La barrière de feu
La guerre... La guerre...
Nous sommes toujours contre la guerre.
Mais quand nous l'avons faite,
nous ne pouvons vivre sans elle.
A tout instant, nous voulons y retourner...
Ernesto Che Guevara
au poète chilien Pablo Neruda
En quelques semaines, en quelques jours, la relative quiétude de notre quotidien peut se transformer et apparaître dans sa triste, dans sa dramatique réalité.
Le printemps pluvieux mais quand même magnifique, la nature pleine de promesses a laissé la place à un été torride, lumineux, ensoleillé, une explosion de couleurs et de senteurs qui charment nos sens et nous révèlent des horizons pleins de promesses, pleins d?optimisme.
Il y a bien, ici et là, quelques foyers de tension, quelques guerres dont le feu n'est pas tout à fait éteint, mais cela est loin, est surtout loin de nous et de nos préoccupations.
Soudain, une étincelle, un vent léger et tout s'embrase, l'horreur, le drame est autour de la planète en une terrible barrière de feu qui se dresse des côtes de l'océan Indien à la presqu'île du Kamtchatka.
L'Iran
Ce fut la première manifestation d'une crise qui s?est répandue comme un feu de saison sèche.
Le nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad suivi de son gouvernement heurte l'opinion, la conscience internationale, en refusant de mettre fin à ce que l'on croit être le développement de l'arme nucléaire.
La position des dirigeants de l'Iran est simple et assez logique: pourquoi et en vertu de quelle loi internationale un pays ne pourrait-il pas développer sa propre approche du nucléaire, suivant ses propres objectifs même dans le cas échéant militaires, alors que d'autres s'appuient sur leurs armes atomiques pour imposer leurs volontés à l'ensemble de la planète ?
Menaces de sanctions, menaces de boycott, menace de rétorsions diverses, bruits de bottes, discours enflammés, rien n'y fait.
Ni les États-Unis, ni l'ONU, ni l'Union européenne n'a pu maîtriser, tempérer la volonté des autorités iraniennes, nous ne pouvons que faire un constat d'échec.
Dans sa superbe, le Président iranien a fait fi de l'opinion internationale au nom de son droit à la maîtrise de la destinée de son peuple, en ignorant, en égratignant, en foulant au passage le prestige de l'Organisation des Nations Unies et de son Secrétaire Général.
Maître d'une proportion non négligeable des ressources énergétiques pétrolières mondiales actuellement disponibles, les Iraniens tiennent bon, confirment leurs positions, s'accrochent à leurs décisions, s'obstinent dans leurs certitudes.
Les discussions au sein de l'Assemblée Générale des Nations Unies, au sein du Conseil de Sécurité révèlent des divergences de vues importantes entre les délégations suivant un clivage traditionnel et prévisible mais difficilement résorbable.
Le ton est donné, tout le reste peut s'enchaîner.
La Somalie
Depuis longtemps des factions dissidentes s'entredéchiraient pour le pouvoir à Mogadiscio, la population en souffrait, des exactions de toutes sortes faisaient partie du quotidien.
Un parti finit par prendre le dessus, c'est le parti islamiste, modéré peut-être ou faisant semblant, mais il installe la charia, la loi islamique pure et dure, une loi dictée au Prophète par Dieu lui-même il y a treize siècles et inscrite dans le saint Coran.
Le pays verse dans le fondamentalisme musulman et peut ainsi accueillir, à la limite ne saurait refuser d?héberger tous ceux qui veulent faire le bien, mais aussi imposer par la force aux non-croyants les préceptes de l'Islam.
Un mouvement conquérant doit pouvoir se garantir une base arrière, doit pouvoir s'appuyer sur un territoire, sur un pays, sur une nation pour assurer son expansion.
Le mouvement terroriste que nous redoutons en ce début du XXI me siècle a été dépossédé de ses bases en Afghanistan, il en a cherché au Soudan, au Yémen, peut-être en Iraq et Dieu sait où ailleurs et a perdu de sa vigueur faute d'avoir un sanctuaire, un lieu de repli.
Il pourrait trouver en Somalie, dans la Corne de l'Afrique un nouveau refuge temporairement sûr où il pourrait organiser ses cellules de réflexions idéologiques, ses bureaux de recrutement, ses camps d'entraînement et le stockage de son matériel de subversion.
La situation de la Somalie est idéale; à l'entrée de la mer Rouge, à la porte des communications entre l'Extrême-Orient et l'Occident, à portée du Machrek, du Maghreb, de la Méditerranée, du Moyen-Orient et pas très loin des monarchies pétrolières et des États du sud de l'Asie centrale.
