire Soviétique de Boukhara, rattachée à l’Ouzbékistan en 1924.


Boukhara a son tartarin

Nasredine Afandi, héros d’innombrables anecdotes qui illustrent son bon sens jamais en défaut.

Un beau jour, Afandi se rasa la barbe, il en avait assez, ou peut-être voulait-il se rajeunir. Quand il arriva à la mosquée, le mullah le tourna en ridicule, et il le condamna fermement pendant son sermon:

 

- Notre prophète - que son nom soit prononcé avec vénération- portait la barbe, et tous les vrais musulmans prennent exemple sur Lui.

 

Afandi écouta sagement puis il s’écria:

 

- Honorable prédicateur, mon bouc a une barbe bien plus longue que la vôtre. Cela veut-il dire qu’il est un meilleur musulman que vous?

 

On demandait à Afandi:

- Pourquoi parles-tu peu et te contentes-tu d’écouter?

- Voyons, combien ai-je de langues ?

- Une.

- Et combien, d’oreilles ?

- Deux.

- Vous pouvez à présent juger vous-même: il convient à l’homme de parler deux fois moins que d’écouter.

 

Boukhara aujourd’hui

 

Boukhara rayonne dans la région comme un grand centre industriel en constante expansion. A côté de l’économie traditionnelle, représentée surtout par le coton et la soie, l’élevage de mouton karakul (qui fournissent l’astrakan) et l’artisanat (tapis, broderies d’or), Boukhara doit aujourd’hui son importance au gaz naturel : (80% du gaz naturel de l’Ouzbékistan est produit dans la région de Boukhara, principalement à Gazli).

Boukhara n’a pas perdu son rôle de centre culturel: un habitant sur trois poursuit des études: par ailleurs, la bibliothèque publique Ibn Sina possède de nombreux manuscrits orientaux, dont le plus précieux est sans doute celui du « Canon d’Avicenne ».

Elle a aussi gardé son rayonnement religieux: son séminaire islamique est le seul de l’ex URSS et chaque année, 400 candidats tentent d’enlever une des 25 places disponibles.

Malgré les difficultés que pose l’utilisation de la nappe phréatique, très proche de la surface du sol, de nombreux espaces verts ont été aménagés dans la ville; on pourra faire des haltes dans de petits cafés typiques et des tchaikhainas.

 

 

Points forts de notre visite à Boukhara


Le mausolée des Samanides

Il constitue le plus ancien des monuments de Boukhara, une des merveilles de l’architecture de tous les temps. Alors qu’il disparaissait en début de siècle parmi les sépultures d’un cimetière mal entretenu et était au trois quart enfoui sous terre, il se dresse aujourd’hui au milieu du parc de culture et de repos Kirov, délimité au nord et à l’ouest par les restes des remparts de la ville.

Le peuple et la littérature le désignent comme le mausolée d’Ismaël Samani, le fondateur et le plus célèbre représentant de la dynastie qui régna de 892 à 907; mais les travaux des archéologues ont rétabli la vérité: il s’agit en fait d’un tombeau dynastique construit par Ismaël pour son père.

Ce mausolée est une parfaite illustration du vieux thème de l’Islam: «  Les musulmans ne meurent pas, ils passent seulement d’une porte à une autre ».


Le grand marché

Près du mausolée des Samanides se trouve le grand marché de Boukhara, où l’on peut admirer de très beaux tapis et tissus aux couleurs vives, des tioubiteïkas cousues de fils d’or, des bijoux artisanaux etc...; certains jours des amuseurs publics (clowns, jongleurs et acrobates) viennent distraire clients et badauds. C’est l’endroit idéal pour rencontrer une multitude d’autochtones toujours en costume national... les hommes barbus, avec turban bouffant et culottes bouffantes sur des bottes noires...


Le Réghistan

Derrière la mosquée Baliand, une petite rue typique ramène sur les bords de l’Aryk, qui enserre la vieille ville; en suivant son cours, on arrive sur la place du Réghistan. Depuis la plus haute Antiquité, celle-ci a été le centre de Boukhara. C’est là qu’avaient lieu les châtiments (dont le supplice des 72 coups de bâton) et les exécutions publiques; elle est encore aujourd’hui dominée par ce qui fut le noyau de la ville : la Citadelle, résidence de l’émir jusqu’en 1920.


L’ensemble Poï-Kalian (Pied du Grand)

Situé autour du minaret Kalian (ou Grand Minaret), la grande « verticale » de Boukhara. Au XIIéme siècle, le Khan Arslan ordonna d’édifier à cet endroit une nouvelle mosquée et un minaret. Un historien de l’époque dit de ce dernier : « Il avait été construit avec tant d’art et il était si beau qu’il n’avait pas son pareil au monde ». Cependant, alors que les travaux venaient à leur fin, le minaret s’écroula sur la mosquée, la détruisant presque aux deux tiers! Arslan fit reconstruire le minaret (achevé en 1127), et l’on croit aisément notre auteur lorsqu’il précise « qu’on essaya de la construire le plus solide possible ».

Construit uniquement en briques cuites, il s’élève à 46 mètres (un dernier élément supérieur semble manquer), et ses fondations s’enfoncent à plus de 10 mètres sous terre.

Symbole de Boukhara, le minaret Kalyan en incarnait aussi toute la cruauté: jusqu’en 1884, on précipitait du haut de son toit les criminels et les épouses infidèles (d’où son nom: tour de la mort).


Le Liabi-Khaouz

C’est un des ensembles architecturaux les plus originaux de Boukhara. L’élément le plus ancien est la Medersa Koulkeltach (1568-1569).

Pour ne citer que les plus éloquents et fameux, hors des murs, le mausolée de Seïeddine Bokharzi, le plus grand des deux fut élevé sur la tombe de ce mystique oriental quelques temps après sa mort, en 1261.

A 4 kilomètres de la ville, l’ensemble du Sitoraï-Mokhi-Khossa fut la résidence secondaire des derniers émirs de Boukhara.

 

Boukhara compte un très grand nombre d’édifices anciens et autres sites en état de ruines qui ne manquent pas d’intérêt.

 

 

SAMARKAND

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(Extrait de la brochure d’informations d’Energytour)

 

 

Située à 290 kilomètres au Sud-Ouest de Tachkent; mais à 340 kilomètres par la route qui peuvent être parcourus en quatre heures de trajet à travers la « steppe de la Faim ».

Deuxième ville de la République d’Ouzbékistan; chef lieu de la région homonyme.

Climat assez froid l’hiver, été très chaud et ensoleillés: température moyenne : -4,5 °C en janvier, +35°C en juillet (pouvant atteindre 50° C dans les moments de canicule, avec des soirées par contraste assez fraîches.


Samarkand ou Samarkande

 

Ville de l’Ouzbékistan en Asie centrale - 371.000 habitants.

Agroalimentaire - Tourisme.

Monuments du XIVéme - XVIIéme Siècle dont le mausolée à coupole de la nécropole de Châh-E Zendem et celui de Timûr Lang, le Gur-E Mir.

Timûr Lang en fit, à la fin du XIVéme Siècle, sa capitale.

Elle fut conquise par les Russes en 1868.

 

(Extrait de “Samarkand”, Encyclopédie Microsoft(R) Encarta(R) 99.(c) 1993-1998 Microsoft Corporation. Tous droits réservés).

 

 

Samarkand, ville d’Ouzbékistan central, chef-lieu de région, dans la vallée de Zeravchan.

La ville produit du thé, du vin, du textile, des engrais et des pièces de véhicules à moteur.

La vieille ville recèle quelques joyaux de l’art islamique: mosquée de Bibi Khanum, mausolée du conquérant mongol Tamerlan (XVéme siècle).

Appelée autrefois Maracanda, Samarkand fut la capitale de l’ancienne province perse de Sogdiane.

Elle fut conquise par Alexandre le Grand en 329 avant Jésus-Christ, puis par les Arabes en 712; elle devint alors un centre de la culture islamique.

