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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 13:02

 

Pauvre Belgique ! Honte sur nous !

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            C’est toujours avec une certaine admiration que je pense aux pays que je pourrais qualifié d’orgueilleux, entre autre a deux d’entre eux un très petit et un très grand.

             Tous deux ont comme caractéristiques d’être pugnaces, têtus, accrochés à leurs objectifs, pas toujours tendres, conquérants, très critiqués mais fiers d’eux même jusqu’à parfois l’excès.

          L’un est situé au fond de la Méditerranée, l’autre outre Atlantique et chacun a comme particularité que sa bannière est inscrite du signe de l’étoile.

 

          Dès ce moment, je sais que je vais être critiqué, probablement avec raison, mais je pense que si j’avais eu le choix de ma nationalité à ma naissance, si toutes les conditions avaient été remplies j’aurais aimé être un de leurs citoyens, fier de lui-même, heureux de faire partie d’un Etat qui se respecte et sait se faire respecter quelques soient les critiques de leurs voisins même éloignés.

         

          Au lieu de cela, on m’a fait naitre dans un merveilleux pays, celui de la liberté, de la bonne chaire, de la démocratie, loin des diktats religieux ou racistes, mais qui a peur de lui-même.

          Après seulement quelques décennies de vie nous avons, avec brio surmonté la grande crise économique mondiale que fut la révolution industrielle.

          Sous la houlette de deux grands souverains, le premier, excellent diplomate, organisateur hors pair et le second, le visionnaire, nous nous étions, au début du XXéme siècle hissé sur la plus haute marche du podium des pays industrialisés de la planète.

          Notre prospérité, le respect que les puissances combien plus représentatives que nous nous témoignaient reposait sur deux piliers, l’ambition de notre souverain et le dynamisme de nos structures technico-financières.

          Ces deux atouts majeurs s’appuyaient l’un sur l’autre pour la plus grande renommée d’un petit pays qui avait à peine un demi-siècle.

 

“ Petit pays , petit esprit “

 

          Honte sur Toi, Léopold, le second de nos souverains d’avoir, dans un moment de colère, de déception, frustré que ton peuple ne suivait pas à la lettre tous tes caprices, qu’il s’instituait arbitre, critique, te rappelait que tu n étais pas un souverain omnipotent, que ton pouvoir était limité par la constitution, d’avoir fait un parallèle entre les capacités de l’esprit de tes sujets et la surface de ton royaume.

          Tu aurais du encourager ces entrepreneurs, ces financiers, ces aventuriers, ces militaires, ces centaines de bonnes volontés qui voulaient te suivre mais en y mettant certaines conditions

          Au lieu de cela, tu les as abaissés, tu les as insultés, tu les as avilis, tu es retourné cent cinquante ans dans le passé.

          Que craignais-tu?

          Que l’aura des entrepreneurs financiers de ton pays te porte ombrage ?

          Tu étais au sommet de ta gloire, tu avais négocié un coin de terrain au centre de l’Afrique que personne ne voulait parce que quasiment impossible à mettre en valeur.

          Tu as réussi grâce à ton entêtement, à ton caractère, à ta volonté d’ arriver et aussi au bon choix de tes collaborateurs.

          Pourquoi dès lors avoir pris ombrage de leurs qualités de gestionnaires, de ce qui faisait leur force, de ce qui faisait qu’ils pouvaient t’éviter de choir dans des abîmes financiers ?

         

          La Belgique a réussi sa colonisation mais a complètement raté sa décolonisation.

          Nous avions perdu, depuis la mort de notre second roi, tout orgueil, alors que nous nous en sommes bien tirés de deux guerres mondiales et d’une terrible dépression économique.

          Si, aujourd’hui, en parcourant l’Europe, vous demandez à la ronde qui a créé l’Europe, vous entendrez parler de la France, de l’Allemagne, parfois de l’Italie et si vous insistez, si vous le suggérez du Benelux ... “Ah oui, il y avait ces trois petits pays aussi”, mais peu penseront que le “Be “ de Benelux représente la Belgique.

          Chez nous, dans notre pays qui se souvient des grands hommes qui au lendemain de la seconde guerre mondiale ont élaboré ce qui allait devenir le germe, la graine de l’Europe, des financiers, des penseurs, des professeurs, des politiciens, des diplomates sauf peut-être pour les critiques .

Ah oui ! Celui là était un “tourne casaque” et l’autre “un affreux capitaliste bourgeois déguisé en ouvrier” et l’autre encore “un affameur du peuple” ou encore “celui qui nous a vendu aux Américains” etc..

          Alors qu’il y avait, à cette époque, comme maintenant encore une panoplie de personnages dévoués, déterminés et hautement qualifiés.

 

          Pour revenir à ces pays aux bannières étoilées, Israël et les USA, ils sont fiers de leur passé, ils sont critiques de leur présent, ils sont ambitieux pour leur avenir.

          Nous, en Belgique, nous ne connaissons pas notre passé, nous sommes autodestructeurs de notre présent et peu d’entre nous pensent que nous ayons encore un espoir de futur.

 

          Quel Bart en Flandres, quel Jef à Bruxelles, quel Louis en Wallonie oserait se proposer à dénouer le ruban doré d’un emballage cadeau afin se libérer l’énumération de ce que notre pays à fait de bien depuis 170 ans.

          Il sait qu’il déclencherait des rires, qu’il se ferait siffler, qu’il se ferait brocarder.

 

          Et cependant, il y a dans nos universités, dans nos villes, dans nos campagnes quantités de filles et de garçons intelligents, qui sont bourrés de bonnes idées, des futurs managers, de grands esprits dans le domaine de l’art, de technique, de la finance, de la philosophie, de la science pure.

          Ceux-là seront repérés par des institutions étrangères, on leur donnera la possibilité de se développer, on libérera des fond, on leur allouera un budget, on les encouragera, on leur donnera accès à toute la technologie moderne.

          Finalement, ils ne seront pas perdus pour l’humanité, leurs découvertes enrichiront le patrimoine mondial, amélioreront notre confort de vie, mais peu, bien peu d’entre elles paraitront sous le label “ Made in Belgium”.

 

 

          Shame, shame, shame ...

 

 

 

                                                                                                        E.A.Christiane

 

                                                                                                 Anderlecht , le 31.01.2011

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 09:25

Allons-nous dans le sens de l’histoire ?

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          De par la magie de l’internet, j’ai été, ce dimanche 12 septembre 2010 interpellé par un texte intitulé: “Pauvre Belgique”.

          Comme nous sommes dimanche, jour de repos comme tous les autres jours d‘ailleurs (retraite oblige), je voudrais vous faire part de mes réflexions.

          Il m’aurait été possible d’ ajouter un petit commentaire directement à la suite du texte, mais je n’aime pas trop, je considère que j’ai quelques amis, habitués de mon blog, avec qui je peux échanger des idées sans ouvrir de graves polémiques, palabres voir injures, sans me faire classer idéologiquement ou psychologiquement dans un mauvais casier.

          Ils me connaissent et m’acceptent tel que je suis.

 

          Ainsi que le disait l’auteur de l’article, la Belgique est un état qui a été crée en 1830 pour servir de tampon entre les quatre grandes puissances qui nous entouraient et éviter qu’elles ne recommencent ou continuent à s’étriper.

          Elle a rempli son rôle tant bien que mal à ceci près que par trois fois nos voisins de l’Est ont envahi le maximum de ce qu’ils pouvaient envahir et que finalement, nous fûmes balayés, malgré notre neutralité, comme fétu de paille.

          Fétu d’ailleurs parfois assez amère à digérer par les occupants, une épine dans leur pied qui les a rendu boiteux durant les périodes de conflits, spécialement durant la première guerre mondiale.

          Notre courage (ne soyons pas modestes), notre esprit frondeur, voir notre caractère teigneux n’a guère laissé de loisirs aux envahisseurs.

         

          Et puis les choses changent, une réconciliation entre deux hommes têtus, Charles de Gaulle et Conrad Adenauer, une grande idée développée par de grands diplomates et nous nous retrouvons englobé dans un ensemble dont nous sommes membre primo-fondateurs et qui, en se développant, peut être un peu vite, a changé la répartition des cartes et surtout l’approche de l’avenir de notre vieille Europe.

          Les Etats qui avaient la plénitude de leurs autorité, voient celle-ci s’effriter à petits pas.

Ils se confédèrent, car il faut bien dire le mot, au sein d’un ensemble européen à qui, petit à petit, ils cèdent de leur pouvoir décisionnel, la monnaie, bientôt la défense et la diplomatie, sans compter quantités de règlements auxquelles ils adhèrent dans le domaine économique, sanitaire et autres.

          Parallèlement, à l’autre extrémité de leur organigramme, des forces centrifuges suggèrent, demandent, réclament puis exigent de plus en plus d’autonomie pour des entités locales, ethniques, linguistiques, et bientôt peut-être religieuses ou folkloriques.

          D’abandon d’autorité en abandon d’autorité, les républiques, les royaumes et autres duchés de l’entre deux guerres perdent de leur souveraineté, écartelés, érodés à la fois par la base et par le sommet.

