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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 10:56




Le pardon sans l’oubli... la grandeur des Justes

    Le  dialogue, le tête-à-tête franc sincère entre deux personnes de bonne foi, la lecture de textes traitant de sujets hors des sentiers battus, permettent le développement de germes, d’embryions de réflexion qui, poussés à leurs extrêmes, peuvent être parfois assez interpellants .
    Comment ne pas en profiter lorsqu’on en a, trop rarement, l’occasion ?
    Ces bases de réflexion  ont toujours un côté positif et une issue des plus riches à partager, évidement, avec les amis intéressés, rationnels, captivés, voir passionnés mais toujours sincères.
    Ne vous méprenez pas, loin de moi l’idée d’un certain élitisme, tout le monde et n’importe qui a son avis personnel, son approche spécifique des problèmes de la vie, des évènements de l’actualité.
    Il faut savoir les accepter, les déchiffrer, les décoder, les traduire, éventuellement les développer et surtout avoir l’ouverture d’esprit, la modestie, l’humilité  nécessaire pour comprendre que personne n’a l’apanage de la vérité stricte, indivisible, consubstantielle et unique.
   
    Il y a quelques temps, j’ai écrit un texte que j’ai placé sur mon blog.
    Je l’avais intitulé : “Les six vérités”.
    Chaque phénomène peut être décrit, disais-je, de six manières différentes parce qu’au fil du temps le témoin réfléchi, essaye de comprendre et petit à petit, son esprit évolue, sa manière de voir se confond tant soit peu, avec l’auteur, l’acteur principal du phénomène.

    Dans le cadre de mes dialogues, il y a longtemps déjà, j’ai eu l’occasion de discuter quelques trop courtes heures avec un Monsieur qui avait vécu une période dramatique, tragique de sa vie en 1944.
    Il était, lui et sa famille, originaire de l’île de Rhodes et il avait ainsi que 1.867 autres citoyens de cette île, été déporté par ruse à Auschwitz-Birkenau pour des raisons d’appartenance culturelle, cultuelle, raciale, génétique.
    Après 17 jours de voyage à fond de cales puis dans des wagons plombés, ils arrivent enfin à Auschwitz.
    Lui, âgé de 17 ans en pleine forme, une force de la nature, est trié, choisi,  sélectionné pour le travail.
    Le reste de sa famille proche, sa petite sœur, son père, sa mère ses oncles sont acheminés vers leur destin, là où le travail rend libre, la chambre à gaz et le four crématoire.
    De loin, discrètement, un petit geste de la main est échangé, une larme essuyée rapidement afin d’éviter de se faire remarquer par la chiourme, et un “shema Israël” murmuré dans la tristesse.
    C’était fini, tous, ils sont partis vers leur triste destin, vers le brouillard de la nuit concentrationnaire nazie.
   
     Durant six mois, le seul survivant de la famille, ce garçon de 17 ans, va être exploité, affamé, épuisé, usé jusqu’à la limite de ses forces dans une usine de matériel de guerre.
    Esclave des temps modernes, et lorsque, en janvier 1945, il sera évacué devant la poussée des troupes soviétiques, il pèsera encore 30 kilos.
    Son calvaire ne sera cependant pas encore fini, accompli, terminé, loin de là, il devra marcher et encore marcher par vingt huit degrés centigrades sous zéro, en pyjama, les pieds dans des pantoufles élimées ou entourés de vieux journaux pour éviter le gel et la gangrène; triste participant à ce que l’on appelé les sinistres marches de la mort.
    Aucune faiblesse n’est admise: si un de ces malheureux s’affaisse sur les genoux, titube, oscille, vacille, chancelle, s’arrête un instant, il a droit à une balle de révolver dans la nuque et son  cadavre sera abandonné, pathétique dépouille héroïque, respectable, dans le fossé.
    De camps en camps, il finira par être libéré, réhydraté, réalimenté, réconforté, consolé, soulagé, par la croix rouge, et évacué vers la Belgique.
   
    Ensuite, il trouvera des membres de sa famille lointaine pour l’accueillir au Katanga dans l‘espoir de refaire... non ... de commencer sa vie active.
    Deux ans, il lui a fallu deux ans, avant de retrouver ses marques... cet homme a souffert entre sa faiblesse physique et les visions, les fantômes qui le visitaient toutes les nuits.
    Lorsque je lui ai posé la question de savoir quelles étaient maintenant, un demi-siècle plus tard, ses relations avec les Allemands, il m’a fait cette réponse étonnante mais admirable: “J’ai pardonné, mais je ne sais pas oublier”
    Un juste, un homme de qualité, j’avais devant moi quelqu’un d’exceptionnel qui a droit à tout notre respect.
    Shalom Alberto.. Shalom mon ami.

    Au cours du mois de juin  2012, un vent favorable m’a laissé en lecture un rapport de quarante pages.
    Ce dossier relate la vie quotidienne d’un groupe d’une quarantaine d’Européens durant le second semestre 1964 dans la partie Nord-est de la République du Congo.
    Vous l’aurez compris: ils étaient prisonniers ou otages des hordes mulelistes qui dévastaient la région.
    Quasiment au jour le jour, la Révérende Sœur rédactrice a essayé de nous faire parvenir la suite des évènements, des appréhensions, des craintes, des peurs, des menaces, des terreurs qu’ont subis ces pauvres gens.
   
    Ils ont été occupés le 4 aout 1964; une administration remplace une autre, avec la différence que les nouveaux arrivés ont comme but de faire table rase de la structure administrative existante en exécutant tout ce qui avait une certaine autorité  dans la région.
    C’est ainsi que, dès le premier jour de l’occupation, des centaines de dirigeants ayant tant soit peu d’autorité sous “l’ancien régime” ont été froidement mis à mort, passés par les armes, ils étaient “manteka”.

    Et les expatriés dans cette tragédie ?
    Ils ont été priés de n’intervenir à aucun moment, de continuer à travailler, si possible, comme d’habitude.
    Cela a fonctionné tant que les mulelistes progressaient, qu’ils avaient confiance en leurs chefs qui leur avaient promis l’invulnérabilité,  l’invincibilité au combat.
   
    Mais bientôt, à  partir de fin  octobre,  la victoire a changé de camps:  le Premier Ministre de la République du Congo, Moïse Tshombe, a recruté des militaires chevronnés, étrangers, ce que nous appellerons des mercenaires qui ont encadré les troupes congolaises  encore fidèles et, sur trois axes, ont reconquis le pays, convergeant vers Stanleyville.
    De Boende, de Gemena et de Kamina la pression irrésistible d’une troupe, un tant soit peu plus disciplinée que l’autre, celle des simbas, a vite fait apparaitre la soi-disant invincibilité au combat comme étant un leurre, un mirage, un tragique mensonge.
    Dès lors, le semblant d’ordre, le respect des dirigeants, la discipline parmi les simbas (lisez “Mulelistes”) laissa de plus en plus à désirer.
    Le sommet de ce découragement eut lieu le 24 novembre lorsque les para-commandos belges ont investi Stanleyville, en même temps que la colonne venant de Kamina arrivait par la route tandis que deux poussées, celle venant de Boende et l‘autre de Lisala - Aketi progressaient elles aussi vers la capitale rebelle.
    Deux jours plus tard, le 26 novembre, ce fut le dropping sur Paulis.

    S’en était fini de l’euphorie, la gaieté, l’optimisme de la victoire, le reflux, la fuite, la débandade, la panique parmi les rebelles transformèrent le semblant d’unité de leur troupe en une série de bandes de hors la loi qui, semant la terreur, tracèrent un long sillon sanglant le long de leur itinéraire de retraite vers le Nord-est, vers le Soudan, la République Centre-Africaine ou l’Uganda.
    Embastillées dans un sinistre cachot, neuf des onze Révérendes Sœurs de la congrégation qui nous occupent ont été exécutées par balles, trois malades européens ont aussi été fusillés à l’hôpital.
    Le reste de la communauté, une quarantaine de personnes ont été rassemblées dans le mess des officiers ou un “colonel” en fuite de Paulis attablé devant un repas, buvant du whisky, a invectivé, insulté, vilipendé l’assemblée en injuriant les Belges et de temps à autre donnait l’ordre à l’un deux de sortir.
    A peine sur les marches du bâtiment, le malheureux était assassiné d’une rafale de mitraillette.
    Le reste des otages était pétrifié: ils savaient que leur dernière heure était venue, et le “colonel” ne s’en cachait pas.
    Un jeune Belge, ancien para, a bousculé les exécuteurs et le reste des otages a pu s’enfuir dans la nuit profitant de leur connaissance du terrain et de l‘obscurité régnante.
   
    Durant trois semaines ils se sont terrés dans la brousse, dans des cagibis oubliés, mais heureusement aidés par des collaborateurs congolais dévoués, le personnel infirmier, le personnel de maison, des amis, et même certains “rebelles“ au grand cœur.
    Il faut insister sur cet élan de gens de bonne volonté qui ont, bénévolement, par sympathie, risqué leur vie et celles de leurs familles pour nourrir, soigner, informer, réconforter, apaiser, soulager ces fugitifs dépossédés de tout.
   
    Et puis changement d‘atmosphère: les autorités politiques rebelles en fuite, acculées à se réfugier à l’étranger décident que tous les Européens rescapés, cachés, auront la vie sauve, qu’ils seront ramenés aux frontières sous protection et rapatriés dans leur pays d’origine.
    Ils voulaient vraisemblablement se protéger, donner un gage, un aval, une garantie de bonne volonté envers la communauté internationale.
    Cela était dit, les ordres étaient donnés par la plus haute autorité administrative et militaire; mais compte tenu des impératifs administratifs, la longue route se prolongera encore durant un mois.
    Un mois durant lequel protégé par un petit groupe de simbas, ils traverseront des grappes, des essaims d’autres mulélistes guère convaincus de la nécessité de laisser s’échapper ces Européens; ils seront encore l’objet de brimades, de menaces de mort à tel point que chaque passage de rivière, était, chez les réfugiés un moment d’angoisse...
    Le camion allait-il continuer sa course ou s’arrêter pour exécuter quelques prisonniers et les jeter en pâture aux crocodiles suivant une habitude maintenant connue de tous ?
   
    Finalement, ils se retrouveront libres à Juba, à Khartoum puis à Bruxelles.
    Ils avaient passé 160 jours, agonis d’injures, pourchassés, traqués, tourmentés, journellement menacés de mort, certains d’entre eux y avaient laissé la vie.
    Et pour les Dames, une éternelle position de défense pour éviter le viol car la sollicitation sexuelle était quasi omniprésente.
    Un camion qui passait, des mouvements de foule, des cris dans les environs, des rafales d’armes à feu leur glaçait chaque fois le sang... n’étais-ce pas à leur tour de mourir ?     
    Tous les matins, en se levant de leurs paillasses en feuilles de maïs, ils ne savaient s’ils seraient encore en vie le soir... 160 jours...

    Moins d’un an plus tard, cette Révérende sœur est repartie pour “reconstruire” et c’est là qu’elle a rencontré un des tourmenteurs des plus sanguinaire de la rébellion.
    Cet homme, un ancien commissaire de police, n’avait pas que les mains couvertes de sang de plusieurs dizaines de Congolais ex collègues,  mais il avait du sang jusqu’aux coudes au moins.
    La Révérende Sœur, c’est presque incroyable, a eu un élan vers lui, elle voulait lui donner son pardon, le réconforter et elle n’en a pas eu le courage.
    Elle a fondu en larmes de déception, de dépit, de tristesse, de chagrin, d’un sentiment profond qu’elle n’avait pas su exprimer, elle aurait tant voulu lui dire que tout ce qu’il avait fait elle pouvait le pardonner.

    Je ne puis donner mon opinion sur cette Révérende Sœur, sur cet élan d’amour et de pardon envers le pire criminel qu’elle ait peut-être jamais rencontré.
    Tout comme mon ami Alberto, elle pardonnait mais n ‘avait pas oublié.

    Je suis laïque
    Je suis agnostique
    Je suis athée
    Mais dans mon cœur, cette Révérende Sœur est une Sainte femme que je me dois d’admirer et de respecter au delà de toute considération philosophique qui serait bien mal venue dans de telles circonstances.

    Une question se pose naturellement à ce stade : Comment aurais-je réagi ?
    Aurais-je pu, après quelques années de réflexion pardonner à mes tourmenteurs ?
    Il est évident qu’après avoir subi de telles épreuves, on en arrive à réfléchir au sujet du mécanisme, des sentiments qui ont imposé ces ignominies.
    Petit à petit, on peut être amené à se mettre en condition, à la place des bourreaux et atténuer, non pas la bassesse de leurs actes, mais les raisons profondes, les germes de ce qui les ont poussés à agir de manière aussi cruelle envers leurs contemporains.
    Cela n’explique pas tout, cela n’exclu pas les souvenirs voir la colère, mais cela peut ouvrir d’autres portes à la compréhension.
    Lorsque nous lisons, écoutons ou visionnons les informations judiciaires, les réactions à la sortie des cours de justice au niveau des Assises, on peut parfois être choqué par la réaction des parties civiles.
    Ils ont eu gain de cause, parfois plusieurs années après les faits, ils exultent, ils ont enfin leur vengeance...  leur VENGEANCE ! ! !
    Est-ce bien le rôle de la justice d’assouvir la vengeance des parties ayant subit un préjudice ?
    Pensons à la justice Gaçaça au Ruanda qui, en vingt ans, a réussi à démêler une partie des écheveaux du terrible génocide de 1994 en laissant non pas une satisfaction totale dans le pays, mais un apaisement qui, à ce sujet, semble avoir ramené une certaine sérénité parmi la population.
    Il y a eu rupture de contrat entre un ou un groupe d’individus et la Société à laquelle ils font partie, et cela doit être réparé.
    Il y a eu un dol envers un membre de cette Société, et cela doit être réparé.
    On peut comprendre le chagrin d’une famille qui a perdu l’un des siens.
    Cependant, il y a aussi des “reconnus coupables” qui ne présentent plus aucun danger pour la Société ni pour ses membres.
    Alors, comment expliquer, comment surtout donner raison à cette haine, à cet esprit de vengeance, à ce contentement ou plus souvent encore à ce sentiment de frustration devant une peine de prison qui ne soit pas maximale.
    On ne peut pas demander à chacun de pardonner, ce sentiment peut venir après de longues années, de longues décennies parfois.
    Mais une certaine empathie finit certainement par exister, avec le temps, entre la victime et son bourreau.
     La haine, l’esprit de vengeance s’atténuent même si les souvenirs ne s’estompent pas facilement.
    Combien de personnes dans notre humanité du XXI ° Siècle sont-elles capables de pardonner après quelques décennies ?
    Je n’en sais rien mais suppose qu’il y en a bien plus que suggéré par les médias et par les tribunaux.
    D’ailleurs, les juges, et je ne parle pas nécessairement des cours d’Assises dont le jugement doit prendre avis d’un jury, et qui parfois font penser à un lynchage, mais je parle de juges professionnels qui “jugent en leur  âme et conscience” et dont les peines sont souvent bien plus modérées faisant preuve d’un humanisme de haut niveau mais hélas ! Attirant souvent l’ire du lecteur, du téléspectateur et plus souvent encore de la partie demanderesse.
    Je ne peux d’ailleurs répondre si, dans mon cas, j’aurais la force morale de pardonner toute grave offense que l’on aurait pu me faire.
    Lorsque l’on dit que l’Homme est un loup pour l’Homme, je vous dirais que c’est probablement vrai mais qu’il y a beaucoup, beaucoup d’exceptions.
    Et c’est bien comme cela.