En 1220, Samarkand fut presque entièrement détruite par Gengis Khan, mais elle retrouva toute sa splendeur sous Tamerlan qui, en 1369, en fit la capitale de son empire.

Les Ouzbek s’en emparèrent en 1500. Elle passa ensuite sous le contrôle de l’émirat de Boukhara (1784), puis sous celui des Russes.

De 1924 à 1930, Samarkand fut la capitale de la République Socialiste Soviétique des Ouzbek (RSSO).

 

Population (estimations 1991): 370.000 habitants.

 

Samarkand est l’une de plus vieilles cités du monde: elle a fêté ses 2.500 ans en 1970. Ancienne étape de la « Route de la soie », ville phare de l’orient à l’époque ou Tamerlan en était le maître, autour de son nom s’étendent encore les raies du mystère et du rêve.

 

Elle n’est plus « le visage de la terre », ni même « la précieuse perle du monde islamique », et pourtant, à la vue de ses monuments, ses médersas, ses minarets, ses mosquées (tout cela aujourd’hui restauré), il semble que se révèlent à la fois les monuments d’une civilisation prestigieuse et l’expression d’un art arrivé à ses sommets.

 

Roger Peyrefitte - Alexandre le Grand - Éditions Albin Michel - Pages 119 à 121

 

«  Alexandre se prodiguait lorsqu’une flèche l’atteignit au mollet de la jambe droite et la pointe y resta fixée. Il lui était impossible de marcher et de se tenir à cheval. On le porta au camps sur un brancard. »...

 

«  Le lendemain, les Sogdiens lui envoyèrent des députés. Il ne pouvait encore se tenir debout; mais la plaie était détergée et à demi cicatrisée. Sans doute, les Sogdiens avaient-ils voulu constater son état. »...

 

«  On arriva à Samarkand quatre jours après. La ville n’avait que des murailles en pisé et se rendit sans difficultés. La citadelle, dont on voyait encore les ruines, avait été brûlée par ordre de Darius, qui voulait punir les Sogdiens d’une révolte, sans se douter qu’il faciliterait ainsi la prise de cette ville par Alexandre. C’est depuis Darius le Grand qu’elle était le siège de la seizième satrapie. Il y avait une résidence royale, où Alexandre s’installa.(Le chef de la cavalerie des Sogdiens,   Spitamène mena durant plusieurs années une guerre de guérilla qui maintint les troupes d’Alexandre en haleine durant plusieurs années). »

«  Rien de plus agréable que cette plaine de Samarkand. Elle passait pour l’un des paradis perses et elle était le plus éloigné de tous. Le ciel avait une pureté extraordinaire; la douceur du climat rendait la canicule tolérable, grâce à la fraîcheur qu’entretenaient les montagnes du nord. Les canaux d’irrigation en   faisait un vaste verger et y permettait la culture et l’élevage. Les vers à soie, le riz,   le coton y étaient acclimatés. Samarkand était également un nœud de   communications pour les caravanes qui allaient du nord au sud, de l’est à l’ouest. »

 

 

Samarkand dans l’histoire


Une région convoitée et une capitale menacée

En fait, nous ne savons rien de la naissance de Samarkand. L’origine même du mot (transformé en Marakanda par les auteurs anciens) a donné lieu à multiples suppositions: pour les uns, il venait du nom de son fondateur, un certain Samar, mythique roi des Turcs( la dernière syllabe étant une déformation de “Kent” bourg), pour d’autres, il renverrait au sanskrit “samarya” : réunion, assemblée ( comme Stanleyville, anciennement Kisangani du verbe Kosangana, réunir ou se réunir. L’ancien nom a été repris dans le cadre de la politique du retour à l’authenticité).

La tradition populaire, elle, attribue la fondation de la ville à Afrassiab, souverain légendaire des Sakas, qui donna son nom à la ville (bien qu’il soit possible que celui-ci soit une altération du tadjik abar-siyab, au dessus de Siyab, c’est à dire  du bras de Zeravchan, fleuve qui longe la vieille ville au nord).

Les Sakas appartiendront pendant deux siècles (VIéme - IVéme siècle avant Jésus-Christ) à l’empire des Achéménides, mais tout en continuant à défendre avec acharnement leur liberté et leur indépendance.

L’histoire du célèbre berger Chirak témoigne de leur héroïsme: Lorsque Darius, l’empereur perse, envahit son pays, il se mutile le visage et se présente à lui couvert de sang. Il déclare que ses compatriotes lui ont fait subir ce traitement barbare et qu’il brûle de se venger. On lui propose de conduire alors l’armée de Darius par des chemins connus de lui seul, afin de surprendre l’ennemi. Chirak égare les Perses dans un désert aride, payant ainsi son audace de sa vie.

La première mention écrite de Samarkand se rapporte à l’an 329 avant Jésus-Christ, lorsque, capitale de Sogdiane, elle subit l’assaut d’Iskander à Deux Cornes (c’est le nom que l’on donnait à Alexandre le Grand en Asie Centrale). L’historien romain Quinte-Curce précise qu’elle possède alors une citadelle protégée par un mur d’enceinte extérieur d’une longueur de 70 stades (près de 13 kilomètres). Les habitants de Samarkand résistent pendant trois années, même après la mort de leur chef, Spitamène, mais en vain.


La résurrection de Samarkand

Les Séleucides, dont Samarkand dépend à partir de la fin du IVéme siècle avant Jésus-Christ en font un centre de colonisation en même temps qu’une base pour renforcer leur frontière nord; les remparts sont entièrement reconstruits.

Après la chute de la domination grecque, la ville bénéficie au premier chef de l’ouverture des communications vers la Chine. sa position géographique privilégiée, au carrefour des routes d’Asie, permet à ses caravaniers d’être partout présents sur “la route de la soie”, où ils diffusent non seulement leur langue (le sogdien, une forme d’iranien), mais aussi leur art musical et leur science de la viticulture.

On les rencontre en Chine, en Inde, en Iran, dans les steppes du nord et même à Byzance (aujourd’hui Istanbul) où ils créent une ambassade en 567.Satisfait de cette domination commerciale, les Sogdiens ne cherchent pas à se lancer dans des aventures impériales ni même à s’unifier politiquement; bien au contraire, leurs principautés acceptent la tutelle des Khans turcs de haute Asie, puis celle (toute théorique) des Chinois au VIIéme siècle.

Un dignitaire de ce pays, qui visite Samarkand vers 630, indique que la ville à 20 li de périmètre (près de 10 kilomètres), c’est à dure qu’elle a presque retrouvé les mêmes dimensions que la Marakanda d’Alexandre. “ En vérité, ses palais sont comme les étoiles dans les cieux, sa rivière un miroir pour l’espace, et son rempart un soleil pour les horizons!” s’exclame un des participants de l’expédition de Kouteiba.


Assaut de sauvagerie
  

En 712, les 20.000 hommes de l’avant garde arabe attaquent Samarkand qui résiste un mois avant d’être mise à feu et à sang.

Dès l’année suivante, ses habitants se soulèvent, mais leur mouvement est cruellement réprimé. Les conquérants chassent toute la population et repeuplent la ville avec des colons arabes.

Tout au long du VIIIéme siècle éclatent d’incessantes révoltes, mais c’est pourtant de lui-même que périt le califat.

Avec la période samanide (IXéme-Xéme siècle) commence un épanouissement sans précédent pour Samarkand, qui s’agrandit de nombreux faubourgs et dont le centre de gravité commence à se déplacer vers le sud.

A quelques rares exceptions, il n’est pas une rue ni une maison sans eau courante et sans jardin... c’est extraordinaire à cette époque.

“Samarkand est la ville des gens raffinés, et les meilleurs d’entre eux y ont reçu leur éducation”, note un contemporain.

Mais au printemps 1220, les hordes de Gengis Khan assiègent la ville qu’elles mettent à sac. selon une source chinoise, il ne reste plus qu’une centaine de milliers d’habitants (sur les 400.000 que la ville comptait au départ). 30.000 artisans, artistes sont réduits en esclavage et passent sous le joug de la noblesse mongole.