          Nous n’oserions pas dire que les anciennes entités vont se réduire à des coquilles vides, leurs peuples sont fiers d’en faire partie depuis de nombreux siècles et la résistance sera forte, mais il faut bien réaliser que les gouvernements de ces grands pays qui nous entourent ont perdu et perdent encore tous les ans un peu de leur liberté, de leur pouvoir en fait d’autorité.

 

          Il y a 180 ans que l’on a mis la Belgique au monde, pays fragile, composé de deux ethnies bien différentes mais qui, au fil des générations, se sont compénétrées, ont fusionnés, se sont diluées l’une dans l’autre et ont aussi donné de grands hommes, techniciens, chercheurs, politiciens, scientifiques, ingénieurs, diplomates, financiers, économistes, écrivains, peintres, musiciens, philosophes, sculpteurs et autres.

          En bref, si nous n’avons pas toujours eu la possibilité de maintenir les belligérants à distances, dans d’autres domaines, nous avons accompli, au delà de la moyenne, de grandes choses dont nous pouvons être fiers.

         

          Que reste-t-il de notre rôle de pacificateur ?

          Nous avons subi durant dix-huit décennies les invasions militaires de nos voisins qui trouvaient très confortable de prendre notre petit territoire comme champs de manœuvres, de batailles sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux.

          Cela nous a permis, du fait des reconstructions successives de moderniser, d’adapter notre tissus industriel.

          Nous avons un outil performant, les grandes puissances européennes et même transatlantiques, les politiques, les militaires ou les commerciaux, choisissent volontiers notre sol pour installer leur siège, si pas social, du moins principal.

          Nous restons, aux yeux du monde des citoyens neutres et cependant plus dynamiques que certains autres pays eux aussi se réclamant de neutralité dans l’area européen.

          Mais notre rôle initial, de tampon, de pare-choc entre grandes puissances s’est estompé, n‘a plus lieu d‘être en ce début du XXIéme siècle et depuis la construction européenne.

         

          Il n’est dès lors pas anormal que ce soit chez nous, nous qui avons été le noyau formateur de l’Europe, via le Benelux, que germe l’idée du futur, de l’avenir, de la future structure de l’ensemble des nations européennes.

          L’Europe des régions est en route, nous avons fait ce qui nous était possible de faire dans le cadre de la mission qui nous était confiée en 1830, il est dès lors normal que nous évoluions.

          Les Etats-Unis d’Amérique ont commencé leur mutation politique à treize régions, treize colonies politiquement distinctes, il y a 225 ans et sont devenus la puissance que nous connaissons.

          La mise au monde de ce géant politique ne s’est pas faites en une décennie, ne s’est pas faites sans douleur, ce fut long et périlleux, ce le sera aussi pour nous, n’en doutons pas.

          Les Etats fondateurs des USA étaient des Etats vierges, constitués d’émigrants qui de toutes manières espéraient mieux vivre que dans le pays qu’ils avaient laissé derrière eux.

Ils avait une langue souvent étrangère mais qu’ ils ont assez facilement accepté.

          Dans notre Europe actuelle, ces deux atouts n’existent pas, la construction en sera d’autant plus difficile.

 

          Belge, je le suis sincèrement et espère le rester, mais il ne faut pas être nostalgique, la Belgique de papa a existé et touche à sa fin ; nous devons être réalistes : les structures et peut-être les noms vont changer, il ne faut certainement pas se lamenter.

          L’avenir est à nous mais assurément pas celui que nous espérions à la fin de la seconde guerre mondiale, décennie de notre jeunesse, de nos espoirs et de nos projets.

          Ce sera probablement dans un cadre européen, dans une structure pluri étatique, plurirégionale dans laquelle chacun aura déposé une part plus ou moins importante de ses capacités décisionnelles.

           Nous , nos enfants et petits enfants, auront la vie difficile; si les clivages économiques et sociaux pourront être relativement facilement réduits, il n’en sera pas de même des frontières linguistiques, traditionnelles ou éventuellement religieuses.

          L’inertie inhérente au genre humain, les habitudes séculaires, la paresse intellectuelle omni présentes devront être vaincues, ce sera difficile.

          Mais quel grand projet, quelle ouverture vers l’avenir ne fut pas périlleuse ?

 

          Gardons espoir.

 

                                                                                                  E.A.Christiane

                                                                                     Anderlecht, le 12.09.2010

 

 

 

 

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 20:52

Herman van Rompuy - Président du Conseil européen
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Voici un court extrait du discours d’Herman van Rompuy, prononcé aux Grandes Conférences Catholiques.

Extrait du “LeSoir” de ce 12.12.09 en page 21

    Si je me permets d’envoyer ce petit article à certains de mes amis, c’est que je pense qu’il pourrait engendrer quelques réflexions bien d’actualité et certainement sujettes, si pas à discussion, du moins à un certain approfondissement.
    Et si on ne retient pas l’essence de ces idées, elles peuvent rester imprégnées dans l’inconscient de chacun et remonter à la surface si le concept qu’elles engendrent venait à être d’actualité peut être d’ailleurs dans un tout autre contexte.


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citation :

    Les autorités doivent encourager l’auto-organisation des citoyens.
    Le point de départ d’une organisation personnaliste revient justement à mettre à profit le pouvoir de la société.
    A l’école, au travail, au théâtre, au sein des foyers, des associations, églises, quartiers...
    C’est dans ces environnements que les hommes deviennent des citoyens animés de convictions.
    Aux autorités de soutenir autant que faire se peut ce capital social et familial, qui nous manque trop aujourd’hui.
    Bien sûr, la société est devenue plus individualiste, mais les liens sociaux continuent toujours à exister - ils ne cessent même de se multiplier.
    Et plus, la société est complexe, plus l’homme devra pouvoir compter sur la solidarité pour l’exercice de ses libertés.
    Cette solidarité est d’autant plus importante qu’en période difficile, l’homme et ses institutions, succombant à la crainte, ont tendance à accorder la priorité au particularisme, ce qui peut se traduire par les situations suivantes: au niveau de l’Europe et des pays, résurgence d’un repli identitaire, de l’égoïsme au niveau personnel.
    Bien sûr, chacun a besoin de respect, de la reconnaissance de son identité, d’un “chez-soi”, mais dans une société ancrée et ouverte.
    Nous devons faire en sorte que l’homme ,n’ait pas à craindre et ne doive dès lors pas s’enfermer dans un intérêt propre ou de groupe, interprété de manière trop exclusive.
    Il ne devrait d’ailleurs pas se sentir délaissé, s’il est suffisamment entouré : par de la justice et de la sécurité, par des garanties pour l’avenir, par le respect pour des valeurs fondamentales et, surtout, par ses semblables.
    L’homme puise sa dignité - et son sentiment d’appartenance - dans sa faculté d’intégrer les circonstances changeantes dans sa vie (et inversement).
    Pour offrir une réaction responsable aux circonstances, il faut être distingué et reconnu par les autres.
    L’homme ne peut en effet rester lui-même que s’il peut se sentir chez lui quelque part.
    Impossible de se sentir chez soi dans le monde si l’on n’a pas quelque part un chez-soi.
    Pour se construire, l’homme a besoin de liens sociaux et familiaux qui offrent des points de repère supra-individuels et interpersonnels et qui font qu’il se sait responsable dans une proportion qu’il peut maîtriser.
    La bipolarité - vocation personnelle et relations interpersonnelles - est un fondement de personnalisme qui tente, de manière structurée, d’articuler l’action politique autour de cette vision de l’homme.
    L’idée centrale est que l’homme entretient de multiples liens - qui sont plus que de simples réseaux utiles - sans pour autant se confondre avec eux.
    L’homme est bien plus qu’une partie de la collectivité.
    Dans le cadre de ses liens, l’homme reste lui-même, il conserve sa dignité personnelle.
    C’est précisément parce que l’identité personnelle englobe plus que l’identité des liens que l’homme établit, qu’il peut faire la démarche de sortir de ces réseaux et qu’il est à même d’embrasser le monde globalisé.
    C’est précisément parce que l’homme ne se confond pas entièrement avec une nation, un peuple, une culture ou une classe, que les rapports humains n’ont pas de frontières hermétiques en dehors desquelles ne se trouveraient que des “étrangers”.
    Un sentiment d’appartenance ne peut jamais être motif ou source de voir en l’autre uniquement un ennemi.

fin de citation.

                                                                                   Le texte du discours d’ Herman van Rompuy
                                                                                   est accessible dans son intégralité à
                                                                                   l’adresse suivante: http://bit.ly/5FsMmd



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    Un discours empreint d’humanisme et dans l’optique des problèmes relationnels interculturels, interreligieux, interraciaux et internationaux actuels.
    Dans un esprit d’une grande ouverture, Herman van Rompuy prône l’attachement à ses racines mais aussi l’accès, l’acceptation d’autrui quelques soient les différences que nous pouvons distinguer, estimer ou craindre.
    Un grand humaniste a voulu nous donner les lignes maitresses de sa philosophie et, nous pouvons l‘espérer dans ses nouvelles responsabilités au sein du Conseil européen.