    Je ne sais si tous mes amis auront compris mon message, je ne me fais guère d’illusions, il y a tellement de variables: variables des faits, du temps écoulé et du caractère de chacun.
    Mais il ne m’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre.


                                                                                                    E.A.Christiane
                                                                                         Anderlecht, le 23.07.2012

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 15:16



LIBERTE
= = = = = =


                                                                                            Va,pensiero
                                                                                        (Nabucco - Verdi)

    LIBERTE ! LIBERTE chérie !
   
    Trois syllabes scandées, chantées maintes et maintes fois par des foules en délire, par des hommes désespérés, un chant émouvant, qui remue les entrailles, qui chavire la pensée, qui emporte les sens et que je chante avec eux au plus profond de mon âme.
    Ce chant merveilleux emporté sur des ailes dorées se pose sur les pentes et sur les collines (va, pensiero - Nabucco) depuis des siècles, partout où il y a des hommes qui souffrent, qui aspirent à atteindre le plus beau sommet qui soit : la LIBERTE.

      Souviens-toi des jours de ta misère
                  (Nana Mouskouri - Je chante avec toi liberté)
   
    Rares sont les moments dans notre existence durant lesquels nous avons réellement joui de la vraie LIBERTE.
    Notre jeunesse a été martelée par les préceptes inculqués par nos parents        "Tu ne peux faire cela ..”,    “ Tu dois faire comme ceci...”.
    Puis durant notre scolarité, une longue suite d’obligations plus ou moins bien comprises mais impérativement suivies,  sous peine de sanctions nous ont formés, ont forgé notre caractère pour faire de nous ce que nous  sommes.
    Je peux le comprendre: nous étions, jusqu’à notre adolescence une matière molle, souple, plastique, flexible, maniable, à laquelle il était nécessaire d’inculquer un certain nombre de principes, qu’il fallait éduquer, à laquelle il était nécessaire de donner un chemin de vie pour nous permettre de nous intégrer à la communauté dans laquelle et pour laquelle un minimum de règles, de limites doivent exister sous peine de voir le chaos s’installer.
    Mais ensuite, parmi ceux qui ont fait leurs devoirs civiques, leur service militaire et plus tard, dans le cadre de la vie professionnelle, ont été témoins ou victimes de l’autorité de chefs dont la finalité des instructions était empreinte  d’autoritarisme mal placé, de mégalomanie, de tyrannie parfois, syndrome de leurs complexes ou symptômes de leur incompétence.
    Aucune logique, aucune explication non plus, et pour cause, ils avaient un galon de plus, ils avaient une responsabilité de plus, ils avaient  un pouvoir, une prépondérance, et par conséquent,  une autorité de plus et de laquelle ils abusaient parfois !
    On n’avait plus qu’à leur obéir sans discussion, mais souvent dans un esprit critique refoulé.
   

    Qu’aurions-nous, qu’aurais-je dû faire ?
    Douter, parlementer, remettre en question les décisions, critiquer les ordres, polémiquer ?
    Oui, vous avez raison, si j’avais été courageux, moins lâche, c’est ce que j’aurais dû faire.
    Mais quand on aime son travail, quand on aime le pays dans lequel on vit, quand on apprécie, quand on estime ses collaborateurs et surtout quand on a charge de famille, une femme et un enfant, on prend garde à ne pas déplaire à celui ou à ceux qui vous jugent et qui, sans espoir d’une quelconque procédure en appel peuvent mettre fin à vos espérances, à vos ambitions, à votre carrière en vous classant comme têtu, peu fiable, indiscipliné, insolent, effronté, irrespectueux.
    Nous, les chefs de ménage, lorsque nous vivons en couple,  nous avons des responsabilités matérielles et morales envers notre famille.
    Nous ne pouvons prendre de risques inconsidérés.
    Aussi, devant l’absurde et l’arbitraire, nous baissons les yeux, nous nous plions aux diktats sans sourciller, nous nous éloignons, tête basse, sans commentaires, et quoique  peu fiers de nous mêmes
   

    Ces considérations sont issues de mon expérience personnelle, mon expérience de salarié.
    Chacun a sa propre approche de la question, a sa sensibilité personnelle.
    Il est évident que quelqu’un qui a été travailleur indépendant toute sa vie aura probablement une autre opinion que la mienne.

    Mais cela me fait penser à ce présentateur de télévision qui interviewait un Président de la République Française qui, importuné par une question, lui imposa un  “ Taisez-vous Elkabbach!”.
    C’est mieux qu’un autre Président qui a écarté un importun par un : “ Casse-toi, pauvre con !”.
    Naturellement, tous les Présidents de la République Française n’ont pas les mêmes réactions.
    Charles de Gaulle, à qui on posait une question à laquelle il ne voulait pas répondre lors d’une conférence de presse avait répliqué : “Monsieur, cette question n’était pas prévue par le protocole”.
    De Gaulle avait de la classe, il avait aussi de l’éducation.
   
    Cela fait mal, très mal parfois cette perte de LIBERTE de critique, de parole, de pensée et si j’en parle aujourd’hui, si je m‘en souviens, vingt cinq ou cinquante ans plus tard, c’est la preuve que ces situations laissent parfois de bien cruelles cicatrices.
    De cela, j’ai souffert durant des décennies et le jour où j’ai pris ma retraite, j’ai dit à mon épouse: “ jamais plus je ne veux ouïr deux phrases que j’ai trop souvent entendues dans ma vie professionnelle: “ Je te défends de ...” et “ Tu dois...”.
     
    Mais ai-je le droit de me plaindre ?
    De tous temps, toujours la LIBERTE fut limitée, et la meilleure justification est que  la LIBERTE individuelle ne peut jamais empiéter sur la LIBERTE d’autrui.
    L’ancien testament, la Torah, édicte parait-il 613 règles dont 365 préceptes négatifs “ tu ne feras pas..” et 248 préceptes positifs “Tu feras..”.
    Quantité de peuples ont essayé de suivre ces principes avec plus ou moins de résultats.
    De quoi me plaindrais-je moi qui ai vécu dans une famille, dans un milieu où, je l’avoue je n’ai pas eu trop de contraintes.
    Et cependant .., j’ai quelques regrets, des raisons de soupirer à l’évocation de certains souvenirs teintés d’amertume, de dégoût, d’écœurement parfois, devant le manque de transparence, l’illogisme de certaines décisions, de certaines instructions, de certains ordres impératifs auxquels je devais me plier. .

    Quand tu es absente j’espère
                       (Nana Mouskouri - Je chante avec toi liberté)

    Aux yeux du bon peuple, la LIBERTE ne vient pas seule, elle engendre le bien-être, la richesse, une vie matérielle plus aisée, exempte non seulement de contraintes mais aussi de soucis.
   
    Pauvres gens !
    Souvent manipulés par des leaders politiques sans scrupules, ils ne savent pas dans quel piège ils se précipitent, ils voient  le côté rose et lumineux des choses, le leurre de la situation future et très souvent, trop souvent, le réveil est cauchemardesque pour ceux qui se retrouvent loin du sommet du nouveau pouvoir.
    Tout au long du siècle dernier, nous avons vu des foules défiler en scandant des slogans encensant le futur comme “aube lumineuse“, de” soleil se levant à l’orient”, d’un “renouveau flamboyant”.
    Même actuellement, j’ai le cœur rempli de tristesse lorsque j’entends parler  de l’espoir des peuples au sud de notre “Mare nostrum” et de leur “printemps méditerranéen”.
   
    Il y a un demi-siècle, ils se sont libérés de l’autorité étrangère dans un grand élan d’espoir, ils allaient être enfin chez eux, maîtres de leur destinée.
    Ils avaient un avenir radieux tellement doux,  dans lequel ils allaient pouvoir vivre heureux, prospères, et élever leurs enfants dans la sérénité et la dignité.
   
    Où en sont-ils ?
    Ils doivent envisager une autre révolution en espérant, sans parfois trop y croire, qu’elle leur apportera bien mieux que la précédente.
    Combien d’entre eux réalisent-ils qu’ils ont secoué le joug d’une dictature afin de préparer le lit d’une autre parfois pire que la précédente et qui apportera, dès les premières années, des exactions, des limitations à la LIBERTE et des frustrations.
    Ces germes d’une nouvelle révolution en appelleront une autre et encore une autre..
    Ils ont navigué en évitant Charybde à bâbord mais ne savent pas qu’ils se précipitent à tribord vers Scylla.
    Tous ne vont pas à la catastrophe, il faut l’espérer, mais combien d’entre eux feront naufrage ?
    L’histoire n’est pas un long fleuve tranquille, elle fait évoluer les civilisations par étapes, par à-coups dans, bien souvent, de cruels soubresauts.
   
    Nous les avons vu, en d’autres lieux,  il y a cinq décennies, défiler avec leurs peintures et leurs atours traditionnels, brandissant glaives, machettes et troumbaches, scandant des “uhuru” hystériques.
    Ils suivaient aveuglément un leader calculateur, intéressé, manipulateur, avec des objectifs personnels bien précis.
    Ils étaient convaincus d’avoir acquis enfin leur LIBERTE, leur bonheur futur pour eux et leur famille.
   
    Qu’en reste-il ?
    Il ne reste qu’amertume et déboires mais pas de regrets car en cinquante ans, beaucoup de choses s’oublient et l’expérience des parents ainsi que leurs souvenirs ne sont pas transmis aux enfants.
    Un problème de génération.

    Un de mes amis, africain, avait appelé son fils Joshua
    Il me disait, au début des années 1960 que lui, ne verrait pas la terre promise, mais que son fils vivrait bien mieux que lui dans la paix et la prospérité.
    Joshua a actuellement la soixantaine, il vit à Kinshasa, mais je doute qu’il vive dans un pays de cocagne où coule le lait et le miel.

     Je comprends qu’on meure pour te défendre
                       (Nana Mouskouri - Je chante avec toi liberté)

    Voici des siècles, certainement sept cents ans, depuis l’apparition des guildes en Flandre, nos aïeux et avant eux bien d’autres peuples avaient aussi souffert de leur quête de LIBERTE;
    Ils ont été surveillés, soupçonnés, accusés, interrogés,  embastillés, bannis, déportés, torturés et exécutés par le fer, la corde ou par le feu parce qu’ils osaient demander plus de LIBERTE, moins de contraintes, qu’ils puissent s’exprimer lors des prises de décisions pour la collectivité, un contrôle, une limitation à l’omnipotence de l’autorité en place qui se réclamait parfois de Dieu ou, souvent, autoproclamée.
    Parfois, ils ont réussi; un changement de régime a pu intervenir, mais la période transitoire a été souvent bien difficile à supporter.
    Combien de temps faut-il, combien de misères, de larmes et de sang ont été versé avant qu’une nouvelle structure soit mise en place ?
     Bien des années se sont écoulées, et ont été nécessaires avant que la France ne se stabilisée après 1789.
    Il a fallu quinze ans avant que la Russie puisse s’assumer après la révolution bolchevique.
    Jamais le nazisme n’a réussi à établir, ne serait-ce qu’un semblant de paix et de sérénité, pour finalement coûter quarante millions de victimes bien souvent innocentes.
    Et nous pourrions citer encore bien d’autres dictatures, qui, pavées de bonnes intentions, mais qui n’ont amené que souffrance et mort aux peuples auxquels elles avaient promis des lendemains qui chantent: au Congo, en Uganda, au Zimbabwe, à Cuba, dans le Sud- Est asiatique, en Asie centrale, en Amérique du sud, en Amérique centrale et dans bien d’autres lieux.
    Dans toutes les geôles, que ce soit les baraquements créosotés de la Shoah, dans le froid sibérien des gourbis du Goulags, à Cayenne ou, plus proche de nous, dans chacune de nos prisons, le soir, lorsque le couvre- feu est là, on pouvait et je suppose que l’on peut toujours,  entendre des murmures, des prières, des sanglots et le mot magique qui revient, souvent répété, celui vers lequel tout prisonnier aspire, le mot magique de  LIBERTE.

    Une fois, une seule fois, j’ai été privé de liberté et je me suis évadé.
    Je n’étais pas enchaîné, je n’étais même pas  derrière des barreaux, j’étais  seulement limité dans mes déplacements.
    C’en était trop, j’avais réfléchi, j’ai élaboré un plan, puis j’ai osé, j’ai risqué, et j’ai réussi.
    Si j’avais échoué, si j’avais  été repris, j’y aurais perdu la vie; je le savais mais la force qui m’a poussé vers la LIBERTE était trop forte.
    Je voulais pouvoir flâner à ma guise le long des trottoirs, regarder les vitrines.
    Je voulais pouvoir me promener dans les champs dans la campagne, écouter le pépiement des oiseaux, les doux murmures d’un frais ruisseau dans le sous-bois sans être épié par un policier, un gendarme, un commissaire politique ou un indicateur suspicieux, haineux, et, surtout revoir ceux que j’aimais et dont j’étais séparé depuis plus de six mois.
    Cette force, qui était en moi, m’avait obligé à prendre des risques inconsidérés; c’était comme une graine qui germe dans l’anfractuosité d’un mur, qui développe ses racines et qui finalement détruit, disloque la construction.
    J’étais jeune, j’étais fou mais poussé par une irrépressible envie de vivre librement..

   Je crois que tu es la seule vérité
   La noblesse de notre humanité
                (Nana Mouskouri - Je chante avec toi liberté) 

    Nous, Européens de l’Ouest avons quelques difficultés à comprendre ce besoin de LIBERTE.
    Nous avons l’avantage d’avoir forgé notre destinée démocratique depuis des siècles : après, nous l’avons vu, bien des déboires, bien des souffrances, bien des drames, du sang et des larmes.
    Mais nous avons élaboré un système complexe qui s’appelle démocratie, sensé nous mettre à l’abri des abus les plus flagrants.
    La vigilance est bien nécessaire: il y a des dérives, des faux pas qui nous menacent à chaque décennie.
    Actuellement, c’est la dictature de la majorité qui nous guette, car, en principe, la majorité décide des lois et de leurs applications.
    Qu’en est-il des minorités ethniques, confessionnelles, économiques ou sociales ou autres?
    Elles ont été protégées: en aucun cas elles ne peuvent être spoliées, écrasées, ni davantage encore  plus minorisées.
    Et je pense souvent aux palabres bantoues, dont le modèle est applicable dans de petites communautés, à l’échelon d’un village par exemple.
    On se réunit autant de fois qu’il  est nécessaire, et cela peut durer des jours, des semaines parfois, mais chacun finit par être convaincu que les décisions prises sont les bonnes.
    Elles ne sont pas décidées par la majorité mais par consensus, ce qui est une sorte d’unanimité.
    Il n’est guère possible de gérer un pays moderne, de plusieurs millions d’individus de cette manière.
    Nous avons un système représentatif dans lequel majorité et opposition peuvent jouer leurs rôles, mais des garde- fous existent afin que les minorités ne soufrent pas des décisions prises par- dessus leurs têtes.
    Il y a plus important que la démocratie: c’est le contrôle de la démocratie.