Les autres désertent l’ancienne cité avant de reconstruire finalement la ville sur les cendres des faubourgs, à l’endroit où elle s’élève aujourd’hui.

Capitale de Tamerlan, puis capitale de la science

Au XIVéme siècle cependant, lorsque s’affaiblit le pouvoir des khans mongols au profit des féodaux locaux, Samarkand renaît pour atteindre son apogée sous Tamerlan (Timour leng: le boiteux de fer). celui-ci la choisit pour capitale dès le début de son règne, en 1370.

L’année suivante, il relève l’enceinte de la ville et fait bâtir une nouvelle citadelle(dont les portes est donnent sur le Réghistan). Grâce au talent de milliers d’artistes, amenés de force à l’issue de chaque campagne (Azerbaïdjan, de Syrie, du Khorzem, de l’Inde), chaque campagne brille bientôt d’un éclat digne de l’empire démesuré qui s’étend bientôt de la Volga au Gange et du Tian-Cham au Bosphore.

 

En février 1405, Tamerlan meurt (à 69 ans) en plein préparatifs de la campagne qu’il projette cette fois contre la CHINE.

Après cinq ans de lutte de succession, son fils cadet, Chakrout, hérite de l’empire: il choisit Hérat pour résidence, laissant Samarkand à son propre fils aîné, Oulougbek (1394-1449).

Celui-ci n’est pas seulement un monarque éclairé qui, fidèle à l’œuvre de son grand-père (Tamerlan), continue d’embellir la ville, mais s’est aussi un véritable savant.

Sous son règne, Samarkand devient l’un des centres mondiaux de la science médiévale: Oulougbek s’entoure en effet de gens cultivés aux idées éclairées, qui croient au pouvoir de la raison et de la science: ce qui n’est pas pour plaire au tout puissant clergé musulman, qui le fait assassiner avec l’accord tacite de son propre fils et successeur, Abd-Al-Latif.

L’histoire de Samarkand reste indissociable du nom d’Oulougbek; mais son rayonnement est également lié à l’œuvre de nombreux poètes tels Alisher Navoï, qui séjourna dans la ville de 1465 à 1469, Fourkat, musicien et savant, ou encore à des hommes d’État (Ahmed Donich).


Dernier sursaut et derniers conquérants
  

En 1499, le Khan Ouzbek Cheibani s’empare de Samarkand, qui perd au milieu du XVIéme siècle son titre de capitale.

 

Sous le règne de l’émir Iakangtouch-Bakkhadour qui, dans la première moitié du XVIIéme siècle gouverne de façon presque indépendante, profitant de la faiblesse du pouvoir central de Boukhara, la cité retrouve un peu de son éclat d’antan.

Mais avec les guerres intestines, la désagrégation de l’émirat de Boukhara, les razzias des nomades, il ne subsiste plus rien de sa réelle splendeur d’antan. Aux dires d’un témoin de l’époque

“ Il ne restait plus ni homme ni femme, rien qu’un derviche errant. Les mosquées bénites, les saintes medersas tombaient en ruine”.

 

Ce n’est qu’en 1784, sous l’autorité de Boukhara, que Samarkand connaît une nouvelle renaissance qui nécessite le transfert de nombreux habitants de cités voisines.

En 1868, elle est occupée par les troupes russes du tsar.

Trois ans plus tard se constitue la partie russe de la cité, au plan radial concentrique, séparée de la vieille ville par un large boulevard, appelé boulevard Gorki.

Le rôle de Samarkand s’accroît encore après l’achèvement du Transcaspien, en 1896.


Une dernière fois capitale

Grâce à l’effort industriel que permet le nouveau chemin de fer, les bolcheviks s’implantent à Samarkand mieux que partout ailleurs au Turkestan; le pouvoir soviétique y est proclamé le 27 novembre 1917. Le 11 février 1925, sur le Réghistan, se tient un grand rassemblement accueillant avec joie la promotion de Samarkand au rang de capitale de la République Socialiste Soviétique d’ Ouzbétie, titre qu’elle conserve jusqu’en 1930.

Toutes ces années durant, la célèbre place s’embrase régulièrement aux flammes des bûchers où les femmes ouzbèk et tadjik jettent parandjas et tchatchavan; le 8 mars 1927, plus de 13.000 femmes abandonnent ainsi leur voiles séculaires. C’est leur émancipation moderne qu’elles imposent.

 

Samarkand aujourd’hui

  

Nous laisserons de côté l’extraordinaire essor industriel qui s’est développé au cours de la Seconde Guerre Mondiale - et qui se poursuit toujours - pour mettre la production à l’abri des combats et des convoitises allemandes. nous en avons déjà parlé dans l’exposé sur l’Ouzbékistan.

 

N’oublions pas de citer que son institut d’élevage des moutons astrakans est mondialement connu.

Les projets d’aménagement de la ville visent à réorganiser les zones touristiques (autour du Gour-Emir, ou rue Tashkentskaïa) en évitant de défigurer le tissu urbain. Un concours international d’idées a d’ailleurs été lancé en 1990 auprès des architectes pour la rénovation de ce qui est considéré comme une des plus grandes réussites citadines du monde, un haut lieu de l’art islamique.

Pour l’heure, de nombreux tchaikands (salons de thé) permettent des haltes bienvenues au cours d’une visite qui offre l’occasion d’un dépaysement sans pareil.

 

TAMERLAN : Culture et barbarie

  

Il a laissé un traité de politique, raconté ses mémoires; curieux et sagace, il était reconnu comme un homme de vaste culture et fit de Samarkand l’une des plus belle ville du monde.

Ses multiples talents, il les délivra dans sa frénésie de conquêtes. Il fut un homme de guerre, et ses surnoms “d’homme de fer”, de”Fléau de Dieu”, disent bien le fanatisme qui l’animait.

Tatar, né à Kesh au sud de Samarkand, Tamerlan ou Timour-Leng (1336-1405) fut un digne héritier des chefs de la Horde d’Or, faisant se rassembler autour de lui toutes les confréries musulmanes.

Il revendiquait son ascendance mongole, se disant descendant de Gengis Khan, et , par ses pratiques aussi sanglantes, s’imposa par la terreur, envahissant la Sibérie méridionale, l’Asie Mineure, le Moyen-Orient. Il laissa sur son passage des millions de morts, sacrifiés à ses ambitions. On reste frappé par des images terribles qui hantent nos livres d’histoire: ainsi cette pyramide de cent mille têtes humaines qu’il fit élever à Bagdad.

Cet homme, au visage de type mongol, aux traits saillants accusés par une longue barbe, était de petite taille, râblé, et boitait de la jambe gauche; il n’en possédait pas moins un ascendant considérable sur ses troupes.

Malgré la violence de ses faits d’arme, où semble pointer une cruauté aveugle, Tamerlan se sentait animé d’une mission mystique, désirant unir l’ensemble du continent asiatique.

Il trouvera la mort à Otrar, sur le Syr-Daria, le 19 janvier 1405, dans une expédition contre les Chinois.

 

“Si vous doutez de notre puissance, regardez nos monuments” disait Timur, qui jamais ne perdit de bataille, sinon celle que lui livra la mort, un soir de janvier 1405.

 

Il repose à Samarkand sous un austère bloc de jade noir.

Le 22 juin 1941, à 4 heures du matin, des chercheurs soviétiques exhumèrent le corps, curieux de vérifier si ce “bandit de grand chemins” était boiteux, comme le voulait son surnom persan, Timur Lang, dont l’Europe a fait Tamerlan.

On trouva, dit la légende un message sous le catafalque: “Qui ouvrira ce tombeau déclenchera la grande guerre”. Au même moment, les armées nazies attaquaient l’URSS. C’était le début de l’opération Barbarossa.