    Bonne lecture

                                                                                      Anderlecht, le 04.01.2010
                                                                       
                                                                                                E.A.Christiane
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20 août 2009 4 20 /08 /août /2009 13:51

 

Annexe politique à la crise financière

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Un de mes amis néerlandophone me dit que du fait du retrait de la N.VA du cartel CD&V-N.VA, les Wallons peuvent considérer qu’ils ont gagné une bataille, mais pas la guerre.

C’est, je pense une approche un peu réductive et qui n’est certainement pas la mienne.


La nouvelle politique


Si dans les affaires, dans la recherche scientifique, il y a un objectif de croissance, je dirais “générale”, de toujours aller plus loin, d’améliorer, de progresser, de mieux connaître, il n’en est pas de même en politique.

Lorsque que l’on parle de politique, il faut se dire que le nombre d’électeurs, donc de voix disponibles évolue assez peu d’une élection à l’autre.

Si un parti progresse, c’est toujours aux dépends d’un autre ou d’autres partis.

Finalement c’est une lutte pour le pouvoir qui consiste à tirer vers soi le plus de couverture possible.

Depuis l’ouverture à la supranationalité, les États traditionnels, tels que nous les connaissions jusqu’après le seconde guerre mondiale, ont vu leur autorité s’éroder.

Cette érosion s’est produite par le haut, vers l’Europe, par des directives qui doivent obligatoirement être suivies, mais aussi vers le bas, vers les régions.

L’idée d’autodétermination à l’échelon ethnique, linguistique, culturelle s’est de plus en plus imposée et chaque unité, même informelle, a voulu voir ses caractéristiques propres mises en valeur et s’autoriser à une certaine autonomie, à la limite politique en vertu du droit des peuples à se gouverner eux-mêmes.

 

Quelles sont les limites de ce droit ?

Base de toute réflexion anticolonialiste, il peut aussi être compris, défendu à l’échelon régional.

On pourrait longuement en discuter en fonction de la viabilité économique des entités revendicatrices.

 

Il en découle que les grandes idéologies, gauche droite, religieuse laïque, conservatrice progressiste, ont perdu de leur importance et, sans disparaître totalement, ont laissé la place à des leaders, représentants des entités, des groupes sur bases autres que géographiques.

C’est la montée en puissance du régionalisme et des têtes d’affiches, souvent tribuns, populistes, parfois éphémères qui se sont imposés de par leur appartenance à un groupe d’individus unis autour d’une même idée.

 

Les sudistes


Au sud du pays, de la Belgique, de notre pays, plus qu’au nord, je pense, les modifications ont été profondes.

De la vieille séparation conservateur-droitière-catholique et progressiste-gauchiste-socialiste qui prévalait à la fin de la seconde guerre mondiale, il ne reste pas grand chose.

La classe ouvrière a beaucoup évolué, nous le devons aux syndicalisme et certainement au parti socialiste de la fin du XIX° et du début du XX° siècle, nous devons en être reconnaissants, mais pas nécessairement nostalgiques.

Leurs leaders ont fait leur devoir, ils ont engrangé de sérieux résultats et c’est très bien comme cela.

Aujourd’hui, la tendance démocrate-chrétienne a rejoint la tendance sociale-démocrate-laïque, regroupant les forces vives, pas seulement manuelles de la région, et s’oppose à ce qui fut la centre neutre, bourgeois, franc-maçon ou tiède chrétien.

C’est actuellement le combat des chefs, le M.R. dont le leader, de par son ambition a fait perdre des voix à son parti est dynamique, très dynamique mais sujet à controverses.

Son atout (mais est-ce vraiment un atout ?) est qu’il a réussi, sans rupture, à mettre un bémol à son allié FDF qui est toujours là, toujours revendicatif mais nettement moins puissant qu’il y a une décennie.

Il n’est plus un taon ou une guêpe, mais il reste un moustique sur lequel on doit encore compter.

Le P.S. qui subi une traversée du désert suite à une restructuration interne, plus pénible et plus difficile que prévue, qui ne peut ruer dans les brancards, faire des coupes sombres dans ses effectifs de crainte d’une dissidence qui lui ferait perdre un bon nombre de sièges.

Ce P.S. a cependant sorti quelques éléments valables, dont un président régional, actif, dynamique qui faisant fi des problèmes politico-politicailleurs a pour premier objectif le redressement économique et social de sa région.

Reste que la lutte individuelle pour le pouvoir, entre les présidents de ces deux partis, reste plus vive que jamais, un des deux va l’emporter, de justesse vraisemblablement mais ce sera un troisième parti, ex démocrate chrétien ou écolo qui pourrait retirer les marrons du feu, sans avoir une majorité, mais qui par dépit de la part de l’électorat pourrait être le grand bénéficiaire.

Il n’est pas le seul, nous en reparlerons.

 

Les nordistes


Là, sans pouvoir juger avec beaucoup de sérénité, il me semble qu’avant tout le moteur n’est pas la prospérité, le redressement car ils sont, et ils le savent, les plus riches d’Europe, mais les leaders axent leur propagande électorale sur le nationalisme, l’identité linguistique, économique, culturelle voir le repli sur soi ou du moins l’enfermement dans un but de pureté ethnique, culturelle, linguistique de leur région.

Il faut, pour gagner des voix aux élections être plus nordiste que son voisin.

Un grand parti, démocrate-chrétien de base, s’est abouché, en cartel, avec un parti ultra nationaliste afin de gagner haut la main les élections.

C’est un mariage qui pouvait tenir tant qu’il restait à l’échelon régional.

A partir du moment où les responsabilités de ce cartel devenaient fédérales, l’union devait devenir caduque et la rupture fait mal.

Deux autres partis traditionnels, le VLD et SP.A sont restés au balcon, ils n’ont pas su jouer le jeu “ultra nationaliste” des autres, affaiblis, ils ont cependant gardé leur identité et conservé en leur sein des leaders, des seconds couteaux, toujours vierges de la polémique nationaliste, qui sont en réserve et pourrait un jour ou l’autre se révéler bien utiles.

Quant au traditionnel parti extrémiste le V.B., trop longtemps dans l’opposition, dans l’opprobre devrais-je dire, il a passé la main aux RV.A et à la liste D.D, il reste idéologiquement bien présent et continue en coulisse à tirer quelques ficelles comme la défunte V.U. reste bien présente sur tous les fronts.

Finalement, la situation politique du nord du pays est bien plus préoccupante que celle du sud car la lutte n’est pas seulement entre des leaders mais aussi idéologique.

Le CD&V va y perdre des plumes et probablement plusieurs de ses ténors, les partis nationalistes vont longtemps hésiter à se mettre en cartel car chacun veut garder le leadership.

Que reste-t-il à mettre sous la dent des électeurs fatigués de toutes ce bagarres stériles ?

Les partis qui sont restés au balcon, le SP.A et le VLD et aussi les Groen, dont, nous l’avons dit nous parlerons plus tard.


Les écolos


Ces deux partis, sont les seuls a avoir des liens avoués de chaque côté de la frontière linguistique et engrangeront certainement un bon nombre de voix déjà attendues.

Étrangement, ils ne gagneront peut-être pas des électeurs à cause de leur programme électoral ( et encore, l‘écologie est à la mode), mais eux aussi, comme le CDH par dépit, des gens qui, dans les isoloirs ne sauront plus à qui se fier et reporteront leur votes sur celui qui leur semblera être resté le plus serein.


Et Bruxelles


La fiancée est mignonne, elle est même très belle et tentante, dix pourcents de la population qui engendre vingt pourcents du P.N.B., cela en vaut la peine.

Mais c’est une ville hybride, une mosaïque multiculturelle, tiers-mondiste, à la fois riche et très pauvre.

Elle est la capitale de l’Europe et petit à petit gagne des points sur Strasbourg dont jamais elle ne pourra dégommer de sa position européenne.

Cependant...

Grande victoire américaine: l’Europe s’est étendue sans que les structures juridiques aient été pré établies, si bien qu’elle est ingouvernable; obtenir un consensus d’un quarteron de nation, c’est déjà bien difficile, quant à l’espérer à 27, inutile d’y penser.

Tant que nous étions à douze, je me sentais très européens, maintenant, à vingt sept je ne me sens plus tellement proches de ceux qui sont là bas, très à l’Est, si loin de nous, si différents de nous.

Le centre de gravité s’est déplacé, nous, les Bruxellois, nous ne sommes plus au centre de l’Europe, celui-ci est bien plus à l’Est et que pouvons nous faire, dans un territoire limité à 160 kilomètres carrés, enclavé sans espoir de s’étendre ?

L’Europe n’est plus latine, elle est germanique.

Bonn est disponible, accueillante, le long d’un long ruban fluvial, dans des collines verdoyantes, un endroit bucolique, peu industrialisé, sans problème d’aérodrome polluant...

Quand donc les autorités européennes envisageront-elles de revoir leur position, de voir l’avenir ?

Que resterait-il, dès lors, de la belle fiancée bruxelloise?

Une ville has been, avec de beaux restes, en butte encore plus qu’aujourd’hui avec des problèmes budgétaires.


Avenir


Une fois de plus, la Belgique est à l’avant garde.