Un tremplin idéal qui permet la dispersion des idées, du matériel, des hommes et de la révolution.
Les États-Unis d'Amérique ont décidé de dissoudre la cellule qui était chargée de retrouver Ussama Ben Laden vivant ou mort, on ne sait; ce fut peut-être une erreur.
Il semblerait que Ben Laden n'ait plus d'autorité sur tous ceux qui prétendent agir en son nom; tous écorchés par la vie, manipulés par quelque mouvement extrémiste que ce soit, mystique ou anarchiste ont la possibilité et la détermination de poser des actes terroristes peuvent, et ne manquent pas, de se référer au mouvement Al Quaïda.
Cela justifie leurs actions, leur donne une certaine aura, un crédit qu'ils n'auraient pas eu en restant dans l'ombre de la clandestinité.
Des groupuscules posent des bombes, sèment la terreur en se disant membres d'Al Quaïda, ils ont l'esprit d'Al Quaïda, mais probablement n'en reçoivent ni les ordres ni les fonds.
Cependant, faute d'avoir présenté un prisonnier ou le corps de Ben Laden, celui-ci est supposé, espéré être toujours vivant et sert de modèle.
On dit qu'il faut craindre d'en faire un martyr: ce n'est pas certain.
En milieu islamique, un défunt est vite oublié, vite remplacé par quelqu'un de moindre charisme, pensez au Cheikh Ahmed Yassine, le penseur du mouvement islamiste; au moment de sa mort et pendant deux ou trois semaines, ce furent de grandes manifestations de douleur et de terribles menaces ont été proférées.
Actuellement, entend-on encore parler de lui ?
Il n'était cependant pas un chef de guerre mais un penseur religieux respecté et vénéré; Ben Laden n'est pas religieux, c'est un homme de combat, lorsqu'il décédera, vite remplacé, il tombera rapidement dans un relatif oubli.
Dans les pays musulmans, les Chefs d'États religieux sont rares; seul Mohamed VI du Maroc est Commandeur des Croyants, les autres sont laïques mais appuient leur autorité sur le fait religieux.
Ils doivent dès lors composer avec les autorités religieuses de leur pays qui ont, à travers le saint Coran, une forte influence sur la population.
Leur pouvoir est ainsi affaibli par le fait qu'ls doivent tenir compte de l'avis, subir des pressions d'éléments extérieurs à la structure politique de l'État, endoctrinés dans un contexte religieux supranational sujet aux dérives toujours possibles influencées par l'étranger.
Mais le temps de l'Ayatollah Khomeiny est déjà bien lointain.
L'Afghanistan
Pays de grande instabilité dont une partie importante échappe au contrôle du gouvernement.
Les zones tribales sont autant de régions autonomes quasiment indépendantes sous la férule de chefs de guerre locaux qui ont peu de comptes à rendre au Gouvernement central.
Pays de montagnes et de déserts, dont longtemps le seul lieu de passage avec le Pakistan voisin était la célèbre Passe de Khyber qui a vu défiler au fil des siècles les marchands venant de Chine et qui assuraient le trafic sur une des routes de la soie, des croisades de toutes obédiences, des invasions diverses mais toujours cruelles et sanglantes, des idées et de la technologie aussi.
C'est dans ces régions inaccessibles que se seraient réfugiés quantité de talibans, le mollah Omar, Ussama Ben Laden et qu'ils y seraient encore s?ils sont toujours vivants.
Continuellement prêtes à réclamer moins de contrôles, plus d'autonomie voire d'indépendance, ces régions de vide administratif et juridique peuvent s'embraser avec ou sans prétexte et générer une crise locale, abcès de fixation d'un éventuel conflit régional.
Le Pakistan et l'Inde
Une vieille querelle, des séquelles d'un terrible drame lié à l'accès de l'Inde à la souveraineté nationale en 1947, sépare toujours les deux pays, presque six décennies plus tard.
Le sous-continent indien, énorme colonie britannique, a été structuré administrativement sur une base centralisée regroupant un grand nombre d'entités traditionnelles.
Pacifiée, une colonie homogène est plus facile à gérer.
Les racines des divergences originelles ne peuvent être facilement extirpées et lorsque le ciment s'effrite, lorsque l'autorité tutélaire s'efface, la vigueur des spécificités réapparaît, s'abreuve aux souvenirs du passé et fleurit aux printemps des indépendances.