  

Les points forts de notre visite à Samarkand


Le Gour-Emir

Le plus célèbre monument de Samarkand est, en même temps, symbole de la ville; il s’agit sans conteste du Gour-Emir, déformation de “Gour-Mir” ou “Tombeau de l’Émir”, c‘est à dire de Tamerlan.

La création de cet ensemble n‘était cependant pas destinée au terrible empereur, mais à Moukhammed-Sultan, son petit fils, qui mourut en 1403 lors d‘une campagne en Iran; son corps fut ramené à Samarkand et provisoirement déposé dans la khanaka.

 

C’est alors que Tamerlan ordonna d’élever un mausolée, derrière l’aïvan sud; la construction achevée en été 1404, ne satisfaisant pas Tamerlan - en raison de la hauteur du monument- il en commanda une nouvelle.

Le transfert de la dépouille fut à nouveau retardé par la mort de Tamerlan lui-même, dont le corps rejoignit celui de son petit-fils dans la khanaka, jusqu’à ce que s’achève la lutte de succession; la cérémonie eut finalement lieu en 1409, et à cette occasion, les restes du célèbre cheik Mir-Sayide-Bereke, précepteur de Tamerlan furent inhumés aux pieds de son élève et maître comme celui-ci l’avait voulu.

C’est sous Oulougbek que le Gour-Emir se transforma en tombeau dynastique des Timourides.

A la mort prématurée d’Oulougbek, ces immenses efforts de modernité et de science connurent une fin dérisoire; le tombeau du défunt fut placé au pied de celui de Tamerlan.

En 1941, une commission spéciale procéda à l’ouverture des tombeaux de Tamerlan, Moukhammed-Sultan, Miran-Chakh, Chakhroukh et Oulougbek.

L’examen des ossements confirma, entre autre que le premier boitait et avait un bras atrophié, et que le dernier mourut décapité.

Après une étude minutieuse, le célèbre anthropologue M.Guerassimov reconstitua les portraits sculptés de chacun.

 

Le Reghistan

L’ensemble du Réghistan se dresse sur une éminence d’où l’on découvre un panorama sur le centre de la ville.

Le Réghistan (littéralement: la place de sable) était en quelque sorte le forum de la cité après l’invasion mongole. Il semble que l’endroit ne reçut ce nom qu’au XIVéme siècle, après que l’aryk qui le traversait du sud-est au nord-est y eut déposé beaucoup de sable.

Sous Tamerlan, le Réghistan servait de place du marché, d’où rayonnait les six artères principales de la ville.

Cependant, sous Oulougbek, il devint la grand place officielle où s’alternèrent revues militaires, proclamations officielles et exécutions publiques.

D’importants travaux le transforma alors peu à peu en un magnifique ensemble architectural que vous découvrez aujourd’hui dans toute sa splendeur.


La Medersa d’Oulougbek

La plus grande université d’Asie Centrale.

En plus des disciplines religieuses, on y enseignait plusieurs sciences: les cours d’astronomie, par exemple, étaient assurés par celui qu’on appelait le “Platon de son époque” Kazy-Zade Roumi, et quelquefois par Oulougbek lui-même.


Les ruines de mosquée Bibi-Khanyum

Les ruines de la mosquée de Bibi-Khanyum témoignent encore de la puissance et de la somptuosité de l’édifice.

C’est Tamerlan lui-même qui entreprit la construction pour commémorer sa campagne victorieuse en Inde “ le quatrième jour du mois béni de Ramadan 801 de l’hégire, c’est à dire le 10 mai 1399, Tamerlan choisi, pour cette construction le meilleur endroit de la capitale. D’illustres artistes et architectes établirent le plan de ce majestueux édifice et en jetèrent les bases à l‘heure la plus heureuse” rapportent les chroniques.

Pour conquérir l’Égypte et la Turquie, il avait confié la surveillance des travaux à deux grands dignitaires.

Cependant, la doyenne des femmes de Tamerlan, fit élever une Medersa qui devait inclure un mausolée pour sa propre dépouille.

Revenu à l’automne 1404, Tamerlan s’aperçut que la splendeur de medersa l’emportait sur celle de sa mosquée: il fit pendre les deux hauts dignitaires, puis ordonna de reconstruire le portail et, bien que malade, il venait lui-même chaque jour aiguillonner les travailleurs en leur offrant vivres et argent.

La mosquée Bibi-Khanym était la plus grande d’Asie Centrale. Quant à la coupole extérieure, d’un turquoise intense, elle “... n’aurait rien de pareil au monde si l’azur du ciel n’en était l’exacte copie”, si l’on en croit un historien admiratif.


L’observatoire

Au sommet d’une colline qui le domine, une statue d’Oulougbek (6 m de haut) et un édifice octogonal qui abrite un petit musée mémorial inauguré en 1964 signale l’emplacement où fut construit, en 1428-1429, l’observatoire d’ Ouliygbek, en son temps, unique au monde. Oulougbek lui-même, qualifié de “plus grand savant de toute l’histoire de l’astronomie” y dirigeait les travaux d’une équipe formée de spécialistes du moment, qui aboutirent à la rédaction des “Nouveaux Catalogues Astronomiques”.

Bien que l’époque ignora la longue-vue et le télescope, les observations étaient d’une précision exceptionnelle. Oulougbek détermina notamment la durée de l’année stellaire à 365 jours, 6 heures, 10 minutes et 8 secondes alors que la science moderne a prouvé qu’elle est de 365 jours, 6 heures, 9 minutes et 9,6 secondes.


Chakhrissabz

A 60 kilomètres de Samarkand - A 658 mètres d’altitude.

Le parcours passe par les Gorges d’Aman-Koutan. La “Ville verte” l’ancienne Kech, commande la partie orientale de la vallée du Kachka-Daria.

Elle était le siège du clan turc des Barlas, et Tamerlan y naquit en 1336. Il y fit élever entre 1379 et 1396, l’Ak-Saraï, le “palais blanc”, qu’admira l’ambassadeur castillan Clavijo et qui, bien que mutilé, demeure aujourd’hui le monument le plus impressionnant de l’architecture laïque de l’Asie Centrale médiévale.

 

                                                                                                   E.A.Christiane

                                                                                

                                                               Rédigé le 22.10.1999
                                                                Remanié le 20.06.2006




BIBLIOGRAPHIE

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@ Encyclopaedia Universalis - France S.A.

@ Encyclopédie Microsoft - Encarta - 1993 - 1998 Microsoft Corporation.

ALBERT Michel Capitalisme contre capitalisme - Ed. Seuil 1991.

CAHEN Claude L’Islam - Des origines au début de l’empire ottoman - Ed. Hachette 1995.

CARRERE d’ENCAUSSE Hélène L’empire éclaté - Ed. Flammarion 1978.

Victorieuse Russie - Ed. Fayard 1992.

CASTELLAN Georges Histoire des Balkans XIVéme - XXéme S. - Ed. Arthème Fayard 1991.

LAROUSSE Petit Larousse en couleur

Dictionnaire encyclopédique Ed. Larousse 1991.

NAGELS Jacques La tiers-mondisation de l’URSS ?

Ed. Université de Bruxelles 1993.

RIBAKOV Anatoli Les enfants de l’Arbat - Ed. Albin Michel 1998.

SOLJENITSYNE Alexandre L’archipel du goulag - Ed. Seuil 1974.

 

Encyclopaedia Universalis - France S.A.

 

 

 

 

 

 

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13 septembre 2006 3 13 /09 /septembre /2006 20:16

V o y a g e   e n   E G Y P T E

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AVRIL 2006 

 

Le Nil aujourd’hui

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Pays empreint d’histoire, l’Égypte attire annuellement plusieurs millions de touristes admiratifs des vestiges de richesses laissés par l’antiquité.

Il ne faudrait cependant pas oublier que 72 millions d’habitants continuent à vivre de la générosité de la terre et de ses souvenirs.