Après la seconde guerre mondiale, nous fûmes membre fondateur du Benelux, le noyau, le fœtus de l’Europe, nous avons repris sur d’autres bases plus humaines l’idée pangermanique européenne, l’avons édulcorée, l’avons mise sur pied et à partir de là, l’Europe s’est créée.

Si les pays germaniques inclus dans l’Europe semblent jusqu’à présent garder leur unité sans trop de problèmes, il n’en est pas de même des pays latins, l’Italie, l’Espagne et bien entendu la Belgique sont tous l’objet de forces centrifuges.

La France, elle aussi, quoique les Français soient très heureux de l’être, chauvins, faisant référence à leur modèle républicain tout en étant fier des réalisations culturelles, artistiques, architecturales, intellectuelles de l’ancien régime, de la monarchie qu’ils ont décapitée.

Bizarre peuple.

Nous évoluons et la politique aussi.

Aussi, le divorce duquel nous sommes témoins dans le nord du pays ne peut en aucun cas être une victoire francophone, c’est seulement une péripétie dans l’évolution des choses, dans le sens de l’histoire.

C’est seulement un détail, qui nous donne un peu d’urticaire et qui ne m’empêchera pas d’avoir et de conserver d’excellents copains néerlandophones, voir extrémistes flamands.


                                                                                     E.A.Christiane

                                                                            Anderlecht, le 24.08.08

 

  

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 09:58

Péons et monarchie


Les contacts par internet, les aller-retour de petites phrases de répliques entre amis sont toujours très amusants, ils permettent de garder l’esprit éveillé, rapide, réactif, un excellent exercice d’improvisation, un peu de gymnastique intellectuelle du meilleur effet.

Cette alternance de sérieux et de badinage, ce mélange de salé et de sucré est porté à un certain degré bien agréable et est une excellente thérapeutique pour garder notre intellect en éveil, stimulé.

Mais il y a des moments où il faut voir d’autres choses, plus sérieuses, moins légères,plus austères aussi, qui doivent être dites, partagées, et approfondies.


Le péon n’est pas seulement sud-américain


Le péon, nous dit le dictionnaire, est un pauvre ouvrier agricole de l’Amérique du Sud.

A mes yeux, le péon est sous la férule d’un ou de maîtres qui le gardent dans un état d’individu, de citoyen de seconde zone, voire parfois proche de l’esclavage économique.

Il n’est pas le seul, les colonisés, les serfs, les métayers dans l’Ancien Régime, avant la Révolution française, étaient eux aussi des prolétaires sans guère de pouvoir.

Et quand je parle d’individus de seconde zone, ce n’est pas physiquement ni intellectuellement, c’est dans leur état, ils sont dominés juridiquement, ils dépendent pour boire, pour manger, pour se vêtir, pour se loger, pour travailler de quelqu’un qui a une certaine autorité sur leur mode de vie.

Ils ont une valeur humaine, bien sûr, mais avant tout, aux yeux de ceux qui les emploient, qui trop souvent les exploitent, ils ont surtout une valeur marchande.

 

On peut parler, et cela ne va certainement pas plaire à tout le monde, du colonisé, il était sous l’autorité d’une caste qui veillait à son bien-être en général, qui veillait à le faire évoluer dans une société qu’il ignorait et dans laquelle il devait s’intégrer; en contrepartie, il devait, par son travail, participer à l’essor économique de son terroir aux profits, pas toujours et même rarement équitablement partagés, du colonisateur et du colonisé.

Pensez à ce que seraient actuellement les peuples africains, asiatiques, si nous les avions laissés dans l’oubli du contact avec l’Europe de l’Ouest.

On serait peut-être étonné de la manière, dans quelle direction ils auraient évolué, mais compte tenu des deux découvertes ethniques de ces derniers mois, en Amérique du Sud, aux confins de l’Amazone et de l’Orénoque ainsi qu’en Indonésie, on peut considérer qu’ils auraient eu plus de chance d’avoir évolué dans un contexte de petites unités politiques, d’entités isolées, réduites, autant de micro-ethnies tenues depuis des siècles, voire depuis des millénaires dans l’ignorance de ce qui était au-delà de leur horizon.

Rien à voir avec ce que nous, Européens de l’Ouest étions il y a quatre ou cinq cents ans.

 

Un appendice fécond

 

Nous avons l’avantage de vivre dans un appendice géographique, prolongement de l’énorme continent asiatique, avec une façade maritime, ouvert sur l’extérieur, qui nous a permis de nous épanouir, de voyager dans le vaste monde.

Je ne sais qui a dit, mais ce n’est pas moi, que le pays qui a accès à la mer, n’a pas de frontières, c’est tellement vrai.

 

Un pays comme la Russie, qui a accès à des mers peu fiables, la mer Baltique, sans guère de profondeur et contrôlée géographiquement par le Danemark, les mers du Nord, Blanche, de Barents, de Kara, de Laptev, de Sibérie, bien trop souvent gelées, à l’Est, la mer d’Okhotsk tellement lointaine, a toujours essayé d’avoir une ouverture vers les mers du Sud, plus accessibles, la mer Noire, et même le golfe Persique afin de briser le carcan terrestre qui était un frein à son expansion.

Les États-Unis d’Amérique, ouverts sur deux océans mais sans contacts entre eux, devaient entretenir deux flottes de guerre, deux flottes d’expansion et n’ont eu de cesse que d’ouvrir le canal de Panama qui raccourcissait les distances entre ses deux pôles de développement.

Plus près de nous, chez nous, nous avons assisté au développement combien différent de nos contrées européennes, et principalement des régions de l’Europe de l’Ouest.

 

La frontière ethnique, linguistique qui divise notre continent d’est en ouest, de Dunkerque à Trieste est une chose, mais il y en a une autre tout aussi importante, une démarcation nord-sud, qui divise les pays ayant une façade sur la mer et ceux plus continentaux, enfermés ou quasiment enfermés dans une gangue géographique de laquelle ils essayent, ils ont toujours essayé de se libérer.

Longtemps cette frontière se confondait avec un grand fleuve, le Rhin, puis, avec le développement des moyens de communication, leur modernisation, la limite s’est déplacée vers l’est, de Cologne à Hambourg sur l’Elbe à l’ouest du Danemark.

L’économie, la mentalité, la manière de vivre des peuples de chaque côté de cette ligne est parfois assez différente, lorsque l’on voyage, on sent que l’on passe des « gens de mer » aux « gens de terre ».

Il en est de même en Afrique centrale, il y a une différence de vie et de mentalité entre les ethnies vivant sur l’eau et celles vivant en forêt ou en savane aride.

Nous qui sommes nés à l’extrémité ouest de l’Eurasie, nous sommes des gens qui ont vue sur la mer, nous avons su en profiter, nous avons aussi subi de par notre position géographique toutes les avanies des invasions de toutes sortes, de toutes origines, de toutes influences; nous avons subi un énorme mixage de gènes étrangers et sommes de ce fait d’une grande variété génétique.

Cela nous a ainsi permis d’emprunter à nos envahisseurs, puis aux civilisations sumériennes, chinoises, portées par les diasporas juives et les voyageurs arabes, grecs et romains, non seulement les idées, les idéologies, les techniques, les philosophies que notre personnalité métissée nous a fait si pas nécessairement accepter, comprendre et assimiler.

 

Nous en avons profité, nous les avons acceptées tant bien que mal, nous les avons véhiculées de continents à continents, à travers mers et océans, nous les avons fait accoster à d’énormes glacis terrestres, des blocs compacts tels l’Afrique, l’Asie ou les Amériques.

Quoique l’on puisse dire, notre position géographique entre Atlantique et Méditerranée nous a permis, grâce à un climat particulièrement généreux et à une mixité intellectuelle et raciale, de développer ce qu’est devenue actuellement la civilisation judéo-islamo-chrétienne.

C’est cette civilisation, fruit de deux mille ans d’évolution, qui par son dynamisme domine non seulement politiquement, militairement, économiquement mais aussi culturellement le monde.

 

Il y en a eu d’autres, en Chine, au Japon, en Amérique du Sud, il y a eu des empires et des royaumes puissants et éphémères en Afrique, mais ils sont restés enfermés dans une geôle informelle, n’ont pas pu ou n’ont pas su s’exporter, se développer, se propager, conquérir.

Bien sûr, me direz-vous, le papier, la poudre à canon sont des inventions chinoises, mais qu’en a fait la Chine ancestrale ?

Elle les a utilisés chez elle, elle n’a pas voulu les exporter, les distribuer, en profiter pour conquérir intellectuellement (en ce qui concerne le papier) ou militairement (en ce qui concerne la poudre à canon), elle n‘a pas eu d‘expansion profitable économiquement, il lui manquait du dynamisme et de l‘ambition.

Le Japon, puisque nous le citons, est resté enfermé dans son orgueil et sa xénophobie durant très longtemps; il a fallu que les Japonais perdent une guerre, subissent une invasion pour qu’ils prennent leur élan économique durant la seconde moitié du XX e siècle.

Il n’en est pas de même du sultanat d’Oman, par exemple, qui, depuis des siècles, a exporté sa vitalité le long des côtes de l’océan Indien, en Afrique et qui, depuis Zanzibar, a exporté quantité de richesses, des pierres précieuses, de l’or, de l’ivoire et des esclaves qui ont assuré sa prospérité bien avant que l’on connaisse la puissance de l’or noir.