Les Français semblent avoir compris ce phénomène, appréhendé le danger; la Belgique au Congo, l'Angleterre en Inde ont accordé l'indépendance à leurs colonies dans le cadre de la structure administrative acquise en fin de mandat.
La France en Afrique a dissout les grandes entités administratives telles l'Afrique Équatoriale Française (AEF) et l'Afrique Occidentale Française (AOF) qui ont laissé la place, au moment des indépendances, aux anciens royaumes, aux anciens concepts politiques traditionnels.
La stabilité "post-indépendance" a duré plus longtemps car les structures ethniques de base sont réapparues pour peu qu'elles aient jamais totalement disparues, ce qui a retardé de quelques années, voire de quelques décennies la dislocation de l'économie, la perte d'autorité du politique, la liquéfaction de la notion d'État.
En 1947, Muhammad Ali Jinnah, leader musulman a réclamé un État islamiste distinct de l'Inde hindouiste.
Des centaines de milliers de drames individuels, familiaux, des centaines de milliers de victimes de part et d'autre, massacrées, dans des conditions ignobles d'une sauvagerie indescriptible, ont payé de leurs vies ce partage sanglant sur base religieuse.
Deux États, bientôt trois sont nés de cette partition, l'Inde, le Pakistan puis l'actuel Bangladesh.
Une région aux cultes trop imbriqués est restée litigieuse. Le Cachemire, tiraillé entre l'Islam et l'Hindouisme, entre le Pakistan et l'Inde, est l'objet, le sujet, l'excuse à des mouvements divers, des actions violentes, des attentats à tort ou à raison, attribués à la responsabilité du groupe islamiste extrémiste Lashkar-e-Taïba.
Une volonté politique d'accord semble exister entre les gouvernements de l'Inde et du Pakistan, le président pakistanais Pervez Musharraf aux pouvoirs très étendus, peu démocratique, et son homologue indien veulent la paix, l'entente, un consensus sur le territoire du Cachemire.
Cependant, les agitateurs, les terroristes de tous poils trouvent dans ce conflit une opportunité d?affirmer leur présence, ce qui se traduit par des attentats meurtriers tels que ceux de Mumbai en juillet 2006.
L'Iraq
Que peut-on encore dire au sujet de la situation en Iraq, tout semble avoir été analysé, commenté, critiqué.
Sur les raisons de l'intervention américaine, chacun a son opinion, l?opération en elle-même a peut-être été bien préparée, bien exécutée, mais l'exploitation du résultat ne semble pas avoir fait l'objet d'une projection suffisamment réfléchie.
Notre approche démocratique de la gestion de l'État et du bien-être des populations ne nous permet certainement pas de regretter la disparition d'un tyran.
Cependant, lorsque l'on prend la décision, la responsabilité de modifier, de perturber, de détruire l'organisation administrative et politique d'un pays, il faut avoir une solution de rechange et ne pas laisser les forces centripètes prendre le dessus, ce qui inévitablement ouvre les portes à la guerre civile.
Le limogeage systématique des officiers, sous-officiers et soldats de l'armée irakienne de Saddam Hussein a créé un vide dans lequel se sont précipitées les diverses tendances subversives probablement télécommandées ou en tout cas encouragées de l'extérieur.
Sans appui militaire ou policier, le nouveau gouvernement, déjà faible du fait d'avoir été imposé par la puissance occupante, d'avoir peu de soutien populaire, se trouve dans l'impossibilité de maintenir l'ordre et encore moins de rétablir les institutions.
Nous ne sommes plus au seuil de la guerre civile, nous y sommes franchement engagés.
Pays divisé en trois factions, musulmans sunnites, musulmans chiites et Kurdes, la lutte, particulièrement entre chiites et sunnites, est âpre et sanglante.
Les chiites, forts de la présence de leurs voisins coreligionnaires iraniens, ont la rancune tenace envers les sunnites qui les ont méprisés lorsque ceux-ci détenaient le pouvoir.
La destruction de la mosquée d'or à Samarra, haut lieu de la religion chiite sera difficile à être pardonnée.
Les sunnites, évincés du pouvoir avec la disparition de Saddam Hussein, ne veulent pas risquer de se retrouver sous la domination de leurs adversaires traditionnels dans un gouvernement dont ils ont volontairement, imprudemment, boycotté la mise en place.
Les Kurdes, dans le nord du pays, luttent depuis des décennies pour avoir leur propre patrie, regroupant les populations kurdes éparpillées sur cinq pays.