Nous ne pouvons visiter ce magnifique pays en ayant d’yeux que pour le passé, nous ne pouvons faire l’impasse sur les gens que nous côtoyons, qui nous guident, qui nous servent, qui nous acceptent dans leur entourage avec beaucoup de gentillesse, avec le sourire, fiers de montrer ce qu’ils ont été et plus réservés pour montrer ce qu’ils sont.

Leurs problèmes domestiques sont identiques aux nôtres, ils doivent se vêtir, se loger, boire et manger, se trouver une compagne ou un compagnon et élever leurs enfants.

Les différences entre eux et nous sont minimes au vu des ressemblances.

Le présent texte n’a certainement pas pour but de faire une étude ethnologique ou sociologique, j’en serais d’ailleurs absolument bien incapable, à chacun sa spécialité.

Cependant, je voudrais faire entrevoir, très, très superficiellement seulement, deux points de divergence entre les Égyptiens et les Belges moyens que nous sommes: la langue et la religion.

Le langage et les croyances font partie de la culture de chaque groupement humain, c’est, en ce qui concerne la langue ce qui nous distingue en premier lieu de nos contemporains.

 

Les Égyptiens parlent l’arabe, qui est une langue dite Chamito-sémitique, gutturale, à première écoute incompréhensible pour nous, une série de sons qui heurtent nos oreilles et désespèrent nos espoirs de compréhension.

Il s’agit cependant d’une langue riche ou plutôt de langues riches dans lesquelles les sciences et la poésie ont pu s’épanouir et développer leurs éclats, leurs variétés.

 

 

            De temps à autre un homme se dresse en ce monde

            Étale sa fortune et proclame : C’est moi !

            La gloire vit l’espace d’un rêve fêlé;

            Déjà la mort se dresse et proclame : C’est moi !

                                                           Omar Khayyâm

 

 

 

Plus d’un milliard d’individus sur notre planète parle une langue, un dialecte se rattachant à la langue arabe.

Chaque contrée a modulé son vocabulaire, sa grammaire et son accent, ce qui fait la richesse, la diversité, mais aussi la faiblesse de la langue arabe.

Il existe donc une langue arabe littéraire susceptible d’être comprise partout, si pas par tous, mais en tous cas par une tranche de la population, un moyen d’expression voisin mais plus ou moins divergent des dialectes locaux.

Un peu comme en Belgique où les dialectes wallons existent dans la région francophone du pays et les dialectes flamands qui existent en Flandres parallèlement au Néerlandais.

 

 

Classification des langues Chamito - Sémitiques

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L’Égyptien : jusqu’au III éme siècle après Jésus Christ.         

        Le Copte : la langue copte, toujours parlée est issue de l’Égyptien.

Le libyco berbère : Au Maroc, en Algérie, en Mauritanie et chez les Touareg.

Le Couchique : Dans la corne de l’Afrique, en Somalie, en Érythrée,au Soudan et dans le Sud de l’Égypte.

 

Le sémitique :


Oriental -

          Akkadien : jusque 4.000 ans avant Jésus-Christ.

                    Babylonien : issu du Babylonien et disparu.

                    Assyrien : issu du Babylonien et disparu. Occidental

                                    du Nord -

          Cananéen - Ougarit

          Phénicien : disparue.

          Punique : disparue.

          Hébreu ancien : jusqu’au II éme siècle avant Jésus-Christ.

          Araméen


Occidental du Sud -

           Sudarabique

            Langues éthiopiennes - Amharique , Tigré etc..

            Arabe moderne : divers dialectes

                     Dialectes arabiques : Péninsule Arabique.

                     Dialectes mésopotamiens : Irak - Anatolie.

                     Dialectes syro-libanais : Syrie - Palestine - Jordanie -

                                                         Liban.

                     Dialectes égyptiens

                     Dialectes soudanais et tchadiens

                     Dialectes Libyens

                     Dialectes magrébins : Tunisie - Algérie - Maroc.

                     Dialectes Hassaniya : Mauritanie.

                     Le maltais


 
Quelques notes sur les verbes dans la langue arabe

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- Seules trois voyelles sont utilisées en arabe : a,u et i - â,û et î.

- Les verbes sont structurés sur une racine généralement de trois consonnes.

S Q T      Tomber                           N Q T     S’égoutter

L Q T      Ramasser sur le sol          S Q M    Tomber  malade

F Q D      Perdre                             M Q D    Abhorrer

N Z L      Descendre                        D R S     Étudier

R Q S      Danser                            ‘ Ch Q     Aimer

B T R      Couper                            K S R      Casser

B L L       Mouiller                            S K N     Habiter

R Q T      Se coucher                      ‘ Q D       Nouer

S R D      Raconter                          D L S      Contrefaire

Q T L     Tuer                                 K T B      Ecrire


Schèmes


1.- Lieu où se déroule l’action

m a - - a -

exemples:

m a D R a S      Lieu où l’on enseigne (école)

m a K T a B      Lieu où l’on écrit (bureau)

m a S K a N      Lieu où l’on habite

m a R Q a S      Lieu où l’on danse


2.- Participe passé français

m a - - û -

exemples:

m a K T û B      Écrit

m a ‘ Ch û Q     (Bien) aimé

m a Q T û L      Tué

m a S K û N      Habité

m a K T û R      Coupé

m a B L û L       Mouillé


3.- Agent de l’action

- â - i -

exemples:

K â T i B      Écrivain

M â D i R     Enseignant (?) ou élève (?)

Q â T i L     Tueur

S â K i N      Habitant

R â Q i S     Danseur


L’Islam

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                    Le paradis et l’enfer sont en toi.

                                                           Omar Khayyâm


                    Quel homme n’a jamais transgressé Ta loi dis ?

                    Une vie sans péché, quelle goût a-t-elle dis ?

                    Si tu punis le mal que j’ai fait par le mal

                    Quelle est la différence entre Toi et moi ?

                                                            Omar Khayyâm

 

 

L’Islam, qui veut dire “ Soumission” est la dernière et la plus jeune des religions issues de la tradition abrahamique, monothéiste, les religions du livre après le Judaïsme et le Christianisme.

Né à La Mecque probablement en août 570, Mohammad eut sa première révélation à partir de l’âge de quarante ans.

Bientôt reconnu comme Saint Prophète, son enseignement attire de plus en plus de fidèles, le mouvement est né et par son dynamisme va se répandre a partir de 622 , date de l’Egire, du départ de La Mecque, en Arabie d’abord puis le long des côtes de la Méditerranée, en Espagne, jusqu’en France vers l’Ouest.

Vers l’Est, en Asie jusqu’en Indonésie qui est actuellement peuplée de 180 millions de musulmans.

L’enseignement, le livre de référence est “ Le Saint Coran “, issu des révélations, qui est un livre de vie codifiant non seulement les relations entre les hommes et le divin, mais aussi les relations sociales entre les humains.

Tout ou presque y est règlementé dans 114 chapitres appelés “Surates”.

Cet enseignement nous semble assez confus, parfois répétitif pour nous qui ne sommes pas imprégné de la culture musulmane, il reprend les éléments d’un code de vie adapté aux coutumes, à l’environnement du VII éme siècle dans un milieu de pasteurs, d’éleveurs nomades en péninsule arabique.

Exporté au loin, dans d’autres milieux, sous d’autres climats, dans d’autres conditions économiques, treize siècles plus tard, il peut paraître peu adapté aux conditions nouvelles et a fait, surtout depuis le IX éme siècle l’objet de nombreuses tentatives d’ajustements.

Toutes modifications, toutes réformes (ijtihad) se heurtent aux traditions, au fondamentalisme qui n’est d’ailleurs pas spécifique à la religion musulmane.

Treize siècles après la crucifixion de Jésus-Christ il était plutôt téméraire d’oser s’opposer à la toute puissance des dogmes de l’église catholique.

Ceux que cela intéresse, peuvent se référer au livre de Malek Chebel “ l’Islam et la raison” aux Éditions Perrin - 2005.