 

Le succès de notre expansion, de notre dynamisme a quelque peu occulté notre logique, pourquoi faut-il que « notre histoire », celle que l’on nous a enseignée à l’école, nous parle en priorité et presque exclusivement des grands explorateurs marins, Christophe Colomb, Bartholomeu Diaz, Cabral, Magellan, Vasco de Gama, La Pérouse, Diego Cao et les autres moins souvent cités, tels que Mungo Park, Barth, la famille Polo, Stanley, Livingstone, Cabeza de Vacca, et tant d’autres parfois oubliés et qui ont tout autant de mérite à être connus et que, même s’ils n’ont pas découvert de nouveaux continents, ont découvert des fleuves, des montagnes, des plaines, des vallées, des déserts et surtout des peuples.

Qui connaît les noms des marins pêcheurs bretons qui ont fréquenté les eaux islandaises, les côtes du Groenland et celles du Labrador longtemps, peut-être deux siècles, avant que Christophe Colomb ne « découvre » l’Amérique ?

Mais aussi, qui connaît Ibn Battuta, un des plus grands explorateurs du XIV e siècle; né le 24 février 1304 à Tanger (Maroc) et décédé entre 1368 et 1377, il fut l'un des plus grands explorateurs de tous les temps.

Ibn Battuta, le « Marco Polo » de l'islam, parcourut 120 000 km en 28 ans de voyages, de Tombouctou à Bulghar (en actuelle Russie, sur la Volga) et de Tanger à Pékin, il aurait atteint la Réunion, peut-être Madagascar et certains parlent même d‘une circumnavigation de l‘Afrique ... au XIV e siècle !

Oublié ce grand voyageur, et inconnus beaucoup d’autres.

Par contre, nous avons imposé nos propres héros dans les pays conquis, une petite agglomération, sur le pool Malébo, N’Shasa, s’est vue baptisée Léopoldville, et Kisangani-Boyoma a été appelée Stanleyville et combien d’autres ?

Si le premier Congolais à visiter Paris s’était appelé, par exemple Pili-pili Marcel, aurait-on pu, ne serait-ce qu’envisager sans déclencher un énorme éclat de rire, débaptiser la ville lumière pour la renommer Pilipiliville ?

 

Un dynamisme autorégulateur

 

Ce dynamisme, cette expansion a fini par engendrer son propre affaiblissement, et là, je vous prie de remarquer que je n’ai pas parlé de sa propre disparition.

Un Congolais me disait que l’idée même d’indépendance avait germé dès que le premier enfant du Congo était entré à l’école, que c’était à ce moment que la graine avait commencé à germer.

Le développement de nos techniques pédagogiques, le besoin que nous avions d’impliquer les autres peuples dans notre philosophie, les techniques médiatiques d’information ont fait que ceux qui jusqu’à présent étaient restés discrets, voire cachés, émergent et veulent partager puissance et richesses.

C’est normal et de bonne guerre, nous ne devons aucunement rester nostalgiques de notre grandeur exclusive passée, nous avons atteint ce qui ne semblait pas être notre objectif mais qui était la finalité logique informelle de notre action depuis des siècles: le partage.

Partage du pouvoir, partage des richesses, partage des techniques, partage de la manière de vivre, partage des idées.

Nous n’en sortirons pas amoindris, mais nous saurons puiser chez autrui un limon fertile qui modifiera, enrichira notre pensée, notre manière d’approcher les problèmes qui ne seront plus uniquement les nôtres mais qui seront devenus planétaires.

Le péon n’est pas un esclave ni un prisonnier de Birkenau, il fait partie d’une classe d’individus qui ont des droits mais dont le pouvoir décisionnel est quasi nul, ils subissent la loi d’autres qui ont les mêmes droits mais savent les utiliser pour décider.

Si leur nombre a tendance à diminuer, la mutation n’est pas linéaire, elle subit des à-coups, des hésitations, des retours en arrière et les minorités, dans le cadre d’une organisation sociale, politique, démocratique, doivent veiller à ne pas régresser dans leurs libertés.

 

Une monarchie importée

 

Chez nos voisins, nous avons comme chefs d’États, des rois, le roi d’Espagne, la reine d’Angleterre, la reine de Hollande, au siècle dernier le roi d’Italie et il y a un peu plus de deux siècles, le roi de France.

Ces monarchies sont ou étaient issues de la noblesse locale, qui a su fédérer les différentes autorités géographiques en un ensemble politique et constituer un royaume.

 

Chez nous, en Belgique, rien de tout cela, nous avons un roi qui est le roi des Belges, une pièce rapportée, importée, un Saxe-Cobourg, qui jamais n’avait fait souche dans les limites de notre royaume.

Cela me semble combien logique, un petit confetti de terre, créé de toutes pièces au milieu de l’Europe des belligérants au lendemain des guerres napoléoniennes, il lui fallait une autorité diplomatique acceptée par ses voisins mais aussi par les deux communautés dominantes, ethniquement, historiquement et linguistiquement tellement différentes.

Une autorité importée, sans racines dans le terroir de son royaume était ce qui était nécessaire, peut-être pas l’idéal, mais cela a très bien fonctionné jusqu’au milieu du XX e siècle et tous nos rois ont pris épouse eux aussi à l’étranger.

Au fait, nous avons été gouvernés par des étrangers jusqu’à ce qu’un l’un d’eux, Léopold le troisième, a pris femme en seconde noce dans une des communautés traditionnellement belges.

A partir de là, des questions ont commencé à se poser et le successeur d’Albert II, qui a épousé une Ardennaise aura fort à faire pour s’imposer malgré les efforts méritoires pour trouver à son épouse des racines flamandes.

 

Monarchie contre république

 

Mais de plus en plus souvent, des voix s’élèvent, surtout dans le nord du pays: la monarchie est-elle encore d’actualité ? Ne pourrait-on envisager autre chose, un autre système ?

Notre manie de toujours nous remettre en question, notre qualité, dirais-je, de toujours nous interroger n’est pas nécessairement cousue de bonnes intentions.

Il y a parfois des agendas cachés, des idées non encore exprimées car pas encore mûres à être acceptées.

Quoiqu’il en soit et quels que soient les options, les objectifs sous-jacents, la question est d’actualité.

 

A première vue nous passer de la famille royale n’est pas impossible à condition de pouvoir remplacer cette autorité, même relativement symbolique, par une autre plus contemporaine, il faut l’espérer, mais aussi plus performante, plus adéquate, mieux adaptée à la modernité actuelle et surtout à l’avenir du pays.

On pense, ils pensent, généralement à l’alternative de la république, excluant ou oubliant la dictature, quoique parfois celle-ci apparaît sans même que l’on ne se soit aperçu de la déviance.

Retenons donc pour l’instant, dans l’immédiat, le système républicain, démocratique, ayant définitivement oblitéré les derniers vestiges du système héréditaire de ce qui sera devenu l’Ancien Régime, qui va dans le sens de la Révolution de 1789. Du moins dans l’esprit de cette révolution, pas nécessairement dans son application.

 

Nous aurions donc une République de Belgique !

Reste à déterminer quelle genre de république.

Une république de type présidentiel, donnant à son président une autorité certaine, telle que connaissent les États-Unis d’Amérique, les républiques sud-Américaines, la Russie.

Peu démocratique, sauf au moment de l’élection de son président, clientéliste, partisane, lobbyiste, affairiste, voire familiale.

Une république de type semi-présidentiel, comme en France, qui a l’avantage de fonctionner et de laisser la possibilité au président élu de jouer le rôle de bouc- émissaire sur qui on peut, sans états d’âme, rejeter la cause de tout ce qui n’est pas parfait.

C’est évidemment très commode et à envisager, dans un pays de citoyens râleurs comme le nôtre, ce serait bien pratique.

Une république parlementaire, dans laquelle la constitution ne laisserait au président que le rôle d’inaugurer les chrysanthèmes, un président potiche, juste utile pour remettre des décorations, présider aux défilés militaires et recevoir les ambassadeurs.

Celle-là nous changerait assez peu du système monarchique parlementaire actuel.

 

Si! Cela changerait dans le choix et du président et du premier ministre.

Lorsque nous sommes en présence de plusieurs dizaines d’entités administratives, plusieurs États, plusieurs Länders, comme en Allemagne ou aux États-Unis, cela a peu d’importance, mais en Belgique, où nous avons seulement trois communautés dont deux importantes, très importantes par rapport à la troisième, cela n’arrangerait certainement pas mieux les choses qu’actuellement.

A moins de laisser systématiquement la présidence à la communauté germanophone, plus sereine, tout autre choix et du président et du premier ministre serait, naturellement, l’objet d’âpres discussions, de bien de compromis, de bagarres homériques et de remises en question éternelles qui n’amélioreraient certainement pas la qualité de la gestion de l’État.