    Les chansons de l’espoir ont ton nom et ta voix
    Le chemin de l’histoire nous conduira vers toi
                        (Nana Mouskouri - Je chante avec toi liberté)

    Depuis deux siècles, des millions de migrants sont passés à l’ombre de la plus fameuse des statues qui domine  Ellis Island dans le port de New-York.
    Le flambeau de la LIBERTE éclairant le monde les avait accueillis.
    Ils venaient dans l’espoir d’une meilleure vie.
    Ils étaient pauvres, riches, instruits ou analphabètes.
    Ils parlaient toutes les langues et tous les  dialectes européens.
    Ils étaient pleins d’espoir en une vie meilleure, une vie de labeur, de dangers, d’imprévus.
    Ils avaient soif de LIBERTE.
   
    Qu’importe l’inconnu, la précarité, de toute façon là où ils allaient, devait être meilleur que là d’où ils venaient.
    Quant à la LIBERTE, nous l’avons vu, ce n’est pas un leurre, mais elle n’est jamais totale, c’est parfois un mythe, un espoir vers lequel chacun aspire, vers lequel, toute la vie chaque être humain fait converger ses efforts.
    Certains y arrivent mieux que d’autres mais personne ne peut jamais se proclamer totalement libre.
    Quel moteur pour l’humanité, plus puissant que l’amour, ce besoin de pouvoir se réaliser, de rêver de s’épanouir dans un contexte, une atmosphère de LIBERTE.

    Quand tu chantes, je chante avec toi liberté


                                                                                   E.A.Christiane
                                                                           Anderlecht, le 07.02.2012

       
   




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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 12:20

Le Mont Nebo - Lieu mythique


    Il est des lieux mythique, chargés d’émotions et de symboles, qui, lorsque vous en êtes imprégnés, lorsque vous sentez toute la charge émotionnelle qui s’en dégage vous mettent dans un état très particulier.
    Je pense avoir déjà écrit dans un de mes textes, que j’ai souvent, en présence d’un de ces lieux l’impression d’avoir vécu le fait historique qu’il représente, tant j’en suis pénétré.
    Aujourd’hui, un couple de mes amis est au Mont Nébo, cet avancée minérale surplomban, depuis la Jordanie, les plaines fertiles et les déserts de l’actuel Etat d’Israël.

Une étape dans l’exode biblique
   
    Ce serait là, suivant la Thora, les récits légendaires, que se serait arrêtée la vie de Moïse, en vue la Terre promise sans qu’il lui soit permis d’y entrer.
    La tradition nous dit qu’il avait conduit son peuple dans le désert durant une longue période, fuyant l’Egypte et son pharaon pour atteindre la terre qui lui aurait été promise par Yahvé en personne (si l‘on peut dire).
    Légende ou réalité ? Qu’importe !
    Que le personnage ait réellement existé, que l’histoire soit vraie ou pas, cela n’a guère d’importance mais le fait est que tout un peuple y croit et que ce peuple, quoiqu’on puisse en dire a influencé notre culture méditerranéenne et bien au delà dans des proportions guères négligeables.
    Ils avaient errés longtemps en suivant le fanion de leur guide, et cette bannière est toujours là, du moins sa représentation, là où il est censé l’avoir définitivement abandonnée.
    Ce n’est pas une croix, celle-ci apparaîtra comme instrument de torture seulement huit à dix siècles plus tard.
    Non, , un long bâton, autour duquel est lové un serpent sensé protéger ceux qui le regarde contre morsures et piqures des prédateurs du désert, scorpions, serpents et autres araignées venimeuses.
    Nous connaissons ce symbole, c’est le caducée repris sur le pare-brise de nos médecins et aux vitrines des pharmaciens de notre quartier, un symbole qui date de plus de trente trois siècles.

   
Lorsque le glaive remplace les chaînes

    Mais ce n‘est pas au caducée que je pense, c’est à la symbolique du lieu.
    Ce peuple en fuite, esclave peut-être de pharaon ou en tous cas fatigué de ne pas avoir son autonomie, décide de prendre les routes du désert en quête d’une  terre qui leur aurait été promise.
    Ils arrivent à la croisée d’un chemin, ou plutôt à une frontière, ils vont quitter la montagne, ils voient à l’horizon les riches plaines, ou, du moins ils l’espèrent,  est sensé couler le lait et le miel.
    Ils doivent aussi abandonner le statut de fugitifs, d’esclaves en fuite, ils deviennent des guerriers, car cette plaine, cette terre, ils devront la conquérir par les armes, par la force, par la terreur peut-être mais certainement pas d’une manière pacifique.
    Tout un peuple qui, en quelques jours change de peau, abandonne son statut de gibier pour devenir chasseur.
    Quelle métamorphose !  Quelle foi en son avenir !

    Leur vieux chef sait qu’il ne peut y entrer , il s’assied, bénit se proches, se couche et rends l’âme, dit la tradition.
    Ce serait donc dans cet amoncellement de rochers qu’il devrait avoir été enterré.

    Son fils adoptif, le vigoureux Joshua prend le commandement, il va s’élancer à la conquête des riches villages, des florissantes agglomérations et des opulentes fermes de ce qui deviendra les deux royaumes hébreux, le Royaume de Juda et le Royaume d’Israël.
    Durant plus de dix siècles, ce peuple occupera le territoire du fond de la Méditerranée.
    Ce ne sera pas un long fleuve tranquille, il verra passer bien des guerriers, aura à livrer bien de combats, subira un exode de plus de quatre-vingt ans.
    Mais il sera aussi témoin du passage des idées, des techniques, il verra défiler toutes les muses et toutes les sciences.   
    Lorsque, en l’an septante de notre ère, il devra quitter cette terre, il devra subir une longue diaspora, il emportera avec lui toutes ces idées, toutes ces techniques et là où il ira, le long de la mare nostrum, en Gaule, en Afrique du Nord, et dans bien d’autres lieux, il ne pourra pas toujours acquérir de la terre, mais continuera à distiller des idées, des techniques, du savoir faire.

La terre autoroute de la connaissance

    Les peuples passent mais la terre reste, cette terre, idéalement située à la charnière de deux hémisphères, celui de l’Est et celui de l’Ouest continuera, jusqu’à notre époque à être le couloir inespéré de l’échange des idées.
    Devant mes amis, actuellement au Mont Nébo, s’étend, vers le Nord la plus grande épaisseur de ce que l’on a appelé le “Croissant fertile”, une allée, une voie royale qui passe entre les déserts, qui s’étend depuis Bassora jusqu’à l’actuelle bande de Gaza.
    Une terre qui offre à celui qui la parcourt asile et nourriture; convoitée depuis des millénaires, mais aussi autoroute des idées.
    C’est par elle que sont passées les idées de Confucius, de Lao Tseu, de Gautama mais aussi celles de Mao Zedong, c’est aussi par elle qu’est passé le “Zéro“ mathématique qui a permis le développement de la technologie; c’est au pas des caravanes des routes de la soie que sont venues les philosophies orientales, de Chine, des Indes et d’ailleurs.
    C’est au sein de ces terres qu’à été écrit la Torah et rédigés les Evangiles, mais aussi qu’à transité le Coran.
    C’est par elles que sont passés les balbutiements des mathématiques et de l’écriture, mais aussi l’épopée de Gilgamesh et le code d’Amourabi
   
    C’est aussi par là, venant de Bactriane, les guerriers de Darius mais aussi les idées de Zoroastre ont envahi la région et nous, venant du Nord de l’Iran,  nous, les
 Ariens avons investi la grande mer centrale.
    Nos civilisations dont nous sommes si fiers, l’hellénique, la romaine ne sont pas issues de générations spontanées, elles ont été alimentées par ces idées qui transitaient à leur portée et qui a permis qu’elles se développent.
   
    Mes amis voyageurs, quand ils regardent vers le Nord doivent avoir l’impression de se trouver devant le cordon ombilical qui les reliaient à leur mère.
    Non pas un filament informe et desséché, mais un cordon toujours vivant, charriant la vie et les connaissances.
    Pourront-ils s’en douter ?
    Combien je regrette de ne pas être à leurs côtés pour leur expliquer.
    De Kars, dans le Nord-Est de la Turquie à Madaba, un passage obligé durant des millénaires, des peuples, des caravanes, des envahisseurs emmenant dans leurs bagages techniques mais aussi idées et civilisations.

Quelques étoiles brillantes dans la profonde nuit noire.

    Mais, me direz-vous, a quoi a donc servi tout ce brassage intellectuel ?
    A asservir les populations, à les laisser dans un marasme économique en proie aux dictateurs les plus immondes ou à de fausses démocraties.
    Peut-être, mais il y a quand même quelques lueurs qui brillent discrètement dans ces ténèbres.
    Il y a quelques jours, j’ai eu le plaisir de discuter tout un après-midi avec un ami qui m’a expliqué rapidement la structure du groupe dont il fait partie.
    Ils se réunissent en loge et discutent , approfondissent des idées humanistes suivant des règles assez stricte, en ce sens que chacun a droit à la parole, à développer ses opinions sans être interrompus, dans un esprit de grande tolérance.
    A la fin de la séance, une synthèse est proposée sans qu’elle se transforme en dogme.
    Chacun peut donc rester maître de ses opinions mais a pris connaissance des opinions d’autrui et s‘est, de cette manière, beaucoup enrichi.
    Vous avez compris que mon ami est Franc-maçon.
    Mais ne croyez pas que la Franc-maçonnerie soit le seul lieu de rencontre pour ce genre de discussion./
    Il existe quantité d’ateliers du même genre, des associations qui se penchent sur les diverses formes de pensée humaine, les sciences, les arts, la littérature, la politique, la philosophie et beaucoup d’autres sujets.
    La qualité principale de ces ateliers est leur discrétion, aucune ostentation en général, des gens de bonne compagnie qui approfondissent les idées, qui les développent, qui les cultivent, leurs permettent d’évoluer comme une culture dans une boite de Petri.
    C’est grâce a eux que nous savons nous maintenir au dessus de la condition animale, que nous savons faire progresser la pensée au delà des réalités journalières.

Conclusion

    Pour revenir à mes amis voyageurs: Heureux qui comme Ulysse ..
    Quant à mes autres amis, ceux dont je viens de parler, heureux soient-ils eux aussi et encore plus que les autres, ils sont les témoins, ils observent, ils étudient les diverses phases de notre pensée, dans la plus grande discrétion, ils sont les jardiniers de ce qui fait que nous soyons humains, ils se réunissent dans un esprit humaniste et de grande tolérance, ils restent discrets et évitent le suicide orgueilleux d’Icare en évitant de briller auprès du soleil au risque de se brûler les ailes.


                                                                                                 E.A.Christiane
                       
                                                                                          Anderlecht, le 16.03.2011 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 07:13

 

 

Haine et intemporalité

 

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           Parmi les sentiments humains, il y a ceux qui sont avouables, considérés comme des qualités, et qui sont parfois, souvent, mis en exergue, amplifiés lorsqu’ ils nous sont personnellement attribués ou qu’ils sont conférés à un défunt que nous admirions

          L‘amour, le don de soi, la générosité, l‘empathie, la bonté, la disponibilité sont des traits de caractères dont nous sommes fiers, dont nous espérons être largement dotés.

          Il y en a d’autres que rarement nous oserions avouer qu’ils font partie de notre personnalité, non pas dans le cadre de nos qualités, mais plutôt dans celui de nos bien vilains défauts.

          Il y a quelques jours, ou quelques semaines, je relisais quelques textes enfouis au fin fond de mon ordinateur et suis interpellé par deux d’entre eux qui, émanaient de deux correspondantes et qui tous deux parlent de haine.

          L’une écrit “ je te hais” en parlant d’une autre personne et l’autre écrit “je les ai haïs tous les deux”.

          Cela interpelle, ces haines sont elles définitives ou seulement des sentiments passagers, dus à la colère, à la déception et qui finiront par s’estomper, par perdre de leur acuité avec le temps ?

          Je peux aisément m’imaginer qu’une de ces dames, arrivée au crépuscule de sa vie, à la fin de sa journée sur cette terre, lorsque le soleil se couchera définitivement à ses pieds, se retrouvera seule, sur une longue route poussiéreuse allant vers son hypothétique futur.

 

Un colloque de fantômes

 

          Elle chemine, à son rythme, sans aucun état d’âme, elle est bien, soulagée de ses maux terrestres, elle n’est pas pressée, la route est rectiligne, blanche de poussière.

          De part et d’autre, un désert de sable couleur ocre, peu de pierrailles, aucune végétation, au loin, un horizon un peu moins monotone, quelques collines mais toujours cet environnement désertique.

          Elle n’a aucune frayeur, elle se sent étrangement en sécurité.

          Tout à coup, apparaissent deux personnages, ils viennent vers elle, ils sont très dissemblables.

         L’un, un noble vieillard, vêtus d’invraisemblables oripeaux d’un autre âge, l’autre son compagnon est en uniforme, orné de quelques discrètes décorations dont la croix de fer, fringant, botté, fièrement sanglé dans ses habits de général de l’armée allemande, képi impeccable, rasé de frais, sérieux.

          Il tient à la main gauche, coincé sous son aisselle un bâton de commandement, il respire l’autorité, la confiance en soi, une morgue toute germanique et s’avère rapidement être le Feld-maréchal Erwin Rommel, un des rares généraux de l’armée allemande auquel il n’aurait pas été reproché des crimes de guerre.

          Notre Dame, que nous appellerons Evelyne pour la facilité de la narration est un peu décontenancée.

 

          C’est le militaire qui lui adresse la parole:

-” Madame,, où étiez vous le 17 juillet 1944 dans la matinée lorsque ma voiture a été mitraillée, détruite, que mon chauffeur a été tué et que je gisais gravement blessé dans un fossé de Normandie ?”

- “ Je pense, Monsieur que j’étais chez mes parents, dans la cuisine, car il ne nous était pas autorisé de sortir de crainte de la mitraille ou des éclats d’obus de D.C.A.”.

 

          Rommel continue: - “ Et à quoi pensiez vous à cet instant ?”

- “ Je me disais: Vivement que les troupes alliées viennent nous délivrer et que cette horrible guerre prenne fin.”

 

          Le général : “ Pouviez-vous imaginer que moi aussi, ainsi qu’une bonne partie des soldats qui étaient sous mes ordres pensaient aussi qu’il serait souhaitable que les alliés mettent le plus rapidement fin à ce carnage ?”

Et Evelyne de répondre, funeste réponse s’il en est : “ Non Monsieur car à cette époque, je vous haïssais ainsi que vos semblables.”

 

          C’est alors au vieillard de prendre la parole.

          Il était vraiment d’un autre temps, sa main droite parcheminée était soutenue par un bâton élagué d’un improbable arbuste du désert.

          Ses haillons, étaient indescriptibles, vieux, sales, grisâtres, soutenus par une corde qui lui enserrait les reins.

          Il avait une barbe, non pas taillée ni fleurie, mais hirsute, sauvage, grise elle aussi avec des mèches rousses, brunes ou noirâtres, peu soignée, pas peignée, généreuse jusqu’à l’estomac.

          Sa chevelure, poivre et sel, elle non plus pas disciplinée, cachait ses oreilles, faisait penser à la canopée d’une quelconque forêt tropicale un soir de tornade.

          Sa face, ou du moins ce que l’on pouvait en voir était burinée, un nez sémite, des paupières plissées, crevassées par l’âge hébergeant deux pupilles d’un noir profond, pétillantes de malice mais aussi de bonté.

 

          Saint Pierre, puisque c’était lui dit:

-”Mon enfant, vous venez de dire que vous avez eu de la haine pour cet homme, mon compagnon de route, que vous ne connaissiez pas. C’est bien regrettable, mais je ne peux vous laisser entrer immédiatement dans mon paradis, vous devrez faire un stage d’une durée indéterminée et méditer longuement sur ce sentiment de haine qui vous a accablé. Ce stage vous le ferez dans un lieu appelé purgatoire et durera le temps qu’il faudra car la haine est le plus vil des pêchés capitaux.”