Contrairement à l’Église Catholique Romaine, la religion musulmane n’est pas monolithique, il n’y a pas de papes, ni de cardinaux, ni d’évêques ou quelque chose de semblable, il y a des saints hommes, bien sûr, des imams qui sont chargé d’expliquer, de prêcher, de commenter, de répandre, d’enseigner le Saint Coran dans les mosquées ou les écoles coraniques appelées Médersa (D R S = enseigner).

 


De nombreuses tendances existent au sein de la religion musulmane et ce, depuis la mort du Prophète.

Certains voyaient lui succéder ses collaborateurs les plus proches, ses apôtres, Abû Bakr, puis Umar, puis Utman, ce sont les sunnites qui se divisent encore actuellement en quatre rites, les Hanbalites (Wahhabisme - Arabie Saoudite), les Malekites (Magreb - Afrique de l’Ouest), les Cha’afites ( Égypte - Indonésie - Malaisie - Asie du Sud-est) et les Hannefites (non arabophones - Iran - Turquie - Chine - Afghanistan).

D’autres préféraient les liens du sang et voir en Ali,son successeur par sa fille Fatma.

Tout cela encore influencé par les divers chefs temporels de communautés qui s’appuyaient sur l’Islam pour asseoir leur autorité et influencer les rites.

Actuellement il n’y a plus de chefs d’état arabes qui soient religieux sauf le Roi du Maroc Mohamed VI qui est “Défenseur des croyants” mais il ne semble guère tirer autorité de ce titre.

 

 

 


L’islam s’appuie sur cinq piliers:

(Phonétiquement)

 

- Chahada : Profession de foi . “ Il n’y a de dieu que Dieu et Muhammad est son prophète” .

C’est le Credo catholique, le Shema Israël des judaïstes.

- Salat : Les cinq prières journalières. Rappelées par le Muezzin du haut des  minarets.

- Zakat : L’aumône . Huit à dix pour cent, suivant les communautés, des revenus doivent être redistribués.

- Sawm : Le jeûne durant le mois (lunaire) du Ramadan.

- Hadjd : Le pèlerinage à La Mecque, une fois dans sa vie, pour ceux qui en ont les moyens donc non obligatoire.

 

 

 


La calendrier est lunaire, un calendrier d’éleveur basé sur la fécondité féminine, il est de douze mois de vingt-neuf jours et demi soit 354 jours.

Il y a donc un décalage annuel de 11 jours par rapport au calendrier solaire qui est le nôtre.

Ceci n’est qu’un très léger survol de la religion pratiquée à 80 % dans l’Égypte moderne, nous n’en avons pas vu grand chose, pas de mosquées à visiter, pas d’Imam à côtoyer, pas d’explications sur les croyances de ceux qui étaient nos compagnons de tous les jours.

Nous avons été confiné dans notre rôle de touristes venus pour voir les splendeurs de l’Égypte passée sans guère nous préoccuper de l’Égypte du présent.

 

 

 


Conclusion

 


Lorsque pour la première fois, j’ai visité l’Égypte, participé à la traditionnelle croisière sur le Nil,en 1989, j’en ai été déçu, j’avais vu de très belles choses, des vieilles pierres mais si j’avais une idée de la vie des Rois d’Égypte, j’avais la sensation que l’on avait fait l’impasse sur le peuple, sur la personnalité de ceux qui avaient construit ces splendeurs.

Lorsque j’ai cessé mes activités professionnelles j’ai eu l’occasion et surtout le temps de parfaire mes lectures sur l’histoire de la vallée du Nil et lors de ma seconde visite dans le pays des Pharaons, en 1997, j’ai mieux compris, mieux apprécié ce que je voyais.

La croisière que nous avons faite en avril 2006 était ma cinquième visite en Égypte, la même base de visite, les mêmes choses à voir, mais de plus en plus appréciées parce que à chaque fois, les explications étaient plus complètes, l’approche se faisait sous un angle légèrement, très légèrement différent, mais cela a fait toute la différence.

Dans sa vie, que l’on voyage ou que l’on reste dans son village, il y a des endroits privilégiés, quelques lieux auxquels on fait référence auxquels on rêve, que l’ on revoit dans les moments de solitude.

En ce qui me concerne, c’est le temple de Philae, derrière de kiosque de Trajan, sur la pierre qui surplombe le lac.

J’y ai été trois fois, en 1989, en 1997 et en 2006 et cette fois-ci, j’ai eu un petit pincement de coeur car, si je visite le site tous les neuf ans, il y peu de chance à mon âge que j’y retourne une quatrième fois.

Philae restera dans mes souvenirs ainsi que la soif d’en savoir encore d’avantage sur l’histoire de l’Égypte éternelle, cette Égypte dont on a dit avec tellement d’à-propos qu’elle est un don du Nil.

 

 

 

                                                                                                            E.A.Christiane

                                                                                                      Bruxelles le 02.05.2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 septembre 2006 2 12 /09 /septembre /2006 09:54

VOYAGE AU BRESIL

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Mes chers amis


Je suis revenu d’une petite visite au Brésil du 15 au 24 juin et à mon retour, certains esprits curieux m’ont envoyés des e.mail qui posaient essentiellement deux questions:


- Comment cela s’est-il passé ?

- Comment sont les Brésiliennes ?

 

En réponse à la première question,

...je vous dirais que ce fut bien, très bien même; j’avais été entraîné dans ce voyage par un copain et en ai profité pour convaincre mon épouse d’aller présenter ses hommages à sa mère, donc, Mamy chez belle maman et Papy chez les Brésiliennes, l’utilisation des compétences quoi!


J’ai donc été à Rio de Janeiro, belle ville de 6 millions d’habitants, coincée entre la montagne couverte de jungle, comme dans la cuvette congolaise, mais sans la haute strate et une magnifique, deux magnifiques plages, Copacabana et Ipanéma.

Ces plages sont splendides, sable fin sur 100 ou 200 mètres de large, la mer avec de gros rouleaux de quoi faire plaisir aux surfeurs.

Elles ont une longueur chacune de trois à quatre kilomètres et fréquentées par des nanas de rêve, enfin, certaines quand même.

On y parle le portugais, mais l’anglais y est le bienvenu.

La ville est peu profonde, deux ou trois pâtés de maisons, puis la montagne, elle s’étend tout en longueur.

Le plus grand stade du monde, 170.0000 places, vous vous imaginez ?

Sur les sommets, le fameux christ de la rédemption, le corcovado où l’on accède par un chemin de fer à crémaillère, puis un ascenseur, puis deux volées d’escaliers mécaniques, mais quelle vue... toute la région, avec ses criques, ses montagnes, ses lacs, ses lagunes.

L’autre est le pain de sucre, une montagne sortie de la mer à 396 mètres d’altitude sur laquelle on accède par deux téléphériques suspendus à un câble.

Îles paradisiaques, jus de noix de coco, musique rythmée et jeunes touristes à profusion.

Nous étions le 21 juin, sous 20° latt. Sud, soit, en plein hiver austral.... 23 degrés C, la température idéale.

On a beaucoup parlé de l’insécurité à Rio, franchement, je ne me suis jamais senti menacé par qui que ce soit, naturellement, je n’ai pas été prendre des bains de minuit sur la plage en abandonnant vêtement, bijoux et porte-feuilles sur un essuie de bain, il ne faut quand même pas tenter le diable.

Mais les gens déambulent comme à Bruxelles, sacs au dos, ou à la main, peu de bijoux, je dois dire.

Nous avons aussi assisté à un show magnifique avec 150 participants, des costumes et un charme évident, mais ni là, ni à la plage nous n’avons vu des top-less, pas de seins nus, peu habillées souvent mais très décentes en ce qui concerne le buste.

Par contre, les strings... he! hé!
Je me souviens, lorsque nous étions jeunes, nous écartions doucement, prudemment les maillots de bains de nos copines pour contempler quelques centimètres carrés de fesse; à Rio, on devrait plutôt écarter les fesses pour y découvrir le mince lacet du string; je n’ai pas essayé, ce n‘était pas dans notre culture, ni à mon copain Raymond ni à moi, vous nous connaissez suffisamment pour en être persuadés.