De toute manières, quelles que soient les solutions envisagées, pour cinq ou sept ans dans le cas du chef de l’État et pour quatre ans, à moins que cela ne change, dans le cas du premier ministre, dans un pays où la proportion du nombre d’habitants de chaque communauté est de 65 %, 34 % et 1 %, il y aurait toujours une ou deux communautés, soit certainement au moins 35 % de la population qui en feraient les frais et qui seraient ou, en tout cas, qui se considéreraient comme les péons modernes, sous-représentés, dominés, frustrés, sans pouvoir décisionnel, bref des sous-citoyens.

Ce n’est certainement pas une meilleure solution que la solution actuelle.

 

La tentation séparatiste

 

Alors... gai, gai, divorçons !

S’il n’y a plus de terrain d’entente, si le torchon brûle dans ce vieux ménage de presque 180 ans, que chacun reprenne ses billes et retourne chez sa mère.

 

Mais quelles billes ?

Après 180 ans de mariage, les biens sont tous des acquêts !

Chacun prendrait ses distances avec son propre terrain et ce qui y est construit, assez logique en soi.

Et Bruxelles alors ?

On ne peut guère abandonner un peu plus d’un million d’habitants, enfermés dans un carcan géographique, d’un grand, d’un énorme dynamisme économique, d’origines des plus variées et de langues toutes minoritaires quelque part.

Là, il y aurait un problème.

On peut toujours décréter que Bruxelles ferait partie intégrante du nord du pays, ce serait inclure automatiquement huit cent mille non-néerlandophones en Flandre, si du point de vue économique, ce serait tout bénéfice pour l’actuelle partie nord du pays, je ne penses pas que ce serait régler le problème linguistique, loin de là.

Si le groupe ethnique majoritaire en Belgique considère que le séparatisme semble vivable pour eux, les autres, tout le reste de la population, soit 35 % des habitants du pays savent que dans la structure actuelle, ils seraient en grandes difficultés; un équilibre, précaire, il est vrai, mais un équilibre quand même serait rompu, les problèmes économiques seraient énormes dans le contexte européen.

Nous aurions plus de trois millions et demi de citoyens qui se sentiraient abandonnés, des péons ballottés dans un océan de règlements, d’obligations internationales supportables, et encore tout juste, dans une communauté de dix millions de personnes mais nettement plus contraignants dans une communauté de moins de quatre millions d’individus.

Bien sûr, il y a actuellement en Europe de plus petites entités encore, le Grand Duché de Luxembourg, pays agricole, qui a perdu beaucoup de revenus de son industrie mais qui est une place financière bien rentable; il y a aussi la Cité du Vatican, Lichtenstein, Monaco, Andorre et San Marino, toutes communautés historiques dont l’économie est axée sur un seul pôle, soit le tourisme, soit la finance, soit la religion.

En ce qui concerne les communautés francophone et germanophone de Belgique, sur quoi pourraient-elles s’appuyer ?

Quant à la communauté néerlandophone, dominante économiquement, serait-elle rentable à long terme ?

Ne serait-elle pas attirée par un leurre, une situation immédiate, à court terme, une euphorie mise en valeur par des politiques ambitieux ?

 

Nous ne pouvons être certains qu’une initiative aboutissant à un séparatisme pur et simple, une scission, une fracture soit appréciée diplomatiquement par nos voisins.

Beaucoup d’entre eux sont en proie à des mouvements centrifuges: la France avec la Bretagne, la Corse, les Basques, voir l’Alsace et la Lorraine; l’Espagne avec la Catalogne, l’Italie, le Royaume dit Unis, et d’autres.

La Tchécoslovaquie, me direz-vous, a réussi sa partition, mais il faut dire que la situation n’était pas la même, ce pays a été, comme la Belgique, il est vrai, créé de toutes pièces très récemment, après la première Guerre mondiale; il ne s’est pas libéré, comme nous l’avons fait d’un joug de type colonial, il a été imposé à ses habitants en 1918 et dissous en 1992 à la demande de la Slovaquie, partenaire économiquement le plus faible.

Une partition de la Belgique mettrait certainement très mal à l’aise nos partenaires européens qui ont parfois bien du mal à garder la cohésion des différentes ethnies de leur territoire.

 

Reste le rattachisme

 

Et oui ! Pourquoi pas ?

Si le nord du pays, la Flandre continue son chemin en solitaire, la partie sud, la Wallonie pourrait certainement chercher appui auprès de son grand voisin français.

Celui-ci serait probablement preneur mais avec quelques réticences.

Il est certain que la Wallonie n’accepterait pas d’entrer en République française comme un Département ou un Territoire d’Outre-mer, elle voudrait y accéder avec le statut de région jouissant d’une certaine autonomie compte tenu de ses spécificités économiques, sociales, ethniques et historiques et elle négocierait en ce sens.

 

Sans tradition républicaine, ou tellement peu, la Wallonie aurait quelque mal à s’intégrer dans une France fière d’elle-même, relativement chauvine y compris envers ses voisins du nord qui sont souvent qualifiés de “petits Belges”.

Il faut dire aussi que les réactions françaises au lendemain de la cessation des combats en mai 1940 ont laissé chez certains, de chaque côté de la frontière, un sentiment d’amertume qui ne pourra se dissiper, après tant d’années déjà, d’un simple coup de baguette.

Nous avons déjà été français et nous pourrions à nouveau déformer les limites hexagonales de nos voisins du sud, mais cela ne se ferait pas sans quelques grincements de dents.

Des neuf départements qui divisaient administrativement la surface actuelle de la Belgique entre 1795 et 1811, quatre sont compris totalement ou quasi totalement dans l’actuelle Wallonie, les départements des Forêts, de Jemappes, de la Meuse inférieure et de l’entre-Sambre-et-Meuse.

Deux sont litigieux, le Département de la Dyle, incluait Bruxelles, Louvain et Nivelles et le Département de l’Ourthe qui empiétait sérieusement sur l’actuelle République fédérale allemande.

Les autres (Deux-Nèthes, Escaut, Lys) étaient des départements se trouvant actuellement en Flandre.

L’intégration est possible naturellement, mais que de négociations, que de problèmes à résoudre.

 

La Constitution française n’est guère identique à la Constitution belge, non seulement quant à l’organisation de la structure de l’État, mais aussi dans sa conception.

La conception de la Justice, par exemple, nous avons en Belgique trois pouvoirs, le Pouvoir législatif qui élabore les lois, le Pouvoir exécutif qui organise leur exécution et le Pouvoir judiciaire qui les contrôle et les sanctionne; mais en plus, nous avons une Cour constitutionnelle qui tranche souverainement, indépendamment des trois pouvoirs quant à la validité constitutionnelle des lois élaborées par le parlement.

En France, il n’y a que deux pouvoirs, le Pouvoir législatif et le Pouvoir exécutif, la Justice n‘est pas un pouvoir mais une “Autorité judiciaire“.

C’est seulement depuis la constitution de 1958 qu’ils ont créé non pas une cour, mais un Conseil constitutionnel qui assume le même rôle que notre Cours constitutionnelle mais qui n’est qu’un conseil.

La France a donc 128 ans de retard sur la Belgique en ce qui concerne le niveau de contrôle de la démocratie; c’est toute une philosophie qui est différente et à laquelle nous devrions, nous Wallons, nous habituer et surtout accepter, car au fait, pendant un certain temps, nous ne serions qu’ “invités” en République française.

 

Et je reviens à ma réflexion de base; nous risquons d’être des Français de seconde zone, de Nouveaux Français, tolérés, acceptés, encore peu dans le coup, à modeler, à éduquer, à enseigner, bref... des Français péons !

 

Alors ? République ou monarchie ?

 

Cela vaut peut-être la peine d’y réfléchir sérieusement, d’envisager tous les cas de figure, de rechercher et d’examiner toutes les implications, de peser les avantages et les inconvénients avant de se lancer tête baissée dans une aventure, plus peut-être pour fuir une situation qui nous semble actuellement intenable que pour ouvrir la porte à un avenir qui nous paraît à première vue bien plus prometteur.

 

 

                                                                                                        E.A.Christiane

                                                                                                  Anderlecht, le 10.06.08

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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 11:57

DEMOCRATIE ?

En ce vilain dimanche maussade de janvier 2008, je pensais utile de réveiller vos neurones en vous soumettant quelques considérations qui, peut-être, sans vous réchauffer, sans faire apparaître le soleil, vous donneront quelques idées.

 

Ce serait à Athènes qu’aurait vu le jour l’idée de Démocratie, mais sa naissance effective devra encore attendre quelques siècles.

Comment considérer comme étant une vraie démocratie un système qui donne à une poignée de notables la possibilité de prendre des décisions pour la gestion de la cité, décisions qui devront être appliquées à quelques milliers d’esclaves et de “sans-voix”.

Mais enfin, la graine était dans le sillon (je me répète mais il faut me pardonner, c’est ma déjà vieille formation agricole qui reprend le dessus) et elle finira par germer.

Après bien plus d’un millénaire de gestation, les corporations ont repris petit à petit l’idée de participation, puis le tiers-état et finalement la révolution française, qui, en renversant l’ancien régime instaura, imposa, l’idée que le pouvoir devait appartenir au peuple, ou en tout cas à ses représentants.

Mais que de faiblesses, que de dangers, que de dérives, que de mauvaises interprétations, que de confiscations, que d’abus, que de douleurs, que de pleurs, que de morts, que de massacres cette idée, excellente en soit, a pu, depuis lors, générer.