 

          Avant qu’Evelyne ait pu s’expliquer, négocier éventuellement, les deux personnages avaient disparus.

          Elle se trouvait devant une bâtisse, solide, en pierres taillées, un château de type médiéval, le portail, solide en deux vantaux de chêne épais, consolidés par de la ferrure faisait penser à un couvent ou mieux encore à une prison, mais comment parfois savoir différencier.

          Une petite porte s’ouvre et notre amie entre en ce lieu de méditation comme le disait Saint Pierre pour “un temps indéterminé”.

 

 

Intemporalité

 

 

         Rien de dramatique, me direz-vous, un peu de repos, un peu de méditation sur ses fautes passées n’a jamais fait de mal à personne.

 

          Le problème, la souffrance n’est pas à ce niveau, elle vient de cette petite phrase prononcée par Saint Pierre: “ Pour une durée indéterminée.”

          Priver quelqu’un de la notion de temps est probablement le pire des supplices.

          Impossible de faire un compte à rebours, de dire... “ encore autant de jours “ ... “encore autant d’années “ ... “encore autant de minutes”...

          Le temps n’a plus de valeur.

         

          Songez au prisonnier, enfermé dans sa cellule, sans fenêtre avec la lumière artificielle en permanence; il essaye bien de savoir où il en est en suivant le rythme et la composition de ses repas, mais s’aperçois rapidement que ce rythme est hypothétique et que la composition est aléatoire, il peut avoir deux fois de suite ce qu’il suppose être le repas de midi, puis trois fois de suite du café, qu’il présuppose être le petit déjeuner.

          Au bout de moins de deux semaines, après qu’il ait perdu, dans son ennui la notion de rythme de veille et de sommeil, il ne sait absolument plus où il en est dans le compte des jours.

          Il en est de même lorsque l’on suit un traitement de radiothérapie, fixé sur la civière, avec interdiction de bouger, si une crampe survient et que vous avez quelques velléité de bouger, une voix vous dit...“patientez“.... “encore un peu de temps” ... “c’est bientôt fini“. “.je vous en prie, ne bougez pas” ... “nous faisons notre possible” ... “courage“... c’est très bien mais combien aimerions nous qu’on soit un peu plus précis ... “encore deux minutes” ... “encore quatre minutes et trente secondes” ... “encore vingt secondes“...

          Il est alors possible au patient de se repérer en fonction de son rythme respiratoire, de ses pulsions cardiaques, mais sans point de repère , que faire ?

          Priver un être humain de la notion de temps est certainement la pire des souffrances, la pire des tortures.

 

          Alors, lorsque l’on nous parle de la béatitude pour l’éternité, je ne sais vraiment plus que penser.

 

 

                                                                                                 E.A.Christiane

 

                                                                                         Anderlecht le 06.02.2011

 

 

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 17:11

Lorsque le soleil devient noir.

 

 

            La vie ne nous fait pas que des cadeaux, elle est une lutte de tous les jours pour chacun d’entre nous pour résoudre les problèmes qu’elle nous soumet, les énigmes pour lesquelles il faut que nous trouvions des solutions.

           Mais en général, le bilan est positif, il faut avoir de la chance bien sûr, du courage depuis l’âge de raison, que l’on situe en général vers 7 ans, et une opiniâtreté jusqu’au dernier jour de notre existence.

            C’est une lutte pour émerger, on ne peut être le meilleur en tout, même le meilleur en rien est en soi une bonne chose tant que l’on reste dans une juste moyenne, dans le cadre de notre bien être, de notre conception de la vie.

            Il y a place pour tout le monde, l’importance est d’avoir un peu d’ambition et de considérer que la place est bonne, mais qu’il y a mieux, juste un peu plus haut, ce qui nous obligera à faire un effort sans que cela devienne une obsession.

            Le progrès, la croissance dans l’échelle sociale ne doit pas être fulgurante, elle doit être progressive mais ininterrompue.

 

 

Les aléas de l’existence

 

                                                                                               Si ... .

                                                                                               Tu seras un homme mon fils

                                                                                                            Rudyard Kipling (1901)

 

            Les coups durs, il y en a, ils sont en préparation très souvent sans que nous nous en apercevions, ils sont en cours et nous désespèrent ou encore, ils sont dans nos souvenirs proches et ils continuent à marquer notre vie.

            Si nous avons la sagesse de les prévoir, nous nous efforçons de les éviter, mais ils surviennent trop souvent sans préavis, ils nous réveillent un matin au saut du lit sans que même nous n’ayons pu envisager qu’ils puissent se manifester.

            Et puis, petit à petit, ils s’éloignent, on ne les oublient pas, mais ils cessent d’occuper tout notre horizon, remplacés par d’autres problèmes que nous devons aussi prendre à bras le corps

            Nous avons crains pour l’amour, la pérennité de notre ménage, pour la santé de nos proches et la nôtre, nous avons eu des catastrophes, des incendies, des tempêtes, la grêle qui détruit les récoltes, des inondations, la perte d’un être cher d’un enfant peut-être, la ruine financière, un accident, des trahisons, la maladie du bétail, une guerre extérieure, nous avons été victimes d’escrocs, de tourmenteurs divers qui en voulaient à notre valeur morale.

            Tout cela, toutes ces attaques, tous ses soucis ponctuels, nous les avons combattus, nous avons négocié plus ou moins bien, nous avons surmonté le stress et avons plus ou moins gardé notre personnalité même si quelques cicatrices psychologiques, celles qui ont formé ou transformé notre caractère peuvent ne jamais totalement disparaitre.

            Ils font et ils feront, jusqu’au dernier jour de notre existence partie des expériences auxquelles nous pourrons toujours nous référer même si, comme on le dit, l’expérience des parents n’est que rarement léguée aux enfants.

 

 

Profondes douleurs

 

            Mais, hélas ! il y a parfois pour certains d’entre nous des chocs bien plus graves, des attaques qui nous interpellent bien plus sérieusement, au plus profond de notre être.

            Ce sont les espoirs déçus, des élans psychologiques brisés, lorsque l’on a basé toute son énergie à résoudre un problème grave, grave parfois seulement pour nous, mais important à nos yeux, dont la résolution devrait avoir un puissant impact sur notre moral, sur notre avenir.

            Ce sont ces déceptions profondes qui nous font paraitre le soleil, notre astre radieux, lumineux, celui qui par sa clarté nous donne la vie, il nous le font paraitre froid, mais aussi sans reflet, sans teint, terne, parfois totalement noir.

            Un objectif sur lequel on travaille, on concentre toute notre énergie, tout notre savoir faire, toute nos espérances, il est le but a atteindre, il est de jour en jour à portée de main, il est là, prêt à être saisi, il se donne, enfin il est atteint ou presque...

              Puis, tout s’écroule, un détail, une légère erreur, un incident, un mauvais calcul et c’est le trou noir, c’est le soleil noir.

 

 

Espoir d’avenir

 

                                                                                                                      Adieu, Lili Marleen

                                                                                                                                Hans Leip (1915)

 

            Il est là, ce jeune homme, fier comme un coq, heureux comme pas possible, il va se marier avec sa dulcinée, celle qu’il fréquente depuis bientôt trois ans

            Ils se connaissent, ont fait des projets d‘avenir, ils veulent vivre ensemble, ont loué un logement, ont choisi leurs meubles, ont programmé la venue de leurs enfants, du moins autant que faire se peut, ils vont enfin, devant le magistrat communal, unir leur vie.

            Jour faste, jour heureux évènement auquel ils ont convoqué la famille, bien sûr, mais aussi les amis et connaissances.

             Il fait beau dehors, le soleil brille, le ciel est bleu, c’est le printemps, l’avenir est à eux.

            Un peu de retard, c’est normal, une femme, même le jour de son mariage a toujours des choses a faire et surtout à dire au dernier moment, puis il y a les embouteillages...

            Enfin, le GSM donne son bip, un SMS : “Je regrette. J’ai changé d’avis. Je ne suis pas prête. Pardonnes moi. “

            Le jeune homme est atterré, écroulé, il entend quelques petits rires discrets derrière lui, il voit quelques petits sourires entendu sur les lèvres de certains convives, mais lui, il est dans une autre dimension.

            Adieu espérances élaborées en commun, une trahison de dernière minute, des excuses a présenter au maire de son village, une retraite sans gloire, s’enfermer dans sa chambre en proie à sa tristesse à sa douleur.

            Pour lui, ce jour là, le soleil est froid, il n’est pas brillant, il est noir.

 

 

Espoir de maternité

 

                                                                                                                               Sometimes I feel

                                                                                                                                like a motherless child

                                                                                                                                          Mahalia Jackson

 

          Un  couple plein d'espoir, lui a quarante cinq ans, elle vient d'en avoir quarante et un, ils sont mariés depuis plus de vingt ans, et malgré de solides efforts n'ont pas encore réussis à avoir un enfant.

          Ils ont tout essayé, maintes et maintes fois, ils ont eut aussi maints et maints espoirs, mais toujours sans parvenir au succès.

          Cependant, cette fois-ci, tout se passe bien, Madame est enceinte de huit mois, la chambre du petit (car ce sera un garçon) est prête, des dessins, des tas de jouets déjà, bref le grand espoir.

          Il est temps, car la vie continue et le cycle de fécondité accepte rarement les prolongations, c’est cette fois-ci ou jamais.

          La mère, la belle-mère et même la vieille tante ancienne sage-femme de nos campagnes sont aux petits soins, l’équipe d’obstétrique de la polyclinique du quartier est sur pied de guerre, encore un peu de patience et enfin, l’espoir, l’attente sera comblée.

          Et puis.. Pourquoi ? Ce matin, vers cinq heures ce fut la catastrophe, Madame a perdu l’enfant, sans espoir de viabilité.

            L’effondrement complet, c’était le dernier essai possible, ils vivrons ensemble le reste de leur existence sans descendance, sans petits enfants pour égayer leurs vieux jours.

            Qu’y faire ?

            Comment réagir ?

            Eux-seuls peuvent en sortir.

            Lui seul est capable de rassurer son épouse qui va très certainement culpabiliser de n’avoir pu mettre un enfant au monde, de n’avoir pu combler les espoirs auxquels peuvent prétendre tous les couples.

            Ce jour là, pour eux deux, isolés dans leur tristesse, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 

Espoir de promotion

 

                                                                                                                                 Le bûcher des vanités

                                                                                                                                           Tom Wolfe

 

            Comme chaque année, cette grande entreprise réuni ses cadres en un drink de fin d’exercice, un verre de mousseux, quelques zakouskis, un petit message de remerciements de la part du grand patron et la distribution des enveloppes qui situent le niveau de responsabilités et les émoluments de chacun pour l’exercice suivant.

            Moment très attendu et aussi un peu redouté par certains.

            Quelle va être le verdict ?

            André, lui, n’a pas grand chose à craindre, depuis trois ans qu’il est dans la boite, il a donné le meilleur de lui-même, créatif, courageux, plein d’esprit d’entreprise, ayant sa place dans l’équipe, apprécié par ses pairs, actifs lors des réunions de gestion ou de développement, une fois même, il y a moins de deux mois, le grand patron, himself, qu’il avait croisé dans un couloir lui avait tapé sur l’épaule en lui disant.. “Comment allez-vous André, vous faites du bon travail, continuez”.

            Bref, l’optimisme était de mise.

            Après le discours, le toast, le chef du Service du Personnel remets à chacun son enveloppe.

            Le cœur un peu battant, il l’ouvre et déplie la lettre d’espoir qui lui est destinée.

            Comment ? C’est impossible, une maigre augmentation de 1, 5 %, un mot de remerciement et d’espoir de continuation pour l’année qui vient et... c’est tout.

            Autour de lui, d’autres collègues font piètres figures, d’autres exultes, expliquent déjà leurs nouvelles fonctions, la limite ou la non limite de leurs nouvelles responsabilités, tracent aussi des projets sur la comète, se voient déjà en haut de l’affiche.

            Que va dire André à son épouse, eux qui avaient des projets en fonction de l’espoir de promotion ou du moins d’une bonne rallonge de salaire ?

            Que va penser Paulette, son épouse en admiration devant lui, qui est témoin des efforts faits pour progresser dans l’organigramme de la firme ?

            Ne va-t-il pas, à ses yeux perdre de sa valeur ?

            Lui qui tient tant à son épouse ne va-t-il pas la voir se détacher lentement, déçue, doutant de son bon choix ?

            Comment lui expliquer le ou les problèmes dont il ne connait ni les données ni la réponse ?

            André est épuisé, écroulé, il sent venir le découragement, la dépression, pour lui, aujourd’hui, le soleil devient froid, le soleil devient noir.

 

 

Espoir de réussite

 

                                                                                                     Ami, entends-tu le vol noir du corbeau

                                                                                                     dans la plaine ?

                                                                                                     Ami, entends-tu les cris sourds du pays

                                                                                                     qu’on enchaîne ?

                                                                                                                 Joseph Kessel et Maurice Druon (1943)

 

            C’est un homme de grande expérience, plus très jeune, mais un vieux politicien rodé à toutes les ficelles de la négociation, qui a l’avantage de ne pas être affilié à un parti dominant, bref l’homme qu’il faut pour débrouiller les situations les plus embrouillées.

            Et la situation est embrouillée, il est appelé par le chef de l’Etat à “concilier l’inconciliable”.

            D’autres, et pas des moindres ont essayé avant lui, mais tous ont du jeter l’éponge: mission impossible.

            Il va quand même essayer et pendant trois mois, va avoir des dizaines de contacts avec les milieux les plus divers, politiques, économiques, syndicaux, patronaux, des experts en gestion bancaire, des professeurs d’université en économie politique, en gestions financières; tout ce beau monde sera à sa disposition, il pourra le mettre à contribution, il sera toujours prêt à collaborer et aider cet homme à trouver une solution à ses problèmes, à nos problèmes, qui sont aussi les problèmes de toute une nation, dont dépendra le bien-être de plus de dix millions d’habitants.

            Des centaines d’heures de négociations, des nuits blanches à ne plus les compter, des week-ends et des vacances que l’on oublie, auxquels on n’a même pas eu le temps de penser, seront, pour cet homme courageux, patriote ce qu’il aura vécu durant trois mois.

            Plusieurs fois, il a rédigé et présenté à ses confrères politiciens des solutions transitoires, chaque fois, la réponse était: “... Oui, mais ...” , et chaque fois il remettait son travail sur le métier, le peaufinait, le présentait au Chef de l’ Etat, cherchait auprès de lui un encouragement, un conseil et inlassablement continuait à travailler.

            Des problèmes familiaux, tels que tous nous en avons tous, ne l’ont pas épargné non plus, il y a consacré un minimum de temps et s’est remis à la tâche.

            Finalement, un espoir, une dernière mouture semblerait être un bon départ à une discussion durant laquelle seuls quelques détails viendraient à être modifiés.

            Il semble avoir une solution, il respire, le sourire réapparait sur son visage, ses traits tirés par la fatigue et le stress semblent se détendre.

            Et vient la présentation finale de ce qu’il pense être son dernier rapport, rapprochant tous les points de vue.

            Soulagement, les cinq premières réponses sont positives, mais les deux dernières font échouer, chavirer ce vaisseau patiemment construit, planche par planche des mains de cet homme courageux.