C’est tout pour Rio, sérieux comme nous le fûmes, nous y avons fait un véritable pèlerinage, à la fois Lourdes, Fatima, le Vatican et la Mecque, je vous prie de me croire.


Nous avons aussi passé une journée complète à Brasilia, la capitale édifiée dans la pampa de 1956 à 1960 .... inouï, moderne, sans comparaison, un feu d’artifice d’idées architecturales, inimaginable de beauté et d‘art de la construction.

Une capitale sans coeur, sans Groote Markt, imaginée comme un énorme avion posé sur la pampa, le “fuselage” a 12 kilomètres de long, énorme avenue rectiligne dans l’alignement exacte du lever du soleil le 24 avril, jour de la fête nationale.

Cette avenue, large peut être de 400 mètres, est bordée de constructions officielles féeriques, ministères, églises, cathédrale, musées, hôtels etc... jamais deux briques l’une sur l’autre unies par du mortier, rien que du béton en arcades, volutes d’avant garde dans des réalisations des plus osées où le style, la technologie et les couleurs des vitraux rivalisent pour éblouir le visiteur.

Les deux “ailes” de l’avion ont chacune sept kilomètres de long et abritent les habitations des fonctionnaires à l’origine, puis de ceux qui finalement se sont résolus à habiter cette ville artificielle.

Construite originellement pour 400.000 habitants, elle en abrite actuellement plus de 2 millions, qui semblent y être heureux et fiers.

Il a donc fallut créer 19 cités satellites dans l’interland de cette capitale.

Construite sur un plateau de pampa latéritique ou sablonneux, à 1.400 mètres d’altitude ( je pense) à une heure d’avion de Rio, l’ancienne capitale.

Le sol pauvre demande d’être régulièrement arrosé, il y a de nombreux lacs, il y pleut mais la végétation n’est pas luxuriante, fleurs et pelouses sont aisées à entretenir ce qui laisse une impression de netteté, de propreté, d’ordre et d’organisation.


Faites sur la volonté d‘un homme, Juscelino Kubitschek, président de la république qui voyait loin, un précurseur, il savait ce qu‘il fallait à son pays pour l‘avenir et il l‘a réalisé avant de se faire (probablement) assassiner et immédiatement remplacé par des militaires.

Je me suis rendu à son mausolée, je me suis recueilli ainsi que je l’avais fait sur la tombe d’un autre précurseur, qui avait lui aussi les idées larges et prémonitoires pour l’avenir de son pays, c’était à Ankara, Mustafa Kémal, Ataturk, le père des Turcs qui a établi, en 1922, dans son pays, la séparation de l’église (islamiste) et de la nation (laïc).

Deux hommes nobles, grands, courageux, deux visionnaires en qui j’ai rendu discrètement, secrètement hommage en méditant quelques instants sur leur sépulture, en communiquant en pensées avec eux.

 

A la deuxième question: Comment sont les Brésiliennes ?


Je vous répondrais: Comme les autres !

Je n’ai naturellement pas fait le tour de la question, vous savez, je vous l’ai déjà dit nous allions en espèce de pèlerinage comme à Banneux, mais je ne pense pas qu’elles soient horizontales ou obliques... verticales me semble plus adéquat, comme les autres, vous dis-je, si je me souviens.


Bref, ce fut bien. Un seul inconvénient majeur, la distance, neuf heures trente, callé sur un siège Iberia entre Madrid et Rio, cela donne mal partout et cela fait du bien quand on arrive.

La nourriture aussi, rien de transcendant.


Très amicalement.



                                                                                                           E.A.Christiane

                                                                                                             25.06.2005

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12 septembre 2006 2 12 /09 /septembre /2006 09:47

Une renommée inattendue

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                                                     Et maintenant, promène ton  regard sur Samarcande !

                                                     N'est-elle pas la reine de la terre ?

                                                                                        (Edgar Allan Poe)

 


Nous étions à Samarkand, en Ouzbékistan en 2001, pays charmant, pays de steppe semi- désertique, irrigué ( trop irrigué) par deux fleuves, le Sir Daria et l’Amou Daria.

La ponction trop importante, exagérée des eaux de ces deux fleuves a partiellement asséché la mer d’Aral mais le pays mange à sa faim.

Seule richesse connue, le gaz naturel, qui est distribué dans les villes par des petites tuyauteries courant le long des jardins comme les câbles électriques dans nos campagnes, de quoi faire dresser les cheveux de nos experts en sécurité; visiblement il manque un bureau Vinçotte à Samarkand.

 

Les gens sont charmants, musulmans, mais un islam assez soft, il n’est pas rare de voir des peintures, voire des photos dans les lieux de culte.

Pauvres mais souriants, les femmes voilées rares, il y en a plus à Schaerbeek et à Molenbeek qu’à Samarkand ou à Tachkent.

 

 

Nous déambulions dans un parc agréablement parfumé par toutes sortes d’essences exotiques et nous rencontrons deux jeunes lycéennes, quinze ou seize ans, pimpantes dans leur uniforme, cheveux au vent et souriantes comme le reste de la population.

Visiblement, curieuses et intéressées à tester leur anglais, elles nous adressent la parole.

 

Après les How are you d’usage, elles nous demandent d’où nous venons.

- Nous venons de Belgique, en Europe.

- La Belgique ? Nous ne connaissons pas. C’est la France ?

- Non, tout près de la France, la capitale est Bruxelles, capitale de l’Europe.

- ? ? Ah oui !! Anderlecht ... Football !!

 

 

Oublié tout ce que nous croyions qui faisait notre réputation, la structure de notre fédéralisme, nos histoires belges, les armes de la F.N., les pralines ... mais le foot !!!

Le comble est lorsque nous avons avoué à ces demoiselles que nous habitions Anderlecht, nous sommes alors devenus des héros, elles ont voulu nous inviter à visiter leur école, à être présentés à leurs professeurs et à leurs copines de classe.

 

Malheureusement, nous avons dû décliner l’invitation ... horaire oblige.

 

 

 
                                                                                                              E.A.Christiane
                                                                                                                 juin 2001



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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 09:46

Les caravanes vers Babylone

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                                         Et toi, Babylone, bientôt ravagée.

                                        Heureux ceux qui saisiront tes enfants

                                        pour les écraser contre le rocher !

                                                         (Les Psaumes - 137-8-9)

 

Curieux de la Genèse, mon épouse et moi-même avons voulu suivre les pas d'Abraham, le patriarche.

Cette curiosité nous a entraînés en Mésopotamie, en Turquie de l'Est, à Diyarbakir, à Ursa et à Gaziantep; puis en Syrie à Alep, à Lattaquié, à Homs, à Palmyre et à Damas; puis en Jordanie à Aman, à Madaba, au Mont Nébo, à Petra, à Wadi Rum et à Aqaba; puis en Egypte, la vallée du Nil, au Caire, à Thèbes et à Assouan.

Nous voulions voir ce que Abraham avait vu, les mêmes paysages, les mêmes collines, les mêmes déserts, le même environnement, même si celui-ci, en trois mille huit cents ans, a certainement beaucoup changé.

C'est ce qui nous avait déjà poussés en 1989 à visiter Israël: nous voulions voir, avoir une idée du contexte dans lequel le Jésus de Nazareth avait vécu.

Deux pays du croissant fertile n'ont pas encore pu être visités par nous, c'est le Liban et l'Irak, la situation politique ne le permet pas, mais nous ne désespérons pas que cela soit un jour possible.

En octobre 1993, il y avait un peu plus de deux ans et demi que l'embargo de l'Irak était décrété et que, en théorie, aucune marchandise ne pouvait atteindre Bagdad.

Nous avons assisté dans le désert, tant en Syrie qu'en Jordanie à une véritable noria de camions semi-remorques; des colonnes de plusieurs dizaines de ces poids lourds, roulant à tombeau ouvert, disciplinés, comme le feraient des militaires, à une distance de cent mètres l'un de l'autre, autant de caravanes modernes pour ravitailler le pays en matériel de première nécessité.