L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions, jamais cet adage n’est autant justifié que lorsque l‘on parle de Démocratie.

Au XX me siècle, celui que nous, à notre âge, connaissons le mieux, dès la fin de la Première Guerre mondiale, ce que l’on a cru comme le fleuron, le summum de la Démocratie, sur base de théories du siècle précédent: l’idée communiste a germé, a pris de l‘extension, s’est imposée pour une partie importante de l’humanité.

Du socialisme au communisme, le pas fut vite franchi, on allait raser gratis puis tout le monde serait égal, la vie, le futur pouvait être vu en rose.

Hélas, il a vite fallu déchanter, ces bonnes résolutions, ces grands espoirs se sont rapidement transformés en cauchemar par l’instauration de la “dictature du prolétariat”, le pouvoir réel confisqué par une poignée, voire un seul homme, sans que ce ”prolétariat” puisse lui-même en profiter, réduit au servage le plus dur, déporté en des lieux les plus inhospitaliers, usé, abusé jusqu’à la limite de la résistance humaine.

Quant aux anciens nantis, ils ont été annihilés, massacrés, laminés, spoliés de tous leurs droits et leurs biens rayés de la carte, réduits à l’état de “ non-personne”.

Cela a duré septante ans, puis a sombré dans la faillite la plus profonde, la plus pitoyable, laissant ci et là, sur la planète quelques îlots de résistance pour nous rappeler ce qui s’est passé, que le mal est toujours bien présent, qu’il pourrait ressurgir, n’importe où, même chez nous.

Il y a encore en Belgique, en France et dans d’autres pays européens quelques groupuscules de nostalgiques qui rêvent toujours de ce qu’ils croient avoir été un âge d’or: “ la dictature du prolétariat”.

Mais, il faut rester vigilant, d’autres maux guettent la Démocratie, insidieusement ils prennent place, ils s’installent comme un autre genre de dictature, celle de la majorité.

Tocqueville disait : “Dans les Démocraties, chaque génération est un peuple nouveau.“

Et en principe, dans la Démocratie, ce sont les voix majoritaires qui décident.

En principe toujours, dans la “Démocratie brute” ( 50 % des voix + 1) impose sa loi sur le reste de la population, soit (50 % des voix - 1), c’est ainsi que dans un certain nombre de pays où le Président est élu par suffrage universel, quelques voix sur plusieurs dizaines de millions peuvent faire basculer l’attribution de la magistrature suprême.

En ce qui concerne la Belgique, s’il en était ainsi, il n’y aurait aucune raison que les six millions de néerlandophones n’imposent un impôt complémentaire de mille euros à chacun des quatre millions de francophones sans que ceux-ci puissent y faire la moindre opposition ( je prie mes lecteurs de m’excuser, mais mon exemple vient mal à propos, j’y reviendrai plus loin).

Depuis quelques décennies, nos législateurs ont travaillé pour éviter cette “dictature de la majorité” pour créer des pare-feu afin de protéger les minorités.

Il en résulte une complexité extrême de notre système de gouvernance qui rend le pays pratiquement ingérable et qui ne le met pas nécessairement à l’abri de déviances démocratiques.

C’est parce qu’en tant que francophone, et me sentant minoritaire ainsi que nos concitoyens germanophones, ma pensée se crée un chemin aujourd’hui.

Chacun d’entre nous est quelque part minoritaire.

Minoritaire le pratiquant régulier d’une religion (chrétienne, musulmane, juive ou autre), minoritaire celui qui a le poil roux, minoritaire le fumeur, l’alcoolique, le SDF, minoritaire le chauffeur de taxi, le boulanger et autres professions libérales, minoritaire l’Africain, l’Arabe, minoritaire le retraité..

Tous, nous pouvons donc comprendre ce qu’est une minorité et les raisons de la protéger.

Nous devons hélas constater qu’un mouvement hégémoniste sur base d‘une certaine “ Démocratie brute“ a tendance à s‘installer chez nous et qui mettrait en danger, en cas de réussite, l’équilibre, le bon sens, l’empathie qui a toujours prévalu entre nos communautés.

S’appuyant sur les médias qui “chauffent” l’opinion, un repli sur soi-même, égoïste, régional, basé sur des faits historiques, financiers et autres, menace l’équilibre précaire mais bien réel depuis plus de 175 ans de l’Etat belge.

Quiconque, qui a un certain pouvoir, à quelque échelon que ce soit, doit agir en fonction des décisions, des lois votées à la majorité des représentants, c’est la base de la Démocratie.

Mais ceux qui élaborent ces lois, doivent avoir en tête, en permanence, la sauvegarde des droits des minorités.

“Vox populi, vox dei“, est un principe démocratique mais n’absout absolument pas les abus, les brimades envers les minorités administrées par le pouvoir.

Les amis qui me liront auront certainement quelques remarques à me faire, c’est de bonne guerre.

De grâce, qu’ils évitent de se noyer dans des détails , on sait qu’à Charleroi, à Huy, à Dinant, à Ganshoren, à Liège, Durbuy et probablement partout ailleurs il y a des magouilles, des choses étranges qui se passent dans la gestion communautaire.

Moi-même, j’ai commis une erreur en prenant, plus haut, comme exemple l’éventuel impôt complémentaire imposé par les néerlandophones aux membres des autres communautés linguistiques du pays.

Je me suis abaissé dans des questions de détail.

Dans nos réflexions, dans nos commentaires, prenons de la hauteur, de l’altitude, voyons cela sur un plan plus général, dans le cadre d’une synthèse, d’une approche plus philosophique du problème.

Envisageons un revirement, une redéfinition des objectifs démocratiques.

 

Redéfinition

Je pense personnellement que notre Démocratie a atteint ses limites et que sa définition doit être redéfinie.

Si le principe de majorité doit être maintenu dans la prise de décisions, il faut éviter de tomber dans la “dictature de la majorité”.

Chaque individu doit y trouver son compte, chaque idée doit être, si pas adoptée, au moins être respectée.

Utopie ! Utopie ! me direz-vous, on ne saurait satisfaire tout le monde et son frère !

Vous avez raison, mais on peut prendre comme principe de donner satisfaction ou au moins un minimum de bonheur à la plus grande partie des administrés, et quand je dis une plus grande partie, ce n’est pas (50% +1) mais beaucoup plus, tendre vers les 100 % sans espoir cependant un jour y arriver.

C’est en effet une utopie mais cela peut être un objectif !

Cela pourrait être une assiette de réflexion pour redéfinir une certaine Démocratie, base de toute discussion à base communautaire, quelle que soit la communauté d‘ailleurs, philosophique, professionnelle, financière linguistique ou autre.

 

Bon dimanche à tous

 

 

                                                                                                             E.A.Christiane

                                                                                                                 13.01.08

 

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 05:27

S’il n’est déjà pas trop tard

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De tous les peuples de la Gaule...

 

On nous l’a trop souvent ressassé cet hommage, de la part d’un homme qui s’y connaissait, à notre valeur guerrière.
Deux millénaires plus tard, devant notre imbroglio communautaire et les solutions compliquées proposées à nos problèmes, nos contemporains européens peuvent dire...

...les Belges sont les plus sages.

Depuis un siècle et demi, nos deux communautés se toisent, l’une sortant ses griffes, l’autre montée sur ses ergots, on s’invective, on se menace, on se jette des regards courroucés, on se glisse des peaux de bananes sous les pieds, mais tout cela reste au niveau verbal, jamais, ou très rarement des voies de faits.

Il semblerait que certains croient  

 

  nécessaire de faire de la surenchère, de surpasser leur voisin en véhémence, cela apporte des voix, cela rapproche du pouvoir, il faut toujours être “plus “ que l’autre.

 

Jusqu’à présent, cela s’est toujours bien passé, nous sommes restés calmes parce qu’au fond nous nous aimons bien et que ces gesticulations font partie de notre folklore.

 

La barbarie n’est pas dans nos habitudes, mais elle n’est pas l’apanage du Moyen-Orient ou de l’Afrique centrale; au XXème Siècle, plus près de chez nous, chez nos voisins, en Allemagne, en Espagne, au Pays basque, en Irlande, en Catalogne, en Corse, nous avons été témoins de drames sanglants.

 

Et si demain, un groupuscule un peu plus excité que les autres, manipulé ou financé de l’extérieur, posait un acte de violence, un assassinat, un attentat qui pourrait entraîner une éventuelle escalade, nous serions peut-être bien en peine de l’éviter ou de l’arrêter.

 

Nous aurions bien sûr les forces de l’ordre, c’est leur rôle, la police fédérale (si toujours fédérale), l’armée, beaucoup de personnes de bonne volonté, qui oeuvreraient pour calmer le jeu.
Mais tous ces braves gens seraient pris entre leur sens du devoir et leur appartenance à une des deux communautés.

 


Ceux qui excitent les consciences, exacerbent les sentiments nationalistes, tribalistes, raciaux, afin d’avoir accès aux hochets du pouvoir en ont-ils pleinement conscience ?
Ont-ils pensé que l’élastique, de plus en plus tendu, qui ficelle nos institutions, pourrait un jour se rompre ?