Ils cherchent, réclament, l'autonomie et se sont trouvés en rébellion, voire en guerre ouverte, avec les 'hui les menaces de la Turquie voisine qu'ils doivent craindre.
Chaque jour apporte son lot de souffrances, datrocités.
Cet abcès de fixation est loin d'être résorbé.
La bande de Gaza
Si l'arrivée au pouvoir du Hamas n'était pas spécialement une surprise pour les observateurs étrangers, elle ne fait que compliquer l'élaboration d'un consensus entre Israéliens et Palestiniens.
Après le décès de Yasser Arafat, on pouvait entrevoir un coin de ciel bleu, une éclaircie, si pas dans les relations entre les deux peuples, du moins dans l'espoir d'un accord, d'un pas dans la direction d'une paix souhaitée par une partie importante des populations vivant de part et d'autre du mur de séparation.
Surpris par leur succès, visiblement non préparé aux responsabilités du pouvoir, le mouvement Hamas avait les mains liées par ses prises de position envers sa base.
Comment dès lors espérer une entente avec l'État d'Israël sans renier sa parole, sans réfuter ses prises de position radicales ?
En ce qui concerne Israël, l'alternative était la suivante:
- ou accepter la négociation avec les ennemis acharnés et responsables de nombreux actes terroristes.
- ou vider l'abcès par une opération militaire musclée.
Après quelques mois de patience et le constat d'incompréhension entre les composants de l'autorité palestinienne, les divergences d'opinions au sein de ladite autorité, devant l'évidence de l'incapacité du président Mahmoud Abbas de faire accepter un compromis par son gouvernement, l'option militaire a été décidée.
Une fois de plus, l'État palestinien est culbuté, détruit, ses infrastructures sont bombardées, ses dirigeants sont dans l'impossibilité d'exercer leurs mandats ou emprisonnés comme des terroristes à l'encontre de toute tradition démocratique ou du simple respect de la volonté populaire. Diplomatiquement inacceptable ! !
Quels sont les objectifs de l'État d'Israël ?
Détruire l'État palestinien ? Il ne faut pas rêver, s'ils n'étaient pas palestiniens que seraient-ils ?
Asservir la Palestine ? Ni les Palestiniens ni l'opinion internationale ne pourraient l'accepter. Et comment gérer une colonie frondeuse, revendicatrice, sous la tutelle d'un ennemi de toujours, contre une coalition de tous les pays limitrophes ? Le temps des colonies est révolu.
Provoquer de nouvelles élections législatives ? Peut-être mais il n'est absolument pas certain que cela puisse aboutir à un renversement de majorité.
Aider le président Abbas à mater le Hamas ? Probable, mais cela en ferait un traître à sa patrie. Il ne pourrait jamais se référer à l'action d'Israël pour conforter son autorité. Le Roi Hussein de Jordanie a été considéré et est encore parfois considéré comme traître à la cause arabe après son action baptisée "septembre noir".
En Palestine, un grand pas en arrière a été fait, car si la négociation était possible avant les élections, elle l'est toujours maintenant sauf qu'elle est plus aléatoire parce que la vox populi a parlé, la majorité démocratique a changé et est favorable au parti extrémiste niant toute possibilité de négociation.
La Corée du Nord
C'est alors, qu'un pays outsider s'il en est, sans avertissement, décide de faire un coup d'éclat diplomatique.
On savait qu'il possédait l'arme atomique mais on doutait de sa capacité à la transporter, on espérait qu'il n'avait pas encore su maîtriser un vecteur de lancement.
Les doutes se sont dissipés lorsque l'on a détecté le lancement de fusées à courte et à moyenne portées.
Du coup, ce pays dangereux devient extrêmement dangereux et provoque ses voisins immédiats tels la Corée du Sud, le Japon et la Chine mais aussi les États-Unis.
Quels sont ses objectifs ?
S'mposer? Peut-être pas comme grande puissance mais certainement comme puissance dangereuse, puissance à craindre avec laquelle le monde doit compter.
Cette dictature pesante, son chef Kim Jong II, doit donner des gages à sa masse populaire, doit justifier les efforts exigés de sa population afin de garder au pouvoir une lignée de dictateurs en positionnant le pays sur le plan international.
Mais que de risques à prendre ! S'attirer l'éventuelle colère d'États qui se sentent menacés comme la Chine, le Japon et les États-Unis d'Amérique. C'est vraiment prendre un très grand risque.