Les routes sont excellentes, larges de trois ou quatre bandes, elles sont macadamisées et impeccablement entretenues.

Ces lourds véhicules sont souvent conduits par des chauffeurs philippins, nous a-t-on dit, Dieu seul sait pourquoi, mais probablement recrutés dans ce but.

Ces camions de toutes marques ne portent aucune inscription, totalement anonymes; bâchés et scellés, ils acheminent leur cargaison vers l'Irak mal aimée.

Compte tenu des endroits où nous les avons vus, nous pouvons supposer qu'il y a trois itinéraires probables:

- En Syrie: Tartous- Homs - Nicéphore - Abû Kamal (frontière) - Bagdad

- En Syrie: Lattaquié - Alep - Nicéphore - Abû Kamal (frontière) - Bagdad

- En Jordanie: Aqaba - Tirbil (frontière) Bagdad

Les distances entre les ports syriens, sur la Méditerranée, ou jordaniens, sur la mer Rouge, et Bagdad sont à peu près identiques: un peu plus de 1.200 kilomètres.

Cinq kilomètres avant Aqaba, en plein désert de Jordanie, il y a un parc délimité, d'environ un kilomètre de côté; là, sont parqués des centaines de poids lourds, les chauffeurs vaquant à leurs affaires, entretien, nettoyage, repos, restauration en attente de l'arrivée d'un bateau au port d'Aqaba.

Je ne sais pas s’il existe un trafic identique via le golfe Persique et le port de Basra, mais ce que j'ai vu en Syrie et en Jordanie semble être très bien organisé.

Si j'ai pu assister à tout ce trafic, d'autres sont aussi au courant et laissent faire; encore une fois il y a un monde entre ce que l'on veut bien nous faire avaler et la réalité.

Heureusement parfois !!

                                       Le mensonge prend l'ascenseur.

                                       La vérité monte par l'escalier.

                                                                     (Koffi Olomides)

Pauvre Babylone, cité martyre, cité qui fut trop riche, trop arrogante et trop souvent l'objet de convoitises.

                                                                                                               E.A.Christiane

                                                                                                               Novembre 1993 

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 09:38

Jérusalem, cité mythique

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                                 Si je t'oublie Jérusalem 

                                 que ma droite se dessèche !

                                 que ma langue s'attache à mon palais !

                                                                                  (Ezéchiel)

 

Venant d’Egypte, en 1989, nous avions traversé la péninsule du Sinaï pour arriver à Jérusalem.

Notre périple traversait le Néguev et prévoyait un petit séjour à Eilat, puis nous devions remonter vers le lac de Tibériade et la Galilée en passant par Tel Aviv, Capharnaüm, Nazareth, puis la côte, Accre (Akko), Haïfa, Tel Aviv et retour à Bruxelles.

 

 

On pourrait écrire durant des heures sur la magnifique ville, l'exceptionnelle ville de Jérusalem.

Quelle ambiance, orientale, mystique, multiculturelle, il y a dans cette atmosphère quelque chose que l'on ne retrouve nulle part, on a l'impression de respirer l'histoire, de côtoyer les Rois d'Israël, David, Salomon, mais aussi Nabuchodonosor, Jésus-Christ et ses apôtres, Hérode, Ponce Pilate, les croisés, Sala-Ed-Din, Godefroid de Bouillon, Frédéric de Hohenstaufen, les Omeyades, les Ottomans, le Colonel Lawrence, Allenby, Golda Meir, Moshe Dayan, et tous les autres.

Les gens mais aussi les lieux, l'esplanade des mosquées, le mur du Temple, le Saint Sépulcre, les petits squares ombragés, lieux de paix, de tranquillité et les petites ruelles avec leurs boutiques colorées et sentant les épices de l'Orient.

Je me souviens, devant la Porte de David, dans une ruelle, d'un joueur de clarinette, il était seul avec sa musique et nous pour l'écouter, un grand moment de bonheur pour mon épouse et moi-même.

 

 

Nous étions donc dans le hall d’un hôtel à Jérusalem pour attendre notre chauffeur/guide qui devait assurer la réussite de notre visite.

Enfin, il arrive, un monsieur d’une quarantaine d’années, Juif de Tunisie qui possédait un delivery Mitsubishi et qui devait nous cornaquer à travers le pays.

Quatre passagers, deux charmantes dames nettement plus âgées que nous, résidant à Nice, juives, et qui visitaient Israël toutes les années, mon épouse et moi-même.

Entre Qumrân et Ein Gedi, à environ 40 kilomètres de Jérusalem, mon épouse s’aperçoit qu’elle a oublié son sac dans le hall de l’hôtel; mais alors la complète: passeport, carte d’identité, francs belges, dollars, shekels, clefs de valise, clef de l’appartement à Bruxelles et tout et tout.

Notre chauffeur, plein de ressources, arrête son véhicule au milieu de nulle part, mais pas tout à fait car il y avait, en plein désert, sur le bord de la Mer Morte une ... cabine téléphonique.

 

Il faut vous dire que la Mer Morte est rentabilisée au maximum; par principe, un litre d’eau peut dissoudre 450 grammes de sel; dans la Mer Morte, il y à 550 grammes de sel au litre d’eau, du moins en plein été.

Au fond de la mer, vous voyez ainsi des véritables rouleaux de sel, en surface, de la fleur de sel, des agglomérats de deux ou trois mètres de haut et d’énormes machines, des moissonneuses qui récoltent ces concrétions et les expédient par une noria de bennes de 40 tonnes vers Eilat.

A Eilat, ce sel (il ne s’agit pas de sel de cuisine mais la version “chimique” du sel) est traité, les métaux rares sont récupérés et la production industrielle est essentiellement des produits chimiques et surtout des engrais agricoles.

Cependant, la Mer Morte est à 410 mètres sous le niveau de la Méditerranée et elle reçoit le Jourdain, exutoire du lac de Tibériade qui est lui-même à 210 mètres sous le niveau de la mer.

En cas de grosses pluies, l’excédent d’eau du pays se déverse dans cette énorme cuvette, la route parallèle à la Mer Morte est inondée et aux endroits les plus bas vous trouvez des piquets, autant d’échelles de niveau d’eau.

De cette manière les chauffeurs peuvent estimer en fonction de la garde au sol de leur véhicule, s’ils peuvent s’aventurer sur la route inondée.

Parallèlement à la route, jusque Eilat, une piste destinée aux blindés et environ tous les dix kilomètres l’assise de la route est élargie à quarante mètres sur une distance de 1.000 mètres et peut ainsi servir de piste d’atterrissage; le pays est en état de guerre, il ne faut pas l’oublier.

Les Israéliens eux ne l’oublient jamais: dans notre véhicule, il y avait une mitraillette et un certain nombre de chargeurs sous le siège du chauffeur.

 

 

Bref, nous en étions à essayer de resituer le sac de mon épouse, petit conciliabule au téléphone, un grand sourire et nous sommes partis vers Massada.

Là au-dessus, dans la forteresse, re coup de téléphone, le sac était retrouvé et, comme nous ne repassions pas par Jérusalem, l’hôtelier promet de le faire envoyer à notre hôtel à Tel Aviv.

Nous étions quelque peu dubitatifs, mettez-vous à notre place, nous vivions en Afrique centrale et ce genre d’acrobatie n’était certainement pas à faire à Kinshasa ou à Kisangani.

Très bon séjour dans ce lieu de rêve qu’est Eilat, puis retour vers Tel Aviv.

 

 

A l’hôtel, une enveloppe scellée, et, miracle !! le sac.

Contrôle fébrile ... il ne manquait pas un shekel, pas un dollar, tout était impeccable.

Nous étions des “hommes de peu de foi”, nous aurions dû penser qu’en Terre Sainte les miracles ne sont pas exceptionnels.

                                                                                                     E.A. Christiane

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

                                                                                                          Aout 1989
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