             Il ne pouvait penser, ou du moins il espérait qu’il n’y avait pas d’agenda caché.

            Hélas, il doit déchanter, dès le début, son travail semble, actuellement, avoir été voué à l’échec.

            Des considérations bassement politiciennes, électoralistes semblent devoir l’emporter sur la notion de bien être de la Nation.

            Trois mois de travail dans l’enthousiasme, trois mois à écarter les écueils, à chercher à trouver des solutions alors que dès le début les dés semblent avoir été pipés.

            Que va-t-il faire, rendre rapport au Chef de l’Etat, au Roi, au père de la nation, se ressourcer, chercher du réconfort ou peut-être simplement retourner à ses occupations.

            Il est découragé, on a joué avec lui, avec ses capacités de travail, avec son esprit patriotique, avec son expérience, avec le respect que chacun lui doit, il en est conscient, pour lui, aujourd’hui, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 Espoir de liberté

 

                                                                                                                Let my people go...

                                                                                                                        Paul Robeson

 

            Dans une salle d’audience de la cour d’assises, un homme jeune, vingt-cinq ans attend son jugement.

il est accusé de meurtre, mais il es innocent, réellement innocent, il le sait, son avocat aussi.

            Il était au mauvais moment au mauvais endroit et tout semble l’accuser, mais il a confiance.

            L’avocat général n’a pas été tendre avec lui, mais c’est son métier; par contre son avocat, celui de la défense a été admirable de conviction et l’issue du verdict ne fait aucun doute, ce soir, il sera relaxé, il sera libre, ce soir, il sera dans les bras de sa petite amie, ils pourront voir l’avenir en rose, envisager de se marier, car elle l’a attendu durant ces deux longues années d’enquête durant lesquelles il était en détention préventive.

            Enfin, le jury sort de la salle de délibération, il tend l’enveloppe au Président du tribunal, le justiciable et son avocat échangent un clin d’œil d’espoir, de certitude.

            “ Le jury déclare ....? coupable !”.

            Vingt cinq ans de servitude pénale principale.

            Avec un peu de chance, avec beaucoup de chance, il sortira de prison dans six ou sept ans.

           C’est la fin de ses espoirs, de nombreuses années de solitude, de galère l’attendent dans un enfermement physique et psychologique.

            Adieu l’espoir de faire sa vie avec son amie, il est condamné par un jury d’assise, sans possibilité d’appel, il est emmené entre deux gendarmes vers son destin, vers son isolement d’ encore au moins six ans.

            Le soleil, pour lui, est devenu froid, le soleil est devenu noir.

 

 

 

Espoir de réconciliation

 

                                                                                                            Nobody knows the truble I ‘ve seen

                                                                                                                            Louis Armstrong (1962)

 

            Le vieil homme était heureux en cette soirée de Saint-Sylvestre, il avait pu ouvrir sa maison à toute sa famille.

            Il faut vous dire que depuis plusieurs décennies, il y avait un imbroglio impossible à dénouer, ses fils, filles, beau-fils, belles filles, petits enfants étaient en éternelle bisbrouille.

            Les raisons ?

            Plus personne n’en savaient réellement la cause, quelques mots mal interprétés, des jalousies féminines, de sombres histoires d’intérêts commerciaux ou d’héritage ou d’autres circonstances oubliées depuis longtemps.

            Il y a trois ans, qu’il était veuf et depuis le décès de son épouse il n’avait eu de cesse que de réunir la famille, de pouvoir réaliser la réconciliation qui serait pour lui le sommet, le couronnement de sa vie qu’il savait toucher à sa fin.

            Et aujourd’hui,, ils étaient tous là, s’étaient salués, embrassés comme si jamais il ne s’était rien passé.

            Les verres et les zakouskis avaient circulés dans une bonne humeur non feinte.

            Le fruit du travail de l’ainé de la famille était bien là; que de coups de téléphones, de messages, de visites, de discussions, de gentillesses, de petites choses gentilles ont été nécessaires pour en arriver, après trois ans d’efforts à ce résultat.

            Vraiment un bon jour plein d’espoir.

            Et puis, que s’est-il passé ?

             Là bas, derrière le sapin de Noël illuminé, un mot plus haut que l’autre, était-ce une belle-fille, un gendre ou autre chose, mais le ton monte, les invectives surgissent, des clans se forment, des vieux souvenirs reviennent à la surface, c’est la pagaille générale.

            Oubliés les verres à demi vides, les plateaux de gâteries, le vestiaire se vide, les manteaux sont retirés, les visiteurs quittent la maison, furieux, remontent dans leurs voitures et disparaissent.

            Le vieil homme reste seul, avec une de ses petites filles qui a eut pitié de son Papy et le console comme elle peut.

            C’était la dernière possibilité de réunir tout le monde, l’aïeul sait qu’il n’aura plus le temps de reprendre ses efforts, de recommencer cette lutte diplomatique, sera-t-il encore là à la fin de l’année, à la prochaine fête de Saint-Sylvestre... après la déception de ce jour.

            Il est certain qu’il quittera ce monde sans avoir pu rapprocher les membres de son lignage, il laissera derrière lui une famille en charpie, une honte pour un patriarche.

            Tout cela parce que, certains, égoïstes, orgueilleux, n’ont vu en cette fin d’année que leurs petites mesquineries de terriens terre à terre, heureux d’avoir eu raison, de quoi ?

            Ils n’en savent rien eux même.

            Mais pour cet homme, pour ce vieil homme qui cette nuit est devenu encore bien plus vieux, c’est un drame, un échec final, une défaite de fin de vie qui lors de la dernière minute de sa vie viendra encore hanter son agonie.

            Ce soir, pour ce Papy, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 

Erreur irréversible

 

            Mais le soleil noir n’apparait pas seulement à ceux qui ont eu un grand désespoir, une grande déception qu’ils ont difficile de surmonter.

            En 1932, dans la province du Bandundu, au Congo alors belge, un jeune géomètre courageux nous a laissé un bien triste témoignage.

            C’est en ayant la possibilité de consulter des archives familiales que je suis tombé sur l’anecdote.

            Cet homme courageux était géomètre de profession, il partait en brousse où il vivait sous tente, loin de tous chemins de tous sentiers, de toutes agglomérations durant parfois plus de 15 jours.

            Son travail consistait à partir d‘un point géodésique connu, de faire une base précise à la chaine d’arpenteur puis une suite de triangulations au théodolite pour relever les limites d‘une région, d‘une concession, de clôturer ses polygones et après report sur papier adéquat de rendre son travail à ses supérieurs..

            Il partait avec une petite équipe, un domestique, quelques militaires, des porteurs et aussi quelques travailleurs pour tracer les percées dans la brousse.

            Tout ce petit monde vivait en autarcie pendant souvent deux semaines, avec un rythme de travail bien précis, la matinée, percées, relevés, prise de notes et les après midi, les calculs, les croquis et les schémas.

            Après deux semaines de ce labeur, c’était le retour dans un poste où, sur une vraie table à dessins, les données étaient reportées, les calculs une nouvelle fois vérifiés et les plans tracés en cinq exemplaires et signés.

            Sur le terrain, naturellement, le géomètre était seul européen, et devait veiller à la discipline mais aussi à l’alimentation de sa petite troupe.

             Il chassait pour assurer le ravitaillement en protéines.

            Un jour, il voit dans ses jumelles un beau groupe d’une cinquantaine d’antilopes et il décide de renouveler le garde-manger.

            Après quelques approches, il se trouve face à face à cinquante mètres avec un magnifique mâle qui le regarde dans les yeux et ne bouge pas.

            Normalement, la bête devait détaler de toutes la vitesse de ses pattes, mais ce n’est pas le cas.

            Elle est ajustée, et immédiatement foudroyée.

            Derrière elle, une autre antilope dresse la tête et subit le même sort.

            La petite troupe qui accompagnait le chasseur alimentaire se déchaine, des chants, des cris, une joie et bientôt le dépeçage.

            Mais... horreur ! Du moins pour l’européen, la seconde antilope était une femelle qui mettait bas, une jambe était déjà sortie et le mâle surveillait.

            Tête basse, le Nemrod est rentré dans sa tente, les larmes aux yeux, il avait presque commis un crime, il avait anéanti toute une famille, le mâle qui protégeait sa compagne en train de mettre au monde.

            Si cela ne semblait aucunement déranger les Africains, pragmatiques, pour l’Européen c’était un drame, un acte qui allait à l’encontre de ses principes.

             Il était seul dans sa tente, en proie à ses états d’âme; ses travailleurs exultaient, un gouffre entre deux cultures.

            Ma petite fille aurait certainement développé cela comme exemple dans un travail d’ethnopsychiatrie.

            Ce courageux géomètre, ce jour, a vu le soleil devenir noir.

 

 

 

La Saint Sylvestre, un pré-carnaval

 

            Les réunions à l’occasion de la nativité sont pour moi assez sympathiques, ce sont des réunions de type rurales, il y a la paille, l’auge, les bergers, les moutons, l’âne, le bœuf, l’étable, le chien et dans ma jeunesse, on allait à la messe de minuit, on se retrouvait entre voisins, en famille, c’était convivial à souhaits, villageois.

            A la Saint-Sylvestre, par contre, c’est très différent, plus citadine, une grande réunion de personnes qui ne se connaissent pas, qui défilent dans les rues en faisant semblant d’être gaies, ils chantent, ils crient aux étoiles, ils se côtoient sans se voir, il est de coutume de se défouler mais il n’y a pas de réel ciment entre les composants.

 

                                                                                                                             America, the beautiful

                                                                                                                                   Katharine Lee Bates (1895)

 

            Un des plus beaux chants patriotiques américain, chantés par tout ce qui sait ou savait chanter, Elvis Presley, Louis Armstrong, le Mormon Tabernacle, Ray Charles, Whitney Houston, mais surtout, pour moi la meilleure exécution est celle de Barbra Streisand.

            Dès que ce chant émerge, toutes les personnes présentes se lèvent, au garde à vous, la main sur le cœur et entonnent à pleine voix cet hymne à la fierté d’être américain “ Proud to be American”, sans distinction de races, d’origines ou de religions, une vraie foule telle que la concevait Gustave Lebon.

 

                                                                                                                                  Petit pays, petit esprit

                                                                                                                                         Léopold II

 

          Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas parfait, loin d’être un paradis idyllique pour ses habitants, mais ceux-ci sont fiers d’être américains.

            Qu’en est il de nous, Belges ?

            Si nous pouvions avoir un chant patriotique qui nous unirait tous avec autant de ferveur, nous aurions depuis longtemps remisé nos complexes et oublié les termes bien mal venus d’un de nos souverain.

 

            Le soir de la Saint-Sylvestre, la population qui déambule dans les rues des capitales ne constitue pas une foule, mais seulement une masse de gens en couples, en famille, entre quelques amis, autant de petites unités qui sont très rarement unies par un même idéal, par une même idée.

            Loin des foules américaines devant un chant patriotique qui constituent un ensemble homogène, les participants aux festivités de nos grandes villes la veille du Jour de l’An sont autant de microcellules qui n’ont aucun idéal commun.

            Chacune de ces micro-unités est isolée ou quasi isolée de sa voisine, chacun vit sa soirée comme il l’entend.

            Il y a le feu d’artifice, c’est intéressant à voir, cela dure vingt minutes.

            Vingt minutes durant lesquelles les effets pyrotechniques tentent symboliquement de réveiller le soleil par leurs éclats colorés, vraiment très beau

            Les Egyptiens aussi, tout les matins remerciaient le Dieu Rà de daigner les revisiter.

            Et puis après, chaque petit groupe de cette masse, prend un dernier verre, fait éventuellement quelques pas de danse et rentre chez lui pour sombrer dans un sommeil profond.

            Vers onze heures, parfois plus tard, un dur réveil attend les fêtards, un Dafalgan effervescent pour faire passer le mal de tête et une tasse de café bien chaud avant de traîner sa flemme dans la maison le reste de la journée.

             Enfin ils auront passé, suivant la tradition un excellent Jour de l’An et devraient se trouver en pleine forme pour commencer, dès demain, leur travail habituel jusqu’au prochain Saint-Sylvestre.

            J’ai eu de la chance, je n’étais pas seul durant cette soirée, nous étions, mon épouse et moi-même devant la télévision à regarder un concert d’André Rieux à New-York.

 

 

                                                                                                                                    Oh ! happy day

 

            Très bonne soirée, comme d’habitude avec André Rieux, un excellent “America the beautiful ” puis, l’inévitable “Oh ! happy day” massacré par un groupe Gospel qui a fait une bien minable prestation.

            Au moment ou ils ont commencé a célébrer ce jour joyeux, cela a été plus fort que moi j’ai eu une émotion, les larmes ont jailli de mes orbites.

            Pourquoi, ce Jour de l’An devrait-il être un jour heureux, un “happy day”, il n’y a vraiment aucune raison, pas plus qu’hier ou que demain.

            Voulait-on célébrer la fausse joie, la joie prévue, contrainte, programmée, obligatoire, de ceux qui, dehors, hurlaient à la lune ?

            Je pensais à ceux qui au fond de leur tristesse, de leur désespoir, à ceux pour qui le soleil était noir et qui n’avaient que faire du tintamarre de ferrailleurs qui se déroulait bien au dessus d’eux.

            C’est à eux que je pensais et ce sont eux qui étaient la cause de mon émotion.

            Ils étaient seuls, face à eux même, devant leur douleur et personne ne pouvait les consoler et certainement essayer de les convaincre qu’aujourd’hui, premier janvier 2011, c’était un “happy day”, car pour eux, le soleil était noir.

 

                                                                                                                             When the saints

                                                                                                                             go marching in

                                                                                                                                    Tous les jazzmen du monde

 

 

            Il est rare et je n’aime guère terminer un texte sur une note pessimiste, j’aurais préféré voir au fond des ténèbres de ce soleil noir une petite étincelle, une bougie lointaine qui aurait donné un peu d’espoir à ceux qui pensais ne plus pouvoir espérer de rien.

            J’aurais pu alors invoquer la parade finale de toute prestation des jazzmen du monde, un espoir que le jour de la résurrection, ils seront parmi les élus.

            J’ai cherché et malheureusement, je n’ai pas trouvé.

 

 

             Veuillez, chers amis m’en excuser.

 

 

                                                                                                                              E.A.Christiane

 

 

                                                                                                                     Anderlecht le 10.01.2011

 

 

                                                                                                                           

 

 

.                                                                                                                                          

 

 

 

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 21:02
La peur du devenir
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A toutes les Dames qui auront la patience de me lire.

    Une Dame de mes amies dont je tiens compte et respecte ses avis, m’écrivait qu’elle craignait de devoir un jour se soumettre aux traditions musulmanes.
    Je lui ai répondu illico.
    Et aujourd’hui, quelques mois plus tard, je pense pouvoir vous faire part de ma réponse quitte à mécontenter, à me mettre à dos l’ensemble des Dames à qui, bien entendu, je vais adresser le présent texte.
    Il faut vous dire que j’ai toujours aimer vivre (un peu) dangereusement.