Fort de l'immobilisme des nations et spécialement de l'Organisation des Nations Unies envers la position iranienne, la Corée du Nord s'est coulée dans le creux apparu entre l'Iran et le Conseil de Sécurité.
État opportuniste mais surtout dangereux.
Le Sud-Liban
Le Hezbollah, organisation essentiellement militaire, semble avoir été renforcée depuis un certain nombre de mois par ses alliés traditionnels de l'axe Téhéran-Damas; cette armée puissante ne demandait qu'à en découdre avec son ennemi de toujours: Israël.
Elle ne pouvait pas rester immobile, elle se devait de lancer des opérations musclées pour alléger la pression imposée à la bande de Gaza.
Le mouvement Hezbollah, établi au Liban, dans ce pays à la souveraineté affaiblie, sous tutelle à peine informelle de son puissant voisin syrien et objet de par sa position géographique de nombreuses convoitises, ce "parti de Dieu", déjà solidement ancré dans la politique libanaise, a constitué dans la plaine de la Béega?a un territoire quasiment autonome.
Son armée établie au Sud-Liban a eu recours à la même provocation que le mouvement Hamas au sud de l'État d'Israël, elle a enlevé deux militaires israéliens et a de ce fait élargi le conflit par l'ouverture d'un second front.
Cette action ne semble pas avoir spécialement surpris les Israéliens; leur réaction a été foudroyante, rapide, fulgurante, énergique; devenu trop puissant, l'ennemi devait être anéanti avant de constituer un danger réel et de causer des dégâts pouvant avoir de graves répercussions sur les populations et l'économie du pays.
Des frappes aériennes et terrestres ont été entreprises, la destruction totale de la puissance offensive des milices chiites du Hezbollah semble en être l'objectif et si le nombre de morts parmi les membres du "parti de Dieu" ne semble pas excessif ( quoique un seul mort, un seul blessé soit encore un de trop), les dégâts collatéraux aux structures libanaises sont considérables.
La reconstruction du pays du Cèdre, une fois de plus, pourra être entreprise, financée par une partie de la communauté internationale sous conditions vraisemblablement politiques assez strictes.
Un désengagement politique du pays vis-à-vis de ses actuels "protecteurs" pourrait être envisagé; l'engagement de l'armée libanaise dans un processus d'éradication des combattants du "parti de Dieu" afin que le Liban récupère son droit à l'autorité, deviendrait alors possible et l'oubli, le pardon de l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafic Hariri, attribué à tort ou a raison à la Syrie du président Bachar el-Assad , accordé.
Ce sera peut-être le prix à payer pour éradiquer ou seulement (temporairement ?) affaiblir cette poche de subversion, ce dangereux foyer belliqueux latent toujours prêt à s'enflammer et à bouter le feu à la région toute entière, ce groupe d'irréductibles, d'inconditionnels, et à ouvrir la voie à plus de facilités aux futures négociations de paix, la paix entre l'État d'Israël et enfin un État palestinien.
Mais que faire de ces plusieurs dizaines de milliers de soldats politiquement convaincus, fanatisés, bien entraînés ? Les renvoyer à la vie civile ? pour qu' y faire d'ailleurs, sauf leur donner les droits de réfugiés inactifs dans des camps insalubres ? Il ne faut pas rêver !
Assez normalement, la communauté internationale et bizarrement même les alliés sentimentaux du Hezbollah ne paraissent pas pressés d'ouvrir des négociations diplomatiques en vue d'imposer un cessez-le-feu.
Quand on pense que, il y a cinquante ans, lors de la crise due à la nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Gamal Abdel Nasser, la communauté internationale avait réagi endéans les huit jours, il faut croire que l'éventuelle interruption du flux de marchandises entre l'océan Indien et la mer Méditerranée avait nettement plus d'importance que l'actuelle crise entre Israël et le Hezbollah.
Il semble que l'on laisse les mains libres à l'État d'Israël pour régler le problème et n'envisager des négociations que lorsque le "parti de Dieu"sera suffisamment affaibli que pour qu'il n'ait qu'un poids assez limité autour de la table des discussions.
L'établissement d'une zone neutralisée sous le contrôle de troupes étrangères serait probablement une solution acceptable; mais quelles seraient les limites d'actions de ces militaires ?
Les négociations pourraient être âpres entre le Liban, Israël, la Syrie, le Hezbollah et les représentants de la communauté internationale.
Chacun des interlocuteurs a des objectifs propres, spécifiques.