 


Sages les Belges ... pas tous. Hélas !

 

 

                                                                                                             E.A.Christiane

                                                                                                              Octobre 2004

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 05:23

REFLEXIONS  SUR UNE INTERVIEW 


E
st-il possible d’être aussi agressif, mal poli, peu diplomate, arrogant, insolent, méprisant etc. etc. les mots ne suffisent plus, ne sont plus assez forts pour stigmatiser les termes de l’interview que le président Yves Leterme a accordée à un quotidien français et qui a hérissé les poils généralement urticants de l’opinion francophone belge.

Une position radicale, provocatrice d’un homme que l’on croyait positionné, destiné à un avenir fédéral prometteur.

Une erreur, plus même une faute délibérée de sa part... à voir.

Il semblerait que Monsieur Leterme ait eu, au travers de son interview quatre messages à délivrer, quatre objectifs à définir, ambigus, allant parfois à l’encontre de l’opinion de ses électeurs et qu’il soit en passe de réaliser son exploit.

 

1.- L’alternative au Vlaams Belang.


Il est évident que la croissance, la montée en puissance du parti ultranationaliste flamand pose un problème à la Flandre et spécialement à la démocratie chrétienne néerlandophone de notre pays.

Dans l’état actuel des choses il semble inutile de se heurter de front au Vlaams Belang, les décisions qui ont été prises ces dernières années concernant l’isolement politique du mouvement nationaliste flamand se sont soldées par un ralentissement mais pas par l’arrêt de sa progression au sein de l’électorat.

Il aurait fallu, au contraire, naviguer parallèlement à ses objectifs afin de capter une partie de l’électorat en proposant une alternative au programme du VB tout en gardant un tracé quasi analogue en ce qui concerne l’identité flamande.

C‘est l’option que le CD&V semble avoir choisie dès l’époque de la crise dite de “Bruxelles-Halle-Vilvorde” en se positionnant à l’avant-garde des revendications flamingantes tout en évitant la qualification d’extrémiste.

Qu’importe finalement l‘opinion des francophones, les électeurs étant flamands.

Le ton des déclarations d’Yves Leterme s’inscrit dans l’optique de cette politique aux détriments de la sensibilité francophone qui, dans ce cas d’espèce, a moins d’importance que la position du parti chrétien et surtout démocrate en Flandre.

 

2.- Une prise de position envers le fédéral.


En affirmant que les seules choses qui réunissent encore Flamands et francophones sont “Le Roi, des clubs de football et quelques marques de bière”; en faisant des commentaires sur la relative connaissance de la langue néerlandaise de notre souverain, Yves Leterme a sérieusement aliéné ses chances de devenir un jour premier ministre fédéral.

C’est une grave décision pour un homme politique, une décision courageuse qu’il a prise en toute connaissance des choses préférant une position en flèche pour la défense de sa région au détriment d’un avenir politique plus glorieux.

Il a marqué, par ses déclarations, par sa prise de position son attachement à la Flandre et sa distanciation envers le “marchepied” traditionnel des hommes politiques belges de haut niveau qui rêvent d’un éventuel et problématique siège au sein de l’Union européenne.

 

3.- Le gel des tracasseries dans les communes à facilités.


Au prix d’une déclaration peu élégante envers les francophones dont il a mis en doute les capacités intellectuelles, il a essayé, et probablement réussi à donner son opinion conservatrice en ce qui concerne les communes dites à facilités.

Tout en disant que les facilités sont temporaires, ce qui laisse la porte ouverte à tous les espoirs des radicaux flamingants, il admet que dans l’état actuel des choses aucune avancée n’est à espérer dans un proche avenir.

Cette déclaration “à la normande” pourrait ouvrir la porte à plus de souplesse, moins de tracasseries tant dans les Fourons que dans la périphérie bruxelloise.

Quelques jours plus tard, on annonçait la nomination de Monsieur Marc de Neef, francophone du parti MR à la fonction de bourgmestre de la commune de Linkebeek.

 

4.- Prise de position envers le séparatisme.


Il semblerait que si l’idée séparatiste fait son chemin en Flandre une majorité de Flamands ne soit pas encore prête, décidée de franchir le pas.

Il n’est cependant pas de bon ton, en tant que politicien de l’affirmer, mais une prise de position est cependant nécessaire et doit être faite avec beaucoup de doigté.

En réponse à la question: Etes-vous séparatiste ?

Yves Leterme à répondu que le séparatisme ne peut être envisagé “dans l’immédiat”.

Il ne ferme aucune porte, reste un bon Flamand mais reporte l’idée d’indépendance pure et simple de la Flandre à une date indéterminée.

Ce problème ne devrait donc normalement pas être envisagé dans le cas d’une participation du CD&V à un futur gouvernement fédéral, si Monsieur Leterme continue à avoir une autorité prépondérante au sein de son parti. Évidemment !


Leterme est un homme dangereux !

Leterme a besoin de prolonger ses vacances !

Leterme doit s’excuser !

Les leaders politiques francophones ont rapidement et énergiquement réagi, Mesdames Durant, Milquet, Onkelinx, Messieurs Di Rupo, Maingain, Reynders et beaucoup d’autres ont crié, ont hurlé : “Au loup” et se sont répandus dans les médias en termes peu amènes.

Qu’importe, plus ils réagissent, mieux les objectifs de Monsieur Leterme sont atteints, chaque article, chaque déclaration des politiciens francophones sont autant d’applaudissements aux positions du Président Leterme, le confortent auprès de son électorat.

Finalement, ses opposants politiques ne sont pas les leaders francophones mais Filip Dewinter !

La Flandre a peut-être accouché d’un grand homme politique, un homme d’avenir, peut-être un visionnaire machiavélique dont elle avait bien besoin.

L’avenir nous le dira. Affaire à suivre.

                                                   
                                                                                                       E.A.Christiane

                                                                                                    Ozo, le 20.08.2006

 

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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 05:16

Ont-ils joué à qui perd gagne ?

 

 


Nous venons de terminer une étape de la saga BHV qui a mobilisé l’énergie de la gent politique du pays durant quelques mois aux détriments de problèmes bien plus importants mais moins médiatiques pour les acteurs.

Les Wallons ont gagné ? Les Flamands ont subi un revers ? A première vue oui, mais peut-être l’enjeu n’était-il pas là où il nous semble logique de le placer.

Un fait est certain: peu surpris par l’attaque, les partis francophones n’ont pas contre-attaqué, ils se sont contentés d’opposer une ligne Maginot, ou plutôt un mur Devèze aux assauts de la Flandre et, cette fois-ci, la défense n’a pas été enfoncée.

Quelle idée cependant le gouvernement flamand a-t-il eue de déclencher une telle bagarre sur un terrain qui n’était pas le sien; un terrain fédéral envahi par des acteurs régionaux pour un conflit de compétence fédérale ?

L’objectif de tout parti politique est naturellement de participer au gouvernement, de monter au pouvoir et certainement le principal souci des partis démocratiques de Flandre est l’émergence active de l’extrême droite.

Celle-ci semble avoir rédigé les règles du jeu : être plus flamand que son voisin, plus nationaliste que son concurrent.

Cette fuite en avant engrange des points et permet aux extrémistes de droite de grignoter lentement mais sûrement l’électorat.

Cependant, un certain nombre d’électeurs de droite semblent ne pas être très à l’aise, avoir un doute sur le bien-fondé de tous les arguments déployés par les partis extrémistes, mais que faire d’autre ? Pour qui voter tout en restant de bons Néerlandophones ? A qui donner sa voix sans trahir les espérances à la mode?

L’ouverture de la crise BHV par la démocratie chrétienne traditionnelle en ébréchant la crédibilité fédérale du Bourgmestre de Vilvorde, positionne ce parti à la pointe du nationalisme.

Afin de ne pas rester en retrait, la social-démocratie après quelques hésitations, en s’appuyant sur un petit allié, saute dans le train en marche et s’affirme elle aussi ultranationaliste.

Cela devait capoter, cela a capoté; le petit parti frère de gauche portera le chapeau, sera le bouc émissaire, mais qu’importe, finalement il pourrait être un des grands vainqueurs.

L’homme courageux, celui qui est resté dans son rôle et qui risque d’avoir hypothéqué son avenir politique ainsi que la position dominante de son parti, c’est le Premier Ministre.
Il aurait pu faire l’objet d’un chapitre du livre de J.F. Kennedy “Le courage dans la politique”.

Deux grandes pointures se sont révélées, déjà bien connues mais qui se sont affirmées, le Président de la social-démocratie wallonne. et le Vice-Premier Ministre,leader politique d’Ostende.

Mais à partir d’aujourd’hui, l’électeur flamand sait qu’il y a une alternative, que l’extrême-droite n’a plus le monopole de la défense du droit du sol, il peut suivant ses aspirations, trouver tant à gauche qu’à droite une possibilité de s’exprimer tout en restant dans l’air du temps.

Finalement, l’extrême-droite flamingante pointée comme grande bénéficiaire de l’opération pourrait s’apercevoir que le bénéfice espéré pourrait être un peu moins plantureux que prévu.


                                                                                              E.A.Christiane

                                                                                                   12.05.05

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