Amie et connaissances,

    Je ne voudrais pas être ton tourmenteur, ton persécuteur, ton tortionnaire, ton Torquemada d’Anderlecht, ton ange gardien qui te ferait des reproches et essaierait vainement, probablement, de te mettre dans le droit chemin, un sadique, un cruel, un satyre, un vicieux, un mal appris, un mal éduqué ou pas éduqué du tout, un manipulateur, un macho, un misogyne, un voyou, un vaurien, un chenapan, un garnement, un gredin, un gangster, un sacripant, une canaille, une crapule, un bandit, un coquin ( et je te laisse la place pour en rajouter)...
    Cependant, pour revenir à tes grands doutes sur l’avenir de notre civilisation vu l’influence, l’invasion, le débordement, le déluge, la submersion, l’inondation musulmane dont tu sembles redouter les pires effets non pas pour tes enfants et petits enfants, mais pour toi-même, vu la crise financière et vu le prix du tissus et de la nécessité, au fur et à mesure des ans de devoir en acheter plus pour en faire des djellabas dont tu serais éventuellement, certainement même, obligée de te vêtir dans un avenir que tu vois imminent.
    Il n’est pas dans mes habitudes d’être un oiseau de mauvais augures, je suis même d’un naturel plutôt optimiste, ce que l’on me reproche régulièrement, et il faut bien parfois, devant le défaitisme, la dramatisation anticipée des faits que je constate parfois chez certaines de mes amies qui, malgré tout, me sont quand même très chères.
   
    Tu craignais de devoir, un de ces jours, mettre un voile musulman, je ne pense pas que ce sera nécessaire et certainement moins obligatoire que de se couvrir la tête pour une dame qui ne pouvait certainement jamais, au grand jamais, sortir “en cheveux” dans la rue il y a seulement quelques décennies.
    Tu craignais de devoir mettre une djellaba,  je ne pense pas et certainement moins que les horribles uniformes, qui portaient tellement bien leur nom car ils cachaient toutes les formes, dont étaient affublées les jeunes filles du couvent des oiseaux, long tablier noir, petit chapeau ridicule, longs bas noirs tricotés, souliers vernis tout aussi noirs aussi que leurs corneilles garde chiourme qui elles étaient vêtues d’une robe bleue et d’un horrible couvre-chef biscornu et amidonné qu’elles appelaient cornette.
    Tu craignais devoir marcher humblement tête baissée sans oser montrer ton visage et encore moins ton regard aux jeunes hommes que par hasard tu rencontrerais par crainte d’être traitée d’effrontée, je ne penses pas.
    Le port de la voilette cachant le visage, le yeux surtout, du voile de jeune mariée, toute de blanc vêtue (comme si elles arrivaient encore toutes vierges au mariage) ne sera plus nécessaire à l‘avenir.
    Tu craignais de ne plus oser montrer tes mains, ni, pire encore, tes avants bras, je ne le penses pas; le port par les jeunes filles “bien nées” de longs gants, blancs si possible, qui cachaient ces si jolies choses ne te sera plus imposé comme cela était du temps de tes grands parents.
    Tu craignais de devoir aller à la mosquée pour la prière tous les vendredis, je ne penses pas que cela sera remis à la mode pas plus que l’obligation sous peine de péché mortel d’aller le dimanche à la messe (pour s’y montrer principalement) et si possible aux vêpres et au salut ne te sera pas imposé.
    Tu craignais de devoir jeuner les vendredis, ce temps est terminé et si, dans ta jeunesse, ce jour était un jour de corvée poisson, maintenant et dans le futur, l’obligation de te passer de viande, de jus de viande et même  des meilleures choses dans le cadre des relations intimes ne te sera pas imposé.
    Tu craignais de devoir effectuer tes cinq prières journalières dans une langue bien vivante mais que tu ne comprendrais vraisemblablement pas, dans l’espoir d’accéder au paradis d’Allah après ta mort, je ne pense pas que nous reviendrons à la prière psalmodiée souvent dans une langue morte que nous comprenions si peu, qui devait obligatoirement commencer à chaque lever, le soir avant de s’endormir, avant et parfois après chaque repas et avant chaque heure de cours, ces temps me semblent définitivement révolus.
    Tu craignais de devoir te soumettre aux trente jours de ramadan, je ne pense pas que cela te sera jamais imposé, nous ne sommes plus aux quarante jours de carême obligatoire et bienséant que tu as connu dans ta jeunesse.
    Tu craignais de devoir te soumettre au dzakat, l’aumône traditionnelle donnée aux pauvres de 5 à 8 % de tes revenus, je ne pense pas que cela soit encore nécessaire, nous ne sommes plus à la dîme (10 %) due à l’église catholique il y a seulement deux ou trois siècles; de toutes manières, l’impôt sur les revenus dus à la communauté est de loin supérieur au taux de 5 à 8 %.
    Tu n’auras pas la crainte, en aucun cas, de te confesser au moins une fois l’an, car la confession n’existe pas dans la religion musulmane. Cette religion reste à l’entrée de la chambre à coucher.
    Tu craignais que tes petites filles soient obligées d’épouser l’homme que leurs parents auraient choisis pour elles, je ne pense pas que tes enfants les y obligeraient, on n’est plus, on ne sera plus jamais dans notre pays à l’époque où l’on cloîtrait les jeunes filles en attendant que le père, après quelques transactions et tractations parfois peu désintéressées accepte qu’un prétendant bien nanti vienne pompeusement demander la main de l’oiselle.
   
    Les choses ont beaucoup changé sur deux siècles, du moins chez nous.
    Deux siècles, me diras-tu, c’est beaucoup !
    Mais non, c’est seulement six ou sept générations !
    Tu as connu, du moins je l’espère tes grands parents, ils sont probablement nés dans le dernier quart du XIX éme siècle vers la fin des années 1800, deux générations avant toi.
    Tes parents sont nés dans les années juste après la première guerre mondiale ou durant celle-ci, tu es née juste après la seconde guerre mondiale et tes arrières petits enfants, les enfants de tes petites filles ou petits fils que vraisemblablement tu auras le bonheur de voir, je te le souhaite, naîtront presque certainement avant 2020, vivront et verront probablement le XXII éme siècle.
    Cela fait bien 200 ans, rien d‘impossible.

    Je suis né en Wallonie, et sans avoir jamais pu parler wallon dans ma vie, mais du fait de vivre à Verviers, je le comprenais.     
    Maintenant, c’est à peine si je saisi le sens des phrases.
    Mes petites filles, jusque il y a quelques années, allaient souvent à Bastogne, on y parle le wallon, elles comprennent quelques mots mais pas plus.
    Paule et Toi vous êtes toutes deux issues de familles néerlandophones, s’il vous en reste quelque chose, ce ne me semble guère être la gloire et vos enfants ... n’en parlons pas, ils ne peuvent encore que dire qu’ils sont de descendance flamande et tout cela en français.
    Toi, un peu Ecolo, voudrais-tu revivre comme vivaient tes grands parents ?
    Figures-toi que hier, l’interrupteur du WC de notre appartement a rendu l’âme... j’étais bien ennuyé, je ne voyais plus ce que je disais.
    Mais je pense à mes grands parents qui se rendaient aux commodités dans un cagibi au fond du jardin, sur une planche percée, dans le froid de l’hiver, avec une bougie ou une lampe tempête.
    Qu’avais-je donc à tellement me plaindre ?
    On parle souvent du “bon vieux temps”, mais ce temps la est vieux sans avoir été nécessairement bon... réfléchi...
   
    Il ne faut pas trop regarder en arrière, respecter ce que nos parents et ceux qui les ont précédés ont vécus, mais certainement pas vouloir retourner à leur manière de vivre.
    Il faut avoir, comme disait Mobutu “recours à l’authenticité”, aux valeurs du passé, mais pas le “retour à l’authenticité”, ce qui serait un pas en arrière, seuls les Amiches ont choisi cette voie et je ne suis pas certain de vouloir les suivre.
    Les autres, s’ils subissent toujours cette manière de vivre, c’est par nécessité et s’ils pouvaient changer de vie, ils n’y manqueraient pas.
   
    Quand on se promène dans les grandes surfaces, dans les galeries marchandes, on peut voir des musulmanes voilées, beaucoup à Bruxelles même sans habiter Molenbeek ou Schaerbeek, elles sont visibles car identifiables, elles sont reconnaissables et marquées comme étant réservées sexuellement aux hommes musulmans, comme nos lycéennes dont je parlais plus haut n’étaient pas accessibles, réservées à ce que souhaitait leurs parents, ainsi que leurs geôlières elles mêmes réservées à Jésus-Christ.
    Puis je détourne les yeux et regarde les autres, leur teint mat, bistre,  leur abondante et merveilleuse chevelure noire, leurs splendides yeux charbonneux de biche, leur bouche pulpeuse aussi généreuse que ce qu’il y a dans leur soutien-gorge, leur démarche chaloupée, leur arrière train généreux, mobile, idéalement moulé dans un jeans taille basse juste un peu trop serrant; je sais que elles aussi sont magrébines, qu’elles ont échappé à l’autorité traditionnelle, paternelle, fraternelle puis maritale.
    Elles sont de la troisième génération de “belgicaines”.
    Qu’en sera-t-il de celles qui seront de la cinquième ou sixième génération, de leurs petites filles ?
    Malgré les efforts des fondamentalistes, des intégristes, jamais elles n’accepteront de revenir en arrière, elles resteront peut-être musulmanes ou seront devenues laïques, mais elles seront avant tout modernes.
       
    Les hommes sont soumis à l’autorité, ont peur, sont manipulables, mais les femmes ... même Mobutu n’en est pas resté maître, n’en est pas venu à bout, il a dû jeter l’éponge devant la fronde, la rouerie féminine.
    Une fois de plus, chère amie, probablement ne sommes nous pas d’accord sur tout.
    Secrètement ... je l’espère bien !

                                                                                                           Netto



    Ce texte n’est évidement pas complet, il ne donne vue que sur un volet de la question.
    Entre accepter le multiculturalisme et se faire submerger, il y a une marge qu’en aucun cas nous ne pouvons franchir.
    Il n’est absolument pas question que nous nous fassions coloniser par qui que ce soit et il est de la responsabilité de nos hommes et de nos femmes politiques de tempérer le dynamisme, le limiter la main mise des nouveaux venus sur la politique générale , les finances, les affaires de notre pays afin d’éviter que nous devenions minoritaires ou subordonnés en quoi que ce soit.
    Nous constatons hélas ! que ces nouveaux belges, ses nouveaux ou futurs nouveaux électeurs sont l’objet d’âpres luttes trop souvent démagogiques de la part des partis traditionnels au pouvoir qui agissent ainsi à la limite de la prostitution afin de gagner leurs faveurs.
    Notre système politique, basé sur la particratie doit absolument être revu en ce sens.



                                                                               Rédigé à Anderlecht, le 07.03.2009
                                                                                   Modifié à Benisa le 23.12.2009                           
                                                                                                  E.A.Christiane                 
   
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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 11:11


Communication - Transmission de la pensée
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    Lorsqu’en 1901, la reine d’Angleterre, Victoria I er est décédée, la nouvelle venant de Londres via Zanzibar serait parvenue à Nyangwe au centre de l’Afrique, sur le Lualaba, trois mois avant la dépêche officielle.
    Les mystères de l’Afrique auraient précédés la technique, ce qui ne saurait plus être le cas un siècle plus tard.
    La pensée humaine, ce que nous concoctons dans ce que l’on dit être notre cerveau est fait pour être transmis à nos contemporains.


    La pensée

    S’il est bien une activité qui ne cesse jamais tout au long de la vie, c’est la pensée, qui se traduit par la réflexion, le rêve, l’imagination, le fantasme.
    On dit que le siège de cette activité est le cerveau.
    Peut-être, mais celui-ci semble être en permanence alimenté par des informations qui proviennent non seulement de nos cinq sens, mais aussi de chacun de nos membres, de chacun de nos organes, de chacune de nos cellules.
    Ce cerveau, siège de la concrétisation de la pensée regroupe, décode, analyse, synthétise les informations et prend les décisions qu’il juge utile avant de transmettre ses ordres au reste de notre organisme.
    Ce rôle de centralisateur, de coordinateur, ce nœud de communications est d’une importance primordiale pour la vie.
   
    Mais combien d’idées ne sont elles pas émises formellement par cet organe ?
    Combien d’étincelles qui ne se transforment jamais en flammes ?
    Heureusement d’ailleurs, mais il faut bien constater que c‘est à flot continu que nous sommes sollicités à la réflexion par cet organe centralisateur jamais au repos même la nuit, au plus profond de notre sommeil.
    Ce flux permanent dépasse, et de loin, nos capacités physiques à l’exprimer, tant et tant d’idées ne peuvent qu’être ébauchées, sous jacentes et tellement difficiles à être expliquées, à être extériorisées.
    Ce sont des sentiments, on sent qu’il y a quelque chose de “plus”, et “d’inexprimable”, un élément ou des éléments divers qui s’emboitent dans une certaine structure mentale mais ni le geste, ni la parole, autant de richesse de vocabulaire que l’on puisse avoir individuellement, ne saurait le traduire clairement.
    Ce bouillonnement quasi permanent arrive à la surface de la personnalité de chacun, mais est souvent insaisissable, éphémère; il laisse une trace, un souvenir, une porte entre-ouverte mais rapidement refermée sans qu’il soit possible de qualifier, de quantifier, d’énoncer ce que nous avons ressenti.
    Le vocabulaire en notre possession est trop pauvre, trop peu adapté.
    La pensée est de loin plus riche que la parole qui est son principal support.

   
    La parole

    S’envole, parait il ...   
    Mais avant de s’envoler, de par son élan, quelle richesse d’informations, de transmission n’a-t-elle pas le pourvoir de donner !
    Le vocabulaire dans nos langues modernes est en général riche mais pauvrement exploité car seule une petite fraction de l’énorme quantité de mots mis à la disposition de tout un chacun est régulièrement utilisée.
    Trois cents mots , nous dit-on, sont suffisants pour tenir une conversation courante en français.
    La grammaire, par contre nous permet de moduler, de modérer, d’orienter, de douter, d’ordonner, bref de transmettre les sentiments sous-jacents, les nuances du texte.
    Les moments d’hésitation, le débit, le volume de la parole, les tons graves ou aigus, les hésitations sont autant de signes, de codes qui peuvent rendre le niveau de la qualité des sentiments que voudrait exprimer l’orateur et les transmettre à celui ou à ceux qui l’écoutent.
    C’est dans les cours de justice ou à l’Assemblée Nationale française que l’on rencontre ces orateurs, ceux qui ont ce talent, ceux qui trouvent les mots exacts aux moments opportuns, ceux qui savent  “ vendre “ ces mots, un régal...
    Je ne suis pas un habitué des tribunaux , par contre, je me souviens dans ma jeunesse avoir eu l’occasion par deux fois de voir en chair et en os et d’entendre parler un de nos grands orateurs politiciens, Paul Henri Spaak, petit fils de Paul Janson... quel délice, quel plaisir, quel souvenir !
    La parole cependant a ses limites; aussi talentueux soit-on, il y a toujours des hiatus dans notre vocabulaire qui nous empêchent par défaut de formule d’exprimer le fond de notre pensée.
    Et cependant, la parole est beaucoup plus riche que les écrits.