Créer une zone tampon jusqu'au fleuve Litani semble normal, et l'éventualité d'étendre cette zone le long de la frontière libano-syrienne pourrait être aussi envisagée, mais cela devrait faire l'objet de négociations plus serrées.
Si le problème du Sud-Liban actuellement sous tutelle est une des clefs, importante évidemment, elle n'est pas la seule donnant accès au règlement du conflit israélo-palestinien.
Conclusions
Dans la liste des huit pays actuellement en crise, la Corée du Nord est opportuniste, la Somalie est un nouvel arrivant et les six autres, la bande de Gaza, le Sud-Liban, l'Iraq, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde sont de vieilles querelles qui assez étrangement se sont réveillées depuis le début de l'année.
Parmi ces pays, nous trouvons tous ceux que J.W.Bush avait qualifié d' "États voyous" où n'importe quel exalté quelque peu extrémiste ou non, mais qui potentiellement est susceptible de le devenir, a la possibilité d'aisément passer du traditionalisme islamique au fondamentalisme, puis à l'intégrisme, ensuite au fanatisme et finalement au terrorisme dans une dramatique et mortelle progression linéaire.
La règle des 15 % d'actifs est aussi valable, seule cette proportion, la minorité agissante de la population, suffit pour mener l'ensemble des habitants, les 85 % restants, d'une communauté vers les sommets les plus vertueux ou les plus sinistres.
La position incisive de l'Iran vis-à-vis de la communauté internationale au sujet de la poursuite de ses recherches nucléaires pourrait avoir été l'élément initial qui aurait servi de détonateur à ces crises.
Le refus de l'Iran, son intransigeance, son affirmation au choix de sa destinée, de ses options nucléaires, ont constitué un encouragement à la reprise des activités guerrières dans ces régions traditionnellement troublées.
Le soutien moral, l'appui politique et probablement une assistance technique militaire ont déclenché un embrasement général de la région.
Un grand danger qu'il ne faut certainement pas sous-estimer est celui de la Somalie, pays désigné pour accepter d'héberger les mouvements de subversions qui pourraient le solliciter.
La communauté internationale et spécialement le Conseil de Sécurité aurait pu prendre position, mais des tensions internes entre ses membres aux opinions et objectifs divergents ont gelé toute initiative.
La personnalité de Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies n'a pas su peser dans la balance des décisions, car fin de mandat, fatigué, ce grand diplomate n'a plus la force, le charisme d'imposer ses vues, ses idées, ses opinions.
Toutes ces tensions finiront tant soit peu par s'apaiser, le feu faiblira, s'éteindra mais les cendres resteront chaudes, rougeoyantes; le germe de guerres civiles est semé à Gaza, entre le Hamas et Mahmoud Abbas, au Liban entre le Hezbollah et le gouvernement libanais, en Iraq entre chiites et sunnites, en Afghanistan entre le gouvernement et les zones tribales et au Pakistan entre le président Musharraf et les factions islamiques.
Il ne faut cependant pas trop dramatiser, nous ne semblons pas être à l'aube de la fin du monde, mais nous, humains, nous sommes faits comme cela, le problème du jour occupe tout notre horizon, nous paraît insurmontable, dramatique, sans issue tandis que parmi nos souvenirs ceux qui émergent le plus volontiers sont les meilleurs.
Actuellement ces crises s'appuient sur une base religieuse, un antagonisme entre l'Islam, le Judaïsme et la Chrétienté; il n'en a pas toujours été ainsi, il y a peu elles s'étayaient sur base sociale, une opposition entre richesse et pauvreté, entre capitalisme et communisme ou encore sur base raciste, entre ariens et non ariens.
Toutes les religions ont droit à l'existence et doivent être respectées; les trois religions du livre, religions abrahamiques semblent actuellement en opposition et cela sert aux opportunistes en place.
En ce qui me concerne, les trois livres sont sacrés, je citerai la sainte Bible, les saints Évangiles mais aussi le saint Coran, tous trois sur le même pied d'égalité; chacun d'eux a droit à notre respect et aucun ne mérite de servir d'excuse à trucider qui que ce soit, à semer la mort et la haine.
L'histoire repasse parfois les plats, mais ceux-ci ne sont pas tout à fait identiques, il y a toujours un petit quelque chose qui diffère, les termes de l'équation ne sont jamais les mêmes.
Le jeu finira par se calmer, un équilibre sera trouvé, mais un statut quo ante n'est jamais envisageable.
Rien ne sera plus tout à fait comme avant.
A nous de nous adapter.
E.A.Christiane
25.07.2006