    Les écrits

     Eux, ils restent...
    L’écriture est certainement une des plus grandes inventions de l’humanité, celle qui permet de transmettre le fruit de la pensée au delà de la portée de la voix.
    Idéographique, pictographique, symbolique, syllabaire, alphabétique, mathématique ou poétique, peu importe; il suffit que deux personnes ou deux groupes de personnes se soient mis d’accord, à quelque distance les unes des autres qu’elles se trouvent dans le temps et dans l’espace, la communication peut être établie et la compréhension peut-être quasi totale.
    Que de perspectives prometteuses, mais aussi que de dangers potentiels.
   Les ordres, les instructions, les conseils, le cadastre, la richesse, les idées philosophiques, la religion, le lavage de cerveaux, tout cela peut-être transmis à distance, bien ou mal compris, bien ou mal interprété, manipulé, transformé et ce facteur de pouvoir peut devenir, dans des mains mal intentionnées, ou seulement profondément convaincues sans aucune mauvaise intention, un facteur de perversion, d’extorsion, de privation de liberté et ouvrir la porte à tous les abus de pouvoir, à toutes les terreurs.
    Il a fallut simplifier au maximum afin de mettre l’écriture à la porte de tout un chacun, du maximum de personnes si l’on voulait dominer, avoir le pouvoir.
    L’écriture est devenue un moyen de domination lorsqu’elle est passée des mains des clercs, des scribes,  à l’ensemble de la population
    D‘idéogrammes ou de symboles, seuls compréhensibles pour une caste d‘individus, les lettrés, on a mis au point l‘écriture alphabétique.
    Beaucoup plus aisée à assimiler, l‘alphabétisation est ainsi mise à la portée de tous et a fini par être obligatoire.
    Basée sur la prononciation, sur le langage, 22 à 40 consonnes auxquelles on a fini par inclure des voyelles puis dix signes mathématiques et chaque enfant avec un minimum d‘application est actuellement capable de lire n’importe quel texte écrit dans sa langue parlée.
    Quelle avancée, que de possibilités, alphabétiser, éduquer les hommes, mais aussi les femmes afin de leur permettre de conquérir leur corps, de réguler leur fertilité afin de l’adapter aux possibilités du bonheur de leurs enfants.

    Je me réfère à un supplément du “Vif/Express” du 1 er décembre 2009 sous la responsabilité de Christine Laurent rédactrice en chef.
    En page 37, “ L’alphabétisation, telle qu’elle a vu le jour dans les régions orientales de la Méditerranée, recourt à une trentaine de signes quand une écriture prédominante, le cunéiforme akkadien, en nécessite plusieurs centaines “.
    “ Cette simple comparaison laisse entrevoir quelle révolution fur l’invention de l’alphabet”.

    Cette réduction, cette simplification de l’écriture n’est cependant pas sans contrepartie.
    L’information est actuellement , dans le cadre de notre alphabet, absolument linéaire, les idées sont transmises en fonction de la variété des assemblages des lettres, de la variété des mots, du vocabulaire à notre disposition mais avec bien peu de nuances.
    Je ne suis pas poète, mais je suppose que maints poètes sont parfois surpris, en écoutant leur propre poésie déclamée par des acteurs, des diseurs professionnels de découvrir la réalité, la richesse ou la pauvreté de leur œuvre.
    Poètes et diseurs sont les mêmes acteurs d’une œuvre commune.

    Si la virgule peut évoquer le “soupir” en musique, le point est le “silence”, le “point d’orgue” musical marque la fin d’un sous chapitre et les différents mouvements d’un concerto sont autant de chapitres.
    Mais comment, en écriture, en poésie marquer le rythme de lecture, les “piano”, “pianissimo”, “allegro”, “allégretto”, “allegro non troppo”, “forte”, “fortissimo”,n’ont aucune correspondance dans les écrits et sont laissés à l’initiative du diseur, du lecteur, trahissant peut être, de ce fait la nuance de la pensée du rédacteur, de l’écrivain, du poète.
    L’intonation, le volume de la voix, les dièses et les bémols, autant de modulations musicales qui n’ont pas leur place dans notre manière de transmettre nos idées par écrit.
    Peut-être certains alphabets anciens ou exotiques (pour nous) sont ils plus riches, avec adjonction de certains signes, accents ou autres, mais, je ne suis aucunement linguiste pour donner mon opinion.

   
Conclusions

    Notre pensée peut-être très valablement transmise à faible distance par la parole avec beaucoup de véracité.
    A plus longue distance, par les écrits, nous avons mis au point des systèmes d’écriture très valables, très utiles, mais aussi très incomplets.
    Quand donc un distingué linguiste trouvera-t-il et imposera-t-il le moyen de compléter l’écriture par des signes qui nous permettrait de parfaire, de fignoler nos sentiments gelés sur le papier ?
    Nous n’évoluons guère en ce sens, l’écriture est avant tout un support de la pensée, des opinions, des informations, mais sa rationalisation, sa réduction par des méthodes modernes de transmission de la pensée  que nous retrouvons de plus en plus souvent sur internet et dans les textes des SMS, nous éloigne de la sensibilité qui doit moduler toute information.
    Qui aura un jour l’idée de réagir ?

Mer6 A12c4 (Merci, à un de ces quatre)
1Trec ? 6T net ( intéressé ? site net) : http://www.dictionnaire-sms.com

                               
                                                                                                Bénisa le 24.12.2009

                                                                                                      E.A.Christiane
     
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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 18:44

Allochtones - Eternel problème

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Nous avons un effroi, une peur, peur de ce qui est étranger, peur de ce que nous ne comprenons pas, peur de la nouveauté, peur d’un changement de nos habitudes, de nos traditions, de notre mode de vie et nous avons raison.

Intellectuellement paresseux, refusant de faire l’effort cérébral d’analyser la situation; il nous est plus facile de vitupérer, de hurler avec les loups, d’abonder dans le sens du “prédigéré”, de manifester notre racisme que d’essayer de comprendre; cela demande moins d’énergie et nous donne l‘impression de force, de puissance et surtout d’irresponsabilité individuelle dues à l‘effet de masse.

Depuis toujours, tout évolue, demain sera distinct d’aujourd’hui, et aujourd’hui est tellement différent d’hier.

Chaque époque a connu ses craintes, ses angoisses, ses anxiétés, ses désarrois, ses effrois, ses terreurs.

Notre terreur a nous , actuelle, des XX et XXI eme siècle , c’est l’invasion de notre horizon par des étrangers et leurs étranges civilisations, leurs bizarres philosophies, leur baroque approche des faits, leurs idées biscornues que nous n’avons pas su connaître parce que parfois, souvent, trop souvent hélas ! nous n’avons pas voulu les connaître, embarrassés dans notre orgueil, empêtrés dans notre arrogance, impériaux par notre mépris, aveuglés par notre morgue, par notre dédain.

Les australopithecus, l’homo habilis et l’homo erectus ont cohabités durant 1.800.000 ans.

L’homo erectus, l’homo néanderthalensis et l’homo sapiens ont cohabités durant plus de 100.000 ans.

Du fait de notre position géographique, nous, Européens de l’Ouest, posé sur un petit appendice de terre à l’extrémité du continent asiatique, il est normal qu’au fil des temps nous ayons subi de nombreuses vagues d’immigrations qui nous ont fécondées et fait ce que nous sommes.

Et la Belgique, ne serais-ce qu’au siècle dernier, le XX éme siècle, combien d’invasions, majeures, mineures, belliqueuses et temporaires, de grande, de moyenne ou de petite influence permanente ou éphémère sur notre mode de vie n’a t-elle pas dû subir ?

- En 1904, les premiers Russes chassés par la police du Tsar.

- En 1905, les Arméniens chassés par les pogroms.

- En 1908, les Juifs d’Arménie chassés par les pogroms.

- En 1914, l’invasion militaire allemande.

- En 1917, les Russes dits “blancs”, chassés par les bolcheviques.

- En 1933, les Juifs allemands chassés par les nazis.

- En 1936, les Espagnols chassés par les franquistes.

- En 1940, l’invasion militaire allemande.

- En 1944, libération par les troupes alliées.

- En 1946, installation d’un certain nombre de personnes déplacées.

- En 1947, arrivée des ouvriers italiens.

- En 1955, arrivée des réfugiés du sud-est asiatique.

- En 1956, arrivée des réfugiés hongrois.

- En 1960, arrivée des anciens colonisés d’Afrique.

- En 1970, arrivée des Magrébins venus travailler chez nous.

- En 1990, arrivée des Européens de l‘Est et des Turcs.

Si je n’ai oublié personne, j’en compte 16 ...

Certains pourraient être choqués que la libération de notre pays par les troupes alliées puisse être considéré comme une invasion, c’est probablement le mouvement de population qui nous a le plus influencé.

Il a introduit dans nos mœurs l’ “Américan Way of life” et de ce fait profondément modifié les objectifs de vie de la population de notre pays.

Chacun a apporté un peu ou beaucoup de sa culture, de sa génétique aussi.

Je lisais qu’il y a eu officiellement, rien qu’en France, 15.000 plaintes pour viol de la part des troupes alliées lors de libération du continent entre le 6 juin 1944 et fin décembre 1946.

Et combien de viols non recensés ? Et combien de relations consenties ? Et combien de naissances ?

Notre capital génétique est des plus variés, nous sommes loin d’être homozygotes, nous sommes loin des belles Caucasiennes tant prisées dans les harems orientaux et qui ont, avec beaucoup d’enthousiasme, peuplé le reste de l’Europe.

Elles restent cependant le canon de la race blanche.

En 1992, mon beau frère tunisien (ma soeur a épousé un Tunisien en 1969) me disait : “Voilà, c’est fini, l’Europe est enfin créée !”.

J’ai pu lui répondre: “Non ! Ce n’est pas fini, cela ne fait que commencer. Chez nous, tout est toujours perfectible, rien n’est définitif”.

Ces nombreuses vagues d’immigration nous ont submergés, nous ont modelés et ont façonné notre particularité de toujours vouloir aller plus loin, explorer, rechercher, améliorer.

C’est cela le grand brassage qui a commencé il y a très longtemps, depuis que le monde est monde, depuis que la diversité individuelle à remplacé l’uniformité de la masse, depuis que certains ont su imposer leur intelligence ou leur force aux autres membres de la collectivité.

Cela est bien loin de se terminer.

A notre tour, nous avons quitté ce petit bout de terre et sommes allés à la découverte, féconder d’autres terres en Asie, en Afrique, en Amérique et même explorer les pôles.

Nous sommes expansifs contrairement à l’empire du Soleil Levant où à l’Empire Céleste.

Enfermés sur eux mêmes dans l’espoir de garder leurs particularités spécifiques, de préserver leurs coutumes, leur culture et l’autorité de leurs empereurs, malgré leur grand potentiel intellectuel, ils sont restés statiques durant des siècles.

Il a fallut une cuisante défaite infligée à l’un durant la seconde guerre mondiale pour le faire germer, pour qu’il se développe.

L’autre, lui aussi commence et promet énormément de surprises.

“Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera”, disait déjà à l’époque Napoléon 1 er .

Nous avons côtoyé ces civilisations, africaines, orientales, extrêmes orientales mais nous en étions les maîtres, nous les dominions par nos fantassins et nos canonnières, nous les rentabilisions par nos finances et notre commerce, nous leur inculquions de gré ou de force quelques valeurs “douces et sophistiquées” de notre propre civilisation, nous en retirions, avec raison d‘ailleurs, une certaine richesse, un certain bien être mais aussi une certaine fierté.

Ceux que nous avons ainsi dominés par notre dynamisme, notre ambition, notre agressivité, notre technologie, notre sens des affaires, notre empathie aussi, car il n’y avait pas parmi nos prédécesseurs que des arrivistes, il y avait aussi et beaucoup plus qu’on ne le pense des gens de bien, des grands cœurs; ceux que nous avons dominés, dis-je, nous doivent beaucoup comme nous devons beaucoup à la romanité, à l’hellénisme et plus loin encore à la civilisation syro-babylonienne, ils ont été influencés comme nous à l’époque par une certaine manière de vivre, ils sont entrés dans le XIXéme, le XXéme et le XXIéme siècle par notre porte, celle que nous leur avons ouverte.

Le sens de l’organisation, les techniques modernes, les droits de l’homme et beaucoup du reste, bon et mauvais, c’est nous qui leur avons appris.

Nous nous sommes ainsi retirés avec un plus, d’autres idées ou en tous cas d’autres manières d’aborder certaines de ces idées.

En ce qui concerne l’Afrique noire, si les populations ne nous avaient pas connus, ils seraient probablement toujours à un âge proche de celui de la pierre (encore, faudrait-il en être certain) et l’idée du “Bon sauvage” de J.J. Rousseau est certainement un mythe; il suffit de voir quel niveau d’empathie les peuples retrouvent ( et je ne parle pas seulement d’Afrique mais aussi de Yougoslavie, d’Espagne durant la guerre civile, du nazisme etc.) dès qu’ils relâchent leur vigilance démocratique, dès qu’ils retombent dans les bras de leurs anciens démons.

Pour le Moyen Orient, c’est différent, cette région a toujours été à la charnière entre l’Orient et l’Occident et, du temps des croisades entre autre, avait un raffinement inconnu chez nous; ce ne sont pas nos barons ripailleurs, batailleurs, ardennais, des forêts du Jura, de l’Eiffel ou d’autres lieux, tueurs de sangliers, sortant de l’époque carolingienne qui ont appris quoique ce soit aux peuples de Palestine, eux qui avaient “civilisé” Cordoue et qui leur ont montré les délices orientales, la poésie, l’architecture, la philosophie, la calligraphie, tous les arts de l’Orient.

L’art de la guerre, les pogroms, les massacres, les génocides... cela non plus nous ne leur avons pas appris, ils les connaissaient déjà.

L’islam, en bref, nous fait peur, mais l’islam a aussi peur, peur de lui-même, il est déchiré entre la tradition et la réalité moderne, entre les imams fondamentalistes et la réalité des choses modernes, entre la tradition séculaire (1.300 ans seulement) et la modernité.

Les islams ( excusez cette incongruité) se cherchent sans oser dire qu’ils se cherchent car cela est déjà, suivant la tradition, une hérésie.

L’autorité temporelle, souvent bien peu démocratique, parfois corrompue voir extrêmement corrompue ( la corruption n‘est cependant pas l‘apanage de la seule islamité, loin de là), sous une apparence de religiosité appuie souvent son autorité sur le pouvoir spirituel , cherche à garder sa puissance par de ferventes, de véhémentes imprécations de type religieux proférées par des foules manipulées, manœuvrées auxquelles on a ôté tout esprit, toute possibilité de critique.

Combien de Torquemada en Arabie ?

Entre l’autorité corrompue des dirigeants politiques des familles régnantes et l’autorité orgueilleuse des imams, le peuple se débat dans de terribles soubresauts, de sanglantes guerres civiles, il cherche la porte de sortie.

Nous sommes les témoins privilégiés de tout cela, de cette mixité, de ce brassage d’idées, de philosophies.

Nous devons comprendre que c’est ce qui fait notre force, notre ouverture intellectuelle, notre sens de la critique, notre curiosité, tout ce qui donne naissance à une tournure d’esprit, à une manière de réfléchir, à notre réflexion scientifique, de découverte.

Plus personnellement, mon épouse et moi-même avons voulu voir les mêmes paysages de nos maîtres à penser, ceux qui ont donné le ton à la philosophie dont nous sommes empreints depuis notre jeunesse.

Sur les pas d’Abraham, qu’il ait existé ou non, nous avons visité la Mésopotamie turque, le lac Van, Diyarbakir, Urfa, le Mont Ararat, nous avons voulu voir la Syrie, la Jordanie, Israël, l’Egypte.

Ce long couloir, ce croissant fertile où l’épaisseur de la terre arable atteint 22 mètres, qui a permis, de l’actuelle ville de Bassora à l’Est, jusqu’à Jérusalem, plusieurs centaines de kilomètres à l’Ouest, à la civilisation Assyro Babylonienne d’atteindre la grande mer et de donner naissance ou en tous cas d’influencer la Grèce antique puis Rome.

                                           

                                                                             Sur les routes du croissant fertile

                                                                             il marchait de nouveau, le peuple de la promesse

                                                                             comme aux jours d’Abraham...

                                                                                                  

                                                                                                       Daniel Rops

Nous avons voulu aller sur les pas de Jésus le nazaréen, voir le Jourdain, le Néguev, la côte méditerranéenne par où, six cents ans plus tard et durant huit siècles sont passé, sur le dos des dromadaires à travers les paroles des chameliers, les idées, la technologie, la science, l’esprit de l’Orient vers la mare nostrum.

Nous avons voulu voir les châteaux forts, tel le Krak des Chevaliers où nos ancêtres les croisés ont rencontré nos cousins spirituels juifs et arabes.

Nous avons poussé le long des routes de la soie, jusqu’à Samarkand, rendre visite à Timour le boiteux.

Nous sommes privilégiés, extrêmement privilégiés, nous avons eu beaucoup de chance d’être les visiteurs (visiteurs attentifs mais probablement pas suffisamment attentifs par manque de temps et de formation académique) de tous ces lieux, là où ont transités les idées qui ont fait notre civilisation occidentale.

Ce melting pot méditerranéen dont nous faisons partie, issu d’apports tellement divers, tellement merveilleux, qui nous ont hissés au sommet de la science, de la technologie mais aussi de l’art, l’architecture, la peinture, la musique, la sculpture la poésie, la danse, le sens esthétique.

Tout cela est issu de ce métissage intellectuel.

La planète, la Méditerranée, la Belgique sont autant de vastes lupanars, mais ce qui y est conçu, ce qui y est concocté est merveilleux.

Nous sommes témoin de tout cela, ceux qui s’échappent de ce qu’ils pensent être leur enfer viennent chez nous, se réfugient chez nous à la recherche d’un bien être qu’ils ne pensent pas avoir su trouver sur leur terre.

S’ils sont venus avec leurs dieux, leurs démons sont aussi avec eux, emportés dans leurs bagages.

Ces nouveaux venus veulent parfois, pas tous, dominer et ne savent pas, que plus les différences sont flagrantes plus l’assimilation sera difficile et peut être un leurre, jamais ils ne seront belges comme vous et moi, ils seront intégrés, ils seront de religion musulmane en Occident comme les juifs, les bouddhistes, les laïques gardent leur philosophie tout en étant de bons ou de moins bons citoyens.

L’autorité, la main mise de l’église catholique n’est plus à la mode; en ce qui concerne les religions, nous vivrons dans un milieu pluraliste, le triangle notaire- curé- médecin, notables de nos milieux ruraux traditionnels s’est brisé, a amorcé sa disparition depuis longtemps depuis que les villes ont commencé à grandir, depuis le début de la poussée, de la révolution technologique, industrielle à la fin du XIXéme siècle.

Nous devons vivre avec... comme on dit, nous devons comprendre que tout évolue et que ce ne sont pas des barrières, des frontières hermétiques qui pourront arrêter quoique ce soit; freiner, sélectionner, trier, certainement mais pas stopper.

La pression démographique extérieure ne date pas d’aujourd’hui.

Le brassage des ethnies, le mélange des chromosomes ne datent pas d’hier mais il fut rarement accepté de gaieté de coeur.

Soyons réalistes, cherchons des solutions en regardant vers l’avenir et évitons de nous retirer dans nos terres qui risquent de devenir, dans ce cas des îlots assiégés.

Malheur à ceux qui essayent de se recentrer, de rentrer dans leur coquille, de s’imploser, ils resteront à la traîne comme l’empire du Soleil Levant et l’Empire Céleste, ils attendront leur réveil dans l’obscurantisme intellectuel et la dictature.

Dans une ou deux générations... nos “envahisseurs”, seront intégrés, comme le sont les Juifs, les Russes blancs, les Espagnols, les Italiens, les Hongrois, bientôt les Africains et les Musulmans.

Le danger est, à mes yeux, qu’un de ces groupes de nouveaux “envahisseurs” ne tente d’imposer, par son dynamisme, sa manière de penser au reste de la communauté.

Ce serait la pire des déviances, une tragédie.

Il appartient à nos élites, politiques, intellectuelles, de s’élever avec fermeté, de réfléchir avec beaucoup d’acuité, de réalisme, de faire preuve d’une grande probité intellectuelle, d’un grand sens politique, de faire fi de tout calculs bassement électoralistes afin d’éviter que nous ne tombions dans un tel piège.

 

                                                                                                          E.A.Christiane

                                                   

                                                                                                  Hermanne le 25.08.2009

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 09:26

Acculturation

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Si nous, anciens coloniaux, nous semblons quelque peu écorchés par nos antécédents de colonisateurs, désapprouvés, vilipendés par les médias, remis en question par des critiqueurs généralement peu au courant des réalités qui déjà s’estompent, il faut bien constater que les anciens colonisés sont eux aussi, tout autant que nous, écorchés par leur passé.


S’il est un peu tard après quelques cinq décennies de reprocher aux anciennes autorités tutélaires d’être à l’origine, d’être responsables des errements, de la gabegie actuelle, il n’est pas trop tard pour continuer à se lamenter sur l’identité perdue, les ancêtres sacrifiés sur l’autel de la modernité, le pillage des trésors naturels etc..


Peut-on dire que tous les peuples ont été un jour ou l’autre, au cours des siècles, dominés, colonisés ?

En tous cas rares sont ceux qui ne l’ont pas été.

Les Africains, Asiatiques et Sud-américains sont les derniers, dans un passé encore proche, que l’histoire contemporaine a gardé en mémoire, qui ont été colonisés par les Européens.

Mais avant le XIX é ou le XVIII é siècle, tous n’ont pas souvenance d’avoir été dominés par une autre ethnie, réduits en esclavage, inféodés à plus puissants qu’eux.

En ce qui concerne les peuples européens, je ne saurais faire le compte; au gré des guerres, des conquêtes, des migrations commerciales, des influences philosophiques, religieuses ou idéologiques, des mariages princiers, nous avons été ballottés d’un côté à l’autre, des bras d’une puissance dans ceux d’une autre et finalement, je ne sais si ce n’est pas cela qui nous a donné notre dynamisme, si ce n’est pas cela qui nous a fait que nous sommes artistiquement, technologiquement, intellectuellement et financièrement ce que nous sommes.

 


La colonisation romaine (il y a vingt siècles) nous a donné notre identité, nous a permis d’avoir accès à la culture méditerranéenne, fécondée par la civilisation syro- babylonienne à travers la Grèce antique.

 


La conquista arabo-musulmane nous a donné accès à la technologie, à l’art, aux mathématiques, à l’astronomie, aux sciences, à la philosophie du moyen-orient empreinte de la sagesse extrême orientale.

 


La chape de plomb de l’inquisition, la dureté de la discipline imposée par l’église catholique, son implacable répression nous a ouvert à la Renaissance, au siècle des lumières.

 


Les conquêtes coloniales nous ont appris que nous n’étions pas seuls au monde, qu’il y avait d’autres peuples, d’autres civilisations même si, dans notre orgueil, nous pensions qu’elles ne valaient pas la nôtre.


D’ailleurs, qu’est ce que la Civilisation ? Sinon l’imposition d’une manière de vivre par une autorité dominante sur un peuple dominé.

 


J’ai eu l’occasion de visiter un certain nombre de pays du Sud-Est asiatique, l’Indonésie, qui a souffert des Hollandais puis de Soekarno et ensuite de Suharto, le Vietnam .. sans commentaires, l’Inde et Sri Lanka, imprégnés de culture britannique, Singapour, plusieurs fois, l’Ouzbékistan qui ne sait s’il est russe ou chinois ou simplement centre asiatique.

Tous ces peuples ne regrettent pas spécialement d’avoir été dominés, ils semblent vouloir nous dire que cet intermède leur a permis de passer un cap, une étape dans leur évolution historique, que ce fut pour eux une occasion de s’ouvrir à d’autres perspectives et certainement, lorsqu’ils se sont repris en main, d’avoir accès au développement, au meilleur être, à une place dans le concert des nations.


Ce ne fut pas sans douleur, les nouveaux dirigeants ont souvent du, pour établir l’unité de leur pays, faire appel aux anciennes valeurs; c’est le recours à l’authenticité de Mobutu, car les forces centrifuges régionales, ethniques, religieuses ou linguistiques étaient parfois bien présentes et souvent très actives.

Rares furent les évolutions douces, plus fréquentes furent les révolutions violentes.

Tout changement structurel est souvent douloureux, la France elle-même a mis un siècle pour passer de l’ancien régime de type féodal à la démocratie moderne.


La colonisation européenne envers l’Asie et l’Afrique a permis à ces deux continents de passer le cap de la révolution industrielle, de passer de la civilisation de cueillette-subsistance à la civilisation cybernétique et informatique.

Exactement comme les peuples d’Amérique du sud sont passés, suite à la colonisation espagnole, de la civilisation de cueillette-subsistance à la civilisation commerciale du XVII é siècle.

Tout comme nous, Européens, grâces aux conquêtes arabes et à la répression chrétienne, avons eu accès au siècle dit des lumières.

Tout comme nous, Européens, grâce aux abus du régime féodal, de la collusion du temporel (le Roi) et du spirituel (le Pape) nous sommes passés à une forme de démocratie.


Cela ne se fait pas sans heurts, sans larmes, sans pleurs, sans tragédies sanglantes, mais cela se fait.

 

Dès lors peut-on déplorer l’évolution des cultures à l’occasion de contacts avec des civilisations étrangères, exotiques ?


Personnellement, je pense que ces contacts, cette mixité, souvent temporaire, constituent un facteur de progrès, d’ouverture d’esprit, d’enrichissement intellectuel et technologique, et les accepter, sans cependant renier son passé, est une preuve de dynamisme, de volonté de progresser.

Mais il ne faut rien précipiter, peser, choisir, admettre les idées venant de l’étranger mais ne pas se presser pour les intégrer dans notre philosophie et surtout ne pas y souscrire par snobisme.

 

                                                                
                                                                                                    E.A.Christiane

                                                                                                       22.11.2008

 

 

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 19:47

Pollution intellectuelle . La pire des pollutions !

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Une dame de mes amies me demande mon avis sur un article écrit au sujet de la relativisation de la pollution humaine dans le fait du réchauffement planétaire.

Le problème est complexe et susceptible de susciter moult commentaires suivant l’approche de chacun en accord avec sa formation et surtout de l’impact des médias auxquels il fait confiance.


En ce qui me concerne, je considère qu’une fois de plus, nous avons été et nous continuons à être harcelés, manipulés par ces médias qui servent de support à toutes les idées politiques et philosophiques à la mode.

Dans le cas de la dégradation de notre environnement, je peux comprendre et je comprends qu'il faille mettre une limite à la pollution, aux pollutions de toutes sortes, excès d'engrais, pesticides, gazeuse, nucléaire, olfactive, auditive etc... et pourquoi pas aussi à la pollution intellectuelle.


Dans le cas spécifique de la pollution intellectuelle, on se heurte à la liberté de pensée et d'expression.

Jusqu'où celle-là peut-elle aller ?

Liberté d'expression opposée à la pensée politiquement correcte ?

Nier les excès du nazisme, du communisme, du capitalisme, et de tout ce qui se termine en "isme" inclus catholicisme et islamisme ?

Si cela devenait une obligation inscrite dans la législation, cela nous mènerait droit à la pensée unique, au parti unique, à la philosophie unique, bref, à la négation de la puissance créatrice de l'esprit et à toute liberté de pensée et d‘expression.

Et si moi je veux être libre penseur ! Ou mieux, penseur libre ! C'est mon droit le plus légitime.

Et si je veux vous convertir à mes idées même si je suis mormon ou témoin de Jéhova ! C'est aussi mon droit ! Mais c'est aussi le votre de m'envoyer paître.

Car il ne doit pas être interdit d’émettre des idées, mais encore faut-il pouvoir les étayer, prouver leur justesse.

 

Suite à la chute du communisme, on a vu non seulement la renaissance d'idées de droite, de théories nationalistes, racistes, linguistes, bref totalitaires dignes de l'ancien régime féodal (du genre "ancienne France"), mais aussi, une réaction gauchiste, une espèce de néo-communisme, niant toute modernité, intégriste faute de pouvoir être fondamentaliste puisque "idée nouvelle" qui a été baptisée "écologie".

Elle a revêtu les oripeaux flamboyants de notre survie, s'est appuyée sur une nécessité combien utile et urgente d'éviter la dégradation de notre planète (dont nous avons parlé plus haut) mais qui aussi a pris une telle ampleur, parait avoir été détournée de ses plus nobles objectifs, de la défense d’un environnement terriblement menacé qu'elle en arrive à nier tout progrès qui ne soit pas dans ses concepts et à focaliser ses attaques vers ce qui représente depuis presque 200 ans, ou du moins 150 ans cette modernité: l'occident et principalement les USA.


Quels sont donc les objectifs de ce mouvement qui me semble avoir été confisqué, non pas dévié mais amplifié par une logique extrême qui est devenue génératrice d’un malaise envers la modernité, envers ce qui fait la base même de nos habitudes, de concevoir notre vie, en se radicalisant jusqu’à la négation de tout progrès sans donner une réelle alternative à la situation, à notre manière de vivre, à notre confort actuel.

Un enfer pavé de réelles bonnes intentions.


C'est là un exemple de cette pollution intellectuelle dont nous parlons ici, la plus dangereuse, qui lentement, insensiblement, par vaguelettes, s'insinue dans les esprits spongieux, peu critiques, dans notre pauvre cerveau par le biais de la télévision, des journaux , de la radio, des conférences, des lectures diverses etc...

Là se trouve la réelle, la principale raison de nos, de mon questionnement.

Tiers-mondisme, islamisme, judéité, pollution, racisme etc... autant d'idéologies qui atteignent, influencent et modifient notre manière de penser et contre lesquels nous devons être critiques et réagir auprès de nos amis.

 

Il en existe en Europe quantité de publications périodiques qui peuvent donner l’impression de dire des vérités dans toutes leurs crudités, mais rares sont celles qui sont réellement sérieuses, rares sont celles qui ne sont pas pamphlétaires avec un accent de populisme.

Je cherche toujours un support médiatique qui aurait le courage intellectuel permanent et surtout commercial de ne pas prendre position pour telle ou telle idée, qui risquerait de perdre des auditeurs, des lecteurs mais qui sauvegarderait sa virginité, sa rectitude en donnant une opinion exacte, analysant le pour et le contre, donnant la parole sans priorité ni a priori aux informations qu’il nous livrerait le matin dans notre boite aux lettres ou lorsque nous poussons le bouton de notre radio ou de notre télévision.

Des journalistes, des chroniqueurs, des analystes d’une probité certaine, d’une grande honnêteté qui feraient leur travail loin des groupes de pression, des partis politiques, les lobbies, des gouvernements, des religions quelles qu’elles soient.

Des rédacteurs neutres et indépendants, pas des polémistes manipulés, et qui pourraient malgré tout pourvoir à leur subsistance et entretenir leurs familles ainsi qu’assurer la survie de leur support médiatique.


Cela doit exister mais doit être très difficile à assumer.

 


                                                                       E.A.Christiane

                                                                           23.05.09

 

 

 

 

